Deuteronomy 15
XXI. (Ib 15, 9.) Contre ceux qui ont la pensée cachée de ne pas prêter à l’approche de l’année de la remise. – « Prends garde que l’iniquité ne mette dans ton cœur cette pensée cachée : Voici la septième année, l’année de la remise, qui est proche ; et que ton œil ne devienne mauvais envers ton frère indigent et que tu ne lui donnes rien : il criera contre toi au Seigneur, et tu seras chargé d’un grand péché. » Prends garde à cette pensée qui se cacherait au fond du cœur : parole sublime ! Car il n’oserait le dire, celui qui serait capable de le penser, qu’il est permis de ne pas prêter à un pauvre, parce que l’année de la remise est proche, lorsque Dieu, dans une pensée de miséricorde, prescrit de prêter à celui qui est dans le besoin, et de lui remettre sa dette, l’année de la remise. Comment donc aura-t-il la générosité de remettre une dette dans l’année de la remise, celui qui se laisse aller à cette pensée cruelle de ne pas donner dans le temps même où il est tenu de donner ? XXII. (Ib 15, 12.) Un Hébreu acheté n’était pas rendu à la liberté l’année de la remise, mais la septième année après qu’il s’était vendu. – « Si ton frère ou ta sœur, Hébreux d’origine, « t’ont été vendus, ils te serviront six ans, et la « septième année, tu les renverras libres. » Dieu ne commande pas qu’on rende la liberté à ces esclaves dans l’année de la remise, qui revenait chaque sept ans et regardait tout le monde ; mais seulement la septième année à dater de celle de l’achat, quelle que soit d’ailleurs cette septième année, eu égard à celle de la remise. XXIII. (Ib 15, 19.) Différence essentielle entre enfanté et engendre. – « Tu consacreras au Seigneur Dieu tout mâle premier-né, primogenitum, de tes bœufs et de tes brebis. » Il convient de rechercher si par les premiers-nés, que les Grecs nomment prototoka, premiers enfantés, et les Latins, à défaut d’un autre mot, primogenita, premiers-engendrés, on doit entendre exclusivement ceux qui sont nés de la femme : car ceux-ci sont proprement enfantés plutôt qu’engendrés. Enfanter, parere, est synonyme de tiktein et convient à la femme ; de la prototokon premier-enfanté. Gignere, engendrer, signifie, la même chose que gennan, d’où vient proprement le mot latin, primogenitus, premier engendré. Or les femmes offraient comme prémices les premiers-nés qu’elles enfantaient, et non les premiers-nés engendrés par le mari, si par hasard il naissait à l’homme des enfants de son mariage avec une veuve qui en avait eu déjà. C’était là, en effet, ce que voulait la Loi, en exigeant que les premiers-nés, ceux qui, pour parler littéralement ouvraient le sein de leurs mères, seraient donnés au Seigneur. Si donc cette distinction est fondée en principe, ce n’est pas sans raison que Notre-Seigneur, au lieu de s’appeler monotokos, fils unique enfanté par le Père, se nomme monogenes, fils unique engendré par lui. Il est vrai qu’en latin il est désigné par le nom de premier engendré d’entre les morts a, parce que la langue latine n’a pas le mot propre ; mais en grec on lit premier enfanté et non pas premier engendré : Dieu le Père engendre un fils qui lui est égal, tandis que la créature a enfanté. Et ce qui est dit de Notre-Seigneur, qu’il est « le premier-né de toute créature, b » le premier-enfanté, dans le texte grec, peut s’appliquer à la créature nouvelle, selon ce que dit l’Apôtre : « Si quelqu’un est à Jésus-Christ, il est devenu une nouvelle créature c. » Jésus-Christ en est les prémices, parce qu’il est ressuscité le premier, « pour ne plus mourir ni se soumettre à l’empire de la mort d » la même chose est promise pour la fin des siècles à la nouvelle créature, qui est unie à Jésus-Christ. Mais cette distinction dans les termes ne doit pas être une affirmation téméraire ; il est nécessaire d’en rechercher les preuves avec soin dans les Saintes Écritures. Or, ce qui me préoccupe, c’est de savoir en quel sens il est dit dans les Proverbes : « Je te le dis, mon fils premier-né e » en d’autres termes quelle est la personne qui prononce ces paroles ? Car, si c’est la personne de Dieu le Père qui les adresse à Jésus-Christ (et c’est à peine si on ose l’affirmer en lisant la suite), il appelle premier-né celui qui est son unique engendré ; premier-né, parce que nous aussi nous sommes enfants de Dieu ; uniquement engendré, parce que ce Fils est seul consubstantiel, égal et coéternel au Père. Mais on prouverait difficilement par des textes très clairs que l’Écriture met une distinction tranchée entre enfanter et engendrer.
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