‏ Deuteronomy 29

XLIX. (Ib 29, 1.) Le Deutéronome est la répétition de la Loi donnée sur le mont Sinaï.

— « Voici les paroles de l’Alliance que le Seigneur commanda à Moïse de faire avec les enfants d’Israël dans le pays de Moab, outre l’alliance qu’il fit avec eux à Horeb. » Nous voyons ici pourquoi ce livre s’appelle Deutéronome, la seconde Loi, pour ainsi dire ; il est plutôt la répétition de la première, qu’une Loi différente : car il renferme peu de choses que ne contienne la Loi donnée primitivement. Ces deux Lois ne font pas deux Alliances, deux Testaments, comme le texte cité semblerait l’indiquer ; l’une et l’autre, au contraire, ne forment qu’une seule alliance, qu’on désigne dans l’Église sous le nom d’ancien Testament. Si, à raison de ces paroles, on devait les appeler deux Testaments, sans parler du Nouveau, ce n’est plus deux seulement, mais un plus grand nombre qu’il faudrait compter. L’Écriture, en effet, n’emploie-t-elle pas fréquemment le mot de Testament ? Ainsi avec Abraham, quand Dieu parle de la circoncision a, et précédemment avec Noë b.

L. (Ib 29,2-4.) Quand l’homme manque du secours de Dieu, il y a de sa faute.

– « Vous avez vu tout ce que le Seigneur votre Dieu a fait.devantvous en Égypte à Pharaon, à tous ses serviteurs et à tout son royaume ; vous avez vu de vos yeux les grandes épreuves par lesquelles il les a fait passer, ses signes, ses prodiges et sa main toute-puissante. Et le Seigneur Dieu ne vous a pas donné jusqu’à ce jour un cœur pour connaître, des yeux pour voir, et des oreilles pour entendre. » Comment donc Moïse dit-il plus haut : « Vous avez vu de vos yeux les grandes épreuves » si « le Seigneur ne leur a point donné des yeux pourvoir et des oreilles pour entendre ? » N’est-ce point parce qu’ils ont vu des yeux du corps, et non de ceux du cœur ; car on dit aussi : les yeux du cœur : c’est pourquoi Moïse commence ainsi : « Et le Seigneur Dieu ne vous a pas donné un cœur pour connaître. » Les deux termes qui suivent, se rapportent au premier : « des yeux pour voir, et des oreilles pour entendre » c’est-à-dire, pour comprendre et pour obéir. « Et « le Seigneur Dieu ne vous a pas donné : » cette accusation, ce reproche, Dieu ne les adresserait pas aux Israélites, s’il ne voulait nous faire entendre qu’ils n’ont pas été privés de son secours sans qu’il y eût de leur faute, et que nul d’entre eux ne devait se croire excusable pour cela. Il nous montre en même temps que ces hommes ne pouvaient avoir, sans le secours du Seigneur Dieu, cette intelligence et cette soumission qui viennent du cœur : et cependant, que si le secours divin manque, on n’est pas pour cela excusable, car les jugements de Dieu sont quelquefois cachés, mais ils sont toujours justes.

LI. (Ib 29, 5-6.) Les Israélites purent emporter un peu de vin à leur sortie d’Égypte.

— « Il vous a conduits dans le désert pendant quarante ans : vos vêtements n’ont pas vieilli, et vos chaussures ne se sont pas usées à vos pieds ; vous n’avez pas mangé de pain et vous n’avez bu ni vin ni cidre, afin que vous sussiez qu’il est lui-même le Seigneur votre Dieu. » Ce qui ressort de ce passage, c’est que, dans leur empressement, lorsqu’ils sortirent de l’Égypte, les Israélites ne purent emporter de vin que pour peu de temps. Car, s’ils n’en avaient point emporté du tout, que signifierait cet endroit de l’Exode : « Le peuple s’assit pour boire et pour manger, et ils se levèrent pour danser c ? » Ils n’avaient pas seulement bu de l’eau, autrement l’Écriture ne s’exprimerait pas de la sorte. Moïse d’ailleurs, le prouve manifestement par cette réflexion : que le cri du peuple n’était pas un cri de guerre, mais un cri d’ivresse d.

LII. (Ib 29, 18-21.) Menaces de Dieu contre celui qui entraînera avec lui des innocents dans l’idolâtrie.

— « Y a-t-il parmi vous un homme ou une femme, une famille ou une tribu, dont le cœur se soit détourné du Seigneur votre Dieu, pour aller adorer les dieux de ces nations ? Y a-t-il parmi vous une racine et un germe de fiel et d’amertume ? Lorsque quelqu’un, ayant entendu ces paroles de malédiction, pensera dans son cœur, et dira : Qu’elles deviennent sacrées pour moi, parce que je marche dans l’égarement de mon cœur afin que le pécheur ne perde pas avec lui celui qui est sans péché ; Dieu ne voudra point pardonner à cet homme, mais la colère et le zèle du Seigneur s’allumeront contre lui, et toutes les malédictions de cette Alliance, qui sont écrites dans ce livre de la Loi, s’attacheront à lui. » Le texte porte : « Y a-t-il parmi vous ? » comme pour demander si cette chose est possible. S’il se rencontre un tel homme, Dieu lui fait entendre les plus terribles menaces, dans la crainte qu’il ne dise en entendant les malédictions de la Loi : « Qu’elles soient sacrées pour moi » c’est-à-dire, que ces malédictions se changent pour moi en bénédictions : « parce que je marche dans l’égarement de mon cœur » en d’autres termes, à Dieu ne plaise que tout cela m’arrive ; que tous ces maux au contraire se changent pour moi en bénédictions, que je sois exempté et préservé de tout mal ; « parce que je marche dans l’égarement de mon cœur » en suivant les dieux des nations et en les adorant, pour ainsi dire, impunément. Non, répond le Seigneur, il n’en sera pas ainsi. « Que le pécheur ne perde pas avec lui celui qui est sans péché ; » c’est comme s’il disait : Prenez garde que l’homme qui médite des pareilles pensées, n’entraîne quelqu’un d’entre vous à sa suite. « Dieu ne lui fera pas grâce » ni à celui qui médite ces pensées, ni à celui qu’il a persuadé, quoiqu’il en ait eu l’espérance en disant : « Que les malédictions se changent pour moi en bénédictions ; » comme s’il pouvait écarter ainsi les grands châtiments qui l’attendent. « Mais alors la colère et le zèle du Seigneur s’allumeront contre cet homme » dans le moment même où il croira que ces paroles, prononcées dans son cœur, peuvent suffire à l’en préserver. « Et toutes les malédictions de cette Alliance, qui sont écrites dans ce livre de la Loi, s’attacheront à lui. » Il ne peut se faire qu’elles tombent toutes sur un seul homme : car un homme ne peut subir tous les genres de mort édictés dans la Loi ; mais « toutes » s’entend ici dans un sens général ; il n’échappera pas à un des supplices que la Loi réserve à ses prévaricateurs. « Afin que le pécheur ne perde pas avec lui celui qui « est sans péché » Le grec porte ici : ἀναμάρτητον, ce qui ne veut pas dire : un homme absolument exempt de toute faute, mais : à l’abri du péché dont il est question. C’est ainsi que Notre-Seigneur dit dans l’Évangile : « Si je n’étais pas venu, et si je ne leur avais parlé, ils n’auraient point de péché e » non pas, de péché d’aucune espèce, mais ce péché d’incrédulité envers moi
Contre Jul, I 3, c. 10
. Dieu dit aussi à Abimélech, en lui parlant de Sara femme d’Abraham : « Je sais que tu as fait cela avec un cœur pur g ; » non pas que Dieu veuille dire que la pureté de cœur de ce roi fût comparable à celle des hommes dont il est dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu h » mais, ces mots signifiaient qu’Abimélech était exempt du péché dont Dieu parlait, parce que, quant à lui, il s’était abstenu de convoiter la femme de son prochain.

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