‏ Deuteronomy 4

IV. (Ib 4,16.) Sur ces deux expressions : image et ressemblance. – « De peur que vous ne commettiez le mal et que vous ne vous fassiez quelque ressemblance sculptée, ou une image quelconque. » On demande ordinairement quelle différence existe entre la ressemblance et l’image. Pour moi, je ne crois pas qu’on ait eu le dessein d’en mettre une ici : ou ces deux fermes expriment une seule et même chose ; ou le mot ressemblance est pris dans un sens général, pour désigner soit la statue, soit la représentation d’un homme quelconque, et non d’un personnage en particulier, dont un peintre ou un statuaire reproduirait les traits, en les faisant poser devant soi. Dans ce dernier cas, tout le monde dira qu’il y a une image : et ainsi, toute image est en même temps une ressemblance, mais toute ressemblance n’est pas une image. Si donc deux jumeaux se ressemblent, on peut dire que l’un est la ressemblance, mais non l’image de l’autre. Mais si un enfant ressemble à son père, on peut dire qu’il en est aussi l’image, le père étant comme le modèle, dont cette image semble reproduire les traits. Il y a des images qui sont de la même substance que le modèle, tel est le fils par rapport à son père ; d’autres ne sont pas de la même substance, tel est un tableau. Évidemment ce passage de la Genèse : « Dieu fit l’homme à l’image de Dieu a » ne signifie pas que l’image créée fut de la même substance que le Créateur ; autrement, on ne dirait pas quelle a été faite, mais engendrée. Comme le texte n’ajoute pas en cet endroit et à la ressemblance, bien que le verset précédant porte : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance » plusieurs interprètes ont cru que le mot ressemblance avait une signification plus étendue que le mot image et que le premier de ces termes devait désigner la réformation de l’homme, opérée dans la suite par la grâce du Christ. Mais je serais étonné que ce motif eût déterminé l’écrivain sacré à ne parler ensuite que de l’image, car l’image suppose naturellement la ressemblance. Il est donc probable que nous avons donné la véritable raison pour laquelle Moïse défendit faire aucune image ni ressemblance. Au Décalogue, il est défendu en termes généraux de faire aucune ressemblance, il n’y est pas parlé d’image. C’est que là où il n’y a pas de ressemblance, il n’y a évidemment pas d’image ; mais s’il y a image, il y a nécessairement ressemblance. S’il y a ressemblance, il ne s’ensuit pas qu’il y ait image ; au contraire s’il n’y a point de ressemblance, il n’y a pas d’image non plus. Enfin lorsque Dieu défend toute image et toute ressemblance, il veut parler tout à la fois et de la ressemblance, non de tel ou tel homme, mais de l’homme en général ; et de l’image, c’est-à-dire, de la représentation de celui-ci ou de celui-là en particulier. En parlant des animaux et des êtres privés de raison, l’auteur sacré ne se sert que du mol ressemblance : serait-il possible en effet qu’on fit pour un chien ou pour tout autre animal, ce qui se fait constamment pour les hommes, qu’on le prit, qu’on le mît sous ses yeux et qu’on en reproduisit l’image sur la toile ou sur la pierre !

V. (Ib. Ib., 18.) En quels sens se prend le mot terre, dans l’Écriture ? – Que signifient ces paroles. « La ressemblance de tous les poissons qui sont dans les eaux sons la terre ? » Le moi terre doit-il s’entendre également de l’eau eu raison de sa masse énorme, et d’après cela, ce passage de l’Écriture : « Dieu fit le ciel et la terre b » signifie-t-il aussi et les eaux » ? Habituellement, pour désigner l’univers entier, les Saints Livres se contentent de nommer le ciel et la terre, comme dans ce verset : « Mon secours vient du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre c : » et dans une foule d’autres passages. Ou bien, cette expression sous la terre n’aurait-elle pas été employée à dessein, parce que si la terre n’était élevée au-dessus des eaux, elle ne pourrait être ni habitée par les hommes ni peuplée par les animaux ?

VI. (Ib 4,19.) Sur l’adoration des astres. – « Et de peur qu’en regardant le ciel, et voyant le soleil, et la lune, et les étoiles et tout l’ornement du ciel, vous ne tombiez dans l’erreur, jusqu’à adorer et servir ces créatures que le Seigneur votre Dieu a distribuées à toutes les « nations qui sont sous le ciel. » Ceci ne veut pas dire que Dieu ait commandé aux gentils d’adorer ces astres, et qu’il ait défendu à son peuple de leur rendre un culte ; mais cela signifie que Dieu savait, dans sa prescience, le culte que les nations rendraient à ces corps célestes, ce qui cependant ne l’a pas empêché de les créer ; et que, dans sa prescience aussi, il savait que son peuple ne se livrerait pas à ce culte : ou bien, par ce mot distribuit « il a distribué les astres », il faut entendre l’usage auquel ils sont destinés, suivant la Genèse : « Afin qu’ils règlent les temps, les jours et les années d. » Cet usage, le peuple de Dieu l’eut en commun avec toutes les nations ; mais il ne partagea pas le culte que d’autres peuples rendaient aux astres.

VII. (Ib 4,23.) Encore sur ces expressionsIMAGE et RESSEMBLANCE. – « N’oubliez pas l’alliance que le Seigneur votre Dieu a contractée avec vous et gardez-vous de vous faire en sculpture la ressemblance d’aucune des choses que le Seigneur votre Dieu vous a données. » On voit que, parlant ici en général, l’auteur sacré emploie le mot ressemblance, à l’exclusion du mot image : c’est que là où il n’y a pas de ressemblance il n’y a pas évidemment d’image : sans doute l’image suppose nécessairement la ressemblance, mais de ce qu’il y ait ressemblance, il ne s’ensuit pas qu’il y ait image.

VIII. (Ib 5, 32-33.) Que veut dire : D’UNE EXTRÉMITÉ DU CIEL ; JUSQU’À L’AUTRE ? – Quel est le sens de ces paroles : « Interrogez les jours anciens qui ont été avant, vous, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre, et depuis une extrémité du ciel jusqu’à l’autre. » Sous-entendu « interrogez : » Interrogez l’univers tout entier : tel est probablement le sens. Mais pourquoi le texte porte-t-il : « depuis une extrémité du ciel jusqu’à l’autre » et non, d’un bout de la terre à l’autre La raison n’en est pas facile à saisir. Le Seigneur se sert d’une expression à peu près semblable, quand il dit dans l’Évangile, « que les élus se rassembleront depuis le sommet des cieux jusqu’à leur extrême limite e. » Peut-être cela signifie-t-il que ni les Anges ni les hommes n’ont jamais entendu parler d’une merveille semblable à celle qui s’est accomplie au milieu du peuple hébreu ; voici en effet la suite du texte : « S’est-il jamais rien fait de pareil à ce grand prodige, et a-t-on jamais ouï-dire qu’un peuple ait entendu la voix du Dieu vivant, lui parlant du milieu des flammes, comme vous l’avez entendue, et ne soit pas mort f. » Mais s’il s’agit ici d’un évènement dont ni les Anges ni les hommes n’aient été témoins, que signifie alors la formule employée dans l’Évangile : « Depuis le sommet des cieux, jusqu’à leur extrême limite g ? » car il est hors de doute que le Seigneur parle en cet endroit du rassemblement des élus qui s’accomplira au dernier jour.

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