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Deuteronomy 5
IX. (Ib 5, 2-4.) 1. Qui sont ceux avec qui Dieu fit alliance? – Quel est le sens de ce passage : « Le Seigneur votre Dieu a fait alliance avec vous à Horeb : Le Seigneur n’a pas fait cette alliance avec vos pères, mais avec vous, vous tous qui vivez ici aujourd’hui ; le Seigneur vous a parlé face à face sur la montagne, du milieu du feu ? » Doit-on entendre, par ceux qui furent exclus de cette alliance, les hommes qui n’entrèrent pas dans la terre promise, car ils moururent tous, et dont les noms furent connus lorsque se fit le dénombrement des hommes propres à la guerre, âgés de vingt à cinquante ans ? Dans ce cas, comment ceux qui vivent aujourd’hui ont-ils pu entendre la parole du Seigneur, à Horeb ? N’est-ce pas parce que, parmi les hommes âgés de vingt ans et au-dessous, il y en avait un certain nombre qui pouvaient garder le souvenir de cet évènement, et ne devaient point subir le châtiment réservé à leurs aînés, je veux dire, l’exclusion de la terre promise ? Les hommes désignés ici sont évidemment ceux qui, au moment où le Seigneur parlait sur la montagne, n’avaient pas vingt ans et au-dessus, et ne pouvaient être compris dans le dénombrement ; il y en avait alors depuis l’âge de dix-neuf ans jusqu’à cet âge de l’enfance, qui est déjà capable de voir, d’entendre, et de se rappeler les discours et les actions dont on a été témoin. 2. Sur le sens de ces mots : VOIR DIEU FACE A FACE. – Comment Moïse dit-il : « Le Seigneur vous a parlé face à face » quand, un peu auparavant, il a pris un soin extrême de les avertir qu’ils n’ont vu aucune ressemblance de Dieu, mais que sa voix, seule s’est fait entendre à eux an milieu des flammes ? S’il emploie ces expressions, est-ce en raison de l’évidence des choses, et parce que Dieu manifesta la présence de sa divinité de manière que nul ne pût la mettre en doute ? Ce sens admis, qu’est-ce qui empêché de donner la même interprétation à ce passage, où il est dit de Moïse que « le Seigneur lui parla face à face a » de sorte que lui non plus n’aurait rien vu de plus que les flammes ? Ou bien, doit-on admettre qu’il fut favorisé d’une vue plus parfaite, parce qu’il est écrit qu’il entra dans la nuée, autrement dans le cercle des flammes, où Dieu était b ? Mais si ce privilège lui fut accordé de préférence aux siens, il ne vit point cependant de ses yeux mortels la substance divine. C’est ce qu’on peut facilement entendre par ces paroles, qu’il adresse à Dieu : « Si j’ai trouvé grâce devant vous, montrez-vous à moi vous-même, afin que je vous « voie certainement c. » Il ne faut donc pas se persuader que ce peuple, à qui parlait Moïse, vit Dieu face à face quand le Seigneur lui parlait du milieu du feu sur la montagne, de la même manière que nous le verrons à la fin suivant ce témoignage de l’Apôtre : « Nous le voyons maintenant, comme dans un miroir et en énigme, mais alors ce sera face à face d. » En quoi consistera cette vue, et quelle en sera ta grandeur, il l’explique immédiatement : « Je le connais maintenant d’une manière imparfaite ; mais alors je le connaîtrai comme je suis connu de lui e. » Passage qui doit être aussi interprété avec prudence : car il ne faut pas s’imaginer que l’homme aura de Dieu une connaissance égale à celle que Dieu a maintenant de l’homme, mais elle sera tellement parfaite qu’elle ne laissera rien à désirer. Ainsi, comme Dieu connaît maintenant l’homme et avec la perfection qui convient à Dieu, de même l’homme connaîtra Dieu, mais avec cette perfection restreinte qui convient à l’homme. Pareillement, de ce qu’il a été dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait f » nous n’avons pas droit d’espérer de devenir égaux au Père, ce qui appartient exclusivement au Verbe son Fils unique ; quoiqu’on en trouve, si du moins nous sommes parvenus à les comprendre, qui admettent cette erreur ▼▼Voir, Lettre 92, 6 ; CXXLVII, 36#Rem
. X. (Ib 5, 5.) 1. Présence et ubiquité de Dieu. – Quelle est la signification de ces mots : « Je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous annoncer les paroles du Seigneur ? » Ne semblent-ils pas faire entendre que Dieu se trouvait en un lieu déterminé, c’est-à-dire, sur la montagne, d’où les voix descendaient jusqu’au peuple ? Il ne faut pas les interpréter en ce sens, que la substance de Dieu fût en un lieu quelconque sous une forme corporelle, car Dieu est tout entier en tous lieux, et ne s’approche ni ne s’éloigne à notre manière : mais il n’est pas possible de présenter autrement à notre sens humain les rapports de Dieu avec une créature, qui n’est pas ce qu’il est lui-même. Aussi Notre-Seigneur voulant ôter de notre esprit cette idée erronée que Dieu est contenu en un lieu quelconque, dit-il : « L’heure viendra où vous n’adorerez plus le Père ni sur cette montagne, ni dans Jérusalem. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; pour nous, nous adorons ce que nous connaissons : car le salut vient des Juifs. Mais le temps vient, et il est déjà venu où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. Car ce sont là les adorateurs que le Père aime. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité h. » Moise ne dit donc pas qu’il se tenait entre la substance de Dieu et le peuple, en un point déterminé de l’espace, mais qu’il fut l’intermédiaire dont Dieu se serait servi pour publier ses autres commandements, à partir du jour où le désir lui en fut témoigné par le peuple, qu’avait effrayé la voix du Seigneur proclamant du milieu des flammes le Décalogue de la Loi. 2. Explication grammaticale. – On demande, et avec raison, dans quel sens il faut prendre ces paroles de Moïse, que nous lisons au livre du Deutéronome : « Je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous annoncer les paroles du Seigneur ; car vous avez craint à la vue du feu et vous n’êtes point montés sur la montagne, disant : Je suis le Seigneur ton Dieu » et ce qui suit i : comme dans le Décalogue, où nous avons vu Dieu lui-même dire déjà la même chose ? Pourquoi donc Moïse a-t-il ajouté ce mot : disant ? Si nous voulons voir ici une transposition et que nous construisions la phrase de cette sorte : « Je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous annoncer les paroles du Seigneur, en disant : Je suis le Seigneur ton Dieu » le fait rapporté ne sera plus vrai. Car ce n’est pas Moïse qui a dit ces paroles au peuple, mais le peuple lui-même les a directement entendues du milieu des flammes ; et comme il tremblait en entendant la voix de Dieu promulguer le Décalogue, il demanda comme une grâce que Moïse lui servit de médiateur pour entendre le reste. Notre dernière ressource est donc d’admettre que « disant » a été mis pour : « lorsqu’il disait ; » ainsi le sens serait celui-ci : « Je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous annoncer les paroles du Seigneur ; car vous avez craint à la vue du feu, et vous n’êtes pas montés sur la montagne, lorsqu’il disait : Je suis le Seigneur ton Dieu. » Lorsqu’il disait, c’est-à-dire, lorsque le Seigneur disait. En effet, tandis que le Seigneur prononçait toutes ces paroles du Décalogue, rappelées par Moïse dans ce passage, le peuple fut épouvanté à la vue des flammes et ne monta point sur la montagne ; mais il demanda que les paroles de Dieu lui fussent de préférence apportées par Moïse j. 3. La même pensée peut-être exprimée de plusieurs manières. – Moïse rappelle, dans le Deutéronome, ce que le peuple lui dit, lorsqu’il se refusait à entendre la voix de Dieu, et lui demandait d’être à son égard l’intermédiaire dont Dieu se servirait pour faire connaître ses volontés. « Voici, fait-il dire au peuple, que le Seigneur notre Dieu nous a montré sa gloire, et que nous avons entendu sa voix du milieu des flammes etc k. » Or, il n’y a pas identité parfaite entre ces paroles et celles de l’Exode l, dont elles sont la répétition. Apprenons de là, comme je l’ai déjà observé à plusieurs reprises, qu’une même pensée peut être rendue en des termes tout à fait différents, sans qu’il y ait pour cela altération de la vérité : nous trouvons un autre exemple dans les paroles des Évangélistes, où des esprits superficiels et mal intentionnés signalent à tort quelques contradictions. Eût-il été si difficile à Moïse de se reporter à ce qu’il avait écrit dans l’Exode, et de se citer lui-même textuellement ? Mais il appartenait à nos Saints docteurs d’apprendre à ceux qu’ils instruisent, qu’il ne faut chercher dans des paroles que la traduction de la pensée, puisque les mots n’ont pas d’autre but. XI. (Ib 5, 29.) L’ancienne Alliance, gravée sur des tables de pierre ; la nouvelle Alliance, gravée dans les cœurs. – Que veulent dire ces paroles, qui, au témoignage de Moïse, lui furent adressées par le Seigneur, au sujet du peuple hébreu : « Qui leur donnera un cœur tel, qu’ils me craignent et qu’ils gardent mes commandements ? » Ne nous donnent-elles pas déjà à entendre, que la justice dans l’homme par la foi, au lieu d’être un fruit propre en quelque sorte de la Loi, est une grâce et un bienfait de Dieu ? C’est en effet ce que Dieu veut dire par ce mot d’un Prophète : « Je leur ôterai leur cœur de pierre, et je leur donnerai, un cœur de chair m. » Expression figurée, employée à dessein, parce que la chair est douée de la sensibilité, qui manque à la pierre. C’est ce qu’il dit encore en un autre endroit : « Le temps vient, dit le Seigneur, dans lequel je ferai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et la maison de Juda, non selon l’alliance que je fis avec leurs pères au jour où je les pris par la main pour les tirer de la terre d’Égypte ; car voici l’alliance que je ferai avec eux : après ce temps-là, je mettrai mes lois dans leur cœur et je les écrirai dans leur esprit, et je ne me souviendrai plus de leurs iniquités ni de leurs péchés n. » Telle est en effet la différence entre l’ancien et le nouveau Testament : dans l’Ancien, la loi a été donnée sur des tables de pierre ; dans le Nouveau, elle a été donnée à nos cœurs : ce qui est le fruit de la grâce. Aussi l’Apôtre observe-t-il qu’elle a été écrite « non sur des tables de pierre, mais sur les cœurs, comme sur des tables de chair o. » Et ailleurs : « Dieu nous a rendus capables d’être les ministres de la nouvelle alliance, non pas de la lettre, mais de l’esprit p. »
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