Exodus 24
XCVI. (Ib 24, 3.) Sur ces paroles : Nous ferons, et nous écouterons. – Il faut observer que le peuple répond pour la seconde fois : « Nous ferons et nous écouterons tout ce que le Seigneur a dit. » Mais l’ordre naturel devait être Nous écouterons et nous ferons. Je serais étonné qu’il n’y eût pas ici un sens caché. Car si nous écouterons est mis pour : nous comprendrons, il faut d’abord accomplir humblement la parole de Dieu, afin d’être conduit par lui à l’intelligence des choses qu’on a faites d’après ses ordres digne récompense de la docilité dont on aura fait preuve, au lieu de mépriser ses lois. Mais il faut voir si le peuple hébreu ne s’est point montré semblable à ce fils, qui répondit aux ordres de son père : « J’irai à la vigne » et n’y alla point a, tandis que les Gentils, qui avaient conçu pour le Seigneur un profond mépris, justifiés dans la suite par l’obéissance d’un seul, s’attachèrent à la justice qu’ils ne suivaient pas auparavant b. XCVII. (Ib 24, 4.) Sur l’autel élevé par Moïse au pied du Sinaï. – Remarquons cette particularité : « Moïse dressa un autel au pied de la montagne, et douze pierres pour les douze tribus d’Israël. » Ces douze pierres qui composent l’autel signifient que ce peuple est l’autel de Dieu, aussi bien qu’il en est le temple c. XCVIII. (Ib 24, 5.) Sur ce mot : la victime du salut. – « Et ils immolèrent à Dieu la victime du salut. » Le texte ne porte pas : la victime salutaire, mais la victime du salut : en grec on lit également σωτηρίου, du salut. Le Psalmiste dit de même : « Je prendrai le calice du salut », et non pas le calice salutaire d. Il faut examiner si ce passage ne ferait pas allusion à Celui que désignent ces paroles de Siméon : « Mes yeux ont vu votre Sauveur e.. » C’est Celui-ci que célèbre également le Palmiste dans ces mots : « Annoncez bien de jour en jour le Sauveur qui vient de lui f. » Or, si nous y regardons attentivement, que prétend-il désigner dans ces mots : de jour en jour, si ce n’est Celui qui est la lumière de la lumière, Dieu, de Dieu, en d’autres termes, le Fils unique de Dieu XCIX. (Ib 24, 6.) Premier sacrifice offert dans le désert. – « Moïse prit la moitié du sang, qu’il versa dans une coupe, et répandit l’autre moitié sur l’autel, et, prenant le livre de l’alliance, il en fit la lecture devant le peuple. » Faisons ici une remarque : c’est la première fois que l’Écriture dit clairement que Moïse offrit un sacrifice depuis la sortie d’Égypte. Précédemment elle avait parlé, mais en termes assez ambigus, d’un sacrifice offert à Dieu par son beau-père, Jéthro g. Remarquons aussi que la lecture du livre de l’alliance se fait en même temps que l’effusion du sang de la victime : or, nous devons croire que dans ce livre étaient consignées les divines ordonnances. Car nous voyons que le Décalogue ne fut gravé sur les tables de pierres que dans la suite. C. (Ib. XXIV 7,) Nouvelle répétition. – « Et ils dirent : Nous ferons et nous écouterons tout ce que le Seigneur a dit. » C’est littéralement la même réponse qu’ils font pour la troisième fois. CI. (Ib 24, 9.) Dieu parait sous une forme sensible. – « Et Moïse monta ; ainsi que Aaron, et Nadab, et Abiud, et les soixante-dix anciens d’Israël ; et ils virent le lieu où s’était arrêté le Dieu d’Israël. » Pour ceux qui entendent l’Écriture, il est évident que Dieu n’est contenu en aucun lieu, et qu’il n’est pas assujetti comme nous avec nos corps, à prendre diverses situations, comme de s’asseoir, de se coucher, de se tenir debout, et le reste. Ces exigences s’imposent uniquement aux corps. Or Dieu est esprit h. Si donc il s’est manifesté sous la forme d’un corps ou par des signes exprimés corporellement, sa substance divine, qui fait qu’il est ce qu’il est, ne s’est point montrée à des yeux mortels ; mais, en prenant des formes sensibles, il a fait acte de toute-puissance. CII. (Ib 24, 10-11.) Sur les élus d’Israël. – « Et parmi les élus d’Israël, pas un seul ne fut en désaccord : et ils vinrent au lieu où Dieu avait été, et ils mangèrent, et ils burent. » Peut-on mettre en doute que ces élus d’Israël ne soient les personnages que l’Écriture vient de désigner nommément, et avec eux, les soixante-dix anciens ? Ils étaient incontestablement la personnification des élus du peuple de Dieu. « Car la foi n’est pas commune à tous, et Dieu connaît ceux qui sont à lui i. Dans une grande maison, il y a des vases pour des usages honnêtes, et d’autres pour des usages honteux j. Puisqu’il a prédestiné ceux qu’il a connus dans sa prescience ; appelé ceux qu’il a prédestinés ; justifié ceux qu’il a appelés ; glorifié enfin ceux qu’il a justifiés k » il n’y eut donc assurément point de désaccord parmi les élus d’Israël. Or, le nombre quatre, représenté par Moïse, Aaron, Nadab et Abiud, est une figure des quatre Évangiles et de la promesse faite au monde entier, qui se divise en quatre parties ; le nombre des anciens, soixante-dix, qui n’est autre que le nombre sept décuplé, est la figure de l’Esprit-Saint. Le saphir est l’image de la vie céleste, surtout parce qu’ « il ressemble au firmament. » Et qui ne sait qu’on donne au firmament le nom de ciel ? Les côtés de ce saphir représentent le carré lui-même, ou la stabilité, ou bien encore les mystères cachés dans le nombre quatre. Le repas de Moïse et de ses compagnons dans le lieu où Dieu avait apparu, est le symbole des délices et de l’abondance, qui constituent le bonheur du royaume de l’éternité. « Bienheureux, en effet, ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu’ils seront rassasiés l. » Aussi le Seigneur déclare-t-il qu’il en viendra plusieurs, ce sont évidemment ceux qu’il a élus, connus dans sa prescience, prédestinés, appelés, justifiés, glorifiés, qui s’assiéront avec Abraham, Isaac et, Jacob dans le royaume des cieux m. Et ailleurs ne promet-il pas aux fidèles de leur faire prendre place au festin, d’aller et de venir, et de les servir n ? CIIL (Ib 24, 13.) Sur Jésus, fils de Navé (Josué.)— Comment se fait-il que Jésus, fils de Navé, qui n’est pas désigné avec les quatre personnages cités plus haut, parait tout-d’un-coup avec Moïse, le suit sur la montagne pour recevoir les tables de la Loi, puis tout-d’un-coup rentre dans l’obscurité, c’est-à-dire, n’est plus mentionné par l’écrivain sacré ? Comment, après cela, lorsque Moïse reçoit la Loi gravée sur les deux tables, Jésus reparaît-il auprès de lui ? Ne montre-t-il pas par son nom de Jésus que le nouveau Testament est caché dans l’Ancien, et apparaît quelquefois à ceux qui ont l’intelligence ? Quant au nom de Jésus, nous lisons au livre des Nombres o, la circonstance ou il fut imposé au fils de Nave : c’est quand il était sur le point d’entrer dans la terre promise. L’Écriture anticipe donc ici sur un évènement postérieur. Car tous ces évènements ont été décrits après leur accomplissement ; aussi quand arriva celui qui vient d’être mentionné, Jésus n’avait pas encore reçu ce nom nouveau ; mais il le portait au moment où fut écrite cette page sacrée.
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