lGal V 6
Exodus 34
CLV. (Ib., 34, 7.) Que signifie : purifier ? – Quand on dit du Seigneur : « Il ne purifiera pas le coupable », que signifient ces paroles sinon Il ne le dira pas innocent ? CLVI. (Ib 34, 10.) Dieu, mécontent des Israélites, continue de ne pas les appeler son peuple. – Quand Moïse est sur le point de graver, sur la montagne, les deux nouvelles tables de pierre, Dieu lui dit entre autres choses : « Je ferai des merveilles en présence de tout ton peuple. » Il ne daigne pas dire encore en présence de mon peuple. Car ces mots, ton peuple, n’a-t-il pas dans sa bouche, la même signification que s’ils s’adressaient à tout autre homme du même peuple, comme s’il eût dit : le peuple dont tu fais partie ; ou comme nous disons ta ville, pour signifier non pas elle où tu commandes, ni celle que tu as, bâtie, mais celle dont tu es citoyen ? Un peu plus loin en effet, il dit : Tout le peuple au milieu desquels tu es : n’est-ce pas dire en des termes différents ton peuple? S’il ne se sert pas de ces termes : au milieu duquel, il faut voir là un tour de langage qui n’est pas rare. CLVII. (Ib, 34, 12.) Sur la défense de faire alliance avec les habitants de la terre promise. – Que signifie cette observation faite à Moïse « Prends garde qu’il ne fasse alliance avec ceux qui demeurent dans ce pays ? » Car le grec ne porte pas : prends garde de faire, mais qu’il ne fasse. Dieu veut-il parler du peuple dont Moïse fut le conducteur ? Mais ce n’est pas lui qui le fit entrer dans cette terre, dont les habitants ne doivent pas être admis à contracter alliance avec les Israélites. Cette locution, si toutefois c’en est une, et s’il ne faut pas y voir plutôt un sens particulier, a donc de.quoinous étonner, et jusqu’ici nous ne l’avons.rencontréeni remarquée. CLVIII. (Ib 34, 13-15.) Sur l’idolâtrie. – Quand Dieu ordonne à Moïse, une fois qu’il sera mis en possession du pays, d’extirper l’idolâtrie et d’empêcher le culte des dieux étrangers, il ajoute : « Car le Seigneur Dieu s’appelle jaloux, Dieu veut être aimé uniquement » en d’autres termes : Jaloux est le nom même du Seigneur Dieu, parce que Dieu veut être uniquement. Dieu pour cela n’éprouve pas le trouble, ce défaut de l’homme toujours et en toute manière il est immuable et tranquille ; mais il emploie cette expression pour montrer que la nation choisie ne peut impunément se prostituer à des dieux étrangers. Ce mot emprunte métaphoriquement sa signification à la jalousie du mari attentif à conserver la chasteté de son épouse. Ici l’avantage est pour nous, et non pour Dieu. Quel homme en effet pourrait nuire à Dieu par ce genre de fornication ? Mais c’est à lui-même qu’il nuit plutôt, en causant sa perte. Dieu en s’appelant jaloux, inspire pour ce péché une terreur profonde : « Vous avez perdu, a dit le Psalmiste, tout adultère qui s’éloigne de vous. Pour moi, mon bonheur est d’être uni à Dieu a. » Enfin Dieu conclut par ces mots : « Dans la crainte que tu fasses alliance avec ceux qui habitent cette terre et qu’ils ne se corrompent avec leurs dieux b. » CLIX. (Ib 34, 20.) Que signifie : Paraître devant Dieu, et, sans avoir les mains vides ? – Dieu dit : « Tu ne paraîtras pas en ma présence les mains vides. » Eu égard aux circonstances dans lesquelles Dieu parle, ces mots : « en ma présence » signifient dans mon tabernacle, et ces autres : « Tu ne paraîtras pas ici les mains vides » veulent dire : Tu n’entreras pas sans apporter quelque présent. Il y a là, au sens spirituel, un mystère d’une grande profondeur ; pourtant ces paroles concernaient les ombres, et les figures. CLX. (Ib 34, 21.) Sur l’observation dit Sabbat. – Que signifient ces paroles qui suivent le précepte du sabbat : « Tu te reposeras dans les semailles et la moisson » c’est-à-dire, au temps des semailles et de la moisson ? L’observation du repos sabbatique serait-elle donc commandée d’une manière si rigoureuse, qu’aux yeux de Dieu, ces saisons, si précieuses au laboureur pour la nourriture et l’existence, ne présenteraient pas elles-mêmes de sujet d’excuse ? Le repos du sabbat est ordonné, même au temps des semailles et de la moisson, à l’époque où l’ouvrage presse beaucoup : ainsi le travail doit cesser en tout temps le jour du sabbat puisqu’il est spécialement défendu pendant les saisons qui réclament le plus de bras. CLXI. (Ib 34, 24.) Dieu promet que, pendant les trois fêtes annuelles, aucun ennemi n’attaquera les Israélites. – « Personne ne convoitera ton pays, lorsque tu monteras te présenter devant le Seigneur, à trois époques de l’année. » Ces paroles veulent dire que chacun devra monter avec sécurité et sans s’inquiéter de sa terre, grâce à la promesse par laquelle Dieu s’engage à y veiller : nul ne la convoitera, et celui qui sera monté n’aura rien à redouter en son absence. Et ici l’on voit assez le sens de ces paroles citées plus haut : « Tu ne paraîtras par les mains vides en présence du Seigneur ton Dieu » elles désignent le lieu où Dieu devait avoir son tabernacle ou son temple. CLXII. (Ib 34, 25.) L’agneau pascal et les azymes. – Quel est le sens de ces paroles : « Tu ne m’offriras point avec du levain le sang de mes victimes » ? Dieu appelle-t-il ici ses victimes celles qui sont immolées au temps de la Pâque, et défend-il qu’il y ait alors du levain dans la maison, parce que ce sont les jours azymes ? CLXIII. (Ib 34, 25.) Explication grammaticale. – Que signifient ces mots : « La chair de la victime immolée pour la solennité de la Pâque, ne dormira pas jusqu’au matin ? » N’est-ce pas, en d’autres termes, l’ordre qu’il a donné formellement plus haut, de ne rien conserver jusqu’au matin des chairs de la victime immolée ? L’obscurité de ce passage venait du, mot : dormira, qui est mis pour : demeurera. CLXIV. (Ib 34, 26.) En quoi consiste la fidélité de l’histoire ? – « Tu ne feras point cuire l’agneau dans le lait de sa mère. » Ici revient pour la seconde fois cette prescription, dont le sens m’échappe. Cependant, dût-on la prendre dans le sens littéral, elle renferme une grande prophétie, dont le Christ est l’objet : à combien plus forte raison, si l’interprétation littérale était inadmissible. Car il ne faut pas croire que toutes les paroles de Dieu, par exemple ce qu’il dit de la pierre, de la caverne et de sa main qu’il étendra sur Moïse, aient été mises à exécution. Ce que la fidélité de l’histoire exige, c’est que les faits mentionnés se soient accomplis réellement, et que les discours relatés par elle aient été prononcés véritablement. On exige les mêmes conditions des récits évangéliques.ilsrapportent certains discours du Christ donnés en forme de paraboles ; il n’est cependant par douteux que le Christ ait dit ces choses ; le récit en est authentique et fidèle. CLXV. (Ib 34, 28.) Second jeûne de Moïse. – « Moïse y demeura en présence du Seigneur quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau. » Ces mots sont une répétition de ce qui a été dit précédemment, quand Moïse reçut les tables qu’il brisa : toutefois, ce n’est pas le même fait, mais un autre, que mentionne ici le texte sacré. Nous avons déjà dit quelle signification se rapporte à cette seconde publication de la Loi. Quant à ces mots : « Il ne mangea point de pain, et il ne but point d’eau, n le sens en est évident : c’est-à-dire il jeûna » la partie est mise pour le tout : sous le nom de pain, l’Écriture comprend toute espèce d’aliments, et sous le nom d’eau toute espèce de breuvage. CLXVI. (Ib 34, 28.) 1. Moïse chargé d’écrire les dix commandements sur les nouvelles tables de la loi. – « Et il écrivit sur les tables les paroles de l’Alliance, ces paroles au nombre de dix. » Le texte dit formellement que Moïse écrivit lui-même les commandements ; un peu plus haut, Dieu lui avait dit. « Écris pour toi ces paroles. c » Or, quand il reçut pour la première fois la loi dont il rejeta loin de lui et brisa les tables, il n’est pas rapporté que les tables de pierre aient été préparées par lui tandis que nous lisons ici : « Fais-toi deux tables de pierre ; d » de plus, l’ordre ne lui fut pas donné d’écrire, comme en cette circonstance ; enfin le livre sacré ne dit pas qu’il ait écrit sur les tables, comme nous voyons qu’il le fit cette fois : « Il écrivit sur les tables les paroles de l’Alliance, ces paroles au nombre de dix. » Mais voici le récit de ce qui ce passa alors : « Et aussitôt qu’il eut cessé de lui parler sur le mont Sinaï, Dieu donna à Moïse les deux tables du témoignage, qui étaient de pierre et écrites du doigt de Dieu e. » Et un peu plus loin : « Moïse, retournant, descendit de la montagne, les deux tables du témoignage en ses mains ; ces tables étaient de pierre, écrites de chaque côté, d’un côté et de l’autre ; les tables étaient l’ouvrage de Dieu, et l’écriture, l’écriture de Dieu gravée sur les tables f. » Une grande question surgit de ces prémices : Comment les tables, qui devaient être brisées par Moïse, – Dieu le savait dans sa prescience, – sont-elles, au rapport de l’Écriture, l’ouvrage de Dieu, et non celui de l’homme ? Comment furent-elles écrites, non par la main de l’homme, mais par le doigt de Dieu ; tandis, que les dernières tables, destinées à une durée si longue, appelées à prendre place dans le tabernacle et dans le temple de Dieu, furent taillées et gravées, sur l’ordre de Dieu, il est vrai, mais parla main de l’homme ? Les premières tables ne figuraient-elles pas, non l’œuvre de l’homme, mais la grâce divine, dont se montrèrent indignes les enfants d’Israël, quand ils reportèrent leurs cœurs vers l’Égypte et se firent une idole ? Ils furent en conséquence privés de ce bienfait, et Moïse dut briser les tables. Quant aux dernières tables, n’étaient-elles point la figure de ceux qui se glorifient dans leurs œuvres, et dont l’Apôtre parle en ces termes : « Ne connaissant point la justice de Dieu, et s’efforçant d’établir la leur propre, ils ne se sont point soumis à cette justice de Dieu » g ? C’est pourquoi Dieu leur donna des tables taillées et écrites par la main de l’homme, pour qu’elles fussent conservées parmi eux comme un type figuratif de la gloire qu’ils chercheraient, non dans le doigt, c’est-à-dire, dans l’Esprit de Dieu, mais dans leurs œuvres. 2. La première Loi, image de l’ancien Testament ; la seconde, image du nouveau. – Mais il est incontestable que les secondes tables, données au Sinaï, symbolisent le nouveau Testament ; comme les premières, brisées et entièrement détruites, symbolisaient l’ancien. Ce qui confirme surtout cette manière de voir, c’est que la Loi fut donnée pour la seconde fois sans aucun appareil terrible, sans ces appareils formidables de flammes, de nuées et de trompettes qui arrachaient ce cri au peuple consterné : « Que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous ne mourions h. » La crainte est donc le trait distinctif de l’ancien Testament, et la dilection, du nouveau. Mais quelle solution donner à la question suivante Pourquoi les premières tables furent-elles l’œuvre de Dieu et écrites de son doigt ? Pourquoi les dernières furent-elles l’œuvre de l’homme ? Les premières ont-elles figuré l’antique alliance, surtout à cause que Dieu y donna ses commandements, mais que l’homme n’y fut point docile ? Car la Loi a paru dans l’ancien Testament, pour convaincre les transgresseurs, et « son apparition a donné lieu à l’abondance du péché i. » Ne pouvant être accomplie que par la charité, elle n’était point observée sous l’impression de la crainte. Aussi est-elle appelée l’ouvrage de Dieu, parce que Dieu en est l’auteur, parce qu’il l’a écrite ; elle n’est en aucune manière l’ouvrage de l’homme, parce que l’homme ne s’est point soumis à Dieu, et que la Loi a plutôt établi sa culpabilité. Quant aux secondes tables, l’homme, soutenu de l’aide de Dieu, les a faites et les a écrites, parce que la charité constitue la loi du nouveau Testament. Aussi le Seigneur dit-il : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l’accomplir j. » « La charité, dit à son tour l’Apôtre, est l’accomplissement de la loi k » et encore : « La foi agit par la charité l. » Ce qui était difficile dans l’ancien Testament, est donc devenu facile dans le nouveau, à l’homme doué de la foi qui agit par la charité ; le doigt de Dieu, c’est-à-dire, son divin Esprit, écrivant la loi, non plus au-dehors sur une pierre, mais au-dedans, au plus intime du cœur de l’homme : « non plus, dit l’Apôtre, sur des tables de pierre, mais sur les cœurs comme sur des tables de chair m » car, « la charité » qui donne d’être vraiment fidèle au précepte, « a été répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné n. » La Loi qui fut publiée au premier lieu type figuratif de l’ancienne alliance qui est l’œuvre exclusive de Dieu, écrite de son doigt, est donc caractérisée par ces paroles de l’Apôtre : « Ainsi la loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon o. » La loi, sainte et bonne en elle-même, est l’œuvre de Dieu ; et l’homme n’y intervient nullement, parce qu’il n’obéit pas ; devenu coupable, il est plutôt écrasé par ses menaces et ses condamnations. Car, ajoute l’Apôtre, « le péché, pour faire paraître ce qu’il est, m’a donné la mort par une chose qui était bonne p. » Heureux celui qui, aidé de la grâce de Dieu, fait son œuvre de ce précepte saint, juste et bon !
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