‏ Exodus 11

XXXIX. (Ib 11, 2.) Sur l’emprunt des vases et des habits fait par les Hébreux aux Égyptiens.

– Dieu dit à Moïse : « Parle donc en secret au peuple, et que chacun demande à son voisin, et chaque femme à sa voisine, des vases d’or et d’argent, et des habits. » Que personne ne songe à s’autoriser de cet exemple pour dépouiller son prochain de la même manière. Car cet ordre émanait de Dieu, qui savait la part de souffrance qui revenait à chacun : les Israélites ne se sont pas non plus rendus coupables de vol, mais ils se sont prêtés aux ordres de Dieu. C’est ainsi que le bourreau, lorsqu’il exécute un homme condamné à mort parla sentence du juge, se rend coupable d’homicide, s’il agit spontanément et sans ordre, quand même il saurait que l’homme à qui il donne la mort était irrévocablement condamné par le juge. Il y a encore une autre question de quelque importance : Si les Hébreux habitaient séparément le pays de Gessen, où ne se produisaient point les plaies qui affligeaient le royaume de Pharaon, comment put-il se faire que chacun demandât à son voisin ou à sa voisine de l’or, de l’argent et des vêtements ; surtout si l’on considère que cet ordre est donné la première fois à Moïse dans les termes suivants : « Que la femme demande à sa voisine et à sa con-chambrière ou à celle qui habite sous le même toit ? » On doit comprendre par là que les Hébreux n’étaient pas les seuls habitants du pays de Gessen, mais qu’un certain nombre d’Egyptiens y demeuraient avec eux ; ceux-ci, favorisés des bienfaits de Dieu départis à cette contrée, s’attachèrent aux Hébreux par reconnaissance et leur prêtèrent facilement ce qu’ils demandaient ; cependant Dieu ne les jugea pas assez étrangers aux injustices et aux persécutions dont son peuple avait été victime pour leur épargner encore ce dommage après les avoir préservés des plaies qui affligeaient l’Égypte, mais n’atteignaient pas ce pays.

XL. (Ib 11, 9.) Dieu se sert de la malice de Pharaon.

– « Or, le Seigneur dit à Moïse : Pharaon ne t’écoutera pas, afin que je multiplie mes signes et mes prodiges dans la terre d’Égypte. » On dirait que Dieu avait besoin de la désobéissance de Pharaon, pour multiplier ces mêmes prodiges, qui avaient d’ailleurs leurs utiles résultats : ils inspiraient de la terreur au peuple de Dieu et le formaient à la piété par un sage discernement, Mais c’était là l’œuvre de Dieu, qui faisait servir au bien la malice de ce cœur coupable, plutôt que l’œuvre de Pharaon, qui abusait de la patience de Dieu.

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