‏ Exodus 29

CXXIII. (Ib 29, 8,9.) Sur les cidares des prêtres.

– Dieu dit, en parlant des fils d’Aaron « Tu les revêtiras de tuniques, et tu les ceindras de ceintures, et tu les envelopperas de cidares. » On ne sait ce qu’il faut entendre par cette dernière expression, car le sens n’en est pas fixé, et jamais notre langue n’en fait usage. Pour moi, je pense, contrairement à l’opinion de plusieurs interprètes, que la cidare n’était point destinée a couvrir la tête, Le texte en effet porterait-il : « tu les envelopperas » s’il était question d’un objet qui, servit, non pas au corps, mais à la tête ?

CXXVI. (Ib 29, 10.) Suite du précédent.

– « Tu amèneras le veau à la porte du tabernacle du témoignage, et Araon et ses enfants mettront leurs mains sur la tête du veau en présence du Seigneur. » Voilà l’explication de ce qui précède : leurs mains seront perfectionnées, c’est-à-dire que leur pouvoir aura atteint sa perfection, quand ils sanctifieront à leur tour : ce qui a lieu, quand ils mettent leurs mains sur le veau destiné au sacrifice.

CXXVII. (Ib 29, 18.) Sur les sacrifices de bonne odeur.

– Souvent, dans l’Écriture, il est dit que les sacrifices des animaux sont en « odeur de suavité au Seigneur. » Évidemment Dieu ne prend point plaisir à l’odeur de la fumée de ces sacrifices, mais ceci doit se prendre dans un sens spirituel, c’est-à-dire qu’un sacrifice de victimes, offert dans des dispositions surnaturelles, est agréable à Dieu, en, raison des choses qu’il, symbolise. Dieu en effet n’a pas comme nous le sens matériel de l’odorat. La signification des sacrifices est donc spirituelle comme leur odeur que Dieu respire.

CXXVIIL (Ib 29, 26.) Sur la part du Grand-Prêtre dans les sacrifices.

– « Tu prendras aussi la poitrine du bélier de la consécration, qui est la part d’Aaron » c’est-à-dire, de ce même Aaron, présent au sacrifice ; Dieu voulant que cette portion de la victime appartint au grand-prêtre.

CXXIX. (Ib 29, 28-30.)

1.La part des prêtres leur est due par un droit perpétuel. – « Aaron et ses enfants exerceront éternellement ce droit sur les enfants d’Israël. » Il s’agit ici de la poitrine et de l’épaule des victimes. Éternellement a donc dans ce passage le sens que nous avons exposé précédemment.

2.Sur les vêtements sacerdotaux et l’entrée du grand-prêtre dans le Saint. – « Le vêtement dit Saint, qui est à Aaron, sera à ses enfants après lui, afin qu’en étant revêtus, ils reçoivent l’onction et que leurs mains soient consacrées. Celui d’entre ses enfants qui lui succédera en qualité de prêtre, et qui entrera dans le tabernacle du témoignage pour s’acquitter de ses fonctions dans le Saint, portera ce vêtement pendant sept jours. » Ces paroles donnent lieu à plusieurs questions. Et d’abord, notons en quel sens le texte mentionne le vêtement du Saint, au singulier ; puis ajoute, au pluriel, afin qu’étant revêtus DE CES VÊTEMENTS ils reçoivent l’onction sainte, comme si en réalité il y avait plusieurs vêtements. C’est qu’en effet l’Écriture avait décrit plus haut les vêtements divers qui composaient l’ornement du grand-prêtre. Toutefois le texte renferme quelque ambiguïté, et il est douteux si ce pronom in ipsis, qui est de tout genre, se rapporte aux noms neutres par lesquels sont désignés tous les accessoires du vêtement sacerdotal : c’est du moins le plus probable, car voici la suite du texte : « Le prêtre qui lui succédera portera ces vêtements pendant sept jours » en d’autres termes, il portera tous les vêtements particuliers mentionnés dans l’Écriture à l’endroit où elle décrit le vêtement sacerdotal. « Et afin que leurs mains soient perfectionnées. » Ces mots ne sont évidemment que la répétition de ceux qu’on lit au verset précédent ; nous avons dit
Voir plus haut, Question CXXV.
le sens qu’il faut, selon nous, y attacher. Le texte ajoute : « Le prêtre portera ces vêtements pendant sept jours. » Est-ce à dire qu’aux autres jours il ne s’en revêtira pas ? Mais cela signifie sept jours de suite, qui formeront comme la dédicace de son sacerdoce ; une semaine de fête en solennisera le début. Il est parlé ensuite du successeur d’Aaron « qui entre dans le tabernacle du témoignage, pour s’acquitter de ses fonctions dans le Saint : » ici il est fait allusion au prêtre, qui jouissait exclusivement de ce privilège ; les enfants d’Aaron ne pouvaient y prétendre du vivant de leur père ; il est donc question du successeur d’Aaron lui-même. Mais comment l’Écriture peut-elle dire qu’il n’appartenait qu’à celui-ci, « d’entrer dans « le tabernacle du témoignage, pour s’acquitter u de ses fonctions dans le Saint » puisqu’on donne le nom de Saint aux objets placés en dehors du voile qui fermait le Saint des Saints, et que la même dénomination s’applique au tabernacle du témoignage, qui renfermait des choses saintes, c’est-à-dire la table et le candélabre ? Les autres prêtres avaient accès dans leur ministère auprès de la table, du candélabre et même de l’autel : comment donc l’auteur sacré dit-il que le successeur d’Aaron avait seul le droit « d’entrer dans le tabernacle du témoignage « pour s’acquitter de ses fonctions dans le Saint ? » S’il avait dit : « pour s’acquitter de ses fonctions dans le Saint des Saints » la question serait tranchée. Car cette partie du Tabernacle, oit était déposée l’Arche d’alliance, ne s’ouvrait que devant le grand-prêtre ; la remarque en est faite expressément dans l’Épître aux Hébreux b. Mais peut-être en disant qu’il était exclusivement réservé à celui-ci « d’entrer dans le tabernacle du témoignage, pour officier dans le Saint » l’Écriture n’a-t-elle voulu désigner autre chose que le Saint des Saints, appelé aussi le Saint. Car tout ce qui est Saint ne peut s’appeler le Saint des Saints, mais ce qui est le Saint des Saints, est assurément Saint. Quant au prêtre qui, seul, entrait une fois chaque année dans le Saint des Saints, l’Épître aux Hébreux, nous fait voir en lui, un type très-expressif de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Autre remarque sur le Saint des Saints au-dessus de l’Arche, qui contenait la loi, se trouvait le propitiatoire, dans lequel il faut reconnaître une image de la miséricorde divine pour les péchés de ceux qui n’accomplissent pas la loi ; la même signification symbolique n’apparaît dans le vêtement sacerdotal : que signifie-t-il en effet, sinon les sacrements de l’Église ? Sur le rational, qui couvrait la poitrine du prêtre, Dieu avait établi les jugements, et sur la lame d’or la sanctification et le pardon des péchés : le rational, placé sur la poitrine, est semblable à l’Arche qui contenait la Loi ; et la lame, mise sur le front, a du rapport avec le propitiatoire qui était au-dessus de l’Arche : ce double symbole justifie cette parole de nos Saints Livres : « La miséricorde l’emporte sur le jugement c. »

CXXX. (Ib 29, 37.) Sur la consécration de l’autel des sacrifices.

– Pourquoi l’Écriture dit-elle, que, après avoir été purifié et sanctifié pendant sept-jours, l’autel sera saint de saint ? Elle ne lui donne pas, il est vrai, le nom de saint des saints comme à cette partie du tabernacle, séparée par un voile, où était dressée l’Arche d’alliance ; cet autel, placé en dehors du voile est devenu saint de saint plutôt par la sanctification qui dura sept jours que par l’onction. Et l’Écriture ajoute : « Quiconque touchera l’autel, sera sanctifié. »

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