Exodus 30
CXXXI. (Ib 30, 3-4.) Sur les anneaux de l’autel des parfums, difficulté littérale. – Dieu, parlant à Moïse des anneaux de l’autel de l’encens, qu’il lui ordonne de couvrir d’or et non d’airain, lui dit : « Tu feras aussi deux anneaux d’or pur sous la couronne qui, régnera autour ; tu les feras pour deux, côtés, sur deux côtés » c’est la traduction littérale du grec : eis ta duo klite poieseis en tois dusipleurois. Car klite signifie côtés, et pleura aussi. Plusieurs interprètes latins ont donné la traduction suivante : Tu les feras en deux parts sur deux côtés Mais le grec, au lieu de porter mere, qui signifie parts, porte klite, qui signifie côtés. C’est le même mot qu’on lit au psaume : « Ton épouse est comme une vigne féconde aux côtés de ta maison a. » Toute la différence consiste dans l’accusatif et l’ablatif employés successivement pour le même mot : In duo latera facies, in duobus lateribus. Il est difficile d’en fixer le sens ; à moins qu’on n’admette que l’Écriture, à qui l’ellipse est familière, manque ici d’un mot qu’il faut sous-entendre : or, en sous-entendant : erunt, ils seront, voici le sens qu’on obtiendrait : « Tu feras pour deux côtés, ils feront sur deux côtés » en d’autres termes : Tu feras pour les deux côtés des anneaux qui devront être placés sur les deux côtés. CXXXII. (Ib 30, 4.) Même sujet. – « Et il y aura des arcs pour les bâtons qui serviront à le porter. » Le texte désigne ici par le mot arcs ce qu’il vient d’appeler des anneaux; et il a donné le nom d’anneaux à des anses arrondies. Or, qu’est-ce qu’un anneau, un cercle, sinon un arc de tous côtés ? Plusieurs interprètes, ne voulant point du mot arcus, ont préféré le terme thecae, étuis; suivant eux, il faudrait lire : Et il y aura des étuis par lesquels on fera passer les bâtons. Ils ne réfléchissent pas que les grecs auraient pu se servir du mot theca, puisqu’il vient de leur langue ; leur texte porte cependant psalides, qui signifie arcus, arcs. CXXXIII. (Ib 30, 8-10) Destination de l’autel des parfums. – « Il brûlera sur cet autel l’encens de continuation, en présence du Seigneur d’âge en âge. » Dieu veut faire entendre, en employant ce terme d’encens de continuation, qu’il doit brûler toujours et sans interruption. Parlant de l’autel des parfums, Dieu avait réglé qu’il n’y serait offert ni holocauste, ni sacrifice, ni libation, mais uniquement de l’encens, qui serait renouvelé chaque, jour. Ici néanmoins voici ce qu’il ordonne : « Aaron implorera, ou priera une fois l’an sur les cornes de l’autel, en y répandant son sang pour l’expiation des péchés. » Depropitiabit, il implorera, d’où vient depropitiatio, qui a pour terme correspondant en grec exilasmos, Comprenons ce passage : cet ordre donné au prêtre et qui doit s’accomplir une fois chaque année sur les cornes de l’autel des parfums, pour apaiser Dieu ; ce sang de l’expiation des péchés, c’est-à-dire qui provient des victimes immolées pour les péchés, et qui doit toucher une fois l’an les cornes de l’autel : tout cela n’a point de rapport avec le commandement qui est fait au prêtre de placer chaque jour de l’encens sur ce même autel. C’étaient des parfums, et non du sang, que Dieu commandait d’y déposer, non pas une fois dans l’année, mais chaque jour. Comprenons-le donc : le prêtre n’entrait pas une seule fois l’an dans le Saint des Saints, mais une seule fois chaque année pour y répandre du sang ; chaque jour il y entrait pour un autre motif, afin d’y déposer de l’encens ; il n’y entrait avec du sang qu’une seule fois l’année. Ce qui suit confirme, parfaitement notre interprétation : « Il purifiera cet autel une « fois l’an, c’est le Saint des Saints pour le Seigneur. » Le prêtre n’offrira donc pas l’encens une fois chaque année, c’est un devoir qui lui incombe chaque jour ; mais une fois l’an, il purifiera l’autel, et cela avec du sang. Dieu ajoute : « C’est le Saint des Saints pour le Seigneur. » Par conséquent si le Saint des Saints était, non, pas en dehors, mais en dedans du voilé, l’autel dont il est ici question, qui devait être placé vis-à-vis du voile, se trouvait aussi à l’intérieur. CXXXIV. (Ib 30, 12.) Sur le dénombrement du peuple. – Pourquoi Dieu dit-il : « Si tu fais le dénombrement des enfants d’Israël en les visitant ? » N’est-ce point parce qu’il exige qu’on les visite et les compte parfois, en d’autres termes, qu’on en fasse le dénombrement ? Si David fut puni de l’avoir opéré, c’est parce qu’il avait agi sans avoir reçu l’ordre de Dieu b. CXXXV. (Ib. XXX ; 26-33.) Sur l’huile des onctions. – Remarquons aussi et notons comment Dieu donne (ordre d’oindre tout avec l’huile du chrême, je veux dire, le tabernacle, et tout ce qu’il contenait ; comment tout dès lors, par l’effet de l’onction, devient Saint des Saints. Quelle différence verrons-nous donc entre les objets placés à l’intérieur, que cachait le voile, et tout le reste, si tout ce qui recevait l’onction devenait par là même Saint des saints ? Cette question doit être sérieusement étudiée : J’ai cru du moins devoir l’indiquer. Ajoutons une autre remarque : de même qu’après l’onction de l’au tel des sacrifices, auquel il impose dès lors la dénomination de Saint de Saint, Dieu dit : « Quiconque le touchera, sera sanctifié » de même après avoir fait oindre tout le reste et avoir dit que tout cela est devenu Saint des Saints, Dieu prononce cette sentence : « Quiconque les touchera sera sanctifié. » Ce qui peut s’entendre de deux manières : On sera sanctifié en les touchant ; ou l’on se sanctifiera pour pouvoir les toucher : en supposant toutefois qu’il ne fût pas permis au peuple de toucher le tabernacle, quand il amenait les victimes, ou quand on offrait à Dieu ce qu’il avait apporté pour le sacrifice. Mais les avertissements que Dieu donne ensuite ne s’adressent pas seulement aux prêtres et aux Lévites, puisqu’il dit à Moïse : « Tu parleras en ces termes aux enfants d’Israël. » Or, les enfants d’Israël, c’était tout le peuple ; et voici ce qu’il leur fait dire : « Cette huile qui doit servir aux onctions, vous sera une chose sainte de génération en génération : on n’en oindra point la chair de l’homme, et vous ne ferez pas pour vous-mêmes des compositions semblables à celle-là. C’est une chose sainte, et ce sera pour vous un moyen de sainteté. Quiconque en fera de semblables, et quiconque en donnera à une nation étrangère, périra du milieu de son peuple. » Cette défense de composer une huile semblable pour des usages profanes, ne concerne donc pas seulement les prêtres, mais encore tout le peuple d’Israël. Car c’est le sens de ces mots : « On n’en oindra point la chair de l’homme. » Il leur défend d’en taire de semblables pour leurs propres usages, et il menace de la mort ce lui qui se rendrait coupable de cette faute, c’est-à-dire, qui composerait à son usage une huile pareille à l’huile des onctions, ou qui en communiquerait une portion à un peuple étranger. Enfin quand Dieu fait dire à tout le peuple d’Israël : « Ce sera pour vous un moyen de sanctification » je ne vois pas quel sens donner à ces paroles, sinon qu’il était permis à tous les Israélites de toucher le tabernacle, quand ils y venaient avec leurs offrandes ; et que cet attouchement les sanctifiait, à cause de l’huile qui avait été répandue sur toutes les parties du tabernacle : de là cette parole ; « Quiconque touchera ces choses sera sanctifié » non toutefois comme les prêtres, qui, avant d’exercer les fonctions du sacerdoce, devaient recevoir l’onction de cette huile sainte. CXXXVI. (Ib 30, 34.) Sur la composition de l’encens. – Lorsque Dieu désigne les aromates qui doivent entrer dans la composition du parfum, c’est-à-dire de l’encens, lorsqu’il dit qu’il doit passer au feu suivant l’art du parfumeur, unguentarii, nous ne devons pas conclure du mot latin que c’était une, huile propre à faire des onctions ; c’était, comme il est dit, un parfum, un encens destiné à l’autel l’encens sur lequel il n’était pas permis d’offrir des sacrifices, et qui était dans le Saint des Saints. CXXXVII. (Ib 30, 36.) En quel lieu devait brûler l’encens. – « De ces choses tu feras une poudre et tu en placeras vis-à-vis des témoignages, dans le tabernacle du témoignage, d’où je me ferai connaître à toi. Cet encens sera pour vous le Saint des Saints. » C’est pour la seconde fois que cet encens reçoit semblable dénomination, parce qu’il était déposé à l’intérieur du tabernacle, sur l’autel qui était lui-même à l’intérieur ; le tabernacle du témoignage proprement dit était cette partie intérieure elle-même où se trouvait l’arche et qui est distinguée par ces mots : « De là je me ferai connaître à toi. » Dieu avait déjà tenu ce langage en parlant du propitiatoire, qui était à l’intérieur, c’est-à-dire au-dedans du voile au-dessus de l’arche.
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