‏ Exodus 35

CLVII. (Ib 35, 1) Dieu agit avec nous. – Lorsque Moïse fut descendu de la montagne vers les enfants d’Israël, tenant en ses mains les autres tables, et le front couvert d’un voile, à cause de la gloire qui brillait sur son visage, et dont les enfants d’Israël ne pouvaient soutenir l’éclat : « Voici, leur dit-il, les paroles dont le Seigneur veut l’accomplissement. » Cette construction ambiguë permet de douter. Si c’est le Seigneur lui-même, ou si ce sont les Israélites qui doivent accomplir ces paroles ; toutefois il est évident que leur accomplissement regarde ces derniers, car c’est Dieu qui vient de dicter ses ordres. Mais peut-être est-ce à ce dessein que l’Écriture parle ainsi, afin que cette expression s’entendit également et de Dieu et de l’homme car le Seigneur agit quand il vient en aide à ceux qui agissent, conformément à la doctrine de l’Apôtre : « Opérez votre salut avec crainte et tremblement, car c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir a. »

CLXXII. (Ib 35, 2.) Sur le Sabbat.

— Lorsque Moïse est descendu de la montagne, il recommande les travaux relatifs à la construction du tabernacle et au vêtement sacerdotal ; mais, avant de donner aucun ordre pour ces ouvrages, il parle au peuple de là sanctification du Sabbat. Il vient de recevoir les dix paroles de la Loi consignées sur les nouvelles tables de, pierre, qu’il a taillées et gravées lui-même ; ce n’est donc pas à tort qu’on demande pour quel motif, une fois descendu de la montagne, il entretient le peuple du Sabbat exclusivement. S’il ne fut pas nécessaire de publier de nouveau, devant le peuple, les dix commandements de la Loi, pourquoi cette exception en faveur du sabbat, qui compte au nombre de dix préceptes ? N’y aurait-il pas ici quelque chose de semblable à ce voile dont Moïse se couvrit le visage, parce que les enfants d’Israël ne pouvaient en supporter l’éclat ? En effet, des dix commandements, c’est le seul qui ait été prescrit d’une manière figurative ; quant aux neuf autres, nous ne doutons aucunement qu’ils ne nous obligent encore sous la Loi nouvelle, tels qu’ils ont été formulés. Il n’y a que le précepte du Sabbat qui fut voilé pour les Israélites par l’observation symbolique du septième jour ; ce précepte était mystérieux et figuratif, à ce point que nous ne sommes pas tenus maintenant de l’observer, mais que nous devons tenir compte uniquement de sa signification. Or, ce repos qui exclut les œuvres serviles, est l’image des abîmes profonds de la grâce divine. Car les bonnes œuvres s’opèrent en repos, quand « la foi agit par l’amour b » la crainte au contraire, porte avec soi son supplice, et quel repos est compatible avec ce supplice ? La crainte n’est donc pas avec la charité c, et « la charité a été répandue dans nos cœurs par l’Esprit-Saint, qui nous a « été donné d. » C’est pourquoi « le repos du sabbat est saint devant le Seigneur e » c’est-à-dire qu’il faut l’attribuer à la grâce de Dieu, et non pas à nous, comme venant de nous. Sans quoi nos œuvres seront tout humaines, ou coupables, ou bien s’inspireront de la crainte et non de l’amour, et par conséquent deviendront serviles et ne procureront point le repos. La plénitude du sabbat aura sa réalité dans le repos éternel. Et ce n’est pas sans raison que fut institué le grand Sabbat f.

CLXVIII. (Ib 35, 24.) Sur les offrandes volontaires des enfants d’Israël. – « Chacun offrant ce qu’il se retranchait, ils apportèrent généreusement au Seigneur de l’argent et de l’airain. » Ce qui revient à dire : Quiconque apporta, donna une chose ou une autre ; seulement, l’argent et l’airain sont spécialement mentionnés parmi les autres offrandes dont parle l’Écriture. Les Latins ont bien traduit par demptionem, retranchement, le mot grec aphairema; et ce terme est fort convenable, car celui qui apportait au Seigneur s’imposait une privation, un sacrifice.

CLXIX. (Ib 35, 29.) Encore sur Béséléel, l’esprit dont il est rempli, et ses travaux.

– Moïse rappelle, mot pour mot, ce que Dieu lui avait dit de Béséléel : « Qu’il l’avait rempli de l’Esprit divin de sagesse, d’intelligence et de science, pour exécuter les travaux du tabernacle, appartenant aux arts mécaniques. » Nous avons dit plus haut notre sentiment sur ce passage
Ci-dessus Question CXXXVIII.
. Mais nous avons cru devoir le rappeler, parce que cet ordre, donné précédemment à Moïse de la part du Seigneur, n’est pas sans un dessein particulier répété en des termes tout à fait identiques. L’architecture nous est représentée ici, comme comprenant des travaux où entrent l’or, l’argent et les autres métaux ; la chose, je l’avoue, est assez singulière : car l’architecture ne s’entend ordinairement que de la construction des édifices.

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