‏ Exodus 7:10-12

XIX. (Ib, 7, 9.) Sur le rôle d’Aaron.

— « Si Pharaon vous dit : Donnez-nous un miracle ou un prodige, tu diras à Aaron, ton frère : Prends une verge, et jette-la devant Pharaon et « ses serviteurs ; et ce sera un dragon. » Assurément, dans ce cas, il n’était pas nécessaire de recourir au ministère de la parole, créé en faveur d’Aaron par une sorte de nécessité, pour venir en aide à l’infirmité de Moïse : il s’agissait uniquement de jeter la verge qui devait se changer en serpent. Pourquoi donc Moïse n’a-t-il pas accompli lui-même cette action, sinon parce que cette médiation d’Aaron entre Moïse et Pharaon renferme la figure d’un évènement considérable ?

XX. (Ib 7, 10.) Sur la verge de Moïse et d’Aaron.

– Autre remarque. Il est écrit, à propos du miracle opéré sous les yeux de Pharaon : « Et Aaron « jeta sa verge. » Si l’Écriture avait dit : Il jeta la verge, il n’y aurait pas matière à discuter ; mais comme elle met le mot sa, bien que Moïse la lui eût donnée, ce n’est peut-être pas sans raison que le texte est ainsi conçu. Cette verge leur aurait-elle été commune à tous les deux, de sorte qu’on pourrait la regarder comme appartenant à l’un aussi bien qu’à l’autre ?

XXI. (Ib 7, 12.) Changement des verges en serpent.

– « Et la verge d’Aaron dévora leurs verges. » Si le texte eût porté. Le serpent d’Aaron dévora leurs verges, on eût compris que le serpent d’Aaron dévora, non des serpents imaginaires, mais des verges. Car il a pu dévorer des verges réelles, non des apparences sans réalité. Mais nous lisons : « La verge d’Aaron dévora leurs verges » or, si le serpenta pu dévorer les verges des magiciens, la verge ne le pouvait pas. Au lieu d’appeler la chose du nom de l’objet auquel elle a été changée, l’Écriture lui donne donc le nom qu’elle avait avant son changement, par la raison qu’elle est revenue ensuite à son premier état ; il convenait d’ailleurs de lui donner le nom qui exprimait sa nature principale. Mais que faut-il penser des verges des mages ? Furent-elles changées aussi en serpents véritables, et sont-elles appelées verges au même titre que la verge d’Aaron ? Ou plutôt, par un prestige de l’art magique, ne semblaient-elles pas être ce qu’en réalité elles n’étaient point ? Pourquoi donc les unes et les autres sont-elles appelées verges et serpents, sans aucune distinction, quand il est parlé de c es prestiges ? Si l’on admet que les verges des magiciens ont été changées en serpents véritables, une nouvelle et sérieuse difficulté se présente, car il faut démontrer que la création de ces serpents ne fut l’œuvre ni des magiciens, ni des mauvais anges par qui ils opéraient leurs enchantements. Or, parmi tous les éléments corporels de ce monde sont cachées des raisons séminales, qui, à l’aide du temps et d’une cause favorables, deviennent des espèces déterminées parleurs qualités et les fins qui leur sont propres.C'est pourquoi on ne dit pas des anges, par qui ces êtres arrivent à la vie, qu’ils créent des animaux, pas plus qu’on ne dit des laboureurs qu’ils créent les moissons, les arbres ou toute autre production de la terre, parce qu’ils savent utiliser les causes visibles et les circonstances favorables au développement. Ce que ceux-ci font d’une manière visible, les anges l’opèrent d’une manière invisible ; mais Dieu seul, est vraiment créateur, lui qui a déposé dans la nature les causes et les raisons séminales. Je dis tout cela en peu de mots ; mais pour le faire mieux comprendre et l’appuyer d’exemples et d’une discussion sérieuse, il faudrait un long traité ; la précipitation qui préside à ce travail me servira d’excuse.

Copyright information for FreAug