Exodus 9
XXX. (Ib 9, 7.) Progrès de l’endurcissement de Pharaon. – « Lorsque Pharaon vit qu’aucun des animaux des enfants d’Israël n’était mort, son cœur s’endurcit. » Comment cet endurcissement du cœur de Pharaon eut-il son origine dans des motifs opposés ? Si les troupeaux des Israélites avaient péri, il y aurait eu pour lui, ce semble, une raison suffisante de s’endurcir jusqu’à mépriser Dieu, comme si ce désastre était l’œuvre de ses magiciens ; mais maintenant qu’il voit que pas un des animaux des Hébreux n’a péri, son cœur s’endurcit, quand il aurait dû se sentir porté à la crainte ou à la confiance : voilà jusqu’où a pu aller son endurcissement. XXXI. (Ib 9, 8.) Sur le rôle de Moïse et d’Aaron dans l’opération des miracles. – Que signifient ces paroles de Dieu à l’adresse de Moïse et d’Aaron : « Prenez, plein vos mains, de la cendre du foyer et que Moïse la jette vers le ciel en présence de Pharaon et de ses serviteurs, et qu’elle s’étende en poussière sur toute la terre d’Égypte » Les miracles précédents s’opéraient avec la verge qu’Aaron, et non point Moïse, étendait sur l’eau, ou dont il frappait la terre ; mais ici, après les deux miracles relatifs aux mouches et à la mortalité des troupeaux, où ni Aaron ni Moïse n’ont point apporté le secours de leur main, il est dit que Moïse doit jeter au ciel la cendre de la fournaise ; tous les deux doivent en prendre ; mais l’un pour la jeter au ciel, l’autre pour la répandre à terre : Aaron, dont le ministère regardait le peuple, dut frapper la terre ou étendre la main soit sur la terre, soit sur l’eau ; tandis que Moïse dont il a été dit : « Tu le représenteras dans toutes les choses qui ont rapport à Dieu a, reçoit l’ordre de jeter la cendre au ciel. Que signifient les deux miracles précédents, où Moïse ni Aaron n’eurent aucune part ? Pourquoi cette différence ? Ce n’est pas pour rien. XXXII. (Ib 9, 16.) Patience de Dieu à l’égard de Pharaon. – « La vie t’a été conservée, pour faire éclater en toi ma puissance et pour rendre mon nom célèbre par toute la terre. » L’Apôtre cite ces mêmes paroles de l’Écriture, en traitant ce sujet extrêmement difficile. Et il ajoute « Mais si Dieu, voulant montrer sa colère et faire éclater sa puissance, a supporté les vases de colère avec une grande patience » en épargnant ceux qu’il savait dans sa prescience devoir être méchants, et auxquels l’Apôtre donne le nom de « vases préparés pour la perdition » c’est aussi, continue-t-il, « afin de faire voir les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde. b » De là, dans les Psaumes, ce mot des vases de miséricorde : « Mon Dieu me préviendra par sa miséricorde ; mon Dieu s’est démontré pour moi contre mes ennemis c. » Dieu sait donc se servir des méchants, qu’il n’a point cependant créés pour le mal, mais il les supporte patiemment jusqu’au temps qui lui semble opportun ; il ne les souffre pas sans utilité, voulant qu’ils servent d’avertissement et d’épreuve aux bons. En effet la patience divine envers les méchants profite aux vases de miséricorde, par qui le nom de Dieu est publié par toute la terre. Aussi Pharaon fut-il réservé pour l’utilité de ces derniers, ainsi que l’atteste l’Écriture et que la suite nous le fera voir. XXXIII. (Ib 9, ##Rem 19, 6,20.) Sur la grêle. – Pourquoi, en menaçant Pharaon d’une grêle désastreuse, Dieu lui recommande-t-il de rassembler à la hâte ses troupeaux et tout ce qu’il a dans la campagne, dans la crainte que la grêle ne les fasse périr ? Car cet avertissement paraît empreint de miséricorde plutôt que de colère. Mais que Dieu même au milieu de sa colère, tempère le châtiment, cela ne fait aucune difficulté. Ce qui préoccupe et à bon droit, c’est de savoir quels troupeaux il s’agissait de préserver, si tous avaient été frappés de mort dans la plaie précédente, car il est écrit que Dieu distingua les troupeaux des Hébreux de ceux des Égyptiens et que les premiers furent totalement préservés, tandis que les derniers furent entièrement anéantis. Ne peut-on admettre la solution suivante ? Dieu ayant dit que les animaux laissés dans la campagne périraient, c’est à ces animaux que s’appliquerait le mot tous ; ceux qui étaient dans la maison et ceux que les Égyptiens, même dans le doute, purent y rassembler dans la crainte que la prédiction de Moïse ne fût vraie, échappèrent au désastre ; une partie de ces animaux pouvait de nouveau s’être répandue dans la campagne, et c’est pour qu’ils soient préservés de la grêle, que Dieu avertit de les faire rentrer dans les maisons. Les paroles suivantes de l’Écriture viennent corroborer cette opinion : « Celui d’entre les serviteurs de Pharaon qui craignit la parole du Seigneur, rassembla ses troupeaux dans ses maisons ; mais celui qui dans son cœur ne fit point attention à la parole du Seigneur laissa périr ses troupeaux dans les champs. » Quoique l’Écriture garde le silence à ce sujet, les choses ont aussi bien pu arriver de cette manière, quand Dieu menaça de faire périr les troupeaux. XXXIV. (Ib 9, 22.) Une seconde fois, Moise élève sa main vers le ciel. – « Et le Seigneur dit à Moïse : Étends ta main vers le ciel, et il y aura de « la grêle dans toute la terre d’Égypte. » C’est pour la seconde fois que l’ordre est donné à Moïse d’étendre sa main, non sur la terre, mais vers le ciel, comme nous l’avons remarqué précédemment à propos de la cendre. XXXV. (Ib 9, 27-30.) Sur la crainte de Pharaon. – Lorsque Pharaon consterné de l’épouvantable, fracas qui accompagnait la grêle, fait l’aveu de son iniquité et de celle de son peuple et conjure Moïse de prier pour lui, celui-ci lui répond : « Je sais que toi et tes serviteurs, vous ne craignez pas encore le Seigneur. » Quelle crainte exigeait-elle donc, puisque celle de Pharaon n’était pas encore la crainte du Seigneur ? C’est qu’il est facile de craindre le châtiment ; mais ce n’est pas là cette crainte de Dieu, inspirée par l’amour, dont parle Jacob quand il dit : « Si le Dieu de mon père Abraham et le Dieu que craint Isaac ne m’avait assisté, vous m’auriez aujourd’hui renvoyé tout nu d. »
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