‏ Genesis 13

XXVII. (Ib 13, 10.) Ce qu’était le Paradis.

– Quand l’Écriture compare la contrée de Sodome et de Gomorrhe, avant ses désastres, au Paradis de Dieu, parce qu’elle était arrosée, et à l’Égypte que le Nil fertilise ; elle montre assez, à mon avis, ce qu’était le paradis que Dieu créa pour y placer Adam. Je ne vois pas en effet que le paradis de Dieu ait été autre chose. Et certes, si les arbres à fruits du paradis devaient être, suivant l’opinion de quelques-uns, considérés comme des vertus de l’âme, il ne serait pas dit de cette contrée qu’elle était « comme le paradis de Dieu », puisqu’il n’y aurait pas eu en réalité de paradis terrestre, planté d’arbres véritables.

XXVIII. (Ib 13, 14.) Étendue de la promesse faite à Abraham.

— « Lève les yeux et regarde du lieu où tu es au Septentrion et au Midi, à l’Orient et du côté de la mer : tout ce pays que tu vois, je te le donnerai et à ta postérité pour toujours. » On demande ici ce qu’il faut entendre parce pays, promis à Abraham et à sa postérité, égal en étendue à ce que ses yeux pouvaient embrasser aux quatre points cardinaux. Qu’est-ce en effet que le rayon visuel de notre œil peut atteindre dans un regard jeté sur la terre ? Mais la question n’a plus de raison d’être, si l’on considère que la promesse porte plus loin ; car il n’a pas été dit : Je te donnerai autant de pays que tu en vois, mais : «Je te donnerai la terre que tu vois. » Quand donc Abraham recevait par surcroît le pays même environnant qui s’étendait plus loin, celui qui était sous ses yeux n’en était certainement que la partie principale. Il faut remarquer encore ce qui suit : dans la crainte qu’Abraham lui-même ne crût aussi que la promesse comprenait exclusivement le pays qu’il pouvait découvrir ou voir autour de lui : « Lève-toi, lui est-il dit, parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur ; parce que je te le donnerai. » Dieu veut qu’en parcourant le pays, il voie de près celui qu’il n’aurait pu découvrir en se tenant sur un point isolé. Or, cette terre, que le peuple d’Israël reçut d’abord en partager figure la race d’Abraham selon la chair ; non point cette postérité plus étendue selon la foi, qui, pour ne pas le passer sous silence, devait être selon la promesse comme le sable de la mer ; expression hyperbolique, il est vrai, mais cette postérité ; devait être si nombreuse que nul ne pourrait la compter.

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