‏ Genesis 15

XXX. (Ib 15, 12.) Sur le trouble d’Abraham.

– Il est écrit : « Vers le coucher du soleil, Abraham fut saisi de peur et tomba dans une grande épouvante. » C’est une question à traiter, parce qu’il y en a qui prétendent que l’âme du sage est inaccessible à ces frayeurs. Est-ce ici quelque chose de semblable à ce que rapporte Agellius dans son ouvrage des nuits Attiques ? Un philosophe fut effrayé dans une grande tempête élevée sur la mer ; un jeune débauché, qui était au nombre des passagers, remarqua son trouble ; et comme, le danger passé, il reprochait au philosophe de s’être si promptement ému, tandis qu’il n’avait, lui, ni tremblé ni pâli ; le philosophe lui répliqua que s’il n’avait pas été saisi d’effroi, c’est parce qu’il ne devait rien craindre pour une vie profondément corrompue, attendu qu’elle ne méritait pas qu’on redoutât rien pour elle.
De la cité de Dieu, liv. 9, ch. 4
. Et comme les autres passagers du navire lui prêtaient une oreille attentive, il leur fit voir un livre du stoïcien Epictète, où il était dit qu’au sentiment des Stoïciens, il n’est pas vrai que l’âme de sages soit inaccessible à de pareils troubles, ni que rien de semblable ne se trahisse dans leurs impressions ; mais qu’il y a trouble, suivant eux, quand la raison ne triomphe pas de telles émotions, tandis que quand elle en triomphe, il ne faut plus dire qu’elle est troublée. Mais il faut voir comment Agellius dit ces choses et le discute sérieusement.

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