Genesis 26
LXXV. (Ib 26, 1.) Famine arrivée au temps d’Isaac. – « Il arriva une famine en ce pays, outre celle qui arriva auparavant au temps d’Abraham ; et Isaac s’en alla à Gérare, vers Abimélech, roi des Philistins. » En quel temps, demande-t-on ? Est-ce après qu’Esaü eut vendu son droit d’aînesse pour un repas de lentilles ? Car, après le récit de ce trait vient celui : de la famine. Ou bien, comme il arrive souvent, le narrateur ne reprend-il pas son sujet où il l’a laissé, après avoir parlé du fils d’Isaac et du plat de lentilles ? Ce qui porte à le croire, c’est qu’on retrouve ici le même Abimélech, qui avait déjà aimé passionnément Sara ; on revoit aussi le favori et le chef de l’armée de ce prince, dont il fut alors fait mention : pouvaient-ils être encore en vie ? Quand Abimélech devint l’ami d’Abraham, Isaac n’était pas encore né, mais il était déjà promis. Supposons que cette alliance eut lieu un an avant la naissance d’Isaac. Isaac eut ses fils à l’âge de soixante ans ; or, ceux-ci étaient des jeunes gens, lorsque Esaü vendit son droit d’aînesse ; supposons qu’ils avaient alors environ vingt ans, à l’époque de cet échange Isaac avait quatre-vingts ans. Admettons de plus qu’Abimélech était jeune, quand il aima la mère d’Isaac et devint l’ami d’Abraham ; Isaac pouvait donc être centenaire, si ce fût après le marché conclu entre ses fils qu’il se transporta dans cette contrée, pressé par la famine. Rien par conséquent n’oblige à penser que le départ d’Isaac pour Gérare est rapporté par mode de récapitulation. Mais comme il est dit qu’Isaac demeura longtemps dans ce pays, qu’il y creusa des puits, à l’occasion desquels il y eut des contestations, et qu’il y devint fort riche ; il serait étonnant que ces circonstances ne fussent pas antérieures à la vente du droit d’aînesse par Esaü. Elles auraient donc été passées sous silence, pour permettre au récit de parler d’abord des fils d’Isaac jusqu’à l’endroit où il est question du plat de lentilles. Voir la fin du chapitre précédent pour l'histoire de Jacob. LXXVI. (Ib 26, 12-13.) Isaac béni par le Seigneur. – « Le Seigneur le bénit, et il fut un homme remarquable, et en avançant il devenait plus grand encore jusqu’à ce qu’il devint extrêmement puissant. » La suite nous apprend que ces paroles relatives à Isaac se rapportent surtout à la félicité terrestre. Car l’écrivain décrit ensuite les richesses qui firent sa grandeur et dont Abimélech s’émut su point de craindre son voisinage, parce que sa puissance pouvait lui être funeste. Quoique ces choses cachent un sens spirituel, cependant, avant de les rapporter dans le sens littéral, l’Écriture observe « Qu’il fut béni du Seigneur. » Elle veut nous faire bien comprendre que ces biens temporels eux-mêmes ne peuvent venir, et qu’ils ne doivent être attendus que de Dieu seul, lors même qu’ils sont l’objet des désirs des hommes faibles dans la foi : afin que celui qui est fidèle dans les petites choses le soit aussi dans les grandes ; et que celui qui est fidèle dans les richesses d’iniquité, mérite aussi de parvenir à la vérité, selon ce que dit le Seigneur dans l’Évangile a. Il est dit également d’Abraham que ses richesses furent un bienfait de Dieu. Ce récit compris avec piété, ne sert donc pas médiocrement à édifier la foi sincère, lors même qu’on n’en pourrait dégager aucun sens allégorique. LXXVII. (Ib 26, 28.) Sens du mot malédiction. — « Qu’il y ait entre nous et toi malédiction » c’est-à-dire, un serment accompagné des malédictions qui retomberont sur le parjure. Il faut observer que tel fut le sens des paroles employées par le serviteur d’Abraham, dans son discours à ceux dont il reçut une épouse pour son maître Isaac. LXXVIII. (Ib 26, 32) Le nom de jurement donné au puits creusé par Isaac. – Pourquoi est-il écrit que les serviteurs d’Isaac étant venus lui dire : « Nous avons creusé un puits, et nous n’avons pas trouvé d’eau » Isaac donna à ce puits le nom de jurement ? Serait-ce que, nonobstant le sens historique, il faut découvrir ici quelque sens spirituel ? Car, à la lettre, il n’y a nulle convenance d’appeler un puits jurement parce qu’on n’y a pas trouvé d’eau. Il est vrai néanmoins qu’au sentiment de quelques autres interprètes, les serviteurs d’Isaac ont plutôt annoncé qu’ils avaient trouvé de l’eau mais, même dans cette hypothèse, pourquoi donner au puits le nom de jurement, quand aucun serment n’avait été fait ?
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