‏ Genesis 29

LXXXVI. (Ib 29, 10.) Il faut suppléer ce que l’Écriture ne dit point.

– Rachel vint avec les brebis de son père, et, dit l’Écriture, Jacob ayant vu Rachel, fille de Laban, frère de sa mère, s’approcha et ôta la pierre de l’ouverture du puits. Ici plutôt que de soulever aucune question il vaut mieux observer que l’Écriture omet quelque chose que nos intelligences doivent suppléer. On comprend en effet que Jacob demanda à ceux avec qui il s’entretenait d’abord, quelle était celle qui venait avec ses brebis et qu’ils répondirent que c’était la fille de Laban. Jacob évidemment ne la connaissait pas ; mais l’Écriture, en passant sous silence la demande de l’un et la réponse des autres, a voulu que nous les suppléions.

LXXXVII. (Ib 29, 11-12.) Sur le baiser que Jacob donne à Rachel.

— Il est écrit : « Jacob baisa Rachel, et élevant la voix il pleura ; et il lui dit qu’il était son frère et qu’il était fils de Rébecca. » C’était la coutume, surtout dans la belle simplicité des temps anciens, de se baiser entre parents et parentes, et aujourd’hui encore cet usage se pratique dans beaucoup de pays. Mais on peut demander comment Rachel accepte le baiser d’un inconnu, puisque Jacob ne lui révéla sa parenté qu’après l’avoir embrassée. Il faut donc recourir à une de ces deux hypothèses : ou que Jacob, sachant déjà qui elle était, se précipita à son cou avec confiance, ou que revenant sur ses pas, l’Écriture raconte, après, ce qui était déjà fait, je veux dire, que Jacob s’était déjà fait connaître à elle. Ainsi la même Écriture rapporte comment Dieu forma le paradis, après avoir dit que Dieu le planta et y plaça l’homme qu’il venait de créer. Il y a une foule d’autres traits qui évidera.mentne sont point rapportés dans l’ordre où ils se sont accomplis.

LXXXVIII. (Ib 29, 20.) Comment Jacob trouvait court le temps de son service pour Rachel.

– Il est écrit : « Et Jacob servit sept ans pour Rachel et ce temps lui paraissait court, par« ce qu’il l’aimait. » Comment l’Écriture fait-elle cette réflexion, puisque d’ordinaire les amants trouvent plutôt long le temps qui est de peu de durée ? C’est donc pour signifier que l’amour rendait légères et supportables à Jacob les fatigues de son service.

LXXXIX. (Ib. XXIX 27-31.) Quand Jacob épousa-t-il Rachel ?

– Si l’on met peu d’attention dans la lecture de ce trait on pensera qu’après avoir épousé Lia, Jacob servit encore pendant sept années pour Rachel et qu’ensuite il l’épousa. Mais telle n’est pas la vérité ; Laban lui dit : « Achève donc la semaine de celle-ci et je te donnerai l’autre encore pour l’ouvrage que tu feras chez moi pendant sept autres années. » Ainsi ces paroles : « Achève la semaine de celle-ci » se rapportent à la célébration des noces, dont les fêtes durent ordinairement sept jours. Il dit donc : Passe les sept jours de noces de celle que tu as épousée, puis je t’accorderai l’autre pour ce que tu feras encore chez moi pendant sept autres années. Il est dit en suite : « Jacob fit cela, et passa la semaine de Lia, c’est-à-dire les sept jours de ses noces, et Laban lui donna sa fille Rachel pour épouse. Et Laban donna pour servante à Rachel, sa fille, sa servante Balla, et Jacob s’approcha de Rachel. Or, il aima Rachel plus que Lia, et il servit pendant sept autres années. » Il est donc clair que c’est après avoir épousé Rachel, qu’il servit pour elle sept autres années. Il eût été trop dur et trop injuste en effet de prolonger encore sept autres années sa déception, et de lui livrer seulement alors celle à laquelle il avait droit en premier lieu. Que ce fut bien la coutume de célébrer les noces pendant sept jours, le livre des Juges le fait voir aussi dans la personne de Samson. Il donna un festin pendant sept jours a. Et l’Écriture ajoute que tel était l’usage des jeunes gens. Or, Samson fit ce festin pour ses noces.

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