Genesis 42
CXXXVIII. (Ib 42, 9.) Sur l’accomplissement des songes de Joseph. – « Et Joseph se souvint des songes qu’il avait eus autrefois » car ses frères venaient de l’adorer. Cependant il faut chercher dans ces songes une pensée plus haute. Car les paroles de reproche que Joseph reçut de son père a, à cause de la vision du soleil et de la lune qu’il avait eue, n’ont pu avoir leur accomplissement de la même manière, dans la personne de son père encore en vie, et de sa mère déjà morte. CXXXIX. (Ib 42, 15-16.) Sur le serment de Joseph : « Par le salut de Pharaon. » – Comment Joseph, cet homme si sage et si digne d’éloges, au témoignage non seulement de ceux parmi lesquels il vécut, mais encore de l’Écriture, jure-t-il ainsi. « parle salut, de Pharaon » que ses frères ne sortiront pas d’Égypte, sans que leur plus jeune frère ne soit venu ? Est-ce que le salut de Pharaon, envers qui il était fidèle en toutes choses comme à son premier maître, était devenu peu digne d’estime aux yeux de cet homme bon et fidèle ? Car s’il se montra irréprochable envers le maître qui l’avait acheté en qualité d’esclave, combien plus devait-il l’être à l’égard de celui qui l’avait élevé à un si haut point d’honneur ? Et s’il faisait peu de cas du salut de Pharaon, ne devait-il pas du moins éviter d e se parjurer pour le salut de qui que ce pût être ? Mais y eut-il parjure ? Il retint un de ses frères jusqu’à l’arrivée de Benjamin, et il vérifia ce qu’il avait dit : « Vous ne sortirez point d’ici, si votre frère ne vient pas. » Ces paroles ne pouvaient s’adresser à tous ; comment en effet Benjamin serait-il venu, si quelques-uns n’étaient repartis pour l’amener ? Mais la question devient encore plus pressante d’après les paroles suivantes qui renferment un second serment : « Envoyez l’un de vous, et amenez votre frère ; cependant vous serez conduits en prison, jusqu’à ce qu’on voie si ce que vous dites est vrai ou non : autrement, par le salut de Pharaon, vous êtes des espions » c’est-à-dire, si vous ne dites pas la vérité, vous êtes des espions. Il confirme sa décision en jurant que s’ils ne disent pas la vérité, ils seront des espions, en d’autres termes, dignes du châtiment des espions : il savait cependant qu’ils disaient la vérité. Or, on n’est pas parjure, pour dire à quelqu’un dont on connaît parfaitement l’innocence : Si vous avez commis cet adultère dont on vous accuse, Dieu vous condamne, ni pour joindre à ces paroles la formule d’un serment ; car ce serment ne contient rien que de vrai. Il renferme en effet cette condition : Si tu es coupable, quoiqu’on soit certain que celui à qui on s’adresse, est innocent. Mais dira quelqu’un : Il est vrai que si l’adultère a été commis, Dieu punira le coupable ; mais comment ceci peut-il être vrai : Si vous ne dites pas la vérité, vous êtes des espions, puisque, fussent-ils menteurs, ils ne seraient pas des espions ? Le sens de ces paroles : « Vous êtes des espions » est celui que j’ai déjà donné : Vous serez dignes du châtiment des espions, c’est-à-dire, vous serez, à raison de votre mensonge, considérés comme des espions. D’ailleurs on peut dire : Vous êtes pour : Vous serez regardés, Vous serez considérés ; c’est ce qu’on voit par d’innombrables expressions équivalentes. Telles sont, par exemple, ces paroles d’Élie : « Celui qui aura exaucé par le feu, celui-là sera Dieu b. » Ce qui ne signifie pas : sera Dieu, mais sera reconnu pour Dieu. CXL. (Ib 42, 23) Sur ce passage : Ils ignoraient que Joseph les entendait, car il y avait un interprète entre eux. – Lorsque l’Écriture rapporte que les enfants d’Israël, touchés de repentir, disaient entre eux qu’ils avaient mal agi envers leur frère Joseph, et que le danger où ils se voyaient était un juste châtiment permis de Dieu, pourquoi ajoute-t-elle ces paroles : « Ils ignoraient que Joseph les entendait, car il y avait un interprète entr’eux ? » Voici le sens de ce passage : ils croyaient que Joseph ne les entendait pas, parce que l’interprète ne lui disait rien de ce dont ils s’entretenaient entr’eux ; ils pensaient qu’il n’avait recours à un interprète, qu’en raison de l’ignorance où il était de leur langue ; et que l’interprète ne prenait point la peine de traduire à celui qui l’employait ce qui ne s’adressait point à lui, mais formait l’objet de leurs conversations particulières. CXLI. (Ib 42, 24.) Réticence. – « Et, étant de nouveau revenu auprès d’eux, il leur dit. » L’Écriture n’ajoute pas ce qu’il leur dit. Ce qui signifie qu’il leur adressa de nouveau les paroles qu’il leur avait déjà fait entendre. CXLII. (Ib 42, 38.) Encore sur l’enfer. – « Vous conduirez ma vieillesse avec douleur en enfer. » Jacob veut-il dire que c’est la tristesse qui le conduira en enfer, ou, quand même la tristesse ne l’accablerait pas, qu’en mourant il descendra en enfer ? L’enfer est l’objet d’une question importante, et il faut observer en quel sens l’Écriture emploie ce mot, dans tous les endroits où elle vient à l’employer.
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