hSir 34, 30-31
Genesis 47
CLV. (Ib 47, 5-6.) Répétition. – « Or Jacob et ses fils vinrent en Égypte auprès de Joseph : et Pharaon, roi d’Égypte, en eut connaissance, et Pharaon, parlant à Joseph, lui dit : Ton père et tes frères sont venus vers toi ; voici devant toi la terre d’Égypte ; établis ton père et tes frères dans la partie la meilleure du pays. » Ce n’est, pas comme il arrive souvent, la répétition d’un fait déjà raconté que l’on rappelle brièvement et d’une manière obture ; rien de plus clair que cette répétition. L’Écriture avait déjà dit les circonstances de la présentation des frères de Joseph à Pharaon, les paroles que ce prince leur adressa, les réponses que ceux-ci lui firent a ; maintenant l’écrivain sacré reprend son récit comme au début, et le relie à ce qui précède par les paroles que Pharaon fait entendre à Joseph en particulier. Dans les exemplaires grecs écrits de la main des copistes les plus habiles, on remarque à certains passages du récit de tous ces évènements, de petites broches, qui indiquent ce qui manque dans l’hébreu et se trouve dans les Septante ; d’autres passages sont marqués d’astérisques, pour indiquer ce qui se trouve dans l’hébreu et manque dans les Septante. CLVI. (Ib 47, 9.) La vie de ce monde n’est qu’une demeure passagère. – Pourquoi Jacob dit-il à Pharaon : « Les années de ma vie, que je passe en étranger ? » Car ainsi porte le texte hébreu, tandis que le texte latin porte : que je passe, ou que j’ai, ou tout autre terme équivalent. S’il dit : que je passe en étranger, est-ce parce qu’il vint au monde dans un pays où son peuple n’habitait pas encore, bien que Dieu eût promis de le lui donner en héritage, et qu’en ce sens, la vie qu’il menait était véritablement celle d’un étranger, non seulementlorsqu’il voyageait en Mésopotamie, mais lors même qu’il était dans le pays où il vit le jour ? Ou plutôt ses paroles n’ont-elles pas le sens de ces mots de l’Apôtre : « Tant que nous sommes dans ce corps, nous voyageons loin du Seigneur b » et de ce passage du Psaume, que l’on entend de la même manière : « Je suis un étranger sur la terre, et voyageur comme mes pères c ? » En effet Jacob dit encore en parlant des jours de sa vie : « Ils n’ont pas égalé les jours de la vie que mes « pères ont passés en étrangers. » Au lieu de ces dernières expressions les exemplaires latins portent : « Qu’ils ont vécu » le sens est évidemment le même, et par conséquent Jacob a voulu dire que cette vie est un exil sur la terre, c’est-à-dire, une demeure passagère. Pour moi, je crois que ces paroles ont leur véritable application dans les Saints, à qui le Seigneur promet une autre patrie, dont la durée sera éternelle. On voit aussi par là dans quel sens il est dit des impies : « Ils resteront comme étrangers et cacheront, ils observeront mes démarches d. » C’est à eux que convient l’application de ce passage : ils restent comme étrangers pour cacher ; c’est-à-dire que pour tendre des pièges aux enfants, ils demeurent hors de la maison pour toujours. CLVII. (Ib 47, 11.) Le pays de Ramessès est-il le même que celui de Gessen ? – « Et, suivant « le commandement de Pharaon, il les mit en possession du pays le plus fertile, le pays de Ramessès » 2 faut s’assurer si ce pays de Ramessès est le même que celui de Gessen. Car c’est celui-ci qu’ils avaient demandé et que Pharaon avait donné l’ordre de leur livrer. CLVIII. (Ib 47, 12.) Jacob n’adore point Joseph. – « Et Joseph mesurait le froment à son père. » Et cependant Jacob n’adora Joseph, ni quand il le revit, ni à l’époque où il recevait de lui sa nourriture. Comment donc voir ici l’accomplissement du songe de Joseph, et ne pas comprendre que ce songe mystérieux renfermait l’annonce prophétique d’un évènement plus considérable ? CLIX. (Ib 47, 14.) Probité de Joseph. – « Et Joseph porta tout l’argent dans la maison du roi. » L’Écriture a voulu dans ce trait faire l’éloge de la fidélité de ce serviteur de Dieu. CLX. (Ib 47, 16, 4.) Disette de grains : abondance de pâturages. – « Joseph leur dit : Si l’argent vous manque, amenez vos troupeaux, et je vous donnerai du pain en échange. » On peut faire cette question : Lorsque Joseph recueillit le froment qui devait nourrir les hommes, comment fît-il pour conserver les troupeaux au milieu d’une si grande disette ? Les frères de Joseph n’avaient-ils pas dit à Pharaon : « Il n’y a plus de pâturages pour les troupeaux de vos serviteurs, tant est grande la famine dans le pays de Chanaan » de leur aveu, c’était ce manque de pâturages qui les avait amenés en Égypte. Si donc la famine avait causé cette disette de pâturages dans le pays de Chanaan, pourquoi les pâturages ne manquaient-ils pas en Égypte, puisque la famine était universelle ? Mais beaucoup de marais d’Égypte ne pouvaient-ils pas, comme l’affirment ceux qui ont la connaissance des lieux ; procurer des pâturages dans le temps même où manquait le froment, parce qu’il n’y avait pas eu d’inondation du Nil ? On dit en effet que ces marais produisent de fertiles pâturages quand les eaux du Nil n’ont pas eu une crûe suffisante. CLXI. (Ib 47, 29.) Recommandation de Jacob relativement à sa sépulture. – Sur le point de mourir, Jacob dit à son fils Joseph : « Si j’ai trouvé grâce devant toi, mets ta main sous ma cuisse, et jure-moi que tu agiras selon la miséricorde et la vérité. » Jacob lie son fils du même serment dont Abraham lia son serviteur e ; celui-ci, en disant d’où il fallait ramener une épouse à son fils ; celui-là, en recommandant la sépulture de son corps. Dans ces deux circonstances se trouvent nommées en même temps deux choses qui méritent une attention et un intérêt particuliers, en quelqu’endroit des Écritures qu’on les retrouve ; tantôt elles se nomment la miséricorde et la justice, tantôt la miséricorde et la vérité ; il est écrit en effet quelque part : « Toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité f. » Ainsi ces deux choses si recommandables doivent être prises en grande considération. Or, le serviteur d’Abraham avait dit : « Si vous exercez envers mon maître la miséricorde et la justice g » et Jacob, à son tour, dit à son fils : « Afin que tu exerces envers moi la miséricorde et la vérité. » Mais d’où vient que ce grand homme recommande avec tant de sollicitude que son corps, au lieu d’être enterré en Égypte, soit déposé dans la terre de Chanaan auprès de ses pères ? Il y a là quelque chose de surprenant, et même, à juger ce fait d’après des idées tout humaines, cela paraît presque absurde et peu digne d’une âme à la fois si grande et si remplie de l’esprit prophétique. Mais si l’on approfondit les mystères cachés dans toutes ces choses, plus grande sera la joie et l’admiration de celui qui les aura découverts. Or, dans la Loi, les cadavres des morts, cela ne fait point de doute, sont la figure du péché : car elle ordonne à ceux qui les ont touchés, ou qui ont eu avec eux quelque contact, de s’en purifier comme d’une souillure. De là ce commandement : « Si celui qui se lave après avoir touché un mort, le touche de nouveau de quoi lui sert de s’être lavé ? De même, que sert à un homme de jeûner après avoir péché, si en avançant il retombe de nouveau dans les mêmes fautes h ? » La sépulture des morts signifie donc la rémission des péchés, et ici s’applique à propos ce mot des Psaumes : « Heureux ceux dont les iniquités sont remises et les péchés couverts i. » Puisque la sépulture des Patriarches figurait le pardon des péchés, où devait donc.avoirlieu cette sépulture, sinon dans la terre où fut mis en croix. Celui dont le sang nous a rachetés du péché ? Car la mort des Patriarches était la figure despéchés.deshommes. Or, du lieu où fut crucifié le Seigneur, jusqu’à celui qui porte le nom d’Abraham, où sont enterrés les corps des Patriarches, il y a, dit-on, la distance de presque trente milles ; ce nombre lui-même signifie celui qui vint recevoir le baptême vers l’âge de trente ans. On peut, sur ce sujet, découvrir encore d’autres mystères, ou analogues ou plus sublimes, en partant toutefois de ce principe, que des hommes de Dieu, d’un mérité si relevé, n’ont pas sans raison, donné tant de soin à la sépulture de leurs corps ; au reste, en quelque lieu que leurs corps soient enterrés, ou même quand dans sa rage un persécuteur les laisserait sans sépulture, on les déchirerait et les anéantirait au gré de sa passion, les fidèles sont et doivent être assurés que leur résurrection future n’en sera pour cela ni moins parfaite ni moins glorieuse. CLXII. (Ib 47, 31.) Sur l’adoration de Jacob. – Les exemplaires latins portent : « Et il s’inclina sur le haut de la verge de lui (ejus) » mais plusieurs exemplaires plus châtiés disent : il s’inclina sur le haut de sa verge (suae), ou bien au haut de sa verge ; à l’extrémité, ou sur l’extrémité. Ce qui est cause de cette confusion, c’est que le mot grec, par lequel on exprime de lui, ou de son, se compose des mêmes lettres ; mais les accents diffèrent, et ceux qui en connaissent la valeur, en tiennent grand compte dans les manuscrits, car ils aident beaucoup à discerner le sens. Cependant s’il y avait de son, il pourrait se faire qu’il y eût une lettre de plus, eautou, au lieu de autou. Ce n’est donc pas sans raison qu’on demande quel est le sens de ce passage. On comprendrait facilement qu’un vieillard, portant une verge de la même manière qu’on porte à cet âge un bâton, lorsqu’il s’inclina pour adorer Dieu, le fit sur l’extrémité de sa verge, puisqu’il la portait de cette sorte qu’en inclinant la tête dessus, il pouvait adorer Dieu. Que signifie donc : « Il s’inclina sur l’extrémité de la verge de lui » c’est-à-dire, de son fils Joseph ? Serait-ce par hasard que Jacob avait reçu le sceptre de son fils pendant que celui-ci jurait, et qu’après le serment de Joseph, tenant encore le sceptre entre ses mains, il adora Dieu immédiatement ? 2 n’avait pas à rougir, en effet, de porter un instant l’insigne du pouvoir de son fils, figure d’un grand évènement à venir. Mais le texte hébreu donne un moyen très facile de résoudre la question ; il dit en effet : « Et Israël adora tourné vers le chevet du lit » de celui évidemment sur lequel le vieillard était mis de manière à prier sans peine, quand il le voulait. Toutefois il ne faut pas imaginer que l’interprétation des Septante est vide de sens ou ne présente qu’une signification peu importante.
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