‏ Genesis 48

CLXIII. (Ib 48, 4.) En quel sens Dieu promet à Jacob qu’il sera le chef d’une multitude de nations.

– Ici encore Jacob rappelant les promesses qui lui ont été faites de la part de Dieu, rapporte qu’il lui a été dit : « Je te ferai le chef d’une multitude de nations. » Ces paroles de Jacob signifient la vocation des fidèles plutôt que la propagation de ses descendants selon la chair.

CLXIV. (Ib 48, 5-6.) Sur Manassès et Ephrem, fils de Jacob.

— Il est écrit que Jacob dit en parlant d’Ephrem et de Manassès : « Maintenant donc tes deux fils, qui sont nés dans la terre d’Égypte, avant que je vinsse en Égypte auprès de toi, sont à moi. Ephrem et Manassès comme Ruben et Siméon, seront à moi ; mais ceux que tu engendreras après eux, seront à toi ; ils seront appelés du nom de leurs frères dans leurs partages. » Le lecteur est parfois induit en erreur, parce qu’il interprète ce discours en ce sens que si Joseph avait d’autres enfants, Jacob voulait qu’ils fussent nommés comme leurs frères : ce qui n’est pas. Mais voici l’ordre et la suite du discours : « Maintenant donc tes deux fils, qui te sont nés dans la terre d’Egypte, avant que je vinsse en Égypte auprès de toi, sont à moi. Ephrem et Manassès, comme Ruben et Siméon, seront à moi ; ils seront appelés du nom de leurs frères dans leurs partages » c’est-à-dire, qu’ils recevront leur part d’héritage avec leurs frères et seront nomme comme eux enfants d’Israël. Telles sont les deux tribus, qui, jointes aux autres, et en laissant à part la tribu sacerdotale de Lévi, forment les douze qui devaient se partager la terre promise et fournir la dîme. Ce qui est dit des autres enfants que Joseph est ainsi comme une parenthèse.

CLXV. (Ib 48, 7.) Pourquoi Jacob indique à Joseph le lieu où il ensevelit Rachel sa mère.

— Jacob indique à son fils Joseph, comme s’il l’ignorait, le lieu et le temps où fut ensevelie sa mère ; à cette époque cependant Joseph était encore avec ses frères ; mais s’il était trop jeune pour s’occuper de ce soin ou pour en garder le souvenir, quel motif a pu déterminer Jacob à lui rappeler ces circonstances ? N’est-ce pas parce qu’il était bon de remarquer que la mère de Joseph fut ensevelie dans le lieu où devait naître le Christ

CLXVI. (Ib 48, 14-19.) Jacob bénit le plus jeune des fils de Joseph, de préférence à l’aîné.

– Lorsque Israël bénit ses petits-fils, en mettant sa main droite sur le plus jeune, sa main gauche sur l’aîné, et quand il répond à Joseph, qui l’en reprend comme d’une erreur ou d’une inadvertance : « Je sais, mon fils, je sais : celui-ci sera aussi père d’un peuple et il sera grand ; mais son frère qui est plus jeune sera plus grand que lui, et sa postérité formera une multitude de nations » ce passage doit s’entendre du Christ, comme quand il a été dit de Jacob lui-même et de son frère : « Que l’aîné sera assujetti au plus jeune a. » L’action d’Israël contenait donc un sens prophétique et signifiait que le second peuple, engendré spirituellement par le Christ, devait surpasser le premier, qui se glorifiait de ses ancêtres selon la chair.

CLXVII. (Ib 48, 22.) Sur le don que fait Jacob à Joseph du pays de Sichem.

– Lorsque Jacob dit à son fils Joseph qu’il lui donne Sichem à part, et ajoute qu’il s’en est emparé avec son glaive et son arc, on est en droit de demander comment cela peut être vrai à la lettre. Car il acheta cette terre au prix de cent agneaux b ; et ne s’en rendit pas maître par le droit de conquête. Serait-ce parce que ses fils prirent Salem, ville des Sichimites c, qui lui appartint dès lors par le droit de la guerre, le sanglant outrage commis envers sa fille devant paraître un motif suffisant pour justifier cette entreprise ? Mais alors pourquoi Jacob n’accorde-t-il pas ce, pays à ceux qui vengèrent leur sœur, c’est-à-dire aux aînés ? Et s’il se tient honoré de cette victoire, maintenant qu’il en donne le prix à son fils Joseph, d’où vient le déplaisir qu’il éprouva quand ses fils accomplirent cet exploit ? Pourquoi enfin, au moment même où il les bénit, rappelle-t-il ces faits en les accompagnant d’une parole de blâme d ? Il est donc tout à fait hors de doute qu’il y a là une prophétie et quelque mystère caché : Joseph figure particulièrement le Christ ; et cette terre, où Jacob avait renversé et ruiné le culte des idoles, lui est donnée, pour nous faire entendre que les gentils doivent appartenir au Christ, et qu’ils renonceront aux dieux de leurs pères pour croire en lui.

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