Job 28
CHAPITRE XXVIII. – L’homme méconnaît la vraie sagesse, elle réside en Dieu.
1. « Il est un lieu qui produit l’argent. » Ce sont les prudents, ceux de la vie active : « Il en est un autre où l’or s’épure. » Ce sont les sages, plus adonnés à la contemplation. 2. « Car le fer est le produit de la terre. » Ces différents métaux doivent être indistinctement pris dans un sens favorable. Si le fer est ici désigné, c’est qu’il importe peu qu’il l’ait été plus haut ; quoiqu’il puisse figurer tes forts. La sagesse est la même chez tous les hommes ; elle s’y trouve seulement à des degrés, différents. « L’airain en est extrait comme la pierre » parce qu’il est purifié de tout mélange avec la terre. Il veut montrer que les bons ne sont mêlés aux méchants que pour un temps : ils en sont séparés, ils sont même purifiés par leur contact, comme les métaux nécessaires aux arts aux constructions. Ils ont besoin d’être confondus et formés avec la terre, dont ils doivent ensuite être séparés ; alors la terre, ainsi dégagée, occupe la place et le rang qui lui sont assignés ; les impies sont réprouvés également d’après la perversité de leurs actes. 3. « Il a lui-même découvert la fin de toutes choses : » le terme où il devait conduire chacune d’elles. «Il a découvert », est mis pour il a établi. « La pierre des ténèbres, et l’ombre de la mort. » La pierre, c’est-à-dire, l’ancien Testament a été donné aux ténèbres et aux ombres de la mort, au peuple qui recherchait les biens charnels, tout en les espérant du vrai Dieu. Aussi ces superbes ne divisaient point les eaux du torrent, ils ne pouvaient parvenir à rien de durable en s’élançant au-delà des biens temporels ; mais ils étaient entraînés par les flots. 4. « Et le torrent a été séparé par la cendre : » par celui qui avoue ses péchés, et ne se confie as au mérite de ses actions. C’est l’effet produit par la grâce du nouveau Testament. « Le torrent séparé par la cendre », séparé par les hommes. « Ils ont été ébranlés par les hommes », par les flatteurs, sans que Dieu les reprît, alors que pour ces biens temporels qui leur étaient promis, ils perdaient le premier rang. 5. La terre d’où est venu le pain. » Comme s’il y avait : Je dis que seront ébranlés ceux mêmes du milieu desquels est sorti, comme d’une terre féconde, le pain du Seigneur. «. Et il doit la livrer aux flammes ; » y livrer l’infidèle au jour du jugement. 6. « Parmi ses pierres se trouve le saphir ; » il est là, et il désigne ces âmes pures qui sont nécessaires pour former l’édifice de la sainte cité. « Et l’or pour lui s’est amoncelé. » Il n’est point pour lui en petite quantité, il en a de véritables monceaux. 7. « Son sentier que n’a point connu l’oiseau. » C’est l’humilité de Notre-Seigneur. « Que n’a point aperçu le regard du vautour ; » celui du démon. 8. « Le lion n’y passe point ; » celui que la force enfle d’orgueil. 9. « Il a étendu sa main sur le roc le plus dur. » La puissance divine peut, des pierres mêmes, susciter des enfants à Abraham a. 10. « Il a détruit la rive des fleuves », pour tout submerger. Les fleuves sont ici les prédicateurs de sa parole. Ils voulaient d’abord se contenir dans leurs rives et ne prêcher qu’aux circoncis. « Et mon regard a découvert tout ce qu’il y a de précieux ; » mon regard humain, celui du Verbe fait chair. « Il a découvert la profondeur des fleuves. » Le courage nécessaire pour supporter les souffrances du martyre est caché dans les profondeurs de l’âme, jusqu’à ce que l’épreuve de la.persécutionle fasse connaître. « Il fait paraître au grand jour sa puissance ; » dans ceux à qui il a été dit : « Vous êtes la lumière du monde b : » et dont le ministère a servi à convertir beaucoup de Juifs mêmes. 14. « L’abîme a dit : Elle n’est point en moi. » C’est pourquoi ries hommes plongés dans l’abîme ne pourront la trouver, puisqu’elle n’est point en lui. 15. « Elle ne se donne point en échange de à l’or enfermé avec soin ; » pour des trésors. 16. « Elle n’est point inférieure à l’or d’Ophir. » Comme s’il disait : Cherchez-la comme l’or d’Ophir, puisqu’elle ne lui est point inférieure. 17. « L’or et le verre ne sauraient lui être comparés. » Il faut entendre ceci d’un verre d’une beauté parfaite : ou bien l’auteur veut dire qu’il y a des hommes qui préfèrent l’éclat du verre à la beauté de la sagesse. « Et les vases d’or donnés en échange. » C’est-à-dire : Ne sont point « donnés en échange. » 18 « Pour elle on oubliera le Gabiset ce qu’il y a de plus exquis. » Tout cela comparé à la sagesse sera mis de côté. Ou bien encore : le Gabiset ce qu’il y a de plus exquis, image des orgueilleux, sont complètement oubliés, afin de tirer la sagesse de l’obscurité, par l’humilité. 20. « D’où vient donc la sagesse ? » L’homme en effet ne peut la trouver qu’avec le secours de la grâce, aussi son cœur doit se tourner vers Dieu. 21. « Elle se dérobe aux regards de tous. » Elle n’est pas pour les indifférents. 22. « La perdition et la mort ont dit : » les hommes livrés à la perdition et à la mort, en vivant dans les délices. 23. « C’est le Seigneur qui lui a tracé sa voie. » L’humilité, qui est cachée aux oiseaux du ciel. « Et il connaît son séjour. » Quel est le siège de la sagesse, sinon le Père ? Car il est écrit« Je suis en lui, et lui en moi c. » Ils sont l’un pour l’autre comme une demeure réciproque. 24. « Il a vu tout ce qui est sous le ciel. » Il connaît tout, comme il a tout créé, d’une manière invisible. 25. « Le mouvement des vents et la mesure des eaux ▼▼Le texte de saint Augustin porte le mouvement des vents et leur mesure : en Grec on lit : α εμον, αταθμον, υδατος μετρα. 57
. » Il désigne sous un de ses aspects la création tout entière. N’est-il pas écrit que tout a été fait avec nombre, poids et mesure e ? À ces traits nous reconnaissons le Créateur. 26. « En créant, il a compté comme il a vu. » Pour créer, il n’a point regardé au-dehors, mais en lui – même, comme le véritable architecte. « Et la voie au bruit des tempêtes. » Les tempêtes désignent ici les tentations, et les tentations, ceux qui sont éprouvés par elles ; comme on dirait les cris du naufrage, pour les cris des naufragés. 27. « Alors il l’a vue, et l’a manifestée. » Dieu en prédestinant les hommes a vu dans quelle voie ils s’engageraient au moment de la tentation. « Il l’a préparée et recherchée ; » en prédestinant et non en agissant.
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