‏ Job 7

CHAPITRE VII. – Nouvelles preuves de l’innocence de Job. — Grandeur de ses maux.

1. « La vie de l’homme sur la terre n’est-elle pas une épreuve ? » Il dit ici plus clairement ce qu’il représentait plus haut dans son langage. La tentation pour lui est comme l’arène du combat, où l’homme doit être vainqueur ou vaincu. « Et son existence comme celle du mercenaire à la journée », qui attend de ce monde son salaire. Par conséquent ceux qui attendent en l’autre vie la récompense de leurs vertus ne vivent plus sur la terre.

2. « Comme l’esclave qui redoute son maître et qui court à l’ombre. » Ceci rappelle la fuite d’Adam pour éviter la présence du Seigneur et le feuillage dont il se couvrit : il n’eut que l’ombre de ce feuillage, après avoir abandonné le Seigneur. « Ou comme le mercenaire qui attend le salaire de son travail. » Celui-ci diffère du précédent en ce que le premier possède les biens temporels, tandis que lui les désire.

3. « Ainsi ai-je eu des mois d’une attente stérile. » Il les a appelés stériles, parce qu’il y recherchait ou l’ombre, des biens temporels. « Et des nuits de douleurs m’ont été données. » Ce sont celles où l’on perd la lumière de la sagesse, et où on se prépare des châtiments pour l’avenir.

4. « Si je m’endors, je demande quand luira le jour ; si je veille, je cherche aussi quand viendra le soir. » C’est bien là le désir du travail qui tourmente l’homme dans le repos, et celui du repos qui le tourmente dans le travail. « Du soir au matin je suis rempli d’amertume. » Voilà où il est arrivé en se séparant de Dieu. Aussi Dieu s’avançant vers le soir, les chassa a. Ce qui signifie que les malheureux n’ont d’espoir de soulagement que le matin, selon ce qui est écrit : « Le matin je me présenterai devant vous b; » c’est-à-dire, quand après le jugement, Dieu, le véritable matin, se révélera aux justes. C’est pourquoi Notre-Seigneur est enseveli le soir et ressuscite le matin c. On peut donc comparer cette vie à l’étoile du matin.

5. « Mon corps est formé de la pourriture des vers : » d’un nombre infini de vers. « Et la terre s’est abreuvée de la souillure de mes plaies. » Tels sont les désirs et les soucis des méchants, quand ils racontent avec joie leurs péchés. Ils se font une occasion de péché, de ce qui excite les autres au repentir, ce sont des chiens qui viennent lécher les plaies de Lazare d.

6. « Et ma vie s’envole plus vite que la parole. » J’agis encore moins que je ne parle.

7. « Rappelez-vous donc que ma vie est un souffle », c’est-à-dire qu’elle souffre une faim spirituelle. « Et que je ne puis retourner aux choses visibles. »

8. « Celui qui me voit ne me connaîtra plus. » Parce que je changerai. Par celui « qui me voit » il faut entendre le démon qui nous regarde avec envie. « Vos yeux sont tournés vers moi, et je ne subsiste plus. » Vous avez anéanti en moi la vie charnelle, qui l’a fait régner sur moi.

9. « Comme une nuée chassée du ciel », ou dissipée dans le ciel ; comme on dit, chassée par le fer. Il enseigne ici qu’il a été secouru parle ciel pour purifier son âme, ou qu’il n’y a plus pour lui de nuée, parce qu’elle a été réduite en un air sans mélange, purifiée par les rayons du soleil, et ainsi l’obscurité de la chair et du sang n’est plus dans le ciel. Car la chair et le sang ; ne posséderont point le royaume du ciel, après que ce corps mortel aura revêtu l’incorruptibilité, et que la mort aura été anéantie dans sa victoire e. « Si l’homme descend aux enfers, il n’en remontera point. » Souviens-toi de ceci pour n’y point descendre.

10. « Et il ne reviendra plus dans sa maison ; » c’est-à-dire, il ne retrouvera plus son premier repos.

11. « C’est pourquoi je ne retiendrai pas mes paroles : » j’avouerai mes fautes puisqu’il en est temps.

12. « Suis-je comme la nier ou le dragon ? » Car vous ne m’avez pas repoussé commevous.repoussezles impies ou le démon. « Vous avez chargé de veiller sur moi ; » afin que je ne sois point agité comme les rivages de la mer.

13. « Je m’étais dit : Mon lit me consolera : » les jouissances charnelles où il se reposait. « Et « sur ma couche j’apporterai l’adoucissement à mes maux : » Et cependant je dois vous attribuer toute ma consolation.

14. « Vous m’épouvanterez dans mon sommeil, et vous me troublerez par d’horribles visions. » Par les tribulations delà vie présente, véritables songes aussi bien que sa prospérité.

15. « Vous délivrerez mon âme de ce genre de vie ; » à cause de ces épouvantables visions dont sera délivrée toute âme craignant de les recevoir « Et j’ai de mes os repoussé la mort. » Ils allaient être saisis par la mort, si dans mon effroi je n’eusse montré plus de courage et de patience ; ce qui est leur force.

16. « Je ne vivrai point toujours, pour toujours être patient. » La brièveté de la vie et la crainte de la mort ont servi à me corriger. Aussi le démon ne peut se convertir parce qu’il ne meurt point, et que son jugement est prononcé. De là cette parole : « La crainte est le commencement de la sagesse f. – Retirez-vous de moi, ma vie « n’est que vanité ; » parce que je n’en puis supporter les épreuves.

17. « Ou pour que vous étendiez jusqu’à lui votre esprit. » Parce qu’il est doué de raison et qu’il est dit : « Nous avons l’Esprit du Seigneur g. » Or, le propre de la raison est de développer l’intelligence.

18. « Et vous le jugerez dans le repos : » cligne de repos.

19. « Jusques à quand me tiendrez-vous enchaîné ? » dans les liens de la tribulation. « Ne m’abandonnerez-vous pas, que je puisse respirer ? » afin qu’instruit par la tribulation, je puisse contenir et absorber, dans les douleurs de mon supplice, le flot des voluptés charnelles.

20. « Si j’ai péché, que puis-je faire pour vous ? Cela veut dire ; si j’ai péché, je ne puis rien faire pour vous. Est-ce que les hommes vous importunent par leurs discours ? Vous qui connaissez sa pensée, auriez-vous donc formé l’homme pour que ses discours se tournent contre vous ; soient pour vous un fardeau ? Et si le péché de l’homme, soit en parole, soit.enaction, ne peut vous atteindre, pourquoi ne l’oubliez-vous pas ? pourquoi purifiez-vous celui qui l’a commis ? N’est-ce pas qu’il faut rapporter à votre bonté ce qui est dit plus haut : « Qu’est-ce que l’homme pour que vous l’exaltiez ? » Parce qu’ils ne comprenaient pas ceci, les amis de Job pensèrent qu’il avait accusé Dieu. Si les épreuves auxquelles vous me soumettez ne doivent point contenir en moi les mouvements désordonnés, si vous ne veillez point ainsi sur moi, quel autre motif avez, vous de châtier l’homme ? Son péché ne peut vous nuire. Ou bien si vous voyez qu’il parle contre vous, puisque vous connaissez ses plus secrètes pensées, vous ne deviez pas établir ce qui est contre vous.

21. « Et pourquoi n’avez-vous pas oublié mon iniquité ? » Si mes épreuves ne doivent point m’être utiles et que tout, le châtiment même, ne me vienne pas de votre miséricorde ? « Maintenant je retournerai dans la terre. » Tout purifié que je serai de mes péchés, il faudra que je meure et que mon corps soit mis en terre. « Je me lèverai et l’on ne me verra plus », dans cette terre.

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