Joshua 1
QUESTIONS SUR L’HEPTATEUQUE
LIVRE SIXIÈME.
QUESTIONS SUR JOSUÉ
PREMIÈRE QUESTION (JOSUÉ, 1, 5.) Dieu punit en ce monde certaines fautes légères qu’il trouve dans les saints. — Le Seigneur dit à Jésus, fils de Navé : « Je serai avec toi, comme j’étais avec Moise. » Ce n’est pas là le seul témoignage décerné à Moise après sa mort ; mais le Deutéronome atteste fréquemment qu’il fut un serviteur agréable à Dieu : toutefois la vengeance divine s’accomplit sur lui, puisqu’il n’entra point dans la terre promise a. Cela nous donne à entendre que Dieu, quand il a quelque sujet de mécontentement contre ses fidèles serviteurs, les châtie dans le temps présent, et néanmoins les met au nombre de ceux qui sont « des instruments honorables et utiles dans sa maison b » et participent aux promesses des saints. II. (Ib 1, 11 ; 3 7.) Dans la conduite du peuple, Dieu laissa certaines choses à l’initiative de Moïse et de Josué. – On demande comment, après que le Seigneur eût parlé à Jésus, fils de Navé, pour l’exhorter, l’affermir et lui assurer qu’il serait toujours avec lui, ce même Jésus commanda au peuple, par l’intermédiaire des officiers, de préparer des vivres, parce que dans trois jours on devait passer le Jourdain, qui ne l’eut passé en réalité que longtemps après c. En effet, quand Josué eût donné cet ordre, il envoya des espions à Jéricho, parce que cette ville était située sur le bord opposé du fleuve : ces espions allèrent loger dans la maison de Raab, la femme débauchée ; ils furent cachés par elle, et ils échappèrent aux recherches du roi, grâce à cette même femme, qui les fit descendre par une fenêtre, et leur conseilla de demeurer trois jours cachés dans les montagnes d. Or, quatre jours s’écoulèrent dans ces démarches ; puis, quand ils eurent raconté ce qui leur était arrivé, Josué décampa dès le matin avec tout le peuple e ; étant venu ensuite jusqu’au Jourdain il y fit halte : c’est alors que le peuple fut averti pour la seconde fois, de se tenir prêt à passer le Jourdain dans trois jours à la suite de l’Arche du Seigneur. On voit donc une disposition toute personnelle de Josué dans l’avis qu’il donne au peuple de préparer des vivres, comme si le passage du fleuve devait s’opérer effectivement dans trois jours. Humainement parlant, il pouvait compter le faire, si les espions revenaient promptement. On voit, malgré le silence de l’Écriture à cet égard, que le reste s’accomplit suivant les dispositions de bien, afin que Josué commençât à être glorifié devant le peuple et qu’on reconnut que le Seigneur était avec lui comme avec Moise. C’est, en effet, suivant le texte sacré, ce qui lui fut révélé, au moment où il allait passer le Jourdain : « Alors le Seigneur dit à Josué : Je commencerai à t’élever aujourd’hui devant tous les enfants d’Israël, afin que l’on sache que je suis avec toi, comme j’ai été avec Moise f. » Il ne doit pas d’ailleurs paraître incroyable que Dieu ait voulu laisser quelque chose à l’initiative personnelle des hommes à qui il daignait adresser la parole, pourvu qu’ils se missent avec confiance sous sa conduite ; ni que leurs dispositions aient été parfois modifiées par la providence de Celui qui les dirigeait. C’est ainsi que Moise lui-même avait assurément suivi une inspiration tout humaine, quand il crut pouvoir rendre la justice au peuple, et entreprendre, sans inconvénient pour lui ni pour les autres, une tâche aussi considérable g : résolution qu’il dut abandonner sur un ordre d’en-haut, quand son beau-père lui eut donné à ce sujet un conseil qui fut approuvé de Dieu.
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