Joshua 11
XVI. (Ib 11, 14-15.) Dieu justifié du reproche de cruauté envers les Chananéens. – « Josué ne laissa dans cette ville aucun être vivant ; les ordres que le Seigneur donna à Moïse, son serviteur, sont les mêmes que Moïse donna à Josué ; et Josué les accomplit tous ; il ne manqua d’exécuter aucune de toutes les choses que le Seigneur avait commandées à Moïse. » Que Josué n’ait laissé aucun être vivant dans les villes dont il s’empara, on ne peut lui en faire aucun reproche de cruauté, puisque Dieu lui en avait donné l’ordre. Quant à ceux qui rejettent ce reproche sur Dieu et se refusent var conséquent à reconnaître le vrai Dieu pour auteur de l’ancien Testament, ils jugent d’une manière aussi extravagante les œuvres de Dieu que les péchés des hommes, ignorant la part de souffrances qui est le châtiment mérité de chacun, et considérant comme un grand mal que ce qui doit périr, périsse, et que ce qui doit mourir, subisse la mort. XVII. (Ib 11, 19.) Aucune ville de la terre promise ne se rendit aux Hébreux sans combat. – « Et il n’y avait aucune ville qui ne se rendit « aux enfants d’Israël. n On demande comment ce récit est conforme à la vérité, puisque, dans la suite, ni au temps des Juges, ni même au temps des Rois, les Hébreux n’avaient pu encore s’emparer de toutes les villes des sept nations. Mais il faut l’entendre en ce sens que Josué n’attaqua aucune ville qu’il ne s’en rendit maître ; ou bien qu’il n’y en eut aucune qui ne fût prise, parmi celles qui étaient situées dans les régions dénommées précédemment. Car l’Écriture énumère les contrées où étaient les villes dont il est dit sous forme de conclusion : « Et il les prit toutes en combattant. » XVIII. (Ib 11, 20.) Dieu voulut que son peuple ne fit grâce à aucune des nations révoltées. – « Car ce fut la volonté du Seigneur que leurs cœurs s’affermissent, qu’ils combattissent contre Israël, qu’ils fussent défaits, et ne méritassent aucune clémence ; mais qu’ils fussent exterminés, suivant la parole du Seigneur à Moïse. » Il est dit de ces peuples, comme de Pharaon, que Dieu affermit leurs cœurs, en d’autres termes, qu’il les endurcit a : or quand Dieu abandonne et traite en ennemi, il est absolument hors de doute que sa conduite est juste et inspirée par un dessein profond de sa sagesse : c’est l’interprétation qu’il faut admettre ici comme dans le cas précité. Mais il se présente maintenant une autre question : comment l’Écriture dit-elle que le cœur des Chananéens fut affermi, afin qu’ils combattissent contre Israël, et qu’ils ne méritassent, pour cette raison, aucune clémence ? Ne semblerait-il pas qu’ils auraient eu droit à cette clémence, s’ils n’avaient pas pris les armes ? Cependant Dieu avait défendu d’en épargner un seul, et si les Gabaonites trouvèrent grâce, ce fut parce que les Israélites voulurent mettre à exécution le serment obtenu par un subterfuge. Comme les Israélites se permirent de montrer de l’indulgence envers quelques-uns, malgré la défense divine, il faut interpréter ce passage en ce sens que le Chananéens se battirent, de manière à se rendre indignes du pardon, et n’inclinèrent pas leurs vainqueurs à enfreindre le commandement de Dieu par un acte de clémence. Jamais, on doit le croire, une telle transgression n’aurait été commise sous la conduite de Josué, le fidèle observateur de tous les ordres divins. Lui-même, cependant, n’eût pas exterminé si rapidement les ennemis, s’ils ne s’étaient élevés contre lui dans une ligue aussi compacte ; n’ayant pas été vaincus par cet homme, fidèle à accomplir les volontés de Dieu, ils auraient pu se maintenir dans leur pays, jusqu’au temps qui suivit la mort de Josué, où des hommes moins zélés que lui auraient pu leur faire grâce. En effet, du vivant même de Josué, ces hordes épargnèrent quelques peuples, se contentant de les réduire en esclavage ; il y en eut d’autres dont ils ne purent triompher. Mais cela n’eut pas lieu sous sa conduite ; la vieillesse l’éloignait alors de la guerre, et il ne s’occupait plus que de faire le partage du pays : pendant ce temps-là, Israël prenait possession des territoires divisés et laissés libres par l’ennemi, ou bien s’emparait des autres positions, les armes à là main. Quant à l’impossibilité où ils furent réduits de vaincre quelques peuples, on verra, en son temps, par certains endroits de l’Écriture, que ce fut par une disposition spéciale de la divine Providence.
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