e1Ro 10, 22 suivant les Sept. et 9, 19-21, suiv. la Vulg
hJos 19, 48, suiv. les Septante
Joshua 21
XXI. (Ib 21, 41-43.) 1. Les Israélites possédèrent-ils réellement toute la terre promise ? – À la mort de Josué, et même dans la suite, les Israélites n’avaient pas exterminé entièrement les nations qui possédaient la terre promise ; ils étaient seulement établis dans la portion de cet héritage dont ils avaient chassé les habitants. C’est donc avec raison qu’on demande quel sens il faut donner à ces paroles : « Le Seigneur donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères ; et ils l’eurent en héritage et l’habitèrent. – Le Seigneur leur donna le repos aux alentours, comme il en avait fait le serment à leurs pères ; de tous leurs ennemis, nul n’osa leur résister en face ; le Seigneur livra tous leurs ennemis entre leurs mains. De toutes les bonnes paroles que le Seigneur adressa aux enfants d’Israël, il n’y en eut pas une seule sans effet, elles s’accomplirent toutes. » 2. La terre promise comprenait les pays habités par sept peuples nommés dans l’Écriture. – Il faut donc examiner attentivement tous les points de cette affirmation. Et d’abord, il faut voir combien de nations comprenait la terre promise aux Israélites. Or, l’Écriture en nomme constamment sept, ainsi qu’on le voit dans l’Exode : « Le Seigneur dit ensuite à Moïse : Va, sors de ce lieu, toi et ton peuple, que tu as tiré d’Egypte, pour entrer dans la terre que j’ai promise avec serment à Abraham, à Isaac et à Jacob, en disant : Je la donnerai à ta postérité ; et j’enverrai en même « temps devant toi mon Ange, et il chassera l’Amorrhéen, le Cetthéen, le Phéréséen, le Gergéséen, l’Évéen, le Jébuséen et le Chananéen a. » C’est donc la terre de ces sept peuples que Dieu a promise aux Patriarches. Mais le Deutéronome parle encore d’une manière plus expressive : « Quand tu approcheras d’une ville pour l’assiéger, et que tu lui auras offert la paix, si l’on te donne une réponse pacifique, et que tous les peuples qui se trouvent dans la ville t’ouvrent les portes, ils seront tes tributaires et t’obéiront ; mais s’ils ne t’obéissent pas et combattent contre toi, tu l’assiégeras, et le Seigneur la livrera entre tes mains, et tu feras passer tous les mâles au fil de l’épée, en réservant les femmes, les meubles, et les troupeaux et tout ce qui sera dans la ville, et tu prendras pour toi tout le butin, et tu te nourrirais de toutes les dépouilles de tes ennemis, que le Seigneur ton Dieu t’a données. C’est ainsi que tu en useras à l’égard de toutes les villes qui sont très-éloignées de toi, et qui ne sont pas de celles qui appartiennent à ces nations. Mais quant à, ces villes dont le Seigneur ton Dieu doit te donner la terre en héritage, tu ne laisseras la vie à aucun de leurs habitants ; tu les anathématiseras tous : le Cetthéen, l’Amorrhéen, le Chananéen, le Phéréséen, l’Evéen, le Jébuséen et le Gergéséen, comme le Seigneur ton Dieu te l’a commandé b. » Ici encore, il est dit clairement que la terre de ces sept nations est promise en héritage aux Israélites, et qu’ils la possèderont quand ils auront vaincu et totalement exterminé ces nations. Quant aux autres qui sont fort éloignées, Dieu veut qu’elles deviennent les tributaires de son peuple ; si elles n’opposent point de résistance ; mais si elles résistent, elles doivent être entièrement ruinées, à l’exception des troupeaux et de ce qui peut entrer dans le butin. On lit encore dans un autre endroit du Deutéronome : « Lorsque le Seigneur ton Dieu t’aura fait entrer dans cette terre où tu entres pour la posséder, et qu’il aura exterminé devant toi des nations grandes et populeuses, le Cetthéen, le Gergéséen, l’Amorrhéen, le Phéréséen, le Chananéen, l’Evéen et le Jébuséen, sept nations grandes, populeuses et plus fortes que vous ; le Seigneur ton Dieu les livrera entre tes mains, tu les frapperas, et tu les extermineras entièrement. Tu ne feras point d’alliance avec eux, et tu n’auras aucune compassion d’eux ; tu ne contracteras pas non plus de mariage avec eux ; tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne feras pas épouser leurs filles à tes fils etc c. » 3. La Genèse nomme onze nations, au lieu de sept ; mais ce n’est qu’au temps de Salomon que fut réalisée la promesse. — Il ressort donc de ces différents endroits de l’Écriture, que les enfants d’Israël reçurent en héritage les pays de ces sept nations ; non point pour les occuper en commun avec elles, mais pour les occuper à leur place. Cependant, au livre de la Genèse, ce ne sont pas ces sept nations seulement, mais onze, qui sont promises à la postérité d’Abraham. Voici, en effet, ce qu’on y lit : « En ce jour-là, le Seigneur Dieu fit alliance avec Abraham, disant : Je donnerai ce pays à ta race, depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate, les Cénéens, les Cénéséens, les Cetmonéens, les Cetthéens, les Phéréséens, les Raphahim, les Amorrhéens, les Chananéens, les Evéens, les Gergéséens et les Jébuséens d. » On résout la question, en appliquant cette prophétie à Salomon, qui étendit les limites de son royaume jusque sur les confins de ces peuples, suivant ce qui est écrit de lui : « Il vint à bout de tout ce qu’il lui plut d’édifier dans Jérusalem, sur le Liban et dans toute l’étendue de son royaume. Quant à tout ce qui était resté de peuple, du Cetthéen, de l’Amorrhéen, du Phéréséen, de l’Évéen et du Jébuséen, qui n’étaient point des enfants d’Israël, Salomon rendit tributaires, comme ils le sont encore aujourd’hui, leurs enfants qui étaient demeurés dans le pays, et que les enfants d’Israël n’avaient pas exterminés e. » Voilà donc ce qui reste des peuples qui devaient être, suivant l’ordre de Dieu, battus et entièrement exterminés, soumis à un tribut par Salomon ; pour se conformer au commandement divin, ce prince aurait dû certainement les faire périr ; soumis en qualité des tributaires, ils devinrent cependant ses esclaves. Nous lisons un peu plus loin : « Et Salomon dominait sur tous les rois depuis le fleuve jusqu’au pays des Philistins et jusqu’aux frontières d’Egypte f. » C’est ici qu’on voit l’accomplissement de la promesse de Dieu à Abraham dans la Genèse. « Depuis le fleuve » c’est-à-dire, depuis l’Euphrate : car on peut, à défaut même du nom propre, entendre qu’il s’agit du grand fleuve. Il ne peut être question du Jourdain, car les Israélites avaient pris possession des pays situés en deçà et au-delà, même avant le règne de Salomon. L’Écriture affirme donc, au livre des Rois, que le royaume de Salomon s’étendait depuis l’Euphrate, du côté oriental, jusqu’aux frontières de l’Egypte, à l’occident. Il s’ensuit qu’il tenait sous son sceptre une région plus considérable que celles qu’occupaient les sept nations citées précédemment ; il y avait onze nations, au lieu de sept, soumises à son empire. Entre ces paroles au livre des Rois : « depuis le fleuve jusqu’aux frontières d’Egypte » qui ont pour objet de déterminer quelle extension le royaume avait prise de l’Orient à l’Occident ; et celles-ci de la Genèse : « depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au fleuve, le grand fleuve de l’Euphrate » qui précisaient à l’avance ses limites à l’Orient, et à l’Occident, il y a, en effet, parfaite identité. Ce fleuve d’Egypte, qui forme la frontière entre le royaume d’Israël et l’Egypte elle-même, n’est pas le Nil, mais un fleuve de moindre importance, qui traverse la ville de Rhinocorure, où commence, en remontant vers l’Orient, la limite de la terre promise. Les enfants d’Israël avaient donc reçu l’ordre de s’emparer des pays de sept nations, qu’ils devaient auparavant exterminer et ruiner complètement ; quant aux autres, qui habitaient jusque sur les bords de l’Euphrate, ils devaient régner sur elles et les assujettir à un tribut. Et quoiqu’ils eussent enfreint ce commandement, en réduisant en servitude plusieurs des peuples qu’ils auraient dû exterminer, Dieu cependant rait le sceau à sa promesse au temps de Salomon. 4. Les Israélites étaient maîtres de tout le pays ; mais Dieu permit, pour le bien de son peuple, que ses ennemis se maintinssent encore sur différents points. – Maintenant donc, où est la vérité dans ce passage du livre de Josué, que nous avons entrepris d’examiner : « Dieu donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères, et ils l’eurent en héritage g ? » Comment leur donna-t-il tout ce pays du vivant de Josué, puisqu’ils n’avaient pas encore triomphé du reste des sept nations ? Ce qui suit est vrai : « et ils l’eurent en héritage ; » car ils étaient là et habitaient ensemble la contrée. Les paroles suivantes : « Et le Seigneur donna le repos aux alentours, comme il en avait fait le serment à leurs pères » sont également vraies : car, du vivant même de Josué, les restes des sept nations ne s’éloignaient pas, il est vrai, mais nulle d’elles n’osait en appeler au combat, sur les territoires où ils habitaient ensemble. C’est pour cela que l’Écriture ajoute : « De tous leurs ennemis, nul n’osa leur résister en face. » Quant aux expressions qui suivent : « Mais le Seigneur livra tous leurs ennemis entre leurs mains » elles désignent ceux de leurs ennemis qui osèrent les défier, au combat. Enfin ces derniers mots. « De toutes les bonnes paroles que le Seigneur adressa aux enfants d’Israël, il n’y en eut pas une seule sans effet ; elles s’accomplirent toutes » signifient que malgré la désobéissance dont ils se rendirent coupables envers Dieu, quand ils épargnèrent quelques-unes des sept nations et se contentèrent de les soumettre, ils vécurent cependant à l’abri de tout péril au milieu d’elles. L’Écriture dit : « de toutes les bonnes paroles » parce que, à cette époque, les malédictions prononcées contre les contempteurs et les transgresseurs de la Loi n’avaient pas encore eu leur accomplissement. Il ne reste donc plus à expliquer que ce texte : « Le Seigneur donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères : » or, voici comment il faut l’entendre. Sans doute, il y avait encore des débris des peuples voués à l’extermination et à la ruine ; il restait aussi jusqu’à l’Euphrate, des nations à subjuguer, si elles n’opposaient pas de résistance, ou à détruire entièrement, si elles résistaient ; cependant, Dieu permit que ces peuples se maintinssent pour servir d’exercice aux Israélites, dans la crainte que ceux-ci, cédant aux affections et aux désirs charnels, ne fussent incapables de supporter avec sagesse et modération le poids d’une prospérité temporelle si rapide, et né fussent dans leur orgueil, précipités bientôt vers leur ruine, ainsi que nous aurons lieu de le démontrer ailleurs. Les Israélites étaient donc maîtres de tout le pays, car la partie dont ils n’avaient pas encore pris possession leur avait été donnée pour leur servir en quelque sorte d’une épreuve salutaire. XXII. (Ib 21, 42.) De quelle manière peut-on dire que nul ennemi n’osa résister aux Israélites ? – « De tous leurs ennemis, nul n’osa leur résister en face. » On peut demander comment ces paroles sont vraies, puisqu’il est rapporté précédemment que les ennemis ne permirent pas à la tribu de Dan de descendre dans la vallée, et qu’ils remportèrent la victoire sur elle dans les montagnes h. Mais il faut user ici du mode d’interprétation dont nous nous sommes servi pour le passage où l’Écriture cite les noms des douze enfants de Jacob, nés dans la Mésopotamie, quoique Benjamin ne soit pas venu au mondé dans cette contrée ▼▼Gen. Quest. CXVII
. Les onze tribus représentent le peuplé tout entier, suivant la règle suffisamment connue, appliquée par nous-mêmes à d’autres endroits des saintes Écritures. Si l’on demande la raison pour laquelle cette tribu ne reçut pas assez de terres en partage, et, souffrit du voisinage de ceux qui les occupaient, on doit croire que Dieu le permit dans un dessein mystérieux. Cependant lorsque Jacob bénissait ses fils, il prononçait sur Dan des paroles qui donnent lieu de penser que l’Antéchrist sortira un jour de cette tribu j. Nous ne voulons pas en dire davantage, puisqu’il est possible de résoudre l’objection de la manière suivante : « De tous leurs ennemis, nul n’osa résister en face » c’est-à-dire, tant qu’ils firent la guerre ensemble sous le commandement.d'unseul chef, avant que les partages fussent déterminés et confiés à la garde de chaque tribu.
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