dSag 6, 7
Leviticus 10
XXXI. (Ib 10, 1-3.) Dieu veut être sanctifié dans ses prêtres et glorifié dans son peuple. — Un feu, sorti du Seigneur, avait atteint et frappé de mort les fils d’Aaron, coupables d’avoir mis du feu étranger dans leurs encensoirs et d’avoir offert ainsi de l’encens au Seigneur ; il ne leur était pas permis d’agir de la sorte, car le feu descendu du ciel sur l’autel, religieusement conservé dans la suite, devait servir à allumer tous les feux du tabernacle. Après leur mort, Moïse s’exprime donc en ces termes : « Voici ce que le Seigneur a dit : Je serai sanctifié dans ceux qui m’approchent, et je serai glorifié dans tout le peuple. » Par ceux qui approchent du Seigneur, il a voulu désigner ceux qui remplissaient dans le tabernacle les fonctions du sacerdoce ; or, Dieu était sanctifié en leur personne, même par l’exercice de sa vengeance, ainsi qu’il arrive pour ces fils d’Aaron. Dieu infligea-t-il cette punition, pour nous apprendre combien les autres auront moins encore de droit à son indulgence, s’il n’épargna pas ceux-ci ; suivant le sens de ces mots : « Si le juste même se sauve avec peine, que deviendront le pécheur et l’impie a ? » Ou plutôt, n’est-ce pas dans le sens des textes suivants : « On exige davantage de celui à qui on donne davantage b. » – « Le serviteur qui ne connaît par la volonté de son maître, et qui fait des choses dignes de châtiment, sera peu battu ; mais le serviteur qui connaît la volonté de « son maître, et qui fait des choses dignes de « châtiment, sera battu rudement c. » Et encore : « Les petits obtiendront miséricorde et les puissants seront puissamment tourmentés d? » Mais à quel moment Dieu tint-il le langage que lui attribue Moïse ? On ne le voit pas dans les récits antérieurs de l’Écriture. Ceci offre donc un trait de ressemblance avec ce passage de l’Exode, où Moïse dit au Seigneur : « Vous l’avez dit : Je te connais entre tous e. » Il arriva effectivement que Dieu parla ainsi, mais à une époque postérieure ; toutefois, comme Moïse était incapable de mentir en disant cela, on comprend que Dieu lui avait déjà parlé antérieurement dans les mêmes termes, quoique l’Écriture ne l’ait pas rapporté, comme ici. Il est donc évident que tous les discours de Dieu à ceux par l’intermédiaire desquels nous est venue la sainte Écriture, n’ont pas été fixés par écrit. XXXII. (Ib 10, 6, 7.) Sur la défense faite aux prêtres de pleurer la mort de Nadabet d’Abiu. – Que signifie cette défense faite, par Moïse, à Aaron et aux fils qui lui restent, de pleurer la mort des deux coupables : « Vous n’ôterez point la tiare de dessus votre tête », paroles qui montrent évidemment que les tiares étaient l’ornement de la tête ? N’est-ce point parce que, dans le deuil, on mettait de côté ce que la coutume faisait considérer comme une parure ? De même en effet que parmi nous, on se couvre dans la tristesse, parce que nous avons l’habitude d’être plutôt découverts ; de même parmi les Juifs, la tristesse faisait un devoir de se découvrir, parce que la tête couverte était un signe de joie. Moïse leur défend de les pleurer, parce que le Seigneur a été sanctifié dans leur châtiment, en d’autres termes, parce que la crainte de lui, déplaire a été sanctionnée. Ce n’est pas que la mort des fils d’Aaron ne dût point être l’objet d’un deuil ; car il permet aux autres de le faire ; mais c’est que les prêtres ne devaient pas y prendre part, tout le temps que durait leur sanctification avant la fin des sept jours, pendant lesquels il leur était défendu de sortir du tabernacle. Néanmoins, il serait permis de croire qu’il leur était défendu de pleurer aucun mort à cause de leur consécration par l’huile sainte. Voici, en effet, la lettre du texte : « Vos frères de toute la maison d’Israël pleureront l’embrasement par lequel le Seigneur les a consumés, et vous ne sortirez pas hors de l’entrée du tabernacle, de peur que vous ne mouriez, car l’huile de l’onction, qui vient du Seigneur, est répandue sur vous f. » XXXIII. (Ib 10, 9-11.) Les prêtres n’useront pas de vin pendant qu’ils exercent leur ministère. – « Le Seigneur dit aussi à Aaron : Vous ne boirez point, toi et tes enfants, de vin ni de boisson fermentée, lorsque vous entrerez dans le tabernacle du témoignage, ou lorsque vous approcherez de l’autel, et vous ne mourrez point. » Quand leur était-il donc permis de boire, puisque leur ministère les mettait chaque jour dans la nécessité d’entrer dans le tabernacle et d’approcher de l’autel ? Si l’on objecte que les sacrifices ne s’offraient point ordinairement tous les jours, quelle objection pourra-t-on soulever au sujet de l’entrée dans le tabernacle ? Car elle devait se faire tous les jours pour le soin du chandelier et le renouvellement des pains de proposition. Répondra-t-on que le tabernacle duc témoignage désigne ici la partie du tabernacle occupée par l’arche du témoignage ? Mais, dirons-nous à notre tour, le grand-prêtre n’était-il pas obligé d’y entrer, aussi, pour y porter l’encens perpétuel ? Car il n’y entrait, à la vérité, qu’une fois l’année avec le sang de la purification, mais il y entrait tous les jours pour l’entretien de l’encens. Faut-il voir dans cette loi du Seigneur une défense absolue de boire du vin ? Mais alors pourquoi cette défense n’est-elle pas formulée dans ces quelques mots : « Vous ne boirez point de vin ? » pourquoi cette addition : « Lorsque vous entrerez dans le tabernacle, ou lorsque vous approcherez de l’autel ? » Serait-ce qu’il ne fallait pas laisser ignorer la cause de cette défense, dès là surtout que Dieu savait par avance qu’il y aurait dans la suite, non par ordre de succession, mais simultanément, un grand nombre même de grand-prêtres qui sacrifieraient tour-à-tour dans le tabernacle, y offriraient l’encens et rempliraient les autres fonctions ? Au moment où les uns ne pouvaient boire, parce qu’ils étaient dans l’exercice de leurs fonctions, la défense devait être levée pour les autres. Y a-t-il encore un autre sens à donner à ce passage ? Après avoir défendu aux prêtres l’usage du vin et des boissons enivrantes, Dieu ajoute. « C’est une loi éternelle pour votre postérité g : » on ne voit pas clairement si ces dernières paroles doivent se relier pour le sens à l’interdiction qui vient d’être portée ; ou bien s’il faut les rattacher à ce qui suit : « Afin de distinguer entre le saint et le profane, le pur et l’impur ; et d’apprendre aux enfants d’Israël toutes les ordonnances que le Seigneur leur a fait connaître par l’intermédiaire Moïse : » ce devoir des prêtres serait l’objet de la Loi qui devait éternellement s’accomplir parmi leur postérité. Souvent déjà nous avons dit le sens qui s’attache à ce mot : éternel. Il y a encore de l’obscurité dans ces paroles : « Distinguer entre le saint et le profane, le pur et l’impur:» est-il question ici des choses saintes et pures, des choses impures et souillées ; ou bien des personnes pures et saintes, souillées et impures ? Le discernement que devaient faire les prêtres concernait-il les choses qu’il était permis ou non d’offrir à Dieu ; ou les hommes, selon qu’ils étaient dignes d’éloge ou de blâme ? ou plutôt ne concernait-il pas à la fois et les hommes et les choses saintes ? XXXIV. (Ib 10, 14.) Soins donnés aux portions de la victime appartenant aux prêtres. – « Vous mangerez dans le lieu saint la poitrine de séparation et l’épaule d’enlèvement. » Ces deux portions de la victime sont désignées sous des noms différents ; mais l’une et l’autre pouvaient s’appeler de séparation, car l’une et l’autre étaient séparées pour le prêtre ; elles pouvaient également s’appeler toutes deux d'enlèvement ou de retranchement, en grec ἀφαιρέμα, car, pour être données au prêtre, elles étaient retranchées et enlevées à ceux pour qui elles étaient offertes. Ce n’est pas sans raison toutefois que nous lisons plus haut la poitrine d’imposition et l’épaule d’enlèvement : nulle portion de l’épaule en effet, n’était posée sur l’autel, tandis que la graisse de la poitrine y était déposée. XXXV. (Ib 10, 14.) Des sacrifices pacifiques. – Pourquoi l’Écriture appelle-t-elle sacrifices pour les choses salutaires ce qu’elle nomme ailleurs sacrifices pour la chose salutaire ? Et pourquoi dit-elle au singulier sacrifice pour la chose salutaire en parlant du même objet ? Par ces mots : « des sacrifices pour les choses salutaires », aurait-elle voulu dire : pour les santés ? » Dans ce passage des psaumes : « Exaucez-nous, Dieu de nos santés h », le grec porte en effet le même mot qu’ici, c’est-à-dire σωτηρίων génitif pluriel, qui peut venir aussi bien de salus que de salutare: car σωτηρια signifie salut ou santé, et fait τῶν σωτηρίων génitif pluriel ; et salutare se rend par σωτἡριον, dont le génitif pluriel est identiquement le même. Si donc il est permis d’interpréter le sacrifice pour le salut dans le sens de sacrifice salutaire, parce que le salut vient de ce qui est salutaire et que ce qui est salutaire, c’est ce qui donne le salut, nous ne sommes point obligés de traduire sacrificium salutarium par sacrifices pour plusieurs choses salutaires, mais peut-être cela signifie-t-il : pour plusieurs santés, qui auraient leur source dans une seule chose salutaire. Quant au salut qui vient de Dieu, la foi chrétienne le connaît ; c’est de lui qu’il est dit : « Je prendrai le calice du salut i ;» et Siméon le désigne en ces termes : « J’ai vu de mes yeux votre salut j. » Il est certes bien permis d’appeler sacrifices salutaires les sacrifices pour le salut. XXXVI. (Ib 10, 15-20.) Sur la part réservée da les sacrifices aux membres de la famille du grand-Prêtre. – « Ce sera pour toi, tes fils et tes filles une loi perpétuelle. » Ces mots : « et tes filles » ne sont pas ajoutés ici sans raison : car, parmi les portions des victimes réservées aux prêtres, en est quelques-unes dont les femmes ne pouvaient manger, tandis que les hommes devaient s’en nourrir. 2. Pourquoi les rites accoutumés ne furent point observés dans les sacrifices du premier jour Moïse, ayant cherché le bouc qui avait été offert pour le péché, et ne le trouvant point, parce qu’il avait été consumé, s’irrite à cause de cette infraction à la loi divine, qui ordonnait aux prêtres de manger les victimes offertes pour le péché du peuple, après en avoir ôté la graisse et les reins ; or, comme il s’irritait, non contre son frère, mais contre ses fils, à qui, je pense, revenait le droit d’offrir les victimes, Aaron lui répondit en ces termes : « S’ils ont offert aujourd’hui les victimes pour leurs péchés, et leurs holocaustes en présence du Seigneur ; et qu’après ce qui m’est arrivé, je mange aujourd’hui.l'hostie offerte pour le péché, serai-je pour cela agréable au Seigneur ? Moïse entendit ce discours, et il lui plut. » En disant qu’au jour où les enfants d’Israël avaient offert leur premier sacrifice pour le péché, la victime ne devait pas être mangée par les prêtres, mais être consumée entièrement, Aaron ne voulait pas établir une règle générale : car les prêtres mangèrent dans la suite les victimes offertes pour les péchés ; mais comme ce sacrifice fut le premier offert en ce premier, jour, dès le début, il y a lieu de croire que le grand-prêtre Aaron fut inspiré de Dieu pour parler ainsi, sans qu’on dérogeât dans la suite aux prescriptions divines adressées aux prêtres par le ministère de Moïse ; et c’est pourquoi Moïse approuva la réponse d’Aaron comme une parole inspirée de Dieu lui-même. Que pensa-t-il des autres sacrifices du même jour, je veux parler de l’oblation du bélier et du veau, qui, selon nous, dut se faire pour le péché Ne posa-t-il aucune question au sujet de l’offrande du veau, parce que selon la loi, après avoir pris de son sang pour en toucher les cornes de l’autel des parfums, on devait le brûler tout entier ? Mais que dire de l’offrande du bélier ? Faut-il croire que la réponse faite à Moïse à propos du bouc, dut lui être appliquée ? Car Moïse se serait certainement enquis du bélier, s’il n’avait été satisfait de la réponse du prêtre. Qu’avait-il aussi à s’enquérir de l’offrande du veau, puisqu’elle put s’accomplir suivant les prescriptions divines, qui voulaient que le veau offert pour le péché du prêtre, fût brûlé tout entier en dehors du camp k ? Voici donc les paroles que Moïse irrité adressa aux enfants de son frère, lorsqu’il ne trouva point le bouc offert pour le péché, parce qu’il avait été entièrement consumé par le feu : « Pourquoi n’avez-vous pas mangé dans le lieu saint ce qui fut offert pour le péché ? Dieu vous le donna à manger, parce que c’est une chose très-sainte, afin que vous effaciez le péché du peuple, et que vous priiez pour lui devant le Seigneur. On n’a point porté du sang de l’hostie dans l’intérieur du sanctuaire en ma présence. Vous deviez manger dans le lieu saint, selon que Dieu me l’a ordonné » Il est hors de doute que ces paroles : « On n’a point « porté du sang de l’hostie dans l’intérieur du sanctuaire en ma présence », s’entendent exclusivement de la victime offerte pour le péché du prêtre ou pour le péché de tout le peuple ; elles ne peuvent s’appliquer au bouc, dont le sang ne devait pas être porté à l’intérieur du tabernacle pour toucher les cornes de l’autel de l’encens ; cette victime ne devait pas être consumée entièrement, mais être mangée par les prêtres. Pourquoi cependant le bouc, lui aussi, fut-il consumé tout entier ? Aaron le fait connaître dans la réponse qui fut agréée de Moïse. 3. Des six victimes offertes par les anciens du peuple. – Dieu donna l’ordre aux anciens du peuple d’offrir six animaux pour le peuple ; or, l’Écriture a désigné précédemment quatre des victimes à immoler : un bouc, un bélier, un veau et un agneau d’un an ; le bouc et l’agneau d’un an sont évidemment destinés, l’un au sacrifice pour le péché, et l’autre à l’holocauste ; mais il n’est pas certain si les deux animaux nommés intermédiairement, le veau et le bélier, doivent être offerts avec le bouc en sacrifice pour le péché, ou s’ils doivent, avec l’agneau, être offerts en holocauste ; nous avons exposé en son lieu, notre opinion à ce sujet : mais plus loin, l’Écriture, complétant le nombre des six animaux, fait mention d’un veau et d’un bélier pour le sacrifice pacifique ; et cependant, lorsqu’elle rapporte dans la suite la circonstance de l’immolation de ces victimes, elle ne parle ni du veau ni du bélier qu’elle avait désignés entre le bouc et l’agneau, mais seulement du veau et du bélier prescrits pour le sacrifice pacifique : ce qui donnerait à penser qu’il n’y eut que quatre animaux immolés, au lieu de six. On pourrait donc croire qu’elle nomme la seconde fois les mêmes victimes qu’elle avait déjà citées entre le bouc et l’agneau, et qu’il n’y a pas d’autre veau ni d’autre bélier destinés au sacrifice pacifique. De la sorte, après avoir parlé du bouc pour le péché, puis du veau et du bélier, sans dire pourquoi ni pour quelle chose, et enfin de l’agneau d’un an pour l’holocauste ; elle indiquerait la destination du veau et du bélier, et ferait connaître qu’ils né seront point offerts en sacrifice pour le péché, comme le bouc ; ni en holocauste, comme l’agneau ; mais en sacrifice pacifique. Mais si nous admettons cette interprétation, il restera à savoir pourquoi l’on offre un bouc pour le péché du peuple l, tandis que Dieu, donnant au commencement ses lois relatives aux sacrifices pour le péché, a voulu qu’on offrît un veau pour le péché du peuple, de même qu’il a exigé pour le péché du prêtre non pas un bouc, mais un veau m, dont le sang devait, dans un cas comme dans l’autre, toucher les cornes de l’autel de l’encens. Pourquoi encore Moïse offre-t-il un veau pour le péché d’Aaron n, et pourquoi Aaron offre-t-il également un veau, conformément à la loi établie par Dieu, pour le péché du prêtre o ; tandis que, en opposition avec la loi divine, on offre un bouc, au lieu d’un veau, pour le péché du peuple ? Comme ces questions nous embarrassaient, le sens le plus plausible nous a paru être, comme nous l’avons déjà dit, que l’on devait offrir, pour le péché, le veau et le bélier en même temps que le bouc, en faisant rapporter à ces trois animaux ces mots pour le péché. Il y avait en effet parmi le peuple des princes, pour lesquels on devait offrir un bouc ; des individus qui pouvaient avoir des péchés particuliers, et pour lesquels il fallait offrir un bélier ; il pouvait se trouver enfin un péché commun à tous, et pour l’expiation duquel il fallait immoler un veau, car l’oblation de cette hostie avait été prescrite dès le commencement pour le péché de tout le peuple. S’il n’est fait mention que du bouc, au moment où s’offrit le sacrifice de toutes ces victimes, il n’en faut pas moins tenir compte de celles qui ne sont pas nommées : la partie est mise ici pour le tout, car toutes ces victimes étaient offertes pour les péchés.
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