Leviticus 16
LIII. (Ib 16, 16.) Sur ces mots : Il priera pour les saints. – 1. Parmi les ordres de Dieu relativement à la manière dont le grand-prêtre doit entrer dans le Saint, qui est au-delà du voile nous lisons celui-ci : « Il priera pour les saints, exorabit pro sanctis, à cause des impuretés des enfants d’Israël, et de leurs injustices, et au sujet de tous leurs péchés. » Que signifie ce commandement ? Comment la prière du prêtre aura-t-elle les saints pour objet, si elle est faite à cause des impuretés des enfants d’Israël et des injustices produites par leurs péchés ? Comme Dieu ne dit pas pour les impuretés des enfants d’Israël, mais à cause de leurs impuretés, faut-il entendre ces paroles.« Il priera pour les saints à cause des impuretés des enfants d’Israël », en ce sens, que cette prière sera faite en faveur de ceux qui sont exempts des impuretés des enfants d’Israël et n’y ont point participé ; non qu’il fallût prier exclusivement pour eux, mais parce qu’ils avaient eux-mêmes besoin de prière, dans la crainte qu’on ne fût persuadé qu’ils étaient d’une sainteté trop parfaite pour avoir besoin de prière dès là qu’ils étaient exempts des impuretés et des injustices de leurs frères ? « Au sujet de tous leurs péchés », doit s’entendre de toutes les injustices causées par toutes leurs prévarications. 2. « Il priera pour les saints à cause des impuretés des enfants d’Israël », signifie peut-être encore que le grand-prêtre demandera pour les saints qu’ils soient à l’abri des impuretés des enfants d’Israël. Mais il priera ne peut avoir ici d’autre sens que : il rendra Dieu propice. De là le nom de propitiatoire, donné à ce que d’autres appellent exoratoire, et le grec ἱλαστἠρἰον. Là où le latin dit : Exorabit pro sanctis, le grec porte ἐξιλάσεται il rendra propice : ce qui ne peut avoir d’application que pour les péchés. Aussi est-il écrit dans les Psaumes : « Il se montre propice pour toutes tes iniquités a. » Le sens le plus convenable est donc, celui-ci. Le prêtre rendra Dieu propice, même à ceux qui sont purs de toutes les abominations des enfants d’Israël, car malgré leur sainteté et quoiqu’ils n’aient point pris de part à ces impuretés et à ces injustices, ils ne sont pas sans avoir besoin que Dieu leur soit propice. 3. Il est vrai que nous trouvons dans un exemplaire grec : « Il priera le saint », au lieu de «pour les saints; » et, chose remarquable, le saint, est au neutre, τὸ ἅγιον. On aurait pu, avec le masculin, s’arrêter au sens suivant : « Il priera le Dieu saint », et ne rien voir au-delà ; mais quel sens donner à ces mots : « Il priera ce qui est saint ? » Le trouver est difficile, à moins qu’on ne dise que cette chose sainte ne peut être que Dieu lui-même ; d’autant plus que le nom de l’Esprit-Saint, qui est Dieu, est en grec du genre neutre : το πνεῦμα τὸ ἅγιον. Et si cet exemplaire, qui paraît bien châtié, est en même temps le plus digne de foi, peut-être ἐξιλάσεται il priera le Saint, est-il mis pour το πνεῦμα τὸ ἅγιον, il priera l’Esprit-Saint, nom dont on ne peut rendre le genre neutre en latin. Il faut avouer, cependant que dans trois autres exemplaires, l’un grec et les deux autres latins, nous n’avons trouvé que la première leçon : « Il priera pour les saints; » paroles qui pourraient encore s’entendre, non des saints personnages d’Israël, mais des choses saintes, je veux dire, le tabernacle lui-même et tout ce qui avait été consacré au Seigneur. « Il priera pour les saints, à cause des impuretés des enfants d’Israël », signifierait donc : Il rendra Dieu favorable aux choses sanctifiées au Seigneur, et qu’ont souillées les impuretés des enfants d’Israël ; le tabernacle était en effet au milieu d’eux. Voici d’ailleurs l’enchaînement du texte ; après avoir dit : « Il priera pour les choses saintes à cause des impuretés des enfants d’Israël, et de leurs injustices, provenant de tous leurs péchés », l’Écriture ajoute immédiatement : « Il fera la même chose au tabernacle du témoignage, qui a été créé parmi eux, au milieu de leur impureté b : » il semble par conséquent qu’il était nécessaire d’apaiser le, Seigneur en faveur des choses saintes, c’est-à-dire, du tabernacle et de tout ce qui y est appelé saint. Un peu après c, Dieu ne dit-il pas encore que le prêtre, faisant l’aspersion du sang sur l’autel, le sanctifiera et le purifiera de toutes les souillures des enfants d’Israël ? LIV. (Ib 16, 20.) Difficulté sur l’adjectif saint – « Il achèvera en priant ce qui est saint. » Achèvera-t-il ce qui est saint ? ou priera-t-il le saint, conformément à ce que nous avens dit plus haut ? Car ici encore le grec se sert du neutre, τὸ ἅγιον. La question est donc celle-ci : Le prêtre achèvera-t-il ses fonctions saintes, en d’autres termes, sanctifiera-t-il parfaitement ce qu’il sanctifie, en priant le Seigneur ? ou bien achèvera-t-il, en priant le Saint, qui n’est autre que le Saint-Esprit ? LV. (Ib 16, 20, 27, 29, 33.) Sur les deux boucs, et encore sur la prière du grand-prêtre. — On discute ordinairement à propos des deux boucs, dont l’un doit être immolé, et l’autre, appelé par les Grecs ἄπομπαῖος envoyé dans le désert. Suivant quelques interprètes l’un est offert comme une victime agréable à Dieu, l’autre est chargé des iniquités. Nous lisons il est vrai, que celui qui a conduit le bouc dans le désert, doit, à son retour, laver ses mains et son corps, avant de rentrer dans le camp : mais cette prescription – ne prouve pas la vérité de l’opinion précédente ; et de ce que l’homme qui avait conduit le bouc, avait besoin de se purifier de son contact, il ne s’ensuit pas que cet animal était chargé des iniquités. L’Écriture dit en effet que la même ablution sera obligatoire pour celui qui aura pris les chairs de l’autre bouc et du veau, et les aura brûlées hors du camp ; or, des là que le veau et le bouc, immolés pour le péché, et dont le sang doit servir à l’aspersion du tabernacle, donnent lieu à la même prescription, il ne faut pas chercher légèrement dans un sens allégorique, la différence qui existe entre.cesdeux boucs. – Après avoir fixé ensuite le dixième jour du septième mois pour la fête solennelle du sabbat, où devait se faire, par le ministère du prêtre, seul successeur de son père, l’expiation dont nous avons parlé plus haut, l’Écriture ajoute, en parlant de ce prêtre : « Il priera pour le Saint du Saint d. » Je ne sais si cette phrase doit signifier autre chose que : Il priera dans le Saint du Saint, expression particulière employée pour désigner la partie du sanctuaire, au-delà du voile, où n’entrait que le grand-prêtre, et où se trouvaient l’arche du témoignage et l’autel de l’encens. Car le grand-prêtre n’adressera pas sa prière à ce lieu comme à Dieu lui-même, mais il priera Dieu en cet endroit ; de là ces paroles : « Il priera le Saint du saint. » Ici encore, le grec se servant du genre neutre, porte ces mots : τὸ ἅγιον τοῦ ἁγίου. Ces mots signifient-ils l’Esprit-Saint de Dieu Saint, comme si le texte disait formellement : τὸ ἅγιον πνεῦμα τοῦ ἁγίου θεολῦ? Ou plutôt « il priera n’est-il pas mis pour : Il purifiera en priant ? Voici en effet les paroles du contexte : « Il priera le Saint du Saint, et le tabernacle du témoignage, et il priera l’autel, et il priera pour les prêtres et pour tout le peuple. » Comment donc priera-t-il le tabernacle et l’autel, sinon, comme nous l’avons dit, en ce sens qu’il les purifiera en offrant sa prière ?
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