dId III
eIb, 6, 19
gLev VIII
hId
iId 6, 35
kLev 4, 36

‏ Leviticus 9

XXV. (Ib 9, 1.) Sur les anciens d’Israël. – « Le huitième jour, Moïse appela Aaron et ses fils, et le sénat d’Israël. » Quelques-uns de nos traducteurs ont rendu par senatum, l’expression γερουσίαν du texte grec : ce qui a guidé l’interprète, c’est le rapport qui semble exister entre senatus et senium vieillesse. Cependant on ne pourrait pas dire en latin : Il appela la vieillesse d’Israël, pour : Il appela les vieillards ou les anciens; quoiqu’il soit permis de dire Il appela la jeunesse d’Israël, pour : Il appela les jeunes gens. C’est que cette dernière locution est reçue dans la langue latine ; tandis que celle-là n’est pas admise. Car en disant : Il appela la vieillesse d’Israël, on conserverait au mot le sens qui lui est propre. Aussi quelques traducteurs, jugeant le mot sénat d’un emploi inacceptable, ont préféré mettre dans leur version « l’ordre des anciens. » Il eût été plus court et peut-être plus convenable de dire : Il appela les anciens d’Israël.

XXVI. (Ib 9, 2-4.) Sur les premiers sacrifices d’Aaron. —1. Moïse dit à Aaron : « Parle en ces termes au sénat d’Israël : Prenez un bouc d’entre les chèvres pour le péché, et un bélier et un veau et un agneau d’un an, sans tache, pour l’holocauste, et un veau pris d’entre les bœufs, et un bélier pour le sacrifice pacifique devant le Seigneur, et de la pure farine trempée dans l’huile : parce que, le Seigneur apparaîtra aujourd’hui parmi vous. » Il a posé précédemment en loi que ces animaux convenaient à quatre espèces de sacrifices : l’holocauste, le sacrifice pour le péché, le sacrifice pacifique et celui de la consommation ; mais celui-ci ne concerne que la sanctification des prêtres. Ce sont donc les trois autres qu’il est prescrit d’offrir dans cette circonstance, et l’ordre en est adressé aux anciens d’Israël, parce qu’ils représentent tout le peuple. Mais ici trois animaux, le bouc, le bélier et le veau, sont destinés au sacrifice pour le péché ; l’agneau est destiné à l’holocauste ; pour le sacrifice pacifique, sont réservés un veau et un bélier. Ainsi le sens n’est pas que le bouc sera la seule victime offerte pour le péché, et que les trois autres animaux, le bélier, le veau, et l’agneau seront la matière de l’holocauste ; mais plutôt les trois premiers doivent être offerts pour le péché, comme l’indique ce passage : « Prenez un bouc d’entre les chèvres pour le péché, et un bélier et un veau », en sous-entendant à la fin : pour le péché ; et l’agneau seul est réservé pour l’holocauste. Nous avons cru devoir donner cet avertissement, parce que l’on aurait pu s’arrêter à un autre sens, et après ces, mots : « Prenez un bouc d’entre les chèvres pour le troupeau », faire rapporter tout le reste à l’holocauste. Quant à ces paroles : « sans tache », on peut les appliquer à tous les animaux dont il vient d’être parlé. Or, comme il est difficile de formuler clairement le sens de la phrase, voici te motif pour lequel il nous semble que les trois premiers animaux devaient être offerts pour le péché : c’est qu’antérieurement Moïse a ordonné d’offrir un bouc pour le péché d’un prince a ; pour le péché d’un particulier, coupable d’une faute qu’il ne devait pas commettre en présence du Seigneur, il prescrit un bélier b ; et pour le péché de tout le peuple, un veau c. En faisant connaître au sénat ce que le peuple tout entier devait offrir, il devait donc exiger un bouc pour les princes, un bélier pour le péché des particuliers, et un veau pour le péché de tout le peuple. Autre chose est en effet le péché personnel à quelqu’un du peuple, et même les péchés particuliers que tout le monde peut commettre ; autre chose, le péché commis en commun, d’un accord unanime, par une multitude s’inspirant d’une même pensée.

2. Moïse, exigeant un veau et un bélier pour ces sacrifices pacifiques, commande qu’on offre ce qu’il y a de plus précieux : parce que la cause de tout le peuple est mise en jeu ; tandis que la loi relative aux sacrifices pacifiques, établie précédemment par lui, permet d’offrir indifféremment le mâle ou la femelle, pourvu que la victime ne soit prise que parmi les bœufs, les brebis et les chèvres d. Si l’on demande maintenant pourquoi il exige deux victimes, un veau et un bélier, la raison n’en est pas facile à trouver : à moins que le veau ne fût, dans sa pensée, offert en sacrifice pacifique à l’intention de tout le peuple, et le bélier pour chaque individu faisant partie de la nation : car il semble avoir prescrit déjà précédemment deux sortes de sacrifices pacifiques ; l’un, offert en quelque sorte par le peuple tout entier, et désigné sous le nom de sacrifice pacifique ; l’autre, indiqué dans les paroles suivantes : « Si quelqu’un offre son sacrifice pacifique e. » À propos de ce texte nous avons trouvé une différence entre ces sacrifices
Ci-dessus, quest. XXII.
 : car dans celui qu’il appelle pacifique, Moïse ne dit pas que la graisse de la poitrine doit être offerte au Seigneur, nique la poitrine elle-même et l’épaule droite doivent être données au prêtre ; au lieu qu’il exige ces deux conditions dans le sacrifice pacifique qu’il nomme personnel : ce qui doit peut-être s’entendre du sacrifice public offert au nom de tous. En effet Moïse lui-même offrit un sacrifice pacifique et il n’est pas dit que ce sacrifice était sien: c’est, je crois, parce qu’il l’offrit pour tout le peuple. Or, où tous se trouvent, là sont chacun des membres ; mais non pas réciproquement. Car le particulier peut exister sans le tout ; tandis que le tout se compose de tous les éléments particuliers qui forment le tout.

3. Il est remarquable que les sacrifices commandés pour le peuple se composaient de sacrifices pour le péché, de l’holocauste et de sacrifices pacifiques ; tandis que pour le prêtre, on offrit les sacrifices pour le péché, l’holocauste et le sacrifice de consommation, mais point de sacrifice pacifique g. Le sacrifice de consommation se fit, quand les prêtres furent consacrés pour entrer dans l’exercice de leurs fonctions, et Moïse l’offrit pour Aaron et ses fils ; mais dans la suite, Aaron, sanctifié et remplissant les fonctions de son sacerdoce, reçut l’ordre d’offrir pour lui-même un veau pour le péché, et un bélier en holocauste h. Il ne fut pas alors obligé d’offrir pour lui-même le sacrifice de consommation ; car l’oblation en avait été faite, afin qu’il reçût la perfection du sacerdoce et paît en remplir le ministère, et comme il l’exerçait déjà, il n’était plus nécessaire qu’il en reçut de nouveau la consommation.

XXVII. (Ib 9, 7.) Suite. – « Alors Moïse dit à Aaron : Approche de l’autel, et fais ce qui est pour ton péché, et ton holocauste : et prie pour toi et ta maison. » Il est étonnant que le sacrifice pour le péché soit commandé le premier, et que l’holocauste vienne ensuite ; car la loi posée précédemment exige que les sacrifices pour le péché soient placés par-dessus les holocaustes i, excepté quand les victimes offertes sont des oiseaux j. L’Écriture rappelle-t-elle ici en dernier lieu le rite qui s’accomplissait d’abord, je veux dire l’offrande de l’holocauste ? Car elle ne dit pas, comme à propos des oiseaux : Fais ceci d’abord, et puis cela ; mais fais ceci et cela. Or, la règle établie plus haut désigne l’offrande qui doit se faire en premier lieu, quand elle dit que le sacrifice pour les péchés sera placé par-dessus l’holocauste. Il y a néanmoins une circonstance fort embarrassante : l’Écriture en effet rapporte qu’Aaron, fidèle à l’ordre qu’il avait reçu, offrit le sacrifice pour le péché, puis l’holocauste. A-t-il, en réalité, suivi cet ordre ? ou bien, comme dans beaucoup d’autres cas, l’Écriture a-t-elle interverti les choses ? La question demeurerait sans solution, si l’on ne se rappelait, comme je l’ai dit plus haut, ce qu’elle règle touchant le sacrifice pour le péché. Voici en effet ce qu’on lit : « Le prêtre le mettra sur l’autel au-dessus de l’holocauste du Seigneur, et le prêtre, priera pour lui, pour le péché dont il s’est rendu coupable, et il lui sera pardonné k. » Comment donc le sacrifice pour le péché pouvait-il être placé sur l’holocauste, si l’holocauste n’avait été mis le premier sur l’autel ? La même prescription a été faite à l’égard du sacrifice pacifique ; mais parce que l’Écriture ne tient pas toujours le même langage, ni à propos des sacrifices pour le péché, ni à propos des sacrifices pacifiques, il est permis peut-être d’en conclure que la loi n’est pas générale elle a seulement son application dans le sacrifice pacifique, lorsqu’on immole des bœufs, car le précepte y est formellement exprimé, et dans les sacrifices pour le péché, lorsque la victime est une brebis ; mais les autres victimes, soit dans le sacrifice pacifique, soit dans le sacrifice pour le péché, ne devaient pas nécessairement être placées sur les holocaustes.

2. Ce qui surprend encore, c’est que, quand Aaron fait, au nom du peuple, l’offrande des dons cités précédemment, l’Écriture ne mentionne point parmi les victimes immolées toutes celles dont elle a parlé plus haut l ; elle ne parle que du bouc offert pour le péché et de l’holocauste, sans rien dire toutefois de l’agneau ; quant aux deux autres victimes, je veux dire le bélier et le veau, plutôt destinés, disions-nous, au sacrifice pour le péché qu’à l’holocauste, elle les passe sous silence : a-t-elle voulu comprendre le tout dans la partie, et en ne parlant que du bouc donner à entendre tout le reste ?

3. Rapportant la manière dont Aaron fit l’offrande des sacrifices pacifiques du peuple, l’Écriture s’exprime en ces termes sur le veau et le bélier : « Il immola le veau et le bélier du sacrifice pacifique du peuple, et les fils d’Aaron lui en présentèrent le sang, qu’il répandit sur l’autel tout à l’entour ; ils lui présentèrent également la graisse du veau, et la cuisse du bélier, et la graisse qui couvre les entrailles, et les deux reins avec la graisse qui est sur eux, et la taie qui est sur le foie ; et il mit la graisse sur les poitrines, et il mit les graisses sur l’autel ; ensuite Aaron enleva la poitrine et l’épaule droite, comme il avait droit de le faire devant le Seigneur, selon l’ordre que le Seigneur avait donné à Moïse m. » L’Écriture parle tantôt au singulier, et tantôt au pluriel, quand elle dit quelque chose de ces deux animaux, le veau et le bélier. Ainsi, quand elle parle des deux reins, il faut l’entendre de chacune des victimes ; par conséquent, c’est quatre qu’il faut lise, et ainsi du reste. Mais que signifient ces paroles : « Il mit les graisses sur les poitrines », puisque les poitrines, appartenant au prêtre aussi bien que l’épaule droite, ne furent point placées sur l’autel ? Cela veut-il dire : « Il mit les graisses qui sont sur les poitrines ? Car, après les avoir séparées des poitrines, il dut les mettre sur l’autel, suivant la prescription qui en avait été faite auparavant. Enfin nous lisons : « Il mit ensuite les graisses sur l’autel, et Aaron enleva la poitrine et l’épaule droite, comme il avait le droit de le faire, devant le Seigneur. » Ici l’Écriture parle de nouveau au singulier, et dit la poitrine ; il s’agit évidemment de celle de chacun des deux animaux, qu’elle avait désignée précédemment au pluriel.

XXVIII. (Ib 9, 22.) Comment le prêtre pouvait-il atteindre à l’autel? – Quel est le sens de ce passage : « Ayant élevé ses mains sur le peuple, Aaron les bénit, et il descendit, après avoir fait ce qui concernait les sacrifices pour le péché, les holocaustes et les sacrifices pacifiques ? » Où le grand-prêtre accomplit-il ces cérémonies, si ce n’est sur l’autel, où par conséquent il se tenait debout et s’y acquittait de son ministère ? C’est donc de la place où il se tenait debout qu’il descendit. Ce qui facilite la solution de cette question, c’est ce que nous avons démontré, en recherchant, au livre de l’Exode, de quelle manière il était possible d’officier à un autel haut de trois coudées
Liv 2, Quest. CXIII.
. Nous ne pouvions lui supposer de degrés, puisque Dieu les avait défendus, dans la crainte que la nudité du prêtre ne fut découverte à l’autel : ce qui effectivement serait arrivé, si les degrés eussent fait partie de l’autel et lui eussent été adhérents. Enfin Dieu ne voulut point alors que le massif de l’autel ne fit qu’un avec le degré qui y serait joint, et telle fut la raison de sa défense ; mais comme l’autel était d’une hauteur tellement considérable que, à moins d’être debout sur quelque chose, le prêtre ne pouvait convenablement accomplir ses fonctions, il faut nécessairement admettre un moyen de s’élever, qui se posait et se retirait à l’heure du sacrifice ; il n’était pas partie adhérente de l’autel, et par conséquent ne constituait pas une contravention à la défense d’y mettre un degré. L’Écriture néanmoins garde-le silence sur le moyen quel qu’il ait été, et c’est ce qui motive cette question. Mais, ici, quand elle rapporte que le prêtre descendit après avoir offert les sacrifices, c’est-à-dire, après avoir mis la chair des victimes sur l’autel, elle fait entendre clairement qu’il s’était tenu debout sur une élévation quelconque, d’où il est descendu, et qu’il n’avait pu remplir son ministère à un autel haut de trois coudées, qu’à la condition de s’être tenu debout sur cette élévation.

XXIX. (Ib 9, 24.) Sur la traduction du mot ἐξεστη. – « Tout le peuple l’ayant vu, fut hors de lui-même. » D’autres traduisent : stupéfait, pour mieux rendre le mot grec ἐξέστη, d’où vient ἔκστασις, qui signifie souvent dans les versions latines de l’Écriture : ravissement de l’âme.

XXX. (Ib 9, 24.) D’où vint la flamme qui dévora les victimes. – « Et un feu sortit du Seigneur et dévora ce qui était sur l’autel, les holocaustes et les graisses. » On peut demander ce que signifie : du Seigneur : ces mots désignent-ils un ordre, un arrêt de la volonté divine ? ou bien faut-il les entendre, en ce sens que le feu sortit de, l’endroit où était l’Arche du témoignage Car Dieu n’est pas en un endroit, à l’exclusion d’un autre lieu.

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