Mark 9
CHAPITRE VI. LE SEL ET LE PAIN.
7. Saint Marc ajoute : « Car quiconque vous donnera un verre d’eau, en mon nom, parce que vous appartenez au Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense. Mais si quelqu’un: est un sujet de scandale à l’un de ces petits, qui croient en moi, il vaudrait mieux, pour lui, qu’on lui attachât une meule de moulin au cou, et qu’on le jetât dans la mer. Et si votre main vous est un sujet de scandale, coupez-la ; mieux vaut pour vous entrer dans la vie, n’ayant qu’une main, que d’en avoir deux et d’aller en enfer, dans ce feu inextinguible, où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas », etc, jusqu’à ces mots : « Ayez du sel en vous, et conservez la paix entre vous a. » Ces paroles, dans l’Évangile de saint Marc, suivent immédiatement l’histoire de celui qui chassait les démons, sans être à la suite de Jésus, et que Jésus ordonne de laisser faire. Certaines pensées ne se trouvent dans aucun autre Évangéliste certaines autres se rencontrent en saint Matthieu et en saint Marc ; mais ces Évangélistes les rapportent dans des circonstances différentes, dans un autre ordre, dans d’autres occasions ; et non à propos de celui qui n’était pas à la suite du Sauveur et chassait les démons en son nom. Quant à moi, je crois, sur l’autorité de saint Marc, que Jésus-Christ a réellement répété ici des vérités déjà exprimées ailleurs ; car elles s’appropriaient parfaitement à la défense adressée à ses disciples d’empêcher de faire des prodiges en son nom, quand on ne comptait pas parmi eux. Voici en effet l’enchaînement de ces paroles : « Qui n’est pas contre vous, est pour vous ; car quiconque vous donnera un verre d’eau en mon nom, parce que vous appartenez au Christ, je vous le dis r en vérité, il ne perdra pas sa récompense. On doit tirer cette conclusion, déjà suggérée par saint Jean, que celui qui a fourni le sujet de cet entretien n’était pas tellement éloigné de la société des disciples, qu’il l’eût réprouvée comme l’aurait fait un hérétique ; il ressemblait à ces hommes qui n’osent recevoir les sacrements de Jésus-Christ et sont cependant remplis de respect pour le nom chrétien ; qui reçoivent les chrétiens, et leur rendent des services précisément parce qu’ils sont chrétiens ; et de qui le Sauveur a dit qu’ils ne perdent pas leur récompense. Non pas qu’ils doivent se croire en parfaite sûreté à cause de la bienveillance dont ils entourent les chrétiens, tout en refusant de se purifier dans le baptême de Jésus-Christ et de s’incorporer à (unité de son Église ; seulement la miséricorde de Dieu les gouverne, elle les amène à ces moyens de salut et ils sortiront en paix de ce monde. Avant même de faire partie de la société chrétienne, ces hommes sont plus utiles que ceux qui, déjà baptisés et initiés aux sacrements chrétiens, prodiguent les mauvais conseils jusqu’à entraîner avec eux dans les flammes éternelles, ceux à qui ils persuadent le mal. Sous la figure des membres corporels, de la main à couper ou de l’œil à arracher, Jésus-Christ les désigne comme devant être retranchés de la société chrétienne, afin que l’on entre dans la vie après s’être séparés d’eux plutôt que d’être précipités avec eux en enfer. Or, pour se séparer d’eux, il suffit, comme il est nécessaire, de n’écouter pas et de ne pas suivre leurs conseils scandalisateurs. De plus, si le scandale dont ils sont le principe est connu de toute la société chrétienne, ils doivent en être impitoyablement retranchés, et privés de toute participation aux sacrements. Si le scandale n’est connu que d’un petit nombre, et que la majorité ignore leur perversité, on doit les tolérer, comme avant de vanner le grain on tolère la paille dans faire ; pourvu toutefois qu’on ne participe point à leur iniquité en y consentant et qu’à cause d’eux on ne se sépare point de la société des bons. Telle est la conduite que tiennent ceux qui ont le sel en eux-mêmes et qui conservent la paix entre eux.
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