Matthew 3
CHAPITRE XII. PRÉDICATION DE JEAN-BAPTISTE.
23. Le même Évangéliste aborde ensuite ce qui regarde le précurseur : « En ces jours, dit-il, Jean-Baptiste vint prêcher au désert de Judée, et il disait : Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche : voici en effet Celui dont a parlé le prophète Isaïe, quand il a dit : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur ; rendez droits ses sentiers a. » Saint Marc et saint Luc, de leur côté, s’accordent à reconnaître que ce témoignage d’Isaïe concerne Jean-Baptiste. Car saint Luc lui appliqué encore plusieurs paroles qui suivent dans le texte du même prophète b. L’Évangéliste saint Jean dit de plus que Jean-Baptiste s’est appliqué lui-même cet oracle, d’Isaïe c. comme du reste saint Matthieu rapporte ici certaines paroles du précurseur que les autres ne reproduisent pas. « Il vint prêcher au désert de Judée, et il disait : Faites pénitence ; car le royaume des cieux est proche : » ces paroles de Jean-Baptiste ne sont pas rappelées dans les trois autres récits. Quant à ce que nous présente ensuite la narration de saint Matthieu qui ajoute : « Car c’est lui dont a parlé ainsi le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ; » on ne voit pas si l’évangéliste reprend son discours et s’il rappelle en son nom les paroles d’Isaïe, ou s’il continue à exposer la prédication de Jean-Baptiste, et à lui attribuer tout ce que contient ce passage : « Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche : voici, en effet celui dont le prophète Isaïe a parlé, », etc. En effet, on ne doit pas se préoccuper de ce que Jean-Baptiste, au lieu de dire : Je suis moi-même celui dont le prophète Isaïe a parlé ; a dit : « Voici Celui dont le prophète Isaïe a parlé ; » car cette forme de langage est familière aux Évangélistes saint Matthieu et saint Jean. En effet saint Matthieu dit en parlant de lui-même : Jésus vit un homme qui était assis au bureau des impôts d; » et il ne dit pas : Jésus me vit. Et saint Jean e C’est là, dit-il, le disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est vrai. » Il ne dit pas : C’est moi, ni : Mon témoignage est vrai. Notre-Seigneur, dit très-souvent : Le fils de l’homme f et, le Fils de Dieu ; au lieu de dire : Moi. Il dit ailleurs g : « Il fallait que le Christ souffrît et ressuscitât d’entre les morts ; » et non pas : Il fallait que je souffrisse. Après avoir dit : Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche ; » Jean-Baptiste a donc pu lui-même ajouter et s’appliquer les paroles suivantes : « Car voici Celui dont le prophète Isaïe a parlé, », etc. Par conséquent, après avoir rapporté les paroles sorties de la bouche du précurseur, saint Matthieu reprendrait seulement son discours, à l’endroit où nous lisons : « Or, Jean avait un vêtement de poil de chameau », etc. S’il en est ainsi, l’on ne doit pas s’étonner que, pressé de rendre témoignage de lui-même, le précurseur ait dit, suivant le rapport de l’évangéliste saint Jean : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert h », comme il l’avait déjà dit quand il recommandait de faire pénitence. Au sujet du vêtement et du régime de vie de Jean-Baptiste, saint Matthieu dit donc en continuant son récit : « Or, Jean avait un vêtement de poil de chameau, et une ceinture de cuir, autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. » C’est ce que saint Marc dit aussi et presque dans les mêmes termes mais les deux autres n’en parlent pas. 26. Saint Matthieu dit ensuite : « Alors les habitants de Jérusalem, ceux de la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain venaient à lui ; et, en confessant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain. Mais voyant venir à son baptême plusieurs des Pharisiens et des Sadducéens il leur dit : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui va tomber sur vous ? Faites donc de dignes fruits de pénitence ; et ne songez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham. Car je vous déclare que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants d’Abraham. Déjà la cognée est à la racine des arbres ; donc tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l’eau pour vous amener à la pénitence ; mais Celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter sa chaussure. C’est lui qui vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu. Il a le van à la main, et il nettoiera complètement son aire ; il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteindra jamais. » Nous trouvons toutes ces pensées dans le récit de saint Luc, qui cite presque textuellement ces mêmes paroles attribuées à Jean-Baptiste. Quand les deux Évangélistes diffèrent pour les termes, ils ne diffèrent nullement pour le sens. Ainsi, selon le premier, le précurseur parle de cette manière : « Ne songez pas à dire en vous-mêmes Nous avons pour père Abraham ; » et, selon le second : « Ne vous mettez pas à dire : Nous avons pour père Abraham. » Ainsi, quand, plus loin, le texte de saint Matthieu nous présente ces paroles : « Moi, je vous baptise dans l’eau pour vous amener à la pénitence ; » celui de saint Luc montre d’abord les différentes classes de la foule demandant ce qu’elles doivent faire, et rappelle que Jean les engagea à multiplier les bonnes œuvres comme des fruits de pénitence ; particularités que saint Matthieu ne rapporte pas : puis, à l’encontre de cette fausse idée que Jean pourrait bien être le Messie, viennent les mêmes paroles Moi, je vous baptise dans l’eau ; » sans être accompagnées des mots : « Pour vous amener à la pénitence. » Selon saint Matthieu, le précurseur dit ensuite : « Celui qui doit venir après moi est plus puissant que moi ; » et selon saint Luc : « Il en vient un autre qui est plus puissant que moi. » Nous lisons dans saint Matthieu ; « Je ne suis pas digne de porter sa chaussure ; » et dans saint Luc : « Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure », paroles que reproduit aussi saint Marc, tout en omettant beaucoup d’autres détails. Car, après avoir parlé du vêtement et de la nourriture du précurseur, il ajoute : « Et Jean prêchait en disant : Il en vient un autre derrière moi, qui est plus puissant que moi ; et je ne suis pas digne, en me prosternant devant lui, de délier les cordons de sa chaussure. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui, vous baptisera dans le Saint-Esprit. » Pour ce qui regarde la chaussure, il diffère donc de saint Luc, par cette addition En me prosternant devant lui. » Au sujet du baptême il diffère de saint Luc et de saint Matthieu en ce qu’il ne dit pas : « Et dans le feu », mais seulement : « dans le Saint-Esprit. » Saint Luc nous fait lire aussi bien que saint Matthieu et suivant le même ordre : « Il vous baptisera dans, l’Esprit et dans le feu. » Toute la différence c’est que le mot Saint », n’est pas dans le récit de saint Luc comme dans celui de saint Matthieu, où nous trouvons : « Il vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu i. » L’Évangéliste saint Jean confirme les trois récits, dans ce passage : « Jean-Baptiste lui rend témoignage en s’écriant : Voilà celui dont je vous disais : Celui qui vient après moi, m’a été préféré parce qu’il était avant moi j. » Par là, en effet, l’Évangéliste déclare que Jean-Baptiste a prononcé ces paroles dans le temps où les trois autres les lui font dire, et qu’ensuite il les a rappelées et répétées quand, il s’est écrié : « Voilà celui dont je vous disais : Celui qui vient après moi, etc. » 27. Demanderait-on maintenant quelles sont les paroles qu’a prononcées Jean-Baptiste ; celles de saint Matthieu, ou celles de saint Luc, ou celles de saint Marc dans le peu de citations qu’il t’ait ? Pour ne pas se préoccuper de cette question, il suffit de comprendre que la connaissance de la vérité résulte des pensées elles-mêmes et non des termes dans lesquels elles sont formulées. En effet, tel évangéliste n’est pas contraire à tel autre, parce qu’on trouve dans sa relation un ordre différent. De même il n’y a pas d’opposition, quand l’un rapporte ce que l’autre passe sous silence. Il est évident, en effet, que chaque évangéliste a écrit suivant ses souvenirs, et a donné son récit en plus ou moins de mots, selon qu’il était porté à l’étendre ou à l’abréger, tout en présentant néanmoins la même pensée. 28. De là ressort assez clairement une observation très-importante. Puisque la vérité de l’Évangile est parvenue au plus haut point d’autorité, par là même qu’elle repose sur la parole de Dieu, sur cette parole qui, subsistant éternelle et immuable au-dessus de toute créature, a été par l’intermédiaire de la créature communiquée au moyen de signes temporels et du langage humain, nous ne devons accuser personne de mensonge, quand plusieurs, venant à faire le récit d’une même chose qu’ils se souviennent d’avoir vue ou entendue, ne le font pas de la même manière ni dans les mêmes termes ; soit que la différence regarde la narration ; soit que des mots se trouvent remplacés par d’autres mots équivalents ; soit que tel narrateur omette une particularité qui ne se présente pas à sa mémoire ou qui pourra se comprendre d’après les autres parties du récit ; soit qu’en faveur de certains points qu’il se propose surtout de raconter, chacun veuille, afin de pouvoir y donner le temps convenable, ne toucher que légèrement d’autres détails et non les développer entièrement ; soit que, pour éclaircir la pensée et la mettre dans tout son jour, l’un d’eux, sans rien ajouter aux choses elles-mêmes, ajoute cependant au simple récit, des paroles qui les font mieux connaître ; soit que, gardant bien la mémoire des faits dont il a été témoin, il ne puisse malgré ses efforts se rappeler aussi, pour les reproduire littéralement, tous les discours qui ont frappé ses oreilles. Si l’on prétend que les évangélistes devaient, sous l’action de l’Esprit-Saint, jouir du privilège de ne pas différer l’un de l’autre, même dans la nature, l’ordre et le nombre des expressions, c’est qu’on ne comprend point que plus est grande l’autorité des évangélistes, plus il importe aux autres hommes dans l’exposition de la vérité d’être rassurés par leur exemple ; pour n’avoir aucunement à redouter l’accusation de mensonge, quand ils différeront entre eux dans le narré d’un même fait comme les écrivains sacrés, dont l’exemple pourra les justifier. Comme il n’est permis ni de dire ni de penser qu’un évangéliste a menti, on devra reconnaître, qu’un homme n’aura pas menti non plus, quand il lui sera arrivé pour ses souvenirs ce qu’on sait être arrivé aux évangélistes. Et plus la morale exige qu’on s’abstienne du mensonge, plus il est à propos qu’un exemple de si haute autorité nous ait été mis sous les yeux ; pour régler notre jugement et nous empêcher de crier au mensonge lorsque plusieurs récits d’un événement nous offrent des différences semblables à celles des quatre Évangiles ; pour nous faire aussi comprendre, ce qui intéresse au plus haut point l’enseignement de la foi, que nous devons moins chercher et considérer l’exacte conformité des termes que la vérité des choses ; quand nous pouvons dire que sans user du même langage, plusieurs ont énoncé cependant la même vérité pour s’être accordé sur le fond et les pensées. 29. Qu’y a-t-il donc qui doive paraître contraire dans ces passages des évangélistes que je viens de mettre en regard ? Faut-il voir une opposition entre celui qui fait parler ainsi Jean-Baptiste : « Je ne suis pas digne de porter sa chaussure ; » et ceux qui lui font dire : « Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure ? » Il semble, en effet, qu’il y a, non pour les termes, ni l’ordre des mots, ni certaine forme particulière de langage, mais dans la chose elle-même une différence entre porter la chaussure », et « délier les cordons de la chaussure. » On peut donc avec raison demander ce que Jean-Baptiste a dit qu’il n’était pas digne de faire ; si c’est ale porter la chaussure ou d’en délier les cordons. Car s’il n’a dit que l’une des deux choses, celui-là seul qui a pu la rapporter parait être le narrateur véridique : et celui qui a écrit l’autre, sera regardé, sinon comme ayant voulu tromper, du moins comme ayant été trompé par une mémoire infidèle. Mais il faut écarter des évangélistes toute erreur, non-seulement celle qui résulte du mensonge, mais celle même qui vient de l’oubli ; c’est pourquoi, s’il importe d’entendre sous les expressions porter la chaussure » et délier les cordons de la chaussure », deux idées vraiment différentes, que penserons-nous devoir conclure pour ; l’exacte intelligence des récits évangéliques, sinon que Jean-Baptiste a dit l’une et l’autre chose, soit dans plusieurs discours, soit dans les mêmes ? Car il a pu parler ainsi : Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure ni de la porter. Alors les évangélistes en rappelant, l’un la première proposition, l’autre la seconde, ont tous également fait un récit véridique. Cependant, en parlant de la chaussure du Seigneur, Jean-Baptiste a eu seulement en vue de montrer la grandeur suprême du Seigneur et sa propre bassesse ; qu’un évangéliste ait écrit : « Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure », ou : « Je ne suis pas digne de porter sa chaussure, », il a toujours rendu la même idée, exprimé le même sens, quand, mettant dans la bouche du précurseur un langage quelconque au sujet des souliers du divin Maître, il a également fait ressortir son intention de montrer combien Jésus lui était supérieur. Une règle dont le souvenir sera d’un très-grand avantage dans tout le cours de ce traité sur l’accord des évangélistes, c’est donc de ne pas regarder comme erroné le langage de celui qui en faisant, certains changements aux dis cous d’un personnage, expose néanmoins son idée et son intention, aussi exactement que celui qui rapporte rigoureusement toutes ses paroles ; par là nous apprenons avantageusement qu’il ne faut chercher qu’à se rendre compte de la pensée et de la volonté de celui qui parle.CHAPITRE XIII. DU BAPTÊME DE JÉSUS.
30. Saint Matthieu continue ainsi : « Alors Jésus vint de Galilée près du Jourdain trouver Jean pour être baptisé par lui. Mais Jean s’en défendait en disant : C’est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi ? Jésus lui répondit : Laisse-moi faire maintenant, car c’est ainsi que nous devons accomplir toute justice. Alors Jean cessa de lui résister. » Les trois autres évangélistes disent pareillement que Jésus vint trouver Jean, et tous trois rapportent qu’il fut baptisé par lui ; mais ils gardent le silence sur ce que nous voyons dans le récit de saint Matthieu, savoir les paroles de Jean au Seigneur et les réponses du Seigneur à Jean k.CHAPITRE XIV. VOIX DU CIEL APRÈS LE BAPTÊME DE JÉSUS.
31. Saint Matthieu dit ensuite : « Jésus ayant été baptisé sortit aussitôt de l’eau ; et en même temps les cieux lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu descendre en forme de colombe et se reposer sur lui. Et au même instant on entendit une voix du ciel qui dit Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je me complais. » C’est ce que racontent pareillement deux autres évangélistes, saint Marc et saint Luc. Ils exposent cependant d’une manière différente les paroles de la voix qui se fit entendre du ciel : mais c’est toujours la même pensée. Car, d’après ce que nous avons dit précédemment, on doit voir le même sens et l’expression de la même idée dans la leçon de saint Matthieu : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », et dans celle de saint Marc et de saint Luc : « Vous êtes mon Fils bien-aimé. » Sans doute il n’y eut, dans ce discours venu d’en haut, qu’une seule des deux locutions, mais saint Matthieu, en écrivant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », aura voulu marquer le but de la voix du ciel, qui était de faire connaître aux auditeurs la filiation divine de Jésus-Christ ; il a voulu montrer que les paroles : « Vous êtes mon Fils », furent prononcées de la même manière que si la voix eût dit à la foule : « Celui-ci est mon Fils. » Car elle n’apprenait pas à Jésus-Christ ce qu’il savait bien ; mais elle l’apprenait à ceux qui étaient là et pour qui elle se faisait entendre. Maintenant la voix du ciel a-t-elle dit : « En qui je me complais, in quo mihi complacui », ou : « Je mets en vous ma complaisance, in te complacui », ou enfin : « Il me complaît en vous, in te complacuit mihi l ? « On est libre d’admettre l’une ou l’autre de ce Trois leçons, pourvu que l’on comprenne qu’en rapportant différemment les paroles, les Évangélistes ont rendu la même pensée. La différence des ex pressions a même l’avantage de nous faire mieux saisir l’idée, que si tous l’avaient rap portée dans les mêmes termes, et d’écarter le danger d’une fausse interprétation. Car celui qui voudrait, sous les mots : « En qui je me complais, in quo mihi complacui », voir le Père se plaisant à lui-même dans le Fils, est averti de son erreur par le texte de saint Marc : « En vous je complais, in te complacui. » De même, voulons-nous par cette seule leçon : « in te complacui », entendre que, dans le Fils le Père plaît aux hommes ? nous sommes détrompés par le texte de saint Luc: in te complacuit mihi. Donc, quel que soit l’Évangéliste dont le récit nous présente le texte exact des paroles de la voix céleste, on voit clairement que les autres n’ont varié les termes que pour rendre le même sens plus saisissable. Ainsi, d’après les trois réunis, la voix du ciel a voulu dire : Je mets en vous mon bon plaisir ; et cela signifie J’ai résolu de faire par vous ce qui me plaît. Dans certaines copies de l’Évangile selon saint Luc, au lieu de la leçon que nous venons de mettre sous les yeux, on lit cet oracle du Psalmiste : « Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd’hui m. » Il est vrai qu’on ne montre ces mots dans aucune des copies grecques les plus anciennes. Mais si quelques exemplaires dignes de foi peuvent confirmer cette variante, que faut-il conclure, sinon que la voix céleste, dans un ordre quelconque, a dit l’une et l’autre chose ?CHAPITRE XV. JÉSUS-CHRIST CONNU OU INCONNU DE JEAN-BAPTISTE.
32. Ce que nous lisons dans l’Évangile selon saint Jean, du Saint-Esprit descendu en forme de colombe, n’est pas un discours placé au temps où le fait s’est accompli ; c’est une citation des paroles du précurseur rappelant lui-même ce qu’il a vu. Or, ce passage fait naître la question suivante : Comment Jean-Baptiste a-t-il pu dire : « Pour moi, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans le Saint-Esprit » n ? En effet, s’il l’a connu seulement quand il a vu la colombe descendre sur lui, comment, d’après saint Matthieu, lui disait-il, avant d’être témoin de ce prodige, et dès qu’il le vit venir au Jourdain pour se faire baptiser : « C’est moi plutôt qui dois être baptisé par vous o ? » Il faut conclure qu’à la vérité Jean-Baptiste le connaissait avant la descente de la colombe, puisqu’il tressaillit même dans le sein maternel quand Marie fut venue visiter Élisabeth p ; mais que à son égard, il apprit par cet événement une chose dont il n’avait pas encore connaissance, c’est que Jésus seul baptiserait dans le Saint-Esprit en vertu d’une puissance personnelle et divine ; tandis qu’aucun homme après avoir reçu de Dieu le pouvoir de baptiser ne pourrait dire eu baptisant qui que ce soit : c’est mon propre bien que je te communique, ni : Je donne moi-même le Saint-Esprit.
Copyright information for
FreAug