Numbers 1
LIVRE QUATRIÈME. QUESTIONS SUR LES NOMBRES.
QUESTION PREMIÈRE – (Nomb 1, 1-14). Sur les chefs institués dans chaque tribu. – D’où vient que Dieu ordonne d’élire un chef dans chaque tribu, et que signifie le nom de Χιλιου, imposé à ces chefs, nom qui semble venir de mille ▼▼Khiliou mille; ἄρχω je commande.
, et qu’un certain nombre d’interprètes latins ont traduit par tribuns? Voici la réponse à cette question. Jothor, beau-père de Moïse, ayant donné à son gendre le conseil, d’ailleurs approuvé par Dieu, de répartir entre plusieurs princes le gouvernement de son peuple, afin que toutes les causes des particuliers ne fussent point un fardeau au-dessus de ses forces b, Moïse établit des Kiliarques ou chefs de mille hommes, des écatontarques; centurions, ou chefs de cent, des pentacontarques, ou chefs de cinquante, et des décardarques, décurions, ou chefs de dix hommes, leur donnant à chacun un nom en rapport avec le nombre de ceux à qui ils commandaient. Mais est-ce à dire que chacun des Kiliarques n’était établi que sur mille hommes ? Assurément non : car, à cette époque douze mille hommes ne formaient pas tout l’effectif du peuple d’Israël. Moïse établit un chef de ce nom dans chaque tribu, et chacune des douze tribus contenait certainement, non pas. un millier d’Hommes, mais bien des milliers. Le nom de ces chefs leur est donc commun avec ceux que l’Exode appelle Kiliarques, parce que chacun de ceux-ci avait mille hommes sous ses ordres ; mais qu’il y en ait mille ou des milliers qui obéissent à un seul, le nom étant le même en grec, on pouvait toujours les appeler Kiliarques. II. (Ib 1, 20-46.) Sur les nombres mystérieux quatre et cinq. – On demande, et à juste titre, ce que signifient les expressions suivantes, employées dans le dénombrement de tous les enfants d’Israël en âge de porter les armes : « Suivant leurs parentés, leur peuple, les maisons de leurs familles, le nombre de leurs noms, et leur tige » et ces cinq expressions se trouvent répétées d’une manière absolument identique à chacune des tribus, depuis la première jusqu’à la dernière comme s’il y avait quelque différence entre les parentés, les peuples, les maisons des familles, le nombre des noms et la tige des enfants d’Israël, tandis que tout cela parait plutôt ne signifier qu’une seule et même chose sous des termes différents. Ce soin minutieux de répéter les mêmes expressions à propos de toutes les tribus, semble nous marquer que nous ne devons pas juger ici à la légère, quand bien même nous ne comprendrions pas le sens de ce passage. Le nombre lui-même voile ici quelque mystère : car ce n’est pas sans raison que cinq fois la même chose est désignée sous des noms différents. Le nombre cinq, qui est celui des livres de Moïse, jouit effectivement d’une autorité considérable dans l’ancien Testament. Mais il y a nécessairement de la différence entre les quatre particularités mentionnées plus loin, savoir : que le dénombrement comprendra les mâles, depuis vingt ans et au-dessus, tous ceux qui sont capables d’aller à la guerre ; et reconnus pour tels : quoique la même formule soit également répétée à propos de toutes les tribus. En effet, quand il était question de fixer le nombre de toute la multitude appartenant à une tribu, il fallait d’abord déterminer le sexe ; c’est pourquoi il est dit : « Tous les mâles. » Et pour que les enfants n’entrassent point dans ce compte, l’Écriture a ajouté : « depuis vingt ans et au-delà. » Et pour que la vieillesse, qui est impropre aux armes, n’entrât point non plus dans le dénombrement, il a été dit encore : « tout ce qui est capable d’aller au combat. » Enfin il est un mot qui est la conclusion convenable de cette opération « Et reconnus comme tels. » Cette reconnaissance complétait le dénombrement des milliers d’hommes jugés propres au service militaire. Ces cinq choses : la parenté, le peuple, les maisons de la famille, le nombre de noms et la tige, et ces quatre autres : le sexe, l’âge, la force pour le service et la reconnaissance de ces qualités, présentent donc peut-être un sens mystérieux. En effet si l’on multiplie ces deux nombres entre eux, quatre par cinq, ou cinq par quatre, on aura vingt au produit. Ce nombre désigne aussi l’âge des jeunes gens. Il est rappelé, au moment de l’entrée dans la terre promise, et il est dit de cet âge de vingt ans, qu’il n’a penché ni à droite ni à gauche. Je crois voir en ceci une image des Saints de l’une et l’autre Alliance, qui ont conservé fidèlement le dépôt de la vraie foi. Car l’ancienne Alliance n’est-elle point surtout remarquable par les cinq livres de Moïse, et la nouvelle, par les quatre Évangiles ? III. (Ib 1, 51.) De l’étranger, dans le langage de l’Écriture. – Après avoir prescrit la manière de détendre, de lever et de dresser le tabernacle, Dieu ajoute : « Et l’étranger qui en approchera, sera mis à mort : » cet étranger, c’est aussi l’Israélite qui n’appartient pas à la tribu de Lévi, chargée du service du tabernacle. Mais il est étonnant que l’Écriture emploie ici dans un sens abusif ce mot étranger, qui signifie proprement un homme d’une autre nation, ἀλλογενὴς au lieu de ἀλλὀθυλος, qui veut dire un homme d’une autre tribu : tandis que, quand elle parle des hommes appartenant aux autres nations, elle se sert préférablement de ce dernier terme, comme si elle voulait désigner des hommes appartenant à d’autres tribus.
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