‏ Numbers 17

XXX. (Ib 16, 36-40.
Dans la Vulg.
) Dieu veut que les encensoirs de Choré, Dathan et Abiron lui soient consacrés. – « Le Seigneur dit ensuite à Moïse et au prêtre Eléazar, fils d’Aaron : Prenez les encensoirs d’airain du milieu de ceux que les flammes ont dévorés, et sème là ce feu étranger parce que les encensoirs de ces pécheurs ont été sanctifiés parleurs âmes (leur mort) ; et fais-en des lames flexibles pour les placer autour de l’autel, car ils ont été offerts devant le Seigneur et sanctifiés, et ils sont devenus un avertissement pour les enfants d’Israël. » Voici, selon moi, la raison pour laquelle Dieu ne s’adresse point ici, comme précédemment, à Moïse et à Aaron, mais à Moïse et à Eléazar, fils d’Aaron. Il s’agissait de montrer de quelle race devaient être les prêtres, car le crime de ces trois hommes fut précisément d’avoir voulu, quoique étrangers à la tribu de Lévi, usurper le ministère sacerdotal ; de là le châtiment terrible et surprenant qui mit fin à leurs jours. Dans ce dessein, Dieu ne veut point adresser la parole à Aaron, qui était déjà grand-prêtre, mais il l’adresse à Eléazar, qui devait lui succéder et remplissait déjà les fonctions secondaires du sacerdoce ; par là il assure au sein de la même famille l’ordre de succession dans le ministère sacerdotal. Aussi l’Écriture ajoute-t-elle : « Eléazar, fils du prêtre Aaron, prit tous les encensoirs d’airain, dans lesquels ceux qui furent brûlés avaient fait leur offrande, et il les plaça comme un nouvel ornement autour de l’autel, afin de rappeler par là aux enfants d’Israël que nul étranger à la famille d’Aaron ne doit s’approcher pour offrir de l’encens devant le Seigneur ; c’est ainsi qu’ils éviteront le châtiment de Choré et de ses complices, selon ce que le Seigneur a dit parla main de Moïse. » Le dessein de Dieu, dans cette démarche qu’il commande à Eléazar, était donc d’assurer en sa personne, non point le sacerdoce, qui appartenait à Aaron, mais le droit de succession dans le ministère sacerdotal. Quant à ces mots : « Sème là ce feu étranger » ils signifient : Disperse çà et là. Ce qui suit : « Les encensoirs de ces pécheurs ont été sanctifiés dans leurs âmes » renferme, il est vrai, une formule singulière de langage ; mais cette nouvelle manière de s’exprimer veut dire que les encensoirs sont devenus une chose sainte par la punition de ceux qui ont commis ce péché : car leur exemple est une leçon qui apprend aux autres à trembler. Nous voyons ensuite le motif pour lequel Dieu veut que ces encensoirs soient placés autour de l’autel ; c’est « parce qu’ils ont été offerts devant le Seigneur, et que, ayant été sanctifiés, ils sont devenus un avertissement, à Israël. » L’indignité de ceux qui ont fait l’offrande n’est pas pour Dieu une raison de la rejeter, mais il préfère attirer l’attention sur Celui à qui cette offrande à été faite, c’est-à-dire, sur le Seigneur ; afin de faire comprendre que le nom du Seigneur, à qui les encensoirs ont été présentés, a plus clé vertu que le crime de ceux qui les avaient offerts.

2. L’Écriture ne suit pas toujours l’ordre chronologique dans la narration du fait. – Au reste, l’Écriture avait déjà mentionné le fait en question, au livre de l’Exode, dans l’endroit où elle parle de la fabrication de l’autel b : on voit par cet exemple que les saints livres ne s’attachent pas à décrire les choses suivant l’ordre des temps, mais suivant la nature de leur objet. C’est ainsi que ce livre des Nombres rapporte comment la verge d’Aaron poussa des fleurs et des fruits, pour confirmer le choix que Dieu avait fait de lui comme prêtre  c. Or, au livre de l’Exode, quand Dieu donne ses ordres pour l’érection du tabernacle, nous lisons déjà que cette verge doit être déposée dans l’arche avec la manne au milieu du Saint des Saints d. Il est évident que Dieu prescrit cette particularité longtemps avant l’érection et l’achèvement du tabernacle : car le tabernacle fut dressé le premier mois de la seconde année après la sortie de l’Égypte e ; et ce livre commence au premier jour du deuxième mois de cette seconde année. Si l’on considère l’ordre des livres entre eux, il en résulte donc manifestement que ces détails sont rétrospectifs et rappellent des faits anciens, tandis qu’une attention superficielle ferait voir dans ces livres une narration des événements dans l’ordre exact de leur date.

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