Numbers 23
LII. (Ib 25, 4,7,8.) Punition exemplaire de l’idolâtrie et de la fornication par Phinées. – « Le Seigneur dit à Moïse : Prends les chefs du peuple, et expose-les devant le Seigneur en face du soleil ; et la colère dont le Seigneur est animé contre Israël se retirera. » La colère de Dieu venait des fornications charnelles et spirituelles de son peuple ; car il s’était prostitué par des actions impudiques aux filles de Moab, et il s’était consacré aux idoles : de là le commandement fait à Moïse d’exposer les princes du peuple devant le Seigneur en face du soleil. Le sens de ce passage est, que les coupables furent condamnés au supplice de la croix, et ces mots : « Expose-les devant le Seigneur en face du soleil » signifient : en plein jour, à la lumière de cet astre. En effet le grec porte ici : παραδειγμάτισον, terme qu’on peut rendre par : donne en exemple ; car παραδειγμά veut dire exemple. Et, sans parler des Septante, la leçon de Symmaque porte : attache, ou plutôt : attache eu haut, sens propre de anapexon; et celle d’Aquila dit plus expressément encore Pends##Rem. Il est fort étonnant que l’Écriture ait omis de nous apprendre si cet ordre du Seigneur fut mis à exécution : pour moi, je ne vois pis qu’il ait pu être méprisé, ou l’être impunément. S’il a été accompli, bien que l’Écriture n’en parle pas, pourquoi rapporte-t-elle que le Seigneur fut apaisé et que la plaie cessa, aussitôt que Phinées, fils d’Eléazar, eut transpercé les adultères ? Ne semblerait-il pas qu’après le crucifiement des chefs, ordonné par le Seigneur, son indignation durait encore et devait être apaisée d’une autre manière ? Et cependant les prédictions et les promesses de Dieu contenues dans les paroles suivantes ne pouvaient sans doute être mensongères : « Prends les chefs du peuple, et expose-les devant le Seigneur en face du soleil ; et la colère dont le Seigneur est animé contre Israël cessera. » Si donc cet ordre a été exécuté, comment douter que la colère divine se soit retirée d’Israël ? Qu’était-il encore besoin que Phinées tirât une telle vengeance des adultères afin de fléchir Dieu, et que l’Écriture lui rendit ce témoignage qu’il avait de cette manière apaisé le Seigneur ? Peut-être pourrait-on s’en tenir à cette interprétation : au moment où il se disposait à mettre à exécution le commandement de Dieu relatif aux chefs du peuple, Moïse voulut en même temps punir, conformément à la Loi, ces forfaits énormes et cette audace sacrilège ; or, tandis qu’il commandait à chacun de mettre à mort celui de ses proches qui s’était consacré d’une manière infamante aux dieux de l’étranger, Phinées accomplit son acte héroïque ; la colère du Seigneur fut ainsi apaisée, et l’on put se dispenser de livrer les chefs au supplice. Cette sévérité, qui se justifie par elle-même pour des temps comme ceux-là, fait assez voir aux hommes qui joignent la sagesse à la foi l’énormité de la fornication et de l’idolâtrie.
Copyright information for
FreAug