‏ Psalms 119:169

1. Écoutons maintenant la voix de la prière, car nous connaissons celui qui prie, et nous devons nous reconnaître parmi ses membres, si nous ne sommes point réprouvés. « Que ma prière s’approche de vous, ô mon Dieu a ». C’est-à-dire, qu’elle s’approche de vous, cette prière que je fais en votre présence. Car le Seigneur est proche de ceux qui ont le cœur contrit b. « Donnez-moi l’intelligence selon « votre parole u : il demande à Dieu l’effet de sa promesse. Car il dit, selon votre parole, comme il dirait, selon votre promesse. Or, c’est là ce que le Seigneur a promis en disant : « Je vous donnerai l’intelligence c ».

2. « Que ma prière s’élève en votre présence, ô mon Dieu, délivrez-moi selon votre parole ». Il reprend en quelque sorte sa prière. Car il avait dit d’abord : « Que ma prière s’approche de vous, ô mon Dieu » supplication semblable à celle-ci : « Que ma prière, Seigneur, s’élève en votre présence d » ; et cette autre partie du verset supérieur : « Donnez-moi l’intelligence », revient à celle-ci : « Délivrez-moi selon votre parole ». Recevoir en effet l’intelligence, c’est être délivré, pour celui à qui son ignorance est un piège.

3. « Mes lèvres », dit-il, « publieront vos louanges, quand vous m’aurez enseigné vos ordonnances e ». Nous savons comment le Seigneur instruit ceux qui écoutent ses leçons. Quiconque, en effet, a ouï le Père et a appris, vient à celui qui justifie l’impie f ; afin de garder les ordonnances du Seigneur, non seulement par la mémoire, mais aussi par la pratique. C’est ainsi que tout homme qui se glorifie, ne se glorifie point en lui-même, mais dans le Seigneur g, et chante une hymne à sa louange.

4. Mais dès qu’il est instruit, et qu’il en a béni Dieu, il veut à son tour enseigner, « Ma langue », dit-il, « publiera vos paroles, parce que vos préceptes sont la justice h ». Dire qu’il publiera ces paroles, c’est se faire ministre de la parole de Dieu. Bien que le Seigneur, en effet, nous instruise intérieurement, la foi vient cependant de ce que l’on entend, et comment pourrait-on entendre parler, si quelqu’un ne prêche i ? Quoique Dieu seul donne l’accroissement j, il ne faut point négliger de planter et d’arroser.

5. Le Prophète sait bien, et quelles persécutions et quelles contradictions s’élèveront contre lui quand il prêchera la parole de Dieu ; aussi a-t-il ajouté : « Que votre main s’étende pour me sauver ; car j’ai choisi vos commandements pour mon partage k ». Afin, dit-il, de ne rien craindre, et d’avoir vos paroles, non seulement dans le cœur, mais aussi sur les lèvres : « J’ai choisi vos préceptes », et l’amour a étouffé la crainte. Que votre main dès lors s’étende sur moi, et me sauve des mains étrangères. Or, Dieu a sauvé les martyrs en arrachant leur âme à la mort ; car sauver seulement le corps de l’homme, est un salut futile l. Cette parole : « Que votre main se fasse », pourrait encore s’entendre du Christ qui est la main de Dieu, selon cette parole d’Isaïe : « Et à qui le bras de Dieu a-t-il été révélé m ? » Le Fils unique de Dieu n’a pas été fait, puisque tout a été fait par lui n ; mais il a été fait de la race de David o, afin d’être Jésus, ou Sauveur, lui qui était déjà créateur. Mais comme cette expression : « Que votre main se fasse », ou « la main du Seigneur se fit », se lit souvent dans l’Écriture, je ne sais pas si l’on pourrait dans tous ces endroits lui assigner le sens dont nous parlons. Assurément, quand nous entendons ce qui suit : « J’ai désiré, Seigneur, votre salut p », en dépit de tous nos ennemis nous devons l’entendre du Christ qui est le salut de Dieu. C’est lui que les anciens appelaient de leurs soupirs, ils le proclamaient sincèrement ; c’est après lui que soupirait l’Église, quand il devait sortir du sein de sa mère ; c’est lui encore qu’elle appelle de la droite de son Père. À cette pensée le Prophète ajoute : « Et votre loi a fait mes délices ». Car la loi rend témoignage au Christ.

6. Mais devant cette foi, qui nous fait croire de cœur pour la justice, et confesser de bouche pour être sauvés q, que les nations frémissent, que les peuples forment de vains projets, que l’on tue le corps pendant qu’il vous prêche ; du moins, « l’âme vivra, et vous louera, et vos jugements seront mon soutien ». Ces jugements en effet devaient commencer par la maison du Seigneur r, le temps en était venu. Mais, dit le Prophète, ils seront mon appui. Et quel aveugle pourrait ne point voir combien le sang de l’Église a aidé l’Église ? Quelle riche moisson une telle semence a fait germer dans toute la terre ?

7. Enfin l’interlocuteur se découvre, et nous montre celui qui parle dans tout le psaume. « J’ai erré », dit-il, « comme une brebis perdue ; cherchez votre serviteur, parce que je n’ai point oublié vos préceptes s ». Dans certains exemplaires, on trouve, non pas cherchez, mais vivifiez : ces deux expressions, en grec, ne diffèrent que d’une syllabe, Zeson et Zeteson; aussi trouve-t-on des différences dans les manuscrits grecs eux-mêmes. Quoi qu’il en soit, cherchons cette brebis égarée, qu’on donne la vie à cette brebis perdue ; c’est pour la chercher t que le bon pasteur abandonne les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, et se fait déchirer par les épines des Juifs. Mais on la cherche encore ; oui, qu’on la cherche toujours, et après l’avoir trouvée en partie, qu’on la recherche encore u. Elle semble trouvée quand le Prophète nous dit : « Je n’ai point oublié vos préceptes » ; mais ceux qui ont choisi comme leur partage les préceptes du Seigneur, qui les aiment, qui les méditent, ceux-là cherchent toujours cette brebis, et la trouvent dans toutes les contrées de la terre, par la vertu du sang que son pasteur a versé pour son salut.

8. Ce long psaume, je l’ai parcouru, expliqué autant que je l’ai pu, autant que Dieu m’en a fait la grâce. D’autres plus habiles et plus intelligents ont fait mieux, à coup sûr, ou feront mieux ; mais pour cela, je n’ai point dû me dispenser de l’entreprendre, surtout devant les sollicitations de mes frères, à qui je suis comptable de ce ministère. Je n’ai rien dit de l’alphabet hébreu, qui partage tout le psaume en sections de huit versets pour chacune des lettres ; et il n’y a là rien d’étonnant : c’est que cette manière de procéder ne m’a rien suggéré, et ce psaume n’est pas le seul dans ce genre de composition. Disons seulement à ceux qui ne trouvent point ces caractères dans les versions grecques et latines, parce qu’on ne les y a point conservés, que dans l’hébreu, chacun des huit versets commence par la lettre qu’ils ont en tête, comme nous l’assurent ceux qui connaissent l’hébreu, Cela s’est fait ici bien plus exactement, que nos auteurs, soit latins soit puniques, ne l’ont fait dans les psaumes appelés abécédaires, Car ils ne commencent point par la même lettre, tous les versets d’une même strophe, mais seulement les premiers versets.

FIN DU TOME NEUVIÈME.

QUATRIÈME SÉRIE

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