‏ Psalms 114

PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME 113

PREMIÈRE PARTIE DU PSAUME.

LE BAPTÊME DANS LA MER ROUGE.

Le but du Psaume est moins de raconter le passé que d’annoncer l’avenir. Les faits étaient prophétiques, le Psaume l’est aussi. Voilà pourquoi sa narration diffère quelque peu de l’histoire qui ne dit rien de ces tressaillements des montagnes et des collines. Par la foi nous sommes enfants d’Abraham, père de toutes les nations qui seront bénies dans le Christ. Or, l’Égypte d’où sortit Israël est la maison de l’affliction, la figure du monde oppresseur dont il faut nous séparer, et toutefois avec le secours de Dieu. Le prophète Michée nous montre aussi qu’il s’agit de nous, en nous parlant de péchés à submerger, et ces péchés sont les ennemis qui nous poursuivent quand nous abjurons le monde, La mer qui s’enfuit quand nous nous consacrons à Dieu, ce sont les obstacles qui s’aplanissent. Ce Jourdain qui retourne en arrière figure l’homme qui tournait le dos à Dieu, et qui retourne par la conversion à son créateur. Les montagnes et les collines qui bondissent sont les Apôtres et les prédicateurs qui s’applaudissent de nous avoir engendrés à Jésus-Christ ; parce qu’alors la terre s’est ébranlée, en présence du Seigneur, qui nous a ouvert, dans la pierre ou dans le Christ, les sources de la grâce.

1. Nous avons lu, mes frères, et nous avons tort bien retenu, ce que nous raconte le livre de l’Exode, que le peuple d’Israël fut délivré de l’injuste domination des Égyptiens, passa la mer à pied sec a, entre les deux murailles que formaient les flots ; que le fleuve du Jourdain b, par où il devait entrer dans la terre des promesses, s’arrêta, quand les pieds des prêtres qui portaient l’arche du Seigneur Vinrent à le toucher ; que les eaux d’en haut retinrent leur cours, au lieu que celles d’en bas s’écoulèrent à la mer, tant que les prêtres se tinrent debout au milieu du fleuve desséché, et que le peuple passa. Voilà ce que nous savons ; et, toutefois, ne nous imaginons pas que dans le psaume que nous chantons, en le faisant précéder et suivre de l’Alléluia, l’Esprit-Saint ne veuille que nous rappeler le passé, sans nous reporter vers l’avenir. « Toutes ces choses, nous dit l’Apôtre, n’arrivaient aux Juifs qu’en figures, et elles ont été écrites pour nous instruire, nous qui venons à la fin des siècles c ». Ainsi donc, lorsque nous entendons le psaume nous dire : « Quand Israël sortit de l’Égypte, et la famille de Jacob du milieu d’un peuple barbare, Judas devint pour le Seigneur un peuple saint, et Israël le siège de sa puissance ; la mer le vit et s’enfuit, le Jourdain rebroussa vers sa source d » ; ne nous imaginons point qu’on veuille raconter le passé, c’est plutôt l’avenir que prédit le Psalmiste ; quand ces miracles s’accomplissaient chez ce même peuple, ils étaient dans le présent, mais ne laissaient pas d’avoir une signification pour l’avenir. Le Prophète, qui chantait ces merveilles prophétiques, nous montre dès lors qu’il donne à ses paroles le même sens qu’avaient les faits, puisqu’un seul et même Esprit a dirigé les faits et dicté les paroles, afin que ces actions et ces paroles fussent des avant-coureurs de ce qu’il se réservait de nous montrer à la fin des siècles. Le Prophète ne raconte point les faits tels qu’ils se sont passés, mais d’une manière quelque peu différente de celle que nous lisons, de peur qu’on ne crût qu’il racontait le passé plutôt qu’il ne prédisait l’avenir. Tout d’abord, nous ne lisons point que le Jourdain remonta vers sa source, mais qu’il s’arrêta du côté que les eaux descendaient de la source, pendant que le peuple passait. Ensuite nous ne lisons pas que les collines et les montagnes bondirent, ce que le Prophète ajoute, et qu’il répète même deux fois. Après avoir dit : « La mer le vit et s’enfuit, le Jourdain rebroussa en arrière », il ajoute : « Les montagnes bondirent comme des béliers et les collines comme des agneaux ». Puis, dans une apostrophe : « Pourquoi, mer, as-tu fui, et toi, Jourdain, pourquoi rebrousser en arrière ? Pourquoi, montagnes, tressaillir comme le bélier ; et vous, collines, comme des agneaux ? » e

2. Voyons donc la leçon que nous donne le Prophète ; car, et ces actions étaient des symboles qui nous concernaient, et ces paroles nous engagent à nous reconnaître nous-mêmes. Si nous conservons fermement la grâce de Dieu qui nous a été donnée, nous sommes Israël et postérité d’Abraham ; et c’est à nous que l’Apôtre a dit : « Vous êtes donc la postérité d’Abraham f » ; comme il le dit en effet à un autre endroit : « Ce n’est point après la circoncision, mais avant, que la foi d’Abraham lui fut imputée à justice, et ainsi il reçut la marque de la circoncision, comme le sceau de la justice qu’il avait mérité par la foi, lorsqu’il était encore incirconcis, pour être le père de ceux qui croient sans être circoncis, afin que leur foi leur soit également imputée à justice ; et pour être le père des circoncis, qui non seulement ont reçu la circoncision, mais qui suivent les traces de la foi de notre père Abraham, lorsqu’il était encore incirconcis g ». Car il n’est pas seulement père, et selon la chair, du peuple circoncis, lui à qui il fut dit : « Je t’ai établi père de beaucoup de nations ». Or, de beaucoup ne signifie pas de quelques-unes, mais bien de foules, ainsi qu’il est indiqué clairement dans ces paroles : « En loi seront bénies toutes les nations h ». Que nul chrétien donc ne se croie étranger au nom d’Israël. Car nous sommes unis, par la pierre angulaire, à ceux des enfants d’Israël qui embrassèrent la foi, et dont les principaux sont les Apôtres. De là cette parole du Seigneur : « J’ai encore u d’autres brebis, qui ne sont pas de ce bercail ; il me faut les amener, afin qu’il n’y ait plus qu’un seul troupeau et qu’un seul pasteur i ». C’est donc plutôt le peuple chrétien qui est Israël, c’est lui qui est principalement la maison de Jacob, car Jacob et Israël ne sont qu’un même homme. Or, cette foule de Juifs, à qui leur perfidie a valu la réprobation, qui a vendu son droit d’aînesse pour un plaisir charnel, appartient plutôt à Esaü et non à Jacob. Car, vous le savez, tel est le sens de cette parole mystérieuse : « L’aîné servira le plus jeune j ».

3. Quant à l’Égypte, qui signifie affliction, ou celui qui afflige, qui opprime, elle est souvent la figure de ce siècle, dont il faut nous séparer en esprit, pour ne point porter le joug avec les infidèles k. Car on ne devient citoyen de la Jérusalem céleste qu’en renonçant tout d’abord au monde ; de même que le peuple d’Israël ne put être conduit dans la terre des promesses, qu’en sortant d’abord de l’Égypte. Mais, de même qu’il n’en sortit que par le secours de Dieu, qui le délivra ; de même nul cœur humain ne renonce au monde que par le secours de la divine miséricorde. Car ce qui arriva une fois en figure, arrive en cette dernière heure l, comme l’a dit saint Jean, en chacun de ceux qui croient, et que l’Église enfante chaque jour. Écoutez en effet ce que nous apprend, au sujet de ce mystère, le docteur des nations : « Je ne veux pas vous laisser ignorer, mes frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous passé la mer Rouge et qu’ils ont tous été baptisés sous la conduite de Moïse, dans la nuée et dans la mer ; qu’ils ont tous mangé la même viande mystérieuse, et qu’ils ont tous bu le même breuvage mystérieux ; car ils buvaient de la pierre mystérieuse qui les suivait ; et cette pierre était le Christ. Mais la plupart d’entre eux ne furent point agréables au Seigneur, et ils périrent au désert. Or, toutes ces choses étaient des figures qui nous concernent » m. Que voulez-vous de plus, mes frères bien-aimés ? Ce n’est point là un enseignement basé sur l’opinion humaine, mais bien sur le témoignage de l’Apôtre, c’est-à-dire sur le témoignage de Dieu même ; car c’est Dieu qui parlait dans les Apôtres, lui qui faisait retentir son tonnerre par ces nuées, bien qu’elles fussent de chair. Telle est donc la grande autorité qui nous assure que toutes ces choses figuratives du passé s’accomplissent maintenant dans l’affaire de notre salut ; elles étaient donc prédites avant d’être accomplies, et aujourd’hui, lire le passé, c’est connaître le présent.

4. Écoutez quelque chose de plus admirable encore, des mystères cachés sous un voile dans les livres anciens, et en partie révélés par ces mêmes livres. Le prophète Michée parle ainsi : « Je vous montrerai les merveilles comme au jour de votre sortie d’Égypte. Les nations verront et seront confondues de sa force ; elles mettront leurs mains sur leurs bouches, et leurs oreilles seront assourdies ; elles lécheront la poussière comme les serpents qui rampent sur la terre ; elles seront troublées dans leurs demeures, et dans la stupeur en présence du Seigneur Dieu, et vous les jetterez, Seigneur, dans l’épouvante. Qui est semblable à ton Dieu, pour ôter l’iniquité, et oublier les péchés du reste de ton héritage ? Il n’a point répandu sa colère comme un témoignage, parce qu’il fait ses délices de la miséricorde ; mais il reviendra et aura pitié de nous, il déposera nos iniquités, il précipitera toutes vos fautes au fond de l’abîme » n. Vous le voyez, mes frères, Dieu nous révèle ici les mystères les plus saints. Dans ce psaume, dès lors, bien que l’Esprit-Saint nous découvre les merveilles de l’avenir, il semble néanmoins nous entretenir du passé. « Le peuple Juif », dit-il, « fut son peuple saint : la mer le vit et s’enfuit ». Fut, vit, et s’enfuit, sont les expressions du passé. Le Jourdain rebroussa, les montagnes bondirent, la terre fut ébranlée, tout cela est au passé, et néanmoins nous devons l’entendre de l’avenir. Autrement, nonobstant la vérité de l’Évangile, il nous faudrait aussi voir un fait accompli, et non une prophétie de l’avenir, dans cette parole : « Ils ont partagé mes vêtements, et tiré ma robe au sort » o. Bien que ces paroles soient au passé, elles étaient néanmoins une prophétie de ce qui devait arriver si longtemps après, à la passion du Sauveur. Et toutefois, mes frères bien-aimés, le Prophète, que je viens de citer, a voulu ouvrir les yeux les moins clairvoyants pour les faire passer instantanément des choses passées à l’intelligence des choses futures, afin non seulement de nous faire croire, sur l’autorité des Apôtres, que nous étions figurés dans ces actes, mais de nous le montrer par les Prophètes eux-mêmes, en sorte que, après le témoignage de leurs écrits, la vérité que nous découvrons avec certitude nous remplisse de sécurité et de joie, en tirant ainsi du trésor des saintes Écritures des choses nouvelles et anciennes, qui ont un si parfait accord. Bien que le Prophète que je viens de citer n’ait ainsi parlé que fort longtemps après la sortie de l’Égypte, et fort longtemps aussi avant les jours de l’Église, il assure néanmoins, à n’en pas douter, qu’il prédit l’avenir. « Je ferai des prodiges », nous dit-il, « comme à leur sortie de l’Égypte. Les nations le verront et seront confondues ». C’est-à-dire, comme l’a précisé le psaume : « La mer le vit, et s’enfuit ». Or, si ces expressions « vit » et « s’enfuit », qui marquent le temps passé, en figurent un autre qui est à venir, devant ces autres expressions : « Ils verront et seront confondus », qui sont bien au futur, quel homme pourrait penser au passé ? Un peu après le même Prophète nous montre, avec la clarté du jour, que ces ennemis, qui nous poursuivaient pour nous donner la mort, sont bien nos péchés, que le baptême efface et submerge comme la mer engloutit les Égyptiens : « Dieu », nous dit-il, « se plaît à faire miséricorde ; il reviendra, et nous prendra en pitié ; il submergera nos iniquités, et précipitera nos péchés dans la mer ».

5. Qu’est-ce à dire, mes chers frères ? vous, qui vous reconnaissez pour les véritables enfants d’Abraham, qui êtes la maison de Jacob, les héritiers de la promesse, comprenez que vous êtes sortis de l’Égypte, puisque vous avez renoncé au monde, que vous êtes séparés du milieu d’un peuple barbare, eu abjurant par un humble aveu, les blasphèmes des nations. Ce n’est point en effet votre langue, mais la langue barbare, qui ne sait point louer ce Dieu à qui vous chantez l’Alléluia ; c’est en vous que la nation juive a été consacrée à Dieu : « Car le juif n’est point celui qui l’est au-dehors, et la circoncision n’est pas celle qui se faisait sur la chair ; mais le juif est celui qui l’est intérieurement, et la circoncision se fait dans le cœur » p. Interrogez donc vos cœurs ; voyez si la foi les a circoncis, et si la confession les a purifiés, alors c’est en vous que le peuple Juif est consacré à Dieu, en vous que réside son pouvoir sur Israël. Car il vous a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu q.

6. Que chacun de vous se souvienne maintenant du moment où il a résolu d’appliquer son cœur à Dieu, de s’humilier sous son joug qui est si doux, d’abjurer toutes les convoitises du vieil homme et de l’ignorance, de soumettre à Dieu son esprit, en renonçant avec mépris à ce qu’il y a de charnel en ce monde (ce qui était pour lui un labeur sans fruit, comme s’il eût fabriqué sous le joug du démon, des briques en Égypte), alors que la voix de Dieu lui disait : « Venez à moi, vous tous qui souffrez, et qui êtes chargés, et je vous soulagerai r » ; et en vous chargeant du fardeau du Christ, que chacun de vous se souvienne comment tous les obstacles du monde s’aplanirent ; les voix, qui eussent voulu le dissuader, n’osèrent se faire entendre, ou rentrèrent dans le silence, en considérant le nom du Christ honoré et chanté dans toute la terre. Donc, « la mer a vu et a pris la fuite », afin de t’ouvrir un passage sans obstacle à la liberté de l’esprit.

7. Pour savoir comment rebroussa le Jourdain, je ne veux point que vous cherchiez hors de vous-mêmes, ou que vous soupçonniez quelque chose de mauvais. Le Seigneur reproche à quelques-uns de lui tourner le dos et non la face s. Or, quiconque abandonne son principe, et se détourne de son Créateur, tombe dans les eaux amères de ce monde, comme le fleuve dans la mer. Il est donc bon pour lui qu’il remonte vers sa source ; qu’il se trouve face à face avec ce Dieu, auquel il avait tourné le dos ; qu’il laisse bien derrière lui cette mer de ce monde, qu’il avait placée devant lui, et où il précipitait sa chute ; qu’il oublie ainsi tout ce qui est derrière lui pour s’avancer vers ce qui est devant lui t : tel est le bien pour tout homme déjà converti. Oublier ce qui est derrière lui, avant d’être converti, ce serait oublier Dieu, puisqu’il l’a mis derrière et lui a tourné le dos ; et s’avancer vers ce qui est devant lui, ce serait s’avancer vers le siècle, car c’est au siècle qu’il a tourné la face pour s’y précipiter avidement. Le Jourdain est donc la figure de ceux qui ont reçu la grâce du baptême ; et le Jourdain remonte vers sa source, quand ces hommes se tournent vers Dieu, afin de ne plus l’avoir derrière eux, mais de contempler la gloire du Seigneur à visage découvert, et d’être transformés en sa ressemblance de clarté en clarté u.

8. « Les montagnes bondirent comme des béliers » ; c’est-à-dire les saints Apôtres, fidèles dispensateurs de la parole de vérité, les saints prédicateurs de l’Évangile. « Et les collines comme des agneaux v » c’est-à-dire les néophytes à qui l’Apôtre a dit : « Je vous ai engendrés par l’Évangile à Jésus-Christ » ; et encore : « Ce n’est point pour donner de la confusion que je vous écris, mais pour vous avertir, comme des enfants bien-aimés w » ; et encore : « Offrez au Seigneur les petits des béliers x ». Jetez les yeux sur la terre, vous qui savez admirer ces merveilles, qui en ressentez de l’allégresse et chantez des cantiques d’actions de grâces au Seigneur votre Dieu : jetez les yeux, et voyez comment s’accomplissent, parmi les nations, ces prophéties et ces actions figuratives, qui ont devancé de tant de siècles.

9. Voyez et chantez avec le Prophète : « Pourquoi t’enfuir, ô mer ; et toi, Jourdain, pourquoi rebrousser en arrière ; montagnes, pourquoi bondir comme des béliers ; et vous, collines, comme des agneaux y ? » D’où vient, ô monde, que tes obstacles sont impuissants ? et vous, fidèles, répandus par myriades sur la terre entière, comment avez-vous renoncé au monde, pour vous tourner vers Dieu ? D’où vous viennent ces transports de joie, vous à qui l’on dira : « Courage, bon serviteur, parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup z ? » D’où vous vient votre joie, vous à qui l’on dira au dernier jour : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde aa ».

10. Tout vous répondra, et vous vous répondrez à vous-mêmes : « La terre s’est ébranlée devant la face du Dieu de Jacob ab ». Qu’est-ce à dire : « Devant la face du Seigneur », sinon en présence de Celui qui a dit : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles ac ? » Car la terre s’est ébranlée, en effet, elle qui était demeurée dans une langueur coupable, s’est ébranlée pour être solidement affermie devant la face du Seigneur.

11. « C’est lui qui a changé la pierre en un torrent, et les rochers en une source d’eau ad ». Lui-même s’est changé en eau, et ce qui en lui était en quelque sorte solide, s’est liquéfié, afin d’arroser ses fidèles, et d’être en eux une source d’eau vive, jaillissant jusqu’à la vie éternelle ae, parce qu’il se montra, surtout d’abord, à ceux qui ne le connaissaient point. De là ce trouble de quelques-uns qui n’attendirent point que le Christ leur ouvrit les saintes eaux de l’Écriture qui les eussent inondés, et qui s’écrièrent : « Ce discours est dur, et qui peut l’entendre af ? » Telle est la pierre, telle est la dureté convertie en étang d’eau, et ce rocher devint une source d’eau vive, quand, après sa résurrection, il leur montra par tous les Prophètes, à commencer par Moise, que le Christ devait souffrir de la sorte ag, et qu’il leur envoya l’Esprit-Saint, dont il est dit : « Que celui qui a soif vienne à moi, et qu’il boive ah ».

12. « Ce n’est point à nous, Seigneur, ce n’est point à nous, mais à votre nom qu’il faut donner la gloire ai ». Cette grâce, ou cette eau vive, qui s’échappe de la pierre (et la pierre était le Christ aj, n’a pas été donnée en vertu des mérites qui l’auraient précédée ; mais celui qui justifie l’impie ak l’a donnée par un acte de miséricorde. Car c’est pour les impies que le Christ est mort al, afin que les hommes ne cherchassent point leur gloire, mais celle de Dieu.

13. « A cause de votre miséricorde et de votre vérité », ajoute le Prophète. Voyez combien souvent sont unies dans l’Écriture, ces deux vertus, la miséricorde et la vérité. C’est dans sa miséricorde que Dieu appelle à lui les impies, et c’est dans sa vérité qu’il juge ceux qui ont refusé de venir. « Afin que les nations ne disent jamais : Où est leur Dieu am ? » Au dernier jour apparaîtront sa miséricorde et sa vérité, quand le signe du Fils de l’homme se montrera dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre seront dans les larmes, et ne diront point : « Où est leur Dieu ? » car alors on ne leur prêchera plus la foi en lui, mais elles le verront dans sa majesté.

14. « Notre Dieu est au plus haut des cieux ». Non point dans ces mêmes cieux où les nations voient le soleil, la lune, ces œuvres de Dieu, qui sont leurs divinités ; mais notre Dieu est par-dessus les cieux, c’est-à-dire au-dessus de tous les corps, et célestes et terrestres. Il n’habite point le ciel, de manière à craindre que le ciel se retire, et qu’il se trouve ainsi sans aucun siège. « C’est lui qui a fait tout ce qu’il lui a plu dans les cieux et sur la terre » an. Il n’a aucun besoin des ouvrages qu’il a créés, comme pour s’en faire un siège ou une demeure. Mais il subsiste dans son éternité, il y demeure pour faire ce qu’il lui plaît dans le ciel et sur la terre, Les cieux en effet ne le portaient point afin d’être faits par lui, puisque s’ils n’étaient déjà faits, ils ne pourraient le porter. C’est donc lui qui maintient comme ayant besoin de lui ces créatures dans lesquelles il est présent, et non lui qui a besoin d’être contenu en elles. Ces paroles : « Il a fait ce qu’il lui a plu dans le ciel et sur la terre », peuvent encore s’entendre en ce sens que volontairement il répand sa grâce sur ceux de son peuple qui sont élevés, et sur ceux qui sont dans les basses conditions, afin que nul ne se glorifie du mérite de ses œuvres. Que les montagnes en effet bondissent comme des béliers, que les collines tressaillent comme des agneaux, la terre s’est ébranlée devant la face du Seigneur, afin que nul ne demeure éternellement dans les souillures d’ici-bas.
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