fId 27, 28
gExo 32, 15, 16
Deuteronomy 10:4
XV. (Ib 10, 1-4.) 1. Est-ce Dieu ou Moïse qui écrivit sur les secondes tables le texte de la Loi ? – « En ce temps-là le Seigneur me dit : « Taille-toi deux tables de pierre comme les premières, et monte vers moi sur la montagne ; et tu te feras une arche de bois : j’écrirai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières que tu as brisées ; et tu les mettras dans l’arche. Et je fis une arche de bois incorruptible, et je taillai deux tables de pierre semblables aux premières, et je montai sur la montagne, les deux tables dans mes deux mains. Et le Seigneur écrivit sur ces tables, comme il avait fait sur les premières, les dix commandements qu’il vous fit entendre, sur la montagne, du milieu du feu, et il me les donna. » On demande, et ce n’est pas sans raison, pourquoi Moïse, revenant sur des faits positifs, tient un pareil langage dans le Deutéronome, tandis que dans l’Exode, où il a consigné d’abord les discours et les évènements, il a écrit : « Le Seigneur dit ensuite à Moïse : Ecris ces paroles, car c’est dans ces ordonnances que j’ai fait alliance avec toi et avec Israël. Et Moïse demeura là en présente du Seigneur, quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau, et il écrivitsur les tables les paroles de l’Alliance, les dix commandements a. » Pourquoi donc Moïse dit-il, dans l’Exode, qu’il écrivit lui-même les dix commandements de la Loi sur les tables, et pourquoi, dans le Deutéronome, rapporte-t-il que c’est Dieu qui les a écrites 2. Suite. – Déjà nous avons examiné incidemment ce que dit l’Exode à ce sujet et nous avons consigné notre sentiment par écrit ▼▼Exo. Quest. CLXVI.
. On lit, en effet, dans l’Exode, que Dieu lui-même écrivit de son doigt sur les premières tables, qui furent brisées, et que les secondes tables, destinées à demeurer si longtemps dans l’arche et dans le tabernacle, furent gravées par Moïse. Nous demandions d’où venait cette différence ; et nous y avons vu une figure des deux Testaments. Dans l’Ancien, avons-nous dit, la Loi nous apparaît comme l’œuvre de Dieu, où l’homme n’a point de part, car la crainte ne peut mener à l’accomplissement de la Loi, et quand l’œuvre de la Loi se trouve véritablement réalisée, ce n’est pas la crainte, mais la charité, fruit du nouveau Testament, qui agit. Mais les secondes tables, où la main de l’homme grava les commandements de Dieu, signifient que l’homme, animé par l’amour de la, justice, peut accomplir la Loi, tandis qu’il en est incapable, sous l’empire de la crainte du châtiment. 3. Conciliation des deux textes. — D’un autre côté, on lit au Deutéronome : « Je taillai deux tables de pierre, semblables aux premières, et je montai sur la montagne, les deux tables dans mes deux mains, et il écrivit sur les tables, comme il avait fait sur les premières, les dix « commandements : c » le texte ne porte pas : Et j’écrivis, mais. Il écrivit, c’est-à-dire le Seigneur ; de même qu’un peu auparavant Moïse avait dit que Dieu lui avait adressé ces paroles : « Taille-toi deux tables de pierre semblables aux premières, et monte vers moi sur la montagne ; et tu te feras une arche de bois ; j’écrirai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières d. » Une question se présente donc à éclaircir, puisqu’on lit dans ce passage que Dieu écrivit, et sur les premières et sur les secondes tables, sans l’intervention de l’homme. Mais si on lit dans l’Exode lui-même l’ordre que Dieu donne à Moïse de tailler les secondes tables, on n’y trouve rien antre chose que la promesse formelle de Dieu qu’il écrira lui-même sur ces tables. En effet voici le texte : « Le Seigneur dit ensuite à Moïse : Taille-toi deux tables de pierre semblables aux premières, et monte vers moi sur la montagne, et j’écrirai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières que tu as brisées. e » Ainsi, sans parler du Deutéronome, le livre de l’Exode lui aussi nous donne lieu de demander comment Dieu a pu dire : « J’écrirai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières » puisque un peu plus loin nous lisons : « Écris ces paroles, car c’est dans ces ordonnances que j’ai fait alliance avec toi et avec Israël. Et Moïse demeura là en présence du Seigneur, quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau, et il écrivit sur les tables les paroles de l’Alliance, les dix commandements f. » Si ces expressions : « Écris ces paroles, car c’est dans ces ordonnances, que j’ai fait alliance avec toi et avec Israël » se rapportent aux autres ordonnances que Dieu faisait écrire, non sur les deux tables de pierre, mais dans le livre de la Loi où se trouvent consignée une foule de choses ; les paroles qui suivent : « Et Moïse demeura là en présence du Seigneur quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau, et il écrivit sur les tables les paroles de l’Alliance, les dix commandements » montrent évidemment que ce ne fut pas Dieu, mais Moïse, lui-même qui écrivit les dix commandements sur les tables. À moins que nous ne fassions violence au texte, mais une violence nécessaire, en supposant que, dans ce paysage : « Et il écrivit sur les tables les paroles de l’Alliance, les dix commandements » le sujet du verbe est non pas « Moïse » mais « le Seigneur » qui se trouve égaiement dans la phrase précédente : « Et Moïse était là en présence du Seigneur ; » le sens serait donc, que le Seigneur, en présence duquel Moïse se tint, pendant quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau, écrivit lui-même les dix commandements sur les tables conformément à la promesse qu’il en avait faite. 4. Sens mystérieux des textes précités. – S’il en est ainsi, il ne faut plus trouver dans ce passage cette mystérieuse différence entre les deux testaments, qui nous y était apparue, puisque, Dieu seul, à l’exclusion de l’homme, a écrit sur les premières et sur les secondes tables : toutefois il est un fait qui ne laisse aucun doute, c’est que Dieu lui-même fit les premières tables, et ce fut lui aussi qui écrivit sur elles. En effet Dieu ne dit pas alors à Moïse : « Taille-toi deux tables » mais voici ce que nous lisons : « Moïse, s’étant retourné descendit de la montagne, les deux tables du témoignage dans les mains ; les deux tables de pierre étaient écrites de deux côtés, en dedans et en dehors ; et ces tables étaient l’ouvrage de Dieu, et l’écriture était l’écriture de Dieu, gravée sur les tables g. » Déjà précédemment il avait dit que ces tables étaient écrites du doigt de Dieu : « Le Seigneur, ayant achevé de parler à Moïse sur la montagne du Sinaï, lui donna aussitôt les deux tables de l’alliance, lesquelles étaient de pierre, et écrites du doigt de Dieu h. » Les premières tables étaient donc l’ouvrage de Dieu et – leur – écriture faite par le doigt de Dieu. Mais quant aux secondes tables, l’ordre est donné à Moïse de les tailler ; ainsi c’est le travail de l’homme qui les a préparées, bien que ce soit Dieu lui-même qui ait écrit sur testables, comme il l’avait promis, quand il ordonnait de les tailler. Or, si nous y prenons bien garde, voici le motif de ces deux faits, qui sont mentionnés à propos des secondes tables : Dieu, par sa grâce, accomplit l’œuvre de la Loi dans l’homme, et l’homme, de son côté, recevant par la foi la grâce divine, don du Testament nouveau, coopère au secours divin. Quand il est question des premières tables, il n’est fait mention que de l’ouvrage de Dieu, parce que la Loi est spirituelle, « la loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon. i » Et s’il n’y est fait nullement mention de l’œuvre de l’homme, c’est que les hommes infidèles ne coopèrent pas à la grâce qui leur vient en aide, mais au contraire, « ne connaissant pas « la justice de Dieu, et s’efforçant d’établir la leur, ils ne se soumettent point à la justice de Dieu j : » aussi la Loi contient-elle leur condamnation, et c’est ce qui est marqué par le brisement des tables. Rien ne nous oblige donc à faire violence au texte, à sous-entendre que Dieu lui-même écrivit sur les tables, quand il est dit : « Moïse demeura là en présence du Seigneur, quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau, et il écrivit sur les tables les paroles de l’alliance k » le sens bien clair est que ce fut Moïse qui écrivit. Mais si précédemment Dieu promit d’écrire sur les tables l, et si nous lisons dans le Deutéronome, non seulement qu’il en fit la promesse, mais encore qu’il la réalisât m, c’était, en figure, ce qu’enseigne l’Apôtre : « Dieu lui-même opère en vous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir n » ce qui arrive dans ceux qui reçoivent la grâce par la foi, et qui loin de vouloir s’appuyer sur leur propre justice, se soumettent à la justice divine, afin d’être eux – mêmes la justice de Dieu en Jésus-Christ. L’Apôtre, en effet, établit ces deux choses : que Dieu opère, et que les hommes opèrent aussi de leur côté, car si les hommes s n’agissaient pas, de quel droit leur dirait-il : « Opérez votre propre salut avec crainte et tremblement o ? » Dieu donc opère, et nous, nous coopérons. Loin de le détruire, il aide le libre choix de la bonne volonté.
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