Deuteronomy 5:5-6
X. (Ib 5, 5.) 1. Présence et ubiquité de Dieu. – Quelle est la signification de ces mots : « Je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous annoncer les paroles du Seigneur ? » Ne semblent-ils pas faire entendre que Dieu se trouvait en un lieu déterminé, c’est-à-dire, sur la montagne, d’où les voix descendaient jusqu’au peuple ? Il ne faut pas les interpréter en ce sens, que la substance de Dieu fût en un lieu quelconque sous une forme corporelle, car Dieu est tout entier en tous lieux, et ne s’approche ni ne s’éloigne à notre manière : mais il n’est pas possible de présenter autrement à notre sens humain les rapports de Dieu avec une créature, qui n’est pas ce qu’il est lui-même. Aussi Notre-Seigneur voulant ôter de notre esprit cette idée erronée que Dieu est contenu en un lieu quelconque, dit-il : « L’heure viendra où vous n’adorerez plus le Père ni sur cette montagne, ni dans Jérusalem. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; pour nous, nous adorons ce que nous connaissons : car le salut vient des Juifs. Mais le temps vient, et il est déjà venu où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. Car ce sont là les adorateurs que le Père aime. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité a. » Moise ne dit donc pas qu’il se tenait entre la substance de Dieu et le peuple, en un point déterminé de l’espace, mais qu’il fut l’intermédiaire dont Dieu se serait servi pour publier ses autres commandements, à partir du jour où le désir lui en fut témoigné par le peuple, qu’avait effrayé la voix du Seigneur proclamant du milieu des flammes le Décalogue de la Loi. 2. Explication grammaticale. – On demande, et avec raison, dans quel sens il faut prendre ces paroles de Moïse, que nous lisons au livre du Deutéronome : « Je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous annoncer les paroles du Seigneur ; car vous avez craint à la vue du feu et vous n’êtes point montés sur la montagne, disant : Je suis le Seigneur ton Dieu » et ce qui suit b : comme dans le Décalogue, où nous avons vu Dieu lui-même dire déjà la même chose ? Pourquoi donc Moïse a-t-il ajouté ce mot : disant ? Si nous voulons voir ici une transposition et que nous construisions la phrase de cette sorte : « Je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous annoncer les paroles du Seigneur, en disant : Je suis le Seigneur ton Dieu » le fait rapporté ne sera plus vrai. Car ce n’est pas Moïse qui a dit ces paroles au peuple, mais le peuple lui-même les a directement entendues du milieu des flammes ; et comme il tremblait en entendant la voix de Dieu promulguer le Décalogue, il demanda comme une grâce que Moïse lui servit de médiateur pour entendre le reste. Notre dernière ressource est donc d’admettre que « disant » a été mis pour : « lorsqu’il disait ; » ainsi le sens serait celui-ci : « Je me tenais alors entre le Seigneur et vous, pour vous annoncer les paroles du Seigneur ; car vous avez craint à la vue du feu, et vous n’êtes pas montés sur la montagne, lorsqu’il disait : Je suis le Seigneur ton Dieu. » Lorsqu’il disait, c’est-à-dire, lorsque le Seigneur disait. En effet, tandis que le Seigneur prononçait toutes ces paroles du Décalogue, rappelées par Moïse dans ce passage, le peuple fut épouvanté à la vue des flammes et ne monta point sur la montagne ; mais il demanda que les paroles de Dieu lui fussent de préférence apportées par Moïse c. 3. La même pensée peut-être exprimée de plusieurs manières. – Moïse rappelle, dans le Deutéronome, ce que le peuple lui dit, lorsqu’il se refusait à entendre la voix de Dieu, et lui demandait d’être à son égard l’intermédiaire dont Dieu se servirait pour faire connaître ses volontés. « Voici, fait-il dire au peuple, que le Seigneur notre Dieu nous a montré sa gloire, et que nous avons entendu sa voix du milieu des flammes etc d. » Or, il n’y a pas identité parfaite entre ces paroles et celles de l’Exode e, dont elles sont la répétition. Apprenons de là, comme je l’ai déjà observé à plusieurs reprises, qu’une même pensée peut être rendue en des termes tout à fait différents, sans qu’il y ait pour cela altération de la vérité : nous trouvons un autre exemple dans les paroles des Évangélistes, où des esprits superficiels et mal intentionnés signalent à tort quelques contradictions. Eût-il été si difficile à Moïse de se reporter à ce qu’il avait écrit dans l’Exode, et de se citer lui-même textuellement ? Mais il appartenait à nos Saints docteurs d’apprendre à ceux qu’ils instruisent, qu’il ne faut chercher dans des paroles que la traduction de la pensée, puisque les mots n’ont pas d’autre but.
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