‏ Exodus 12:19

XLI. (Ib 12, 10-46.) Que restait-il à brûler de l’agneau pascal ?

– « S’il en reste quelque chose le matin, vous le brûlerez au feu. » On peut demander comment il restera quelque chose, puisque l’ordre est donné de prendre avec soi des voisins, si la maison ne contient pas un nombre suffisant de personnes pour manger l’agneau. Mais comme il a été dit : « Vous ne briserez pas ses os » les os certainement étaient de reste, et le feu devait les consumer.

XLII. (Ib 12, 5.) Sur l’agneau pascal.

— « Vous prendrez un agneau parfait, mâle et âgé d’un an. » Cette expression, agnus masculus, comme si un agneau pouvait n’être pas mâle, peut embarrasser celui qui ignore la raison impérieuse de cette traduction. Il a fallu traduire par ovis, brebis, parce que le grec porte πρόβατον; mais πρόβατον, en grec, est du neutre, et tout ce qui suit s’accorde en genre avec ce mot ; c’est comme si on disait : Pecus perfectum, masculum, anniculum erit vobis. On peut dire en latin : masculum pecus, comme on dit : mascula thura, au neutre ; mais on ne pourrait pas dire : ovis masculus, une brebis mâle, parce que ovis, brebis, est du genre féminin. Si on disait une brebis mâle, ce serait une grande absurdité. Et si l’on se servait du mot pecus, le sens serait encore altéré, et l’on ferait disparaître le sens mystérieux de l’Écriture, qui, après avoir parlé de la brebis, ajoute : « Vous la prendrez parmi les agneaux et les chevreaux. » C’est avec raison que l’on voit le Christ désigné dans ce passage. Qu’était-il nécessaire en effet d’avertir qu’il fallait prendre la brebis ou l’agneau parmi les agneaux et les chevreaux, si ce trait ne figurait celui dont la généalogie charnelle compta parmi ses membres des justes et des pécheurs ? Quoique les Juifs s’attachent à démontrer qu’il fallait prendre aussi un chevreau pour la célébration de la Pâque, et que, suivant eux, ces mots : « prendre parmi les agneaux et les chevreaux » signifient qu’il fallait choisir un agneau parmi les agneaux, où, à son défaut, un chevreau parmi les chevreaux ; cependant la réalité accomplie dans le Christ fait bien voir ce qui était figuré dans ce commandement.

XLIII. (Ib 12, 14.) Sur le mot éternel.

– S’il est écrit : « Vous ferez en ce jour, de race en race, une fête légale qui durera toujours » ou bien, « une fête éternelle » αἲώνιον, selon le texte grec, ce n’est pas à dire qu’il y ait aucun jour de cette vie passagère doué d’une durée éternelle ; mais ce qui est éternel, c’est l’objet signifié par ce jour ; comme quand nous disons que Dieu est éternel, ce n’est pas certainement à ce mot DIEU, mais à ce qu’il signifie que nous attribuons l’éternité. Néanmoins il faut rechercher avec soin en quel sens l’Écriture emploie souvent ce mot éternel ; peut-être Dieu dit-il que ce jour sera solennisé éternellement, pour montrer qu’il ne serait pas permis de le transgresser ou de le changer, de sa propre autorité. Car autre chose est de commander ce qui ne doit se faire qu’en une circonstance déterminée : tel fut l’ordre donné à Josué de faire avec l’arche sept fois le tour de Jéricho a : autre chose est de poser un commandement, dont la solennelle observation n’aura jamais de terme et sera quotidienne, ou mensuelle, ou annuelle, ou bien encore fixée à une période régulière de plus ou moins d’années. Donc, ou bien ce que l’Écriture appelle éternel, signifie que les Hébreux ne devront jamais se permettre de mettre un terme à la célébration de la Pâque ; ou bien, je le répète, il faut appliquer cette qualification non aux signes mais aux choses qu’ils désignent.

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