aSag 3, 2
bSir 11, 14

‏ Exodus 32

CXLI. (Ib 32, 2.) Sur le Veau d’or.

— Quand Aaron exige que « les femmes et les filles se dépouillent de leurs pendants d’oreilles » pour qu’il leur en lasse des dieux, on peut raisonnablement penser qu’il leur impose ce pénible sacrifice, afin de les détourner de leur projet. Cette grande privation qu’elles se sont imposée pour avoir tout l’or nécessaire à la fabrication d’une idole, j’ai cru devoir la remarquer à l’adresse de ceux qui s’attristent quand Dieu ordonne de faire ou de supporter patiemment, quelque chose de semblable pour obtenir la vie éternelle.

CXLII. (Ib 32, 8.) Pensée interprétée.

– Le Seigneur, faisant connaître à Moïse la conduite de son peuple à propos du veau, c’est-à-dire, de l’idole qu’il a faite de son or, lui dit qu’ils se sont écriés : « Israël, ce sont là tes dieux qui t’ont tiré de l’Égypte. » On ne lit pas qu’ils aient tenu ce langage, mais Dieu fait connaître la pensée qui les animait. Le sentiment qu’expriment ces paroles était dans leur cœur, et Dieu ne pouvait l’ignorer.

CXLIII. (Ib 32, 14.) Quand Dieu fait du mal, il n’est pas méchant, il est juste.

– « Et le Seigneur s’apaisa, pour ne point faire à son peuple le mal dont il avait parlé. » C’est un châtiment qu’il veut dire, comme dans ce passage : « Leur sortie de ce monde a été considérée comme un mal a. » Il est dit dans le même sens que « le bien et le mal viennent de Dieu b » il n’est pas question ici de la malice propre à l’homme méchant. Dieu n’a point de malice ; mais il envoie des maux aux méchants, parce qu’il est juste.

CXLIV. (Ib 32, 16.) Moïse brise les deux tables de la Loi.

– Nous voyons Moïse, dans sa colère, jeter et briser les tables du témoignage écrites du doigt de Dieu : profond mystère qui symbolise le second Testament, l’ancien devant un jour disparaître pour faire place au nouveau. Il est bon de le remarquer : si Moïse fut si sévère dans son indignation et sa vengeance, que ne fit.ilauprès du Seigneur pour obtenir grâce en faveur de son peuple ? Ailleurs, dans notre ouvrage contré Fauste, le manichéen
Cont, Faust.liv. 22, ch. 93.
, nous avons exposé comment, selon nous, il fallait interpréter sa conduite, quand il brise et met dans le feu le veau coulé en fonte, puis en jette la poussière dans l’eau et la fait boire au peuple.

CXLV. (Ib 32, 24.) Excuse d’Aaron.

— « Ils m’ont donné leur or, je l’ai jeté dans le feu, et ce veau en est sorti. » Aaron s’explique sommairement ; il ne dit pas qu’il a lui-même jeté en fonte les pendants-d’oreilles, afin d’en former un veau. A-t-il menti sous l’inspiration de la crainte et dans l’intention de s’excuser, en donnant à entendre qu’il avait jeté au feu cet or périssable et qu’un veau en était sorti à son insu ? Il n’est pas croyable que son langage ait été dicté par une pensée semblable ; car Moïse, avec qui Dieu daignait converser, ne pouvait ignorer sa pensée intime, et en réalité il ne lui a point reproché de mensonge.

CXLVI. (Ib 32, 25.) Aaron responsable des fautes du peuple.

– « Moïse ayant vu que le peuple était dépouillé, car Aaron les dépouilla, au point qu’ils devinrent un sujet de joie pour leurs ennemis. » Remarquons ici qu’Aaron est chargé de tout le mal commis par ce peuple, pour avoir consenti à satisfaire leur coupable demande. Le texte porte en effet : « Aaron les dépouilla » parce qu’il céda à leur exigence, plutôt que de dire : ils se sont dépouillés eux-mêmes, quand ils ont voulu un si grand mal.

CXLVII. (Ib 32, 31-32.) Prière et dévouement de Moïse.

– Lorsque Moïse adressa à Dieu cette prière : « Ce peuple à commis un grand péché, et ils se sont fait des dieux d’or ; mais maintenant, je vous conjure, si vous leur pardonnez leur péché, pardonnez-le ; sinon effacez-moi de votre livre, que vous avez écrit » il parle avec l’assurance que son raisonnement aura d’heureuses conséquences, c’est-à-dire que Dieu pardonnera au peuple ce péché, parce qu’il ne voudra pas effacer Moïse de son livre. Il faut remarquer toutefois quel grand mal Moïse voyait dans ce péché, puisqu’il crut devoir l’expier par des flots de sang, lui qui, dans son amour pour les siens, trouva en leur faveur des paroles si généreuses.

CXLVIII. (Ib 32, 35.) Aaron pardonné.

– Il est dit plus haut qu’Aaron avait dépouillé le peuple : pourquoi donc, demande-t-on et à bon droit, nul châtiment ne vint-il l’atteindre, ni lorsque Moïse fit mettre à mort par les Lévites en armes tous ceux qu’ils rencontrèrent en passant et en repassant d’une porte à l’autre ; ni lorsque se réalisa, dans la suite, cette prédiction de l’Écriture : « Et le Seigneur frappa le peuple à cause du veau d’or, qu’avait fait Aaron ? » Qu’on note bien surtout que dans ce passage la même pensée se trouve mentionnée de nouveau. En effet nous ne lisons pas : « Le Seigneur frappa le peuple à cause du veau » qu’ils firent, mais « que fit Aaron : » et cependant Aaron ne fut pas châtié ; il y a plus : Dieu fit exécuter les commandements qu’il avait donnés au sujet de son sacerdoce avant son péché. Il lui ordonna seulement de se purifier lui et ses enfants, avant d’exercer les fonctions du sacerdoce. Dieu sait donc qui il épargne jusqu’à ce qu’il s’améliore, et qui il épargne pour un temps, voyant dans sa prescience qu’il ne s’amendera pas ; qui il n’épargne pas pour le convertir, et qui il n’épargne pas sans aucun espoir de changement : tout ceci revient à cette exclamation de l’Apôtre : « Que les jugements de Dieu sont impénétrables, et ses voies incompréhensibles d ! »

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