Exodus 4:23
XI. (Ib 4, 24-25.) Sur la rencontre de Moïse avec l’Ange qui vient le mettre à mort. – « Et il arriva que l’Ange se présenta à lui dans le chemin, au moment du repas, et cherchait à le mettre à mort ; et Séphora, ayant pris une pierre, circoncit la chair de son fils ; et elle se jeta à ses pieds et dit : Le sang de la circoncision de mon fils s’est arrêté. Et l’Ange se retira de lui ; c’est pourquoi Séphora dit : Le sang de la circoncision a cessé. » Sur ce texte on fait d’abord cette question : était-ce Moïse que l’ange voulait mettre à mort, puisqu’il est dit : « L’ange vint au-devant de lui et cherchait à le faire mourir ? » Car à qui pensera-t-on que l’ange se présenta, si ce n’est à celui qui était en tète de tous les siens et leur servait de guide ? Ou bien l’ange voulait-il la mort de l’enfant, que sa mère sauva par l’opération de la circoncision ? Dans ce cas, l’Ange aurait voulu la mort de l’enfant parce qu’il n’était pas circoncis, et ce châtiment sévère eût été la sanction du précepte de la circoncision. S’il en est ainsi, on ne voit pas à qui s’appliquent ces paroles qui précèdent : « Il cherchait à le mettre à mort » il faut rester dans l’ignorance à ce sujet, à moins que la suite ne le découvre. Assurément l’Écriture, se sert d’une locution fort extraordinaire, quand elle dit : « Il se présenta à lui et cherchait à le tuer » à propos de quelqu’un dont elle n’avait pas parlé auparavant. Mais la même manière de parler se trouve dans le Psalmiste : « Ses fondements sont établis sur les montagnes saintes ; le Seigneur aime les portes de Sion a. » Tel est en effet le début du Psaume, et rien n’avait été dit auparavant de celui ou de celle à qui il est fait allusion dans ces paroles : « Ses fondements sont établis sur les montagnes saintes. » Mais, comme il est dit ensuite : « Le Seigneur aime les portes de Sion » il est question nécessairement dans ce passage des fondements du Seigneur ou de Sion, et mieux, dans un sens plus naturel, des fondements de cette cité. Toutefois comme le pronom ejus est d’un genre indéterminé (car il est de tout genre, masculin, féminin et neutre,) tandis qu’en grec on dit ἀυτὴς au féminin, et ἀυτοῦ pour le masculin et le neutre, et que le texte grec porte du ἀυτοῦ, il s’agit évidemment ici, non point des fondements de Sion, mais des fondements du Seigneur, c’est-à-dire, de ceux qu’il a établis conformément à ces paroles : « C’est le Seigneur qui bâtit Jérusalem b. » Et cependant avant de dire : « Ses fondements sont établis sur les montagnes saintes » le Psalmiste n’avait parlé ni de Sion ni du Seigneur ; de même, ici, sans qu’il eût été fait mention de l’enfant, il est dit : « Il se présenta à lui, et cherchait à le mettre à mort » et c’est parla suite du récit que nous découvrons de qui il est question. Néanmoins si quelqu’un préfère appliquer ce passage à Moïse, il ne faut pas beaucoup disputer avec lui sur ce point. Mieux vaut, s’il est possible, avoir l’intelligence de ce qui suit : Pourquoi l’Ange se garda-t-il de mettre à mort l’un ou l’autre, quand la femme eut dit : « Le sang de la circoncision de l’enfant s’est arrêté ? » Car l’Écriture ne dit pas l’Ange laissa l’enfant, parce que sa mère le circoncit, mais, parce que le sang de la circoncision s’arrêta ; non parce qu’il sortit à flots, mais parce qu’il cessa de couler. Si je ne me trompe, il y a ici un grand mystère. XII. (Ib 4, 20.) Contradiction apparente. – Il est dit que Moïse mit sa femme et ses enfants sur des chars, pour se rendre avec eux en Égypte, et plus loin, que Jéthro, son beau-père, vient au-devant de lui avec les mêmes personnes, après que Moïse a tiré son peuple de l’Égypte c ; on peut demander comment la vérité s’accorde avec ces deux passages. Mais il faut croire que Séphora reprit avec ses enfants le chemin de son pays, lorsque l’Ange menaça de mort Moïse ou l’enfant. Car, au sentiment de plusieurs interprètes, l’Ange mit l’épouvante dans son âme, afin que la compagnie d’une femme ne fût point un obstacle à la mission que Moïse avait reçue de Dieu.
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