apId 28,2
Galatians 3:29
18. Le Christ proscrit par les Galates. — Il a donc, raison de s’écrier : « O Galates insensés, qui vous a fascinés ? » Il ne leur parlerait pas de la sorte, si jamais ils n’avaient fait de progrès dans la vertu, s’il n’y avait en eux relâchement. « Vous aux yeux de qui le Christ a été proscrit, « après avoir été crucifié a » c’est-à-dire, vous qui avez vu le Christ Jésus perdre son héritage et son domaine. Ne lui enlevait-on pas effectivement son héritage, ne l’en chassait-on pas, lui le Seigneur souverain, quand de la grâce de la foi qui assure au Christ le domaine des peuples, on détachait les croyants pour les rattacher aux œuvres de la Loi, puisque la grâce et la foi lui accordaient le droit de demeurer en eux ? Or l’Apôtre veut montrer que cela est arrivé parmi ces Galates ; c’est pourquoi ces mots : « Vous sous les yeux de qui. » N’était-ce pas bien sous leurs yeux, puisque c’était en eux-mêmes ? Si après ces paroles : « Jésus-Christ a été proscrit ». Il ajoute : « Lui qui a été crucifié » c’est pour les toucher davantage en leur rappelant combien lui a coûté ce domaine qu’ils lui faisaient perdre ; ce qui était plus que de leur dire, comme un peu plus haut, qu’il était donc mort en vain, puisque c’était faire entendre qu’il n’était point parvenu à posséder ce qu’il avait payé de son sang. Il est vrai, on enlève à un proscrit ; cette proscription toutefois ne nuit en, rien au Christ qui par sa divinité n’en reste pas moins le Seigneur de toutes choses ; mais elle nuit à son domaine qui n’est plus cultivé par sa grâce. 19. La Loi ancienne divisée est deux parties. – L’Apôtre commence, à partir d’ici, à montrer comment, sans les œuvres de la Loi, la, grâce de la foi suffit pour justifier. Il veut que personne ne puisse dire : Ce n’est pas aux œuvres légales que je rapporte toute la justification de l’homme, mais je ne l’attribue pas non plus tout entière à la grâce de la foi ; le salut vient en même temps de la loi et de la foi. Pour traiter avec soin cette question et ne rien confondre, on doit savoir d’abord qu’il y a dans la loi deux sortes d’œuvres : les œuvres mystérieuses et les œuvres morales. Des œuvres mystérieuses font partie la circoncision de la chair, le sabbat matériel, les néoménies, les sacrifices et toutes les innombrables observances de ce genre. Aux œuvres morales se rapportent : « Tu ne tueras point, tu ne seras point adultère, tu ne feras point de faux témoignage b » et autres préceptes semblables. Est-il donc possible que l’Apôtre se soucie aussi peu qu’un chrétien sois homicide ou inoffensif, adultère ou chaste, qu’il se soucie peu de le savoir circoncis ou incirconcis Aussi est-ce surtout des œuvres mystérieuses qu’il s’occupe maintenant, tout en faisant entendre que parfois il y joint aussi – des œuvres morales. C’est vers la fin de son Épître qu’il parlera spécialement de ces dernières, et il le fera en peu de mots, au lieu qu’il traite plus longuement des autres. Les fardeaux dont il ne veut pas qu’on charge les Gentils sont donc les observances mystérieuses, dont l’utilité est qu’on en ait l’intelligence ; car lorsqu’on les explique aux chrétiens, c’est pour leur en faire comprendre le sens et non pour les obliger à les pratiquer. Si on n’a pas le sens de ces observances cérémonielles, elles ne sont qu’une servitude, c’est celle qui pesait et qui pèse encore sur le peuple Juif ; mais si tout à la fois on les pratique et on les comprend, non seulement elles ne sont pas nuisibles, elles sont même tant soit peu utiles, pourvu qu’elles soient en harmonie avec le temps où l’on vit ; c’est ainsi que s’y sont soumis Moïse et les Prophètes envoyés à l’époque convenable vers ce peuple à qui ce genre de servitude était nécessaire pour le maintenir dans la crainte. Rien en effet n’inspire à l’âme une pieuse terreur, comme une pratique mystérieuse dont elle ne comprend pas le sens ; mais une fois qu’elle le comprend, elle y trouve une sainte joie et s’en acquitte avec l’esprit de liberté, si cette observance est en rapport avec l’époque. N’y est-elle plus en rapport ? On en lit et on en explique toujours le sens avec un plaisir tout spirituel. Ajoutons que le sens d’une observance cérémonielle se rapporte ou à la contemplation de la vérité, ou aux bonnes mœurs. La contemplation de la vérité n’a trait qu’à l’amour de Dieu ; les bonnes mœurs comprennent l’amour de Dieu et l’amour du prochain, les deux commandements auxquels se rattachent toute la Loi et les Prophètes c. Maintenant donc voyons comment la circoncision charnelle et les autres observances légales du même genre ne sont pas nécessaires avec la grâce de la foi. 20. L’Esprit-Saint donné en dehors des observances légales d. – Je voudrais seulement savoir de vous ceci : Est-ce par les œuvres de la loi que vous avez reçu l’Esprit, ou par l’audition de la foi ? » Réponse : C’est sans aucun doute par l’audition de la foi. Ce fut en effet l’Apôtre qui leur prêcha la foi et ce fut pendant sa prédication qu’ils s’aperçurent de la descente en eux et de la présence de l’Esprit-Saint ; car dans ces premiers temps où on appelait à la foi, le Saint-Esprit révélait sa présence par des miracles même sensibles, ainsi que nous le lisons dans les Actes des Apôtres e. Les Galates l’avaient donc reçu avant l’arrivée parmi eux des faux docteurs qui voulaient les séduire et les circoncire ; et voici la pensée de saint Paul : Si votre salut était attaché à ces pratiques légales, l’Esprit-Saint ne se serait pas donné à vous sans que vous fussiez circoncis. Il ajoute : « Êtes-vous assez insensés pour finir maintenant par la chair, quand vous avez commencé par l’Esprit ? » C’est la même pensée déjà exprimée dès le début en ces termes : « Seulement il en est qui sèment le trouble parmi vous et qui veulent renverser l’Évangile du Christ f. » Effectivement le trouble est contraire à l’ordre ; mais l’ordre est de s’élever du charnel au spirituel, et non de tomber du spirituel au charnel comme avaient fait les Galates. Ceci était aussi un renversement de l’Évangile, attendu que ce qu’il n’est pas bon d’annoncer ne saurait être l’Évangile. S’il dit ensuite : « Vous avez tant souffert » c’est que les Galates avaient déjà beaucoup enduré pour la foi. Or, ce n’était pas avec crainte et comme s’ils eussent été assujettis à la Loi ; bien plutôt ils avaient dans leurs souffrances surmonté la crainte par la charité, car la charité avait été répandue dans leurs cœurs par le Saint-Esprit qu’ils avaient reçu g. « Serait-ce donc en vain que vous avez tant souffert » vous qui voulez retomber dans la crainte, après avoir tant enduré avec charité ? Si toutefois c’est en vain » que vous avez tant souffert. Ce qui se fait simplement en vain est superflu ; ce qui est superflu ne nuit ni ne profite ; mais n’ont-ils pas souffert pour leur malheur ? Car il y a de la différence entre ne pas s’élever et tomber. Toutefois ils n’étaient pas tombés encore, mais ils penchaient seulement, puisque en eux agissait encore l’Esprit-Saint, comme le prouve la suite du texte.« Celui donc qui vous communique l’Esprit et qui opère parmi vous des miracles le fait-il par les œuvres de la Loi ou par l’audition de la foi ? » Réponse : C’est assurément par l’audition de la foi, comme ##Rem ira été dit plus haut. Vient ensuite l’exemple du patriarche Abraham, dont il est parlé plus amplement et plus clairement encore dans l’Épître aux Romains h. Or ce qu’il y a de péremptoire dans cet exemple, c’est que le patriarche n’était pas circoncis encore lorsque sa foi lui fut imputée à justice et lorsque certainement pour l’en récompenser il lui fut dit : « C’est en toi que seront bénies toutes les nations i » mais si elles imitent la foi qui le justifia avant la circoncision, emblème de sa foi, et bien avant toutes les servitudes légales, car la Loi ne fut donnée que bien plus tard. 21. Récompense temporelle, des observances légales j. – Dans ces mots : « Car tous ceux qui s’appuient sur les œuvres de la loi sont sous la malédiction » sous la malédiction signifie sous le joug de la crainte et non en liberté ; attendu qu’une vengeance temporelle et actuelle menaçait tous ceux qui ne se maintenaient point, pour les pratiquer, dans toutes les observances que prescrivait le livre de la Loi ; et que de plus on voyait dans ces châtiments corporels la honte redoutable d’une malédiction. Mais pour être justifié devant Dieu, il suffit de le servir gratuitement, c’est-à-dire sans le désir d’obtenir de Lui et sans la crainte de perdre autre chose que Lui. Car en lui seul est notre vraie et parfaite béatitude ; et comme il est invisible aux yeux du corps, c’est par la foi que nous le servons tant que nous sommes retenus dans cette chair. « Si je vis maintenant dans la chair, a dit plus haut l’Apôtre, je vis en la foi du Fils de Dieu k ;» or cette vie fait la justice, car il dit expressément : « Le juste vit de la foi » et cela pour montrer que nul ne trouve sa justification dans la Loi. Ainsi donc il faut ici entendre par la Loi ce qu’ici même il nomme les œuvres de la Loi, en parlant de ceux qui sont soumis à la circoncision et aux autres observances de même nature, et dont aucun ne vit dans la Loi sans vivre sous la Loi. Une preuve que maintenant il appelle Loi les œuvres mêmes de la Loi, c’est ce qu’on va voir dans la suite du texte. « La Loi ne s’appuie pas sur la foi, dit-il en effet ; au contraire celui qui observera ces préceptes vivra par eux. » Nous ne lisons pas : Celui qui l’observera vivra par elle ; et c’est ce qui doit te convaincre que la Loi désigne ici les œuvres de la Loi. Comme ceux qui vivaient par ces œuvres craignaient de subir, en ne les accomplissant pas, soit le supplice de la lapidation ou de la croix, soit tout autre châtiment analogue, il s’ensuit qu’il est dit avec raison : « Celui qui les accomplira vivra par elles » en d’autres termes, obtiendra pour récompense de n’être pas puni de cette espèce de mort. Conséquemment il n’est pas justifié devant Dieu, puisqu’en mourant après avoir vécu de foi en lui, c’est lui surtout que l’on parviendra à posséder et à contempler de tout près comme récompense suprême. Conséquemment encore on ne vit pas de la foi quand le désir ou la crainte se bornent aux choses présentes qui frappent la vue ; car la foi divine a pour objet les biens invisibles dont on ne jouira que plus tard. Aussi bien y a-t-il dans ces œuvres légales une espèce de justice, puisqu’elles ne sont pas sans récompense, puisqu’en les accomplissant on vivra par elles. Voilà pourquoi l’Apôtre écrit aux Romains : « Si Abraham a été justifié part les œuvres, il a de quoi se glorifier, mais non pas devant Dieu l. » Il y a donc une différence entre n’être pas justifié et être justifié devant Dieu. N’être aucunement justifié, c’est ne faire ni ce qui mérite récompense temporelle, ni ce qui mérite récompense éternelle ; mais être justifié par les œuvres de la Loi sans être justifié devant Dieu, c’est avoir droit à une récompense temporelle et sensible ; ce qui est, je le répète, comme une justice terrestre et charnelle ; aussi l’Apôtre donne-t-il le nom de justice à la fidélité à ces observances, quand il dit ailleurs que quant à la « justice de la Loi, il a vécu sans reproche m. » 22 Le Christ devenu malédiction pour nous n. – Aussi pour en affranchir les croyants, Jésus-Christ Notre-Seigneur n’a-t-il pas accompli à la lettre quelques-unes de ces observances ; et ses disciples ayant rompu, le jour même du sabbat, des épis pour apaiser leur faim, il répondit à ceux qui s’en scandalisaient que le Fils de l’homme était le Maître du sabbat même o. Ce fut en n’observant pas à la lettre ces sortes de pratiques qu’il alluma contre lui la haine des hommes charnels ; et s’il accepta le châtiment dont étaient menacés ceux qui n’accomplissaient pas ces observances légales, ce fut pour affranchir les siens de la peur de ce supplice. À cela se rapportent les paroles suivantes de l’Apôtre : « Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, en devenant malédiction pour nous, car a il est écrit : Maudit quiconque est pendu aubois. » Pour qui comprend cette pensée dans le sens spirituel, elle est un symbole d’affranchissement. La prend-on dans le sens littéral c’est le joug et l’esclavage, si on est juif ; un voile d’aveuglement, si on est païen ou hérétique. Il est vrai, quelques-uns des nôtres, trop peu versés dans la science des Écritures, ont une frayeur exagérée à la vue de cette phrase ; et tout en recevant les livres de l’ancien Testament avec la piété qui leur est due, ils ne croient pas que ces paroles s’appliquent au Seigneur, mais au traître Judas. Aussi, remarquent-ils, il n’est pas écrit : « Maudit quiconque » est attaché au bois, mais : « est pendu au bois » ce qui ne se rapporte pas au Seigneur, mais à ce misérable qui s’est pendu. C’est se tromper étrangement et ne pas considérer qu’on s’en prend à l’Apôtre même, car c’est lui qui dit : « Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, en devenant malédiction pour nous ; car il est écrit : « Maudit quiconque est pendu au bois. » Ainsi, c’est bien Celui qui s’est fait malédiction pour nous qui a été pendu au bois ; autrement c’est le Christ, le Christ qui nous a rachetés de la malédiction de la Loi, afin que nous n’allions plus chercher avec crainte la justice dans les œuvres de la Loi, mais dans la foi qui nous attache à Dieu et qui agit, non par crainte mais par amour. Car l’Esprit-Saint, qui a dit cela par la bouche de Moïse, a également établi que la crainte des châtiments visibles contiendrait les hommes tant qu’ils ne pourraient vivre encore de la foi aux choses invisibles, et qu’ils seraient délivrés de cette crainte lorsque se chargerait du supplice redouté Celui qui en ôtant la crainte pourrait la remplacer parla charité. Si l’Écriture appelle maudit le Pendu au gibet, il ne faut pas considérer ce terme comme un outrage pour le Seigneur. En effet c’est sa nature mortelle qui y a été suspendue. Or les croyants savent d’où vient en nous la mortalité : elle vient de la condamnation et de la malédiction jetées sur le péché du premier homme ; c’est donc un châtiment dont le Seigneur s’est chargé lorsqu’il a porté sur le gibet nos propres iniquités p. Si maintenant on nous disait : La mort est maudite, nul ne frémirait. Or, n’est-ce pas en quelque sorte la mort du Seigneur qui a été suspendue à la croix, quand il a voulu par sa mort triompher de la mort ? Ainsi c’est la mort qui est tout à la fois et maudite et vaincue. Si l’on disait également : Le poché est maudit, nul ne s’en étonnerait. Or, n’est-ce pas le péché du vieil homme qui a été également attaché à la croix, quand pour l’amour de nous le Seigneur s’en est chargé dans sa chair mortelle ? Aussi l’Apôtre n’a-t-il pas rougi de dire que pour nous Dieu l’a fait péché, « afin, ajoute-t-il, de condamner le péché par le péché même q. » Car notre vieil homme n’aurait pas été crucifié alors, comme s’exprime ailleurs le même Apôtre, si cette mort du Sauveur ne nous montrait crucifiée la ressemblance de notre chair de péché, afin que ce corps de péché soit détruit, et que nous ne soyons plus désormais esclaves du péché r. C’était pour figurer ce péché et cette mort que déjà Moïse éleva au désert le serpent d’airain sur une espèce de gibet s. Voici pourquoi : c’est à la persuasion du serpent que l’homme est tombé et a été condamné à mort. Ne convenait-il donc pas que pour figurer cette condamnation à mort le serpent même fût attaché et élevé sur l’instrument du supplice ? C’était un symbole expressif de la mort du Seigneur sur la croix. Or qui frémirait encore si on disait : Maudit le serpent suspendu au gibet ? Il est bien vrai pourtant que ce serpent était l’emblème de la mort corporelle du Seigneur, et le Seigneur lui-même a expliqué ainsi ce symbole mystérieux. « De même, a-t-il dit, que Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi doit être élevé le Fils de l’homme sur la terre t. » Nul, ne dira que c’était dans l’intention d’outrager le Seigneur que Moïse fit élever ce serpent ; il savait que de la croix devait découler si abondamment le salut des hommes, que pour en mieux donner l’idée il fit dresser sur le gibet un serpent dont la vue devait guérir aussitôt quiconque allait mourir après avoir été blessé par des serpents réels. Si de plus ce serpent mystérieux était d’airain, c’était pour désigner la foi durable à la passion du Sauveur ; attendu que le peuple même dit fait d’airain ce qui subsiste longtemps. Ah ! Si les hommes oubliaient, si la mémoire des siècles ne rappelait plus que le Christ est mort pour le salut des hommes, ceux-ci mourraient véritablement ; mais aujourd’hui la foi en sa passion est comme une foi d’airain, et quoique sur la terre les uns meurent pour faire place aux autres, tous peuvent contempler au-dessus d’eux cette grande croix dont la vue rend la santé. Est-il donc étonnant que le Sauveur ait triomphe de la malédiction même, comme il a triomphé de la mort par la mort, du péché par le péché et du serpent par le serpent ? La mort est maudite, le péché est maudit, maudit est le serpent : tout cela a été vaincu sur la croix. « Maudit » donc aussi « quiconque est pendu au bois. » Donc également, comme ce n’est point par les œuvres de la Loi mais par la foi que le Christ justifie ceux qui croient en lui, c’en est fait de la crainte de la malédiction jetée sur la croix ; et ce qui reste aux gentils, c’est l’amour des bénédictions répandues sur Abraham pour le récompenser de ses grands exemples de foi. Afin, continue l’Apôtre, que nous recevions, « par la foi l’Évangile de l’Esprit » en d’autres termes, afin qu’on annonce aux croyants, non ce que redoute la chair, mais ce qu’aime l’esprit. 23. Abraham et les anciens patriarches justifiés par la foi et non par les œuvres de la Loi u. – Pour le même motif encore il parle des testaments humains, dont la force obligatoire est bien inférieure a celle du Testament divin. « Toutefois, dit saint Paul, quand le testament d’un homme est ratifié, nul ne le rejette ou n’y ajoute. » Si le testateur change son testament, c’est que ce testament n’est point ratifié, il ne l’est que par la mort. Or, de même que c’est la mort du testateur qui ratifie son testament, attendu qu’il ne peut plus alors en changer les dispositions ; ainsi c’est l’immutabilité des promesses divines qui assure l’héritage légué à Abraham, à Abraham à qui sa foi fut imputée à justice v. Aussi l’Apôtre enseigne-t-il que le rejeton d’Abraham « à qui s’adressaient les promesses » n’est autre que le Christ, autrement tous les chrétiens qui imitent la foi d’Abraham. Il n’est pas dit, remarque-t-il : « A ceux qui naîtront, mais à Celui qui naîtra de toi » et le singulier est ici employé parce que la foi est une, et que la justification ne saurait être la même pour ceux qui mènent une vie charnelle avec les œuvres de la Loi et pour ceux dont la vie est spirituelle parce que c’est une vie de foi. Ce qui est péremptoire pour l’Apôtre, c’est que la Loi n’était pas donnée encore, et que n’étant promulguée que si longtemps après, elle ne pouvait annuler les antiques promesses faites à Abraham. Effectivement, si c’est la Loi qui justifie, Abraham n’a pas été justifié, puisqu’il a vécu bien avant la Loi. Mais les adversaires de l’Apôtre ne sauraient nier la justification d’Abraham ; ils sont donc obligés de reconnaître que ce ne sont pas les œuvres de la Loi qui justifient l’homme, mais la foi ; et nous, nous devons admettre, à notre tour, que tous les anciens qui ont été justifiés l’ont été par, la foi également. D’ailleurs si la foi qui nous sauve embrasse aujourd’hui le passé, ou le premier avènement du Sauveur, et l’avenir, ou son second avènement ; les anciens pour être sauvés croyaient également tout ce que nous croyons, seulement ils voyaient dans l’avenir ce double avènement que leur montrait l’Esprit-Saint. Voilà pourquoi il est dit encore : « Abraham a désiré voir mon jour, il l’a vu et il s’est réjoui w. » 24. La Loi destinée à humilier le peuple Juif x. – Voici maintenant une question assez nécessaire : Si c’est la foi qui justifie et si les anciens justes qui se sont sanctifiés devant Dieu se sont sanctifiées par la foi, était-il besoin de donner la Loi ? L’Apôtre propose ainsi l’examen de cette question. « Qu’est-elle donc ? » demande-t-il ; et après cette question il répond aussitôt : « La Loi a été établie à cause des transgressions, jusqu’à l’arrivée du rejeton à qui était destinée la promesse et qui a été remis par les Anges, dans les mains du Médiateur. Or il n’y a pas de Médiateur pour un seul, et Dieu est seul. » Ce qui prouve plus clairement que ce Médiateur est Jésus-Christ fait homme, ce sont ces autres paroles du même Apôtre : « Il n’y a qu’un Dieu et qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ fait homme y. » Entre Dieu et Dieu il ne peut donc y avoir de médiateur, puisqu’il n’y a qu’un Dieu ; et s' « il n’y a pas de médiateur pour un seul » c’est qu’un médiateur doit tenir le milieu entre deux au moins. Les Anges n’étant point déchus du bonheur de voir Dieu, n’ont pas besoin de médiateur pour se réconcilier avec Lui. Quant aux Anges qui d’eux-mêmes et sans y être exilés par personne ont péché et sont déchus, il n’y a pour eux ni réconciliation, ni médiateur par conséquent. Mais le diable étant intervenu avec son orgueil pour inspirer l’orgueil à l’homme et pour le faire tomber, il faut que le Christ intervienne avec son humilité pour nous pénétrer d’humilité et pour nous relever. Car si le Fils de Dieu avait voulu demeurer exclusivement dans cette égalité parfaite que sa nature lui donne avec son Père, sans s’anéantir en prenant une nature d’esclave z il ne serait point devenu médiateur entre, Dieu et les hommes, attendu que la sainte Trinité ne forme qu’un seul Dieu en trois personnes, Père, Fils et Saint-Esprit, avec la même divinité, la même éternité, une égalité parfaite. Comment donc le Fils unique de Dieu est-il devenu médiateur entre Dieu et les hommes ? C’est quand, tout Verbe de Dieu et tout Dieu qu’il est dans le sein de Dieu, iia abaissé jusqu’à notre humanité su majesté divine et relevé la bassesse humaine jusqu’à sa divinité ; pour être médiateur entre Dieu et les hommes, il fallait qu’il devint l’homme élevé par la divinité au-dessus de tous les hommes. Aussi est-il par sa nature le plus beau des enfants des hommes, sacré d’une onction de joie qui l’élève au-dessus de tous ses frères aa. Et pour guérir de l’orgueil de l’impiété, pour se réconcilier avec Dieu, il a suffi d’aimer avec foi et d’imiter avec amour cette humilité du Christ, soit avant qu’elle eût pari et quand la révélation la faisait connaître, soit depuis qu’elle s’est produite et que l’Évangile la publie. Cependant, comme cette justice de la foi n’était point accordée aux hommes à cause de leur mérite, mais à cause de la miséricorde et de la grâce de Dieu, elle n’était point populaire avant que le Dieu fait homme naquît au milieu des hommes. Mais « le Rejeton, la postérité, semen, à qui s’adresse la promesse » désigne ici le peuple même, et non pas ces justes si rares qui tout en connaissant cette justice d’avance et par révélation, y trouvaient leur salut sans pouvoir faire le salut du peuple. À la vérité, si on considère l’univers, tout l’univers, car c’est dans tout l’univers que l’Église moissonne pour former la céleste Jérusalem, le nombre des élus est petit, attendu qu’il y a peu de mortels pour suivre l’étroite voie ; cependant en réunissant ensemble tous ceux qui ont pu et qui pourront exister au sein de toutes les nations depuis le commence de la prédication de l’Évangile jusqu’à la fin des siècles, en y ajoutant encore les saints en très petit nombre qui avant même le premier avènement du Seigneur ont trouvé par leur foi en lui, par leur foi toute prophétique, le salut que donne la grâce, on verra rempli de saints l’heureux empire de l’éternelle cité. Pourquoi en effet ce peuple orgueilleux a-t-il été soumis au fardeau de la Loi ? C’est qu’incapable de recevoir la grâce de la charité sans être humble, et d’accomplir sans cette grâce les préceptes de la Loi, il avait besoin d’être humilié en lace de ses transgressions pour recourir à la grâce, sans se croire sauvé par ses propres mérites, ce qui est de l’orgueil, et pour devenir juste, non par son énergie et ses forces personnelles, mais par le secours du Médiateur qui justifie l’impie. De plus la Providence divine a toujours agi, dans l’ancien Testament, par le ministère des Anges, soutenus par l’action du Saint-Esprit et parle Verbe de vérité, non encore incarné sans doute, mais ne cessant jamais de présider à l’enseignement de la vérité. La Loi donc a été donnée par les Anges, parlant tantôt en leur propre nom et tantôt au nom du Seigneur, comme les prophètes eux-mêmes ; mais en montrant le mal sans le guérir, en dévoilant les prévarications et les crimes, cette Loi a brisé l’orgueil. « La postérité d’Abraham, dit saint Paul, a été remise par les Anges dans les mains du Médiateur » afin que ce Médiateur les délivrât de leurs péchés ; car leurs transgressions de la Loi les ont contraints d’avouer qu’ils avaient besoin de la grâce et de la miséricorde du Seigneur pour obtenir le pardon de leurs péchés et pour être réconciliés avec Dieu par Celui qui a répandu son sang en leur faveur. 25. Les Gentils suffisamment humiliés par leurs désordres ab. – Oui, il fallait que l’orgueil de ces Juifs fût brisé par leurs transgressions de la Loi ; car en se glorifiant de leur père Abraham, ils semblaient se vanter de posséder la justice par droit de naissance, et élever au-dessus de tous les autres peuples le mérite de leur circoncision avec d’autant plus de danger, qu’ils le faisaient avec plus d’arrogance ? Quant aux Gentils, on pouvait les humilier très-facilement sans recourir aux transgressions de la Loi ; car ils ne prétendaient aucunement avoir reçu de leurs parents un héritage de justice ; ils adoraient même de vains simulacres quand vint à eux la grâce évangélique. On pouvait donc leur dire qu’il n’y avait pas, comme ils se l’imaginaient, justice de la part de leurs ancêtres à adorer les idoles ; mais on ne pouvait dire également aux Juifs que la Justice d’Abraham leur père fût une fausse justice. « Faites donc de dignes fruits de pénitence, crie-t-on à ceux-ci ; et ne vous dites pas : « Nous avons Abraham pour père, car de ces pierres mêmes Dieu peut susciter des enfants à Abraham ac. » Mais aux Gentils on parle ainsi : « C’est pourquoi souvenez-vous qu’autrefois, vous Gentils par votre origine et appelés incirconcis par ceux qu’on nomme circoncis à cause de la circoncision faite dans leur chair par la main des hommes, vous étiez alors sans Christ, séparés de la société d’Israël, étrangers aux alliances, sans espérance des biens promis et sans Dieu dans ce monde ad. » De plus on montre aux premiers qu’ils sont devenus infidèles et se sont détachés de l’olivier où ils avaient poussé ; tandis que devenus fidèles les Gentils ont quitté le sauvageon pour prendre leur place ae. Il était donc nécessaire d’abattre l’orgueil des Juifs en leur rappelant leurs infractions à la Loi. C’est ainsi qu’après avoir dépeint leurs désordres avec les expressions mêmes de l’Écriture, l’Apôtre leur dit, dans son Épître aux Romains : « Or vous savez que tout ce que dit la Loi, elle l’adresse à ceux qui sont sous la Loi, afin de fermer la bouche à tout le monde et afin que tout le monde se reconnaisse coupable devant Dieu af » les Juifs, à cause de leurs infractions à la Loi, et les Gentils, à cause de l’impiété à laquelle ils se sont livrés quand ils n’avaient pas la Loi. Aussi l’Apôtre dit-il encore : « Dieu a tout compris dans l’incrédulité, pour faire miséricorde à tous ag. » C’est ce qu’il répète ici en ranimant la question. « La Loi, demande-t-il, est donc contraire aux promesses de Dieu ? Nullement ; car si la Loi donnée avait pu communiquer la vie, la justice viendrait sûrement de la Loi. Mais l’Écriture atout mis sous le péché, afin que les promesses s’accomplissent en faveur des croyants par la foi en Jésus-Christ. » Ainsi donc la Loi ne devait pas effacer le péché, mais comprendre tout sous le péché ; car elle montrait qu’il y avait péché dans des actes que l’aveuglement de la coutume pouvait représenter comme des actes de justice, elle voulait par là humilier Israël et lui faire sentir que son salut ne dépendait pas de lui, mais du Médiateur. C’est surtout l’humilité qui nous relève quand l’orgueil nous a renversés ; et l’humilité n’est-elle pas toute préparée à recueillir la grâce du Christ, modèle incomparable d’humilité ? 26. Résultat merveilleux de la Loi ah. – Que personne ne soit assez peu avisé pour demander ici : Comment donc a-t-il été inutile aux Juifs que les Anges, en leur donnant la Loi, les aient remis sous la main du Médiateur ? Car on ne saurait exprimer combien ils ont profité de cette faveur. Quelles sont en effet, parmi les Gentils, les Églises qui ont vendu leurs biens pour en déposer le prix aux pieds des Apôtres, comme l’on fait si promptement tant de milliers de Juifs ai ? Il ne faut pas avoir égard au grand nombre de ceux qui se sont montrés infidèles à la grâce ; ne voit-on pas toujours sur l’aire beaucoup plus de paille que de froment ? D’ailleurs à quoi s’appliquent, sinon à la sainteté qui a paru chez les Juifs, ces autres paroles du même Apôtre aux Romains ? Mais quoi ! s’écrie-t-il, « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Non, sans doute ; car je suis moi-même Israélite, de la race d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple, ce peuple qu’il a connu dans sa prescience aj. » L’Apôtre veut-il élever l’Église de Thessalonique au-dessus des autres Églises de la Gentilité ? Il dit que les Thessaloniciens sont devenus semblables aux chrétiens de la Judée, attendu que, comme ceux-ci de la part des Juifs, ils ont eu à souffrir beaucoup pour la foi de la part de leurs concitoyens ak. À cela se rapporte aussi ce passage, que je viens de rappeler, dans l’Épître aux Romains : « Si les Gentils ont participé aux richesses spirituelles des Juifs, ils doivent aussi leur faire part de leurs biens temporels al. » C’est donc des Juifs qu’il dit ici : « Avant que vînt la foi, nous étions sous la garde de la Loi, qui nous tenait en réserve pour cette foi qui ne fut révélée que plus tard. » S’ils se sont trouvés si rapprochés, s’ils ont eu si peu à marcher pour s’unir à Dieu en vendant tous leurs biens comme le Seigneur l’a ordonné à qui voudrait devenir parfait, ils le doivent à cette Loi qui les avait sous sa garde, et qui les tenait en réserve pour cette foi » jusqu’à la prédication de cette foi qui ne s’est révélée que plus tard » car c’était la crainte d’un seul Dieu qui les tenait ainsi en réserve. Si de plus ils ont enfreint cette Loi, ç’a été non pas pour le mal mais pour l’avantage de ceux d’entre eux qui ont cru : en voyant leurs plaies plus profondes, ils ont soupiré plus vivement après le Médecin et l’ont aimé avec plus d’ardeur ; car il aime beaucoup, celui à qui on remet beaucoup am. 27. Les Chrétiens enfants de Dieu an. – Ainsi donc la Loi nous a conduits vers le Christ. »C’est la même pensée que dans ces mots : « Nous étions sous la garde de la Loi, tenus par elle en réserve ao. – Mais la foi nous étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue. » Voici des reproches, à l’adresse de ceux qui annulent la grâce du Christ, qui veulent que l’on demeure sous la tutelle du pédagogue, comme si le Christ n’était pas venu en affranchir. Il ajoute que tous ceux qui ont la foi sont enfants de Dieu, parce que tous ceux qui ont reçu le baptême du Christ sont revêtus du Christ lui-même ; c’est pour empêcher les Gentils de se décourager pour n’avoir pas été sous la garde du pédagogue, et de se figurer qu’ils ne sont pas' enfants de Dieu. De plus, en disant que ceux qui se revêtent de Jésus-Christ deviennent enfants de Dieu, il rappelle qu’ils ne le sont ni par nature, comme le Fils unique ; qui est aussi la Sagesse de Dieu ; ni par le privilège incomparable qui unirait à la Sagesse de manière à ne former avec elle qu’une seule et même personne, comme lui est uni le Médiateur sans l’action d’aucun intermédiaire ; ils le deviennent seulement en participant à la Sagesse divine, comme les y prépare et comme le leur accorde la foi au Médiateur ; grâce de la foi que l’Apôtre appelle un vêtement quand il dit que tous ceux qui croient sont revêtus du Christ. C’est donc ainsi qu’ils deviennent les enfants de Dieu et les frères du Médiateur. 28. Diversité des conditions et unité de foi dans l’Église ap. – Cette foi n’établit aucune différence entre Juif et Gentil, esclave et homme libre, homme et femme ; car en tant que fidèles tous sont un en Jésus-Christ. Or, si telle est l’union établie par la foi qui nous rend justes durant cette vie ; combien ne sera pas plus parfaite et plus intime cette même union lorsque nous serons en présence de la réalité et que nous verrons face à face aq ? Maintenant en effet, quoique nous ayons les prémices de l’Esprit, qui nous fait vivre de la justice de la foi ; comme notre corps est mort à cause du péché ar, si la différence de nationalité, de condition ou de sexe disparaît dans l’unité de la foi, elle subsiste dans les rapports de la vie mortelle ; et les Apôtres commandent d’en respecter l’ordre pendant notre pèlerinage. Ils tracent même des règles salutaires de conduite qui déterminent les rapports de nationalité, entre Juifs et Gentils ; les rapports de condition, entre maîtres et serviteurs ; les rapports de sexe, entre époux et épouses, et autres rapports de nature semblable. Le Seigneur même n’a-t-il pas dit avant eux : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu as ? » Autres en effet sont les devoirs qui nous sont communs à tous dans l’unité de la foi, et autres les devoirs qui maintiennent l’ordre dans cette vie, où nous sommes voyageurs, et que nous observons pour détourner les blasphèmes du nom et de la doctrine de Dieu. Ce n’est pas seulement par crainte de la colère que nous les observons et pour ne pas blesser les hommes ; c’est aussi par motif de conscience, en sorte que notre conduite n’est ni simulée ni destinée à plaire au regard des hommes ; mais nous agissons, avec un amour pur et sincère, en vue de Dieu qui veut sauver tous les hommes et les amener à la connaissance de la vérité at. Tous donc, dit l’Apôtre, vous – êtes un en Jésus-Christ. » Il ajoute : « Or, si c’est ainsi » c’est-à-dire : « Si vous êtes un en Jésus-Christ » et il conclut : « Donc vous êtes la postérité d’Abraham. » Voici sans interruption le sens de la phrase entière : Vous êtes un en Jésus-Christ : or, si vous êtes tous un en Jésus-Christ, il s’ensuit que vous êtes tous la postérité d’Abraham. Il a remarqué précédemment qu’en parlant de la postérité du patriarche l’Écriture n’emploie pas le pluriel, mais le singulier, pour mieux désigner, le Christ au. Ici encore pour désigner le Christ il emploie le singulier ; main dans le Christ il ne comprend pas seulement la personne même du Médiateur, il voit encore l’Église dont le Christ est le chef parce qu’elle est son corps. C’est ainsi que tous sont un dans le Christ et méritent par leur foi l’héritage promis au Christ. Aussi bien, répétons-le, c’est à cette foi qu’ils étaient réservés, puisque, jusqu’à ce qu’elle fût prêchée, le peuple Juif était comme sous la garde du pédagogue, et attendait l’âge convenable où devaient être affranchis de la tutelle de ce pédagogue tous les membres de ce peuple qui étaient appelés selon les desseins de Dieu, c’est-à-dire qui étaient comme le froment au milieu de cette aire immense. 29. Les Gentils asservis à la nature av. – Dans le même dessein il ajoute : « Je dis de plus : Tant que l’héritier est enfant, il ne diffère point d’un serviteur, quoiqu’il soit maître de tout ; mais il est sous des tuteurs et des curateurs jusqu’au temps marqué par son père. C’est ainsi que nous-mêmes, quand nous étions enfants, nous étions asservis aux éléments de ce monde. » On peut se demander ici comment cette comparaison peut s’appliquer aux Juifs, comment ils étaient asservis aux éléments de ce monde, puisque, d’après la Loi qui leur fut donnée, ils ne devaient adorer qu’un seul Dieu, le Dieu créateur du ciel et de la terre. Mais on peut expliquer autrement ce passage, et admettre qu’après avoir représenté un peu plus haut la Loi comme un pédagogue aw auquel était soumis le peuple Juif, l’Apôtre donne maintenant le nom de tuteurs et de curateurs aux éléments du monde dont les Gentils étaient esclaves. Dans cette hypothèse, le jeune héritier ou le peuple tiré des Juifs et des Gentils dont une même foi fait l’unique postérité d’Abraham, aurait été, durant son enfance, du côté des Juifs, asservi au pédagogue ou à la Loi, et du côté des Gentils, soumis aux éléments de ce monde comme à des tuteurs et à des curateurs. Bien que l’Apôtre se mette ici en scène, puisqu’au lieu de dire : Lorsque vous étiez enfants, vous étiez asservis aux éléments de ce monde, il dit : « Lorsque nous étions enfants, nous étions asservis aux éléments de ce monde » ce ne serait pas pour désigner les Juifs, mais plutôt et par exception les Gentils ; il peut d’ailleurs se mêler à eux très convenablement, puisqu’il a reçu mission de leur prêcher l’Évangile.
Copyright information for
FreAug