‏ Genesis 46:21-32

CLII. (Ib 46, 26-27.) Sur le nombre des personnes qui accompagnèrent Jacob en Égypte. — Quand on lit que soixante-six âmes entrèrent avec Jacob en Égypte non compris les enfants de Joseph et qu’après les avoir énumérées, l’Écriture ajoute : « Les âmes avec lesquelles Jacob entra en Égypte étaient au nombre de soixante-quinze » il faut entendre ce passage en ce sens : les âmes qui étaient dans la maison de Jacob lorsqu’il était en Égypte. Il est évident en effet qu’il n’y entra pas avec ceux qu’il y trouva. Mais comme en recherchant exactement la vérité on se convainc qu’à son arrivée Ephrem et Manassés étaient déjà nés tous deux : car les exemplaires hébreux en font menton en cet endroit et la version des Septante l’affirme au livre de l’Exode, les Septante, en complétant le nombre, n’ont pas ce me semble commis d’erreur. Il suffit pour les justifier que Jacob vécut encore quand, de ses deux fils Manassés et Ephrem, naquirent ceux qu’ils ont jugé à propos d’ajouter au dénombrement de sa famille, usant dans cette circonstance pour quelque raison mystérieuse d’une sorte de liberté prophétique. Toutefois, comme il est constant que Jacob vécut dix-sept ans en Égypte a, on ne voit pas comment les fils de Joseph purent avoir des petits-enfants du vivant de leur aïeul. En effet Jacob entra en Égypte la seconde année de la famine b, et Joseph eut ses deux fils dans les années d’abondance. Or quelle que soit l’année d’abondance à laquelle on rapporte leur naissance ; on compte neuf années depuis la première année d’abondance jusqu’à la seconde année de disette, dans laquelle Jacob entra en Égypte ; en ajoutant à ces neuf années les dix-sept années que Jacob y vécut on trouve en tout vingt-six années. Comment donc des jeunes gens âgés de moins de vingt-six ans ont-ils pu avoir de petits-enfants ? Il n’y a rien, même dans le texte hébreu, qui donne la clef de cette question. De plus comment Jacob, avant son entrée en Égypte put-il avoir tant de petits-enfants, même de Benjamin qui avait le même âge quand il vint auprès de son frère ? Or l’Écriture ne dit pas seulement qu’il eut des fils, mais des petits-fils et un arrière-petit-fils, qui tous ensemble forment le nombre de soixante-six personnes, avec lesquelles Jacob entra en Égypte, même selon le texte original. Pourquoi encore, après qu’il est dit que Joseph et ses fils n’étaient pas plus de huit et que Benjamin et ses fils étaient au nombre die onze personnes, voyons-nous que ces deux nombres réunis, onze et huit, ne font pas dix-neuf, mais qu’on compte dix-huit personnes en tout ? et pourquoi ensuite est-il dit que Joseph et ses fils formaient non pas huit âmes, mais neuf, tandis qu’on n’en trouve que huit c ? Toutes ces particularités, qui semblent inexplicables, ont, il ne faut pas en douter, une profonde raison d’être ; mais je ne sais s’il est possible de tout expliquer littéralement, surtout les nombres, qui à en juger par plusieurs dont nous avons pu pénétrer le sens, sont certainement très dignes de respect et remplis des mystères les plus profonds.

CLIII. (Ib 46, 32.) Pourquoi l’Écriture loue dans les Patriarches la profession, de pasteurs de troupeaux.

– On loue dans les Patriarches la profession de pasteurs de troupeaux, qu’ils ont exercée depuis leur enfance et sous les yeux de leurs parents. Et c’est à boa droit : car, lorsque les animaux obéissent à l’homme, et que l’homme leur commande, cette obéissance d’une part et ce commandement de l’autre sont assurément justes. Aussi Dieu dit-il en créant l’homme Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblante et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux de la terre d. » Ces paroles donnent à entendre que la raison doit avoir l’empire sur tout ce qui n’est point raisonnable. Mais que l’homme devienne l’esclave de l’homme, c’est le péché ou l’adversité qui en sont la cause le péché suivant ces paroles : « Chanaan sera maudit, il sera le serviteur de ses frères e » l’adversité, comme il arriva même à Joseph, qui, vendu par ses frères, devint l’esclave d’un étranger f. C’est pourquoi les premiers esclaves, ceux pour qui la langue latine créa ce nom, furent des victimes de la guerre. L’homme vaincu par son semblable, pouvait, en vertu du droit de la guerre, être mis à mort ; conservé à la vie, servatus, il fut appelé esclave, servus ; on lui donna aussi le nom de mancipium, parce qu’il avait été t’ait captif à main armée. L’ordre naturel veut aussi que dans la société les femmes obéissent aux maris, et les enfants aux parents : il est juste, en effet, que la raison la plus faible se soumette à la raison la plus forte. En fait de commandement et d’obéissance, il est donc évidemment de la justice que ceux qui l’emportent par la raison, l’emportent aussi par le commandement : et quand cet ordre est troublé en ce monde, soit par l’iniquité de l’homme, soit par les différentes espèces d’animaux, les justes supportent ce dérèglement dans le temps, assurés qu’ils jouiront dans L’éternité d’un bonheur parfaitement conforme à l’ordre.

Copyright information for FreAug