hLuc 2, 40-62
Matthew 1:23
CHAPITRE V. ACCORD DE SAINT MATTHIEU ET DE SAINT LUC AU SUJET DE LA CONCEPTION ET DES PREMIÈRES ANNÉES DE JÉSUS-CHRIST.
14. Après avoir fait le dénombrement des générations, saint Matthieu continue en ces termes : « Or voici de quelle sorte arriva la naissance de Jésus-Christ : Comme Marie sa mère, était fiancée à Joseph ; avant qu’ils eussent été ensemble, elle se trouva grosse ayant conçu de l’Esprit-Saint. » Il ne dit pas comment s’est opéré le mystère ; et saint Luc, après avoir parlé de la conception de Jean, l’expose ainsi : « Dans le sixième mois de la grossesse d’Élisabeth, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth, à une Vierge qui a était fiancée, à un homme de la maison de David, nommé Joseph : et cette vierge s’appelait Marie. Et l’ange étant entré dans le lieu où elle était lui dit : Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous : vous êtes bénie entre toutes les femmes. Marie l’ayant vu fut troublée de ses paroles, et se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l’ange lui dit : Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu : voici que vous allez concevoir dans votre sein, et vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père : il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin. Alors Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point d’homme ? Et l’ange lui répondit : Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. » Et le reste, qui n’appartient plus à l’objet dont il s’agit présentement. Saint Matthieu, pour tout ce détail, a donc dit de Marie qu’« elle se trouva grosse, ayant conçu du Saint-Esprit » Mais quoique saint Luc ait exposé ce que ne raconte pas saint Matthieu, il n’existe nulle contradiction entre l’un et l’autre, puisque tous deux déclarent que Marie a conçu de l’Esprit-Saint ; on n’en peut voir non plus dans le silence que garde saint Luc sur ce qui vient ensuite dans le récit de saint Matthieu. Cet Évangéliste continue ainsi : « Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer, résolut de la quitter secrètement. Mais comme il était dans cette pensée, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse ; car ce qui est en elle est du Saint-Esprit. Elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus, car ce sera lui qui sauvera son peuple en le délivrant de ses péchés. Or tout ceci s’est fait, pour accomplir ce que le Seigneur avait dit par le prophète en ces termes : Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel, ce qui signifie : Dieu avec nous. Joseph s’étant donc éveillé fit ce que l’ange du Seigneur avait ordonné et prit son épouse avec lui. Et il ne l’avait point connue quand elle enfanta son fils premier-né, à qui il donna le nom de Jésus. Comme donc Jésus était né à Bethléem, ville de Juda, au temps du Roi Hérode. » et le reste. 15. Saint Matthieu et saint Luc disent également que Jésus-Christ est né dans la ville de Bethléem. Mais saint Luc expose comment et pour quel motif Joseph et Marie s’y rendirent, tandis que saint Matthieu n’en parle pas. Au contraire saint Luc ne dit rien des Mages venus d’Orient, et saint Matthieu continue son récit par la narration de ce fait : « Voici, dit-il, que des Mages vinrent d’Orient à Jérusalem, et ils demandaient.: Où est le Roi des Juifs, nouvellement né ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer. » Ceci étant arrivé à la connaissance du Roi Hérode « il en fut troublé », et le reste, jusqu’à l’endroit où il est écrit que ces Mages « ayant reçu en songe l’avertissement de ne point retourner vers Hérode, revinrent dans leur pays par un autre chemin. » Surtout cela saint Luc a gardé le silence, comme saint Matthieu le garde sur plusieurs autres faits racontés par saint Luc, savoir que le Seigneur fut couché dans une crèche, qu’un ange annonça aux bergers sa naissance, qu’une grande multitude de l’année céleste se joignit à l’ange pour louer Dieu, que les bergers se rendirent à Bethléem et reconnurent la vérité des paroles de l’ange, et que le jour où l’enfant fut circoncis, il reçut un nom. De même saint Matthieu ne dit rien de tout ce que raconte saint Luc au sujet de la purification de Marie et de la présentation de Jésus-Christ dans le temple de Jérusalem, ni au sujet des paroles que firent alors entendre le vieillard Siméon et Affine la prophétesse, quand, remplis de l’Esprit-Saint, ils eurent connu le Sauveur. 16. De là on désire avec raison savoir le temps où se sont accomplies les, choses omises par saint Matthieu et rapportées par saint Luc, et celles que raconte saint Matthieu et dont saint Luc ne parle pas. Car le premier, poursuivant son discours, nous apprend encore qu’après le retour des Mages en Orient, d’où ils étaient venus, Joseph fut averti par un ange de fuir en Égypte avec l’enfant, pour le soustraire à la mort dont Hérode le menaçait ; qu’ensuite Hérode ne trouvant pas cet enfant fit mourir tous les autres âgés de deux ans et au-dessous ; qu’Hérode étant mort, Joseph revint d’Égypte et qu’ayant appris l’élévation d’Archélaüs sur le trône de Judée à la place de son père, il se rendit à Nazareth ville de Galilée pour y habiter avec Jésus et Marie. Autant de faits que saint Luc ne relève pas. On ne peut sans doute prétendre qu’il y a contradiction entre les deux Évangélistes parce que l’un dit ce que l’antre tait, ou qu’une chose rapportée par celui-ci est omise par celui-là. Mais on veut savoir en quel temps a pu arriver ce que saint Matthieu nous apprend de la sainte famille fuyant en Égypte, puis revenant de ce pays après la mort d’Hérode, pour habiter désormais la ville de Nazareth, où saint Luc la fait retourner lorsque se trouvent accomplies, à l’égard de l’enfant, dans le temple de Jérusalem, toutes les prescriptions de la loi du Seigneur. Or, il faut ici reconnaître et bien constater, pour résoudre d’un seul coup toutes les difficultés semblables et prévenir le trouble et l’embarras dont elles pourraient encore devenir la matière, que chaque Évangéliste a joint ensemble les différentes parties de son récit de manière à lui donner l’apparence d’une narration complète où rien n’est omis. En taisant ce qu’il ne veut pas dire, il unit de telle sorte ce qu’il veut dire à ce qu’il a dit, que les choses racontées paraissent avoir été faites de suite. Mais quand l’un rapporte des choses dont l’autre ne parle pas, l’ordre des deux récits considéré avec soin fait voir l’endroit où celui qui les a omises a pu les passer, en liant ce qu’il avait dessein de dire à ce qu’il avait dit précédemment, comme si tout se suivait sans aucun fait intermédiaire. Ainsi, c’est dans le lieu de son récit où il nous représente les Mages retournant par un autre chemin, selon l’avertissement du Ciel, que saint Matthieu a passé ce qui, au rapport de saint Luc, s’est accompli dans le temple au sujet du Seigneur, et les paroles de Siméon et d’Anne ; comme c’est après avoir rapporté ces derniers détails que saint Luc lui-même omet la fuite en Égypte racontée par saint Matthieu, pour mentionner tout de suite le retour de la sainte famille à Nazareth. 17. Si l’on veut, pour ce qui regarde la Nativité, la première et la seconde enfance du Sauveur, réunir les deux récits en complétant l’un par l’autre, voici l’ordre qu’on peut suivre : « La naissance de Jésus-Christ arriva de cette sorte a. Au temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un prêtre, nommé Zacharie, de la famille d’Abia, et sa femme, de la race d’Aaron, s’appelait Élisabeth. Ils étaient tous deux justes devant Dieu, et ils marchaient dans la voie de tous les commandements et de toutes les ordonnances a du Seigneur d’une manière irrépréhensible. Ils n’avaient point d’enfant, parce que Élisabeth était stérile et qu’ils étaient déjà tous deux avancés en âge. Or Zacharie, faisant sa fonction de prêtre devant Dieu dans le rang de sa famille : il arriva par le sort, selon ce qui s’observait entre les, prêtres, que ce fut à lui d’entrer dans le temple du Seigneur pour y offrir des parfums. Cependant toute la multitude du peuple était dehors faisant sa prière à l’heure où ces parfums étaient offerts. Et un ange du Seigneur lui apparut se tenant debout à la droite de l’autel des parfums. Zacharie le voyant, fut troublé et la frayeur le saisit. Mais l’ange lui dit : Ne crains point, Zacharie ; car ta prière a été exaucée, « et Élisabeth ton épouse t’enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jean. Tu en seras dans la joie et dans le ravissement, et plusieurs se réjouiront aussi de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira point de vin, ni rien de ce qui peut enivrer, et il sera rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa mère. Il convertira plusieurs des enfants d’Israël au Seigneur, leur Dieu. Et il marchera devant lui dans l’esprit et la vertu d’Elfe, pour réunir les cœurs des pères avec leurs enfants, pour rappeler les incrédules à la prudence des justes, et préparer ainsi au Seigneur un peuple parfait. Zacharie répondit à l’ange : Comment saurai-je que cela arrivera ? Car je suis déjà vieux et ma femme est avancée en âge. Sur quoi l’ange lui dit : Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle. Or dans ce moment tu vas devenir muet et tu ne pourras plus parler jusqu’au moment où ceci arrivera, parce que tu n’as point cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps. Cependant le peuple attendait Zacharie et il s’étonnait qu’il demeurât si longtemps dans le temple. Mais étant sorti, il ne pouvait leur parler et ils reconnurent qu’il avait eu dans le temple quelque vision ; car il ne s’expliquait à eux que par signe, et il demeura muet. Or, quand les jours de son ministère furent accomplis, il retourna dans sa maison. Quelque temps après, Élisabeth sa femme conçut et elle se tenait cachée durant cinq mois, disant C’est ainsi que le Seigneur en a usé avec moi, quand il m’a regardée pour me tirer de l’opprobre où j’étais devant les hommes ! Or, comme elle était dans son sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et cette vierge s’appelait Marie. L’ange étant entré dans le lieu où elle était, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes. Marie l’ayant vu, fut troublée de ses paroles et se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l’ange lui dit : Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous allez concevoir dans votre sein, et vous enfanterez un fils, à qui vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera éternellement sur la maison de Jacob et son règne n’aura point de fin. Alors Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il ? car je ne connais point d’homme. Et l’ange lui répondit : Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. Voilà que votre cousine Élisabeth a elle-même conçu un fils dans sa vieillesse ; et c’est ici le sixième mois de celle qu’on appelle stérile ; parce qu’il n’y a rien d’impossible à Dieu. Alors Marie lui dit : Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole ; et l’ange s’éloigna. Aussitôt après, Marie partit et se rendit en hâte au pays des montagnes, en une ville de Juda. Et étant entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Élisabeth. Dès que Élisabeth entendit la voix de Marie qui la saluait, son enfant tressaillit dans son sein, et elle-même fut remplie du Saint-Esprit. Alors elle s’écria d’une voix forte : Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni. D’où me vient ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne vers moi ? Car votre voix n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, lorsque vous m’avez saluée, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. Que vous êtes heureuse d’avoir cru, parce que les choses qui vous ont été dites de la part du Seigneur s’accompliront ! Alors Marie reprit : Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur ; parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante ; et voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse ; car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, lui dont le nom est saint, et dont la miséricorde se répand d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de bon bras ; il a dissipé ceux qui s’enflaient d’orgueil dans les pensées de leur cœur ; il a renversé les grands de leurs trônes, et il a élevé les petits ; il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et renvoyé vides ceux qui étaient riches ; il a pris en sa protection Israël, son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, selon la promesse qu’il en avait donnée à nos pères, à Abraham et à sa postérité dans tous les siècles. Or Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle retourna en sa maison b. – Elle se trouva grosse, ayant conçu du Saint-Esprit. Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer, résolut de la quitter secrètement. Mais, comme il était dans cette pensée, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse ; car ce qui est né en elle est du Saint-Esprit. Elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus ; car ce sera lui qui sauvera son peuple en le délivrant de ses péchés. Or tout ceci s’est fait pour accomplir ce que le Seigneur avait dit par le prophète en ces termes : Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. Joseph s’étant donc éveillé fit ce que fange du Seigneur lui avait ordonné et prit son épouse avec lui ; et il ne l’avait point connue c. Cependant le temps auquel Élisabeth devait accoucher arriva, et elle mit au monde un fils. Ses parents et ses amis ayant appris que le Seigneur avait fait éclater sa miséricorde sur elle, l’en félicitaient. Et le huitième jour, étant venus pour circoncire l’enfant, ils le nommaient Zacharie, du nom de son père. Mais la mère prenant la parole : Non, « dit-elle, il sera appelé Jean. Ils lui répondirent : Il n’y a personne dans votre famille qui porte ce nom. En même temps ils firent signe au père pour lui demander comment il voulait qu’on le nommât. Le père s’étant fait apporter des tablettes, écrivit : Jean est son nom. Et tous demeurèrent dans l’étonnement. Car aussitôt la bouche de Zacharie s’ouvrit, sa langue se délia et il parlait en bénissant Dieu. Tous ceux qui habitaient les lieux voisins furent remplis de crainte, et le bruit de ces merveilles se répandit dans tout le pays des montagnes de Judée. Tous ceux qui les entendirent les conservèrent dans leur cœur, et ils disaient : Que penses-tu que sera cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui. Et Zacharie son père, fut rempli de l’Esprit-Saint, et prophétisa en disant : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple ; de ce qu’il nous a suscité un puissant Sauveur, dans la maison de David son serviteur ; selon la parole qu’il avait donnée, par la bouche de ses saints prophètes qui ont vécu dans les siècles passés, de nous délivrer de nos ennemis et des mains de tous ceux qui nous haïssent, pour exercer sa miséricorde envers nos pères et se souvenir de son alliance sainte : selon le serment par lequel il a juré à Abraham notre père de nous accorder la grâce de le servir sans crainte, étant délivrés des mains de nos ennemis et marchant devant lui dans la sainteté et la justice tous les jours de notre vie. Pour toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Très-Haut : car tu marcheras devant le Seigneur et tu prépareras ses voies ; afin d’enseigner à son peuple la science du salut, pour la rémission de ses péchés, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, par lesquelles le Soleil levant est venu d’en haut nous visiter ; afin d’éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et les ombres de la mort, et de diriger nos pieds dans le chemin de la paix. Cependant l’enfant croissait et se fortifiait en esprit : et il demeurait dans le désert jusqu’au jour où il devait paraître devant le peuple d’Israël. Or il arriva qu’en ce même temps, « on publia un édit de César Auguste pour faire le dénombrement des habitants de toute la terre. Ce premier dénombrement se fit par Cyrinus, gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire enregistrer chacun dans la ville dont il était. Alors Joseph partit aussi de la ville de Nazareth, qui est en Galilée, et vint en Judée, à la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, pour se faire enregistrer avec Marie son épouse qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient là, arriva le temps où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. Or il y avait aux environs des bergers qui passaient la nuit dans les champs, veillant tour-à-tour à la garde de leurs troupeaux. Et tout-à-coup, un ange du Seigneur se présenta à eux, et une clarté céleste les environna, et ils furent saisis d’une grande frayeur. Mais l’ange leur dit : Ne craignez point ; car je viens vous apporter une nouvelle qui sera pour tout le peuplé le sujet d’une grande joie : c’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici la marque à laquelle vous le reconnaîtrez : Vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. Au même instant, il se joignit à l’ange une grande troupe de l’armée céleste louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des r cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Après que les anges se furent retirés dans le ciel, les bergers se dirent l’un à l’autre : Passons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, et ce que le Seigneur nous a fait connaître. S’étant donc hâtés d’y aller, ils trouvèrent Marie et Joseph avec l’enfant couché dans une crèche. Et l’ayant vu, ils reconnurent la vérité de ce qui leur avait été dit touchant cet enfant. Et tous ceux qui entendirent, admirèrent ce qui leur avait été rapporté par les bergers. Or, Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon qu’il leur avait été dit. Le huitième jour, quand l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom que l’ange lui avait donné avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère d. Ensuite voici que des Mages vinrent d’Orient à Jérusalem, et ils demandèrent : Où est le roi des Juifs nouvellement né ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer. Ceci étant arrivé à la connaissance du roi Hérode, il en fut troublé, et avec lui toute la ville de Jérusalem. Ayant donc assemblé tous les princes des prêtres et les scribes du peuple, il s’informait, près d’eux, du lieu où devait naître le Christ. Ils lui dirent que c’était à Bethléem de Juda, selon ce qui avait été écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre entre les principales villes de Juda : car de toi sortira le chef qui doit conduire mon peuple d’Israël. Alors Hérode ayant appelé les mages en secret, s’enquit d’eux avec soin du temps auquel l’étoile leur était apparue ; et, les envoyant à Bethléem, il leur dit : Allez, informez-vous exactement de cet enfant, et lorsque vous l’aurez trouvé, dormez-m’en la nouvelle, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer. Ayant entendu le roi, les mages partirent, et l’étoile qu’ils avaient vue en Orient, se montra de nouveau et allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée au des sus du lieu où était l’enfant, elle s’y arrêta. La voyant reparaître ils furent transportés de joie ; et lorsqu’ils entrèrent dans la maison qu’elle leur marquait, ils trouvèrent l’enfant avec Marie sa mère, et se prosternant ils l’adorèrent ; puis ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent pour présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ensuite, ayant reçu en songe l’avertissement de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. Quand ils furent repartis e, les jours de la purification de Marie étant accomplis, selon la loi de Moïse, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur ; « suivant qu’il est écrit dans la loi divine, que tout mâle qui naîtra le premier sera consacré au Seigneur ; et pour donner ce qui devait être offert en sacrifice, comme il est écrit dans la même loi, deux tourterelles ou deux petits de colombes. Or, il y avait alors à Jérusalem un homme juste et craignant Dieu, nommé Siméon. Il attendait la consolation d’Israël, et le Saint-Esprit était en lui. Et il lui avait été révélé par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait point, sans avoir vu auparavant le Christ du Seigneur. Cet homme vint donc au temple par le mouvement de l’Esprit de Dieu, et comme les parents de l’enfant Jésus l’y portaient afin d’accomplir à son égard les prescriptions de la loi ; il le prit lui-même entre ses bras et bénit Dieu en disant : C’est maintenant, Seigneur, que vous laisserez mourir en paix votre serviteur, selon votre parole ; puisque mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donnez, et que vous destinez pour être exposé à la vue de tous les peuples, comme la lumière qui éclairera les nations, et la gloire de votre peuple Israël. Et le père et la mère de Jésus admiraient ce que l’on disait de lui. Siméon les bénit et dit à Marie, la mère de l’enfant : Celui-ci est établi pour la ruine et la résurrection de plusieurs dans Israël, et pour être en butte à la contradiction et votre âme même sera percée d’un glaive, afin que soient découvertes les pensées de plusieurs cachées au fond de leur cœur. Il y avait aussi une prophétesse nommée Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser : elle était fort avancée en âge ; elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité, et elle était demeurée veuve jusqu’à quatre-vingt-quatre ans elle ne s’éloignait point du temple, servant Dieu jour et nuit dans les jeûnes et dans les prières. Étant donc survenue à la même heure, elle se mit aussi à louer le Seigneur, et à parler de lui à tous ceux qui attendaient la rédemption d’Israël. Après qu’ils eurent accompli tout ce qui était ordonné par la loi du Seigneur f, voici qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph au milieu de son sommeil et lui dit : Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, fuis en Égypte et demeures-y jusqu’à ce que je te dise d’en sortir : car Hérode cherchera l’enfant pour le faire mourir. Joseph s’étant levé prit l’enfant et sa mère durant la nuit et se retira en Égypte, où il demeura jusqu’à la mort d’Hérode. Cette retraite arriva pour accomplir la parole que le Seigneur avait dite par le prophète : J’ai rappelé mon Fils de l’Égypte. Alors Hérode voyant que les mages l’avaient trompé, entra dans une extrême colère : il envoya tuer à Bethléem et dans tous les pays d’alentour, tous les enfants âgés de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis exactement des mages. Alors s’accomplit ce qui avait été dit par le prophète Jérémie en ces termes : On a entendu dans Rama une voix lamentable, des pleurs et de grands cris : c’est Rachel pleurant ses enfants et ne voulant point recevoir de consolation parce qu’ils ne sont plus. Or, après la mort d’Hérode, un ange apparut la nuit à Joseph qui était en Égypte, et lui dit Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et retourne dans la terre d’Israël ; car ceux qui cherchaient l’enfant pour lui ôter la vie sont morts. Joseph s’étant donc levé prit l’enfant avec sa mère et s’en vint dans la terre d’Israël. Mais apprenant qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode son père, il craignit d’y aller, et sur un avertissement céleste qu’il reçut pendant qu’il dormait, il se retira dans la Galilée et vint demeurer dans la ville appelée Nazareth, avec Jésus, afin que cette prédiction des prophètes fut accomplie : Il sera appelé Nazaréen g. Cependant l’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était en lui. Or son père et sa mère allaient tous les ans à Jérusalem pour la fête de Pâque. Et lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y allèrent selon leur coutume au temps de la fête. Quand les jours de la solennité furent passés, lorsqu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, sans que son père et sa mère s’en aperçussent ; et pensant qu’il était avec quelqu’un de la compagnie, ils marchèrent durant un jour ; et le soir, ils le cherchaient parmi leurs parents et parmi ceux de leur connaissance. Mais ne l’ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour l’y chercher. Et trois jours après, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l’entendaient étaient surpris de sa sagesse et de ses réponses. Lors donc qu’ils le virent, ils furent remplis d’admiration, et sa mère lui dit : « Mon fils, pourquoi avez vous agi de la sorte envers nous ? Voilà que nous vous cherchions tout affligés, votre père et moi. Il leur répondit Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois à ce qui regarde le service de mon Père ? Mais ils ne comprirent point ce qu’il leur disait. Il s’en alla ensuite avec eux et vint à Nazareth ; et il leur était soumis. Or, sa mère conservait toutes ces choses en son cœur. Et Jésus croissait en sagesse en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes h. »
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