Matthew 12:43-46
CHAPITRE XXXIX. JONAS ET LA REINE DE SABA.
86. Saint Matthieu continue ainsi : « Alors quelques-uns des Scribes et des Pharisiens lui dirent : Maître, nous voudrions que vous nous fissiez voir quelque prodige », et le reste, jusqu’aux mots : « C’est ce qui arrivera à cette race criminelle a. » Saint Luc aussi rapporte cela au même endroit, mais dans un ordre un peu différent b. Car il a rappelé plus haut et après la guérison du muet, la demande que firent les Juifs à Jésus-Christ d’un signe dans le ciel, mais sans relater alors la réponse du Seigneur ; il ne la rapporte que plus tard, quand le peuple est réuni autour de Jésus ; et il donne à comprendre que là se trouvaient ceux qui précédemment, demandaient à Jésus un signe dans le ciel ; il rattache même cette réponse à ce qu’il dit de cette femme qui s’est écriée devant le Seigneur : « Heureux le sein qui vous a porté. » Cette femme à son tour intervient à la suite du discours où le Sauveur a parlé de l’esprit immonde, qui après être sorti d’un homme y revient et trouve la maison nettoyée et parée. Or quand, après avoir parlé de cette femme, l’Évangéliste a rapporté la réponse que Jésus fit à la foule en faisant intervenir la comparaison du prophète Jonas, sur le signe qu’elle désirait voir dans le ciel, il continue le discours du Seigneur et rapporte ce qu’il dit de la reine du Midi et des Ninivites. Ainsi au lieu d’omettre rien de ce que relate saint Matthieu, il dit plus que lui. Qui ne voit du reste qu’il serait inutile de demander dans quel ordre le Sauveur a dit tout cela, quand nous devons apprendre, par l’autorité suréminente des Évangélistes, qu’il n’y a pas de mensonge à rapporter les pensées d’un discours quelconque dans un ordre différent de celui où elles ont été exposées, l’ordre, quel qu’il soit, ne changeant rien au fond ? De plus, saint Luc permet de croire que ce discours fut plus long dans la bouche du Seigneur, et il y a inséré des pensées semblables à celles que nous a présentées saint Matthieu en reproduisant le discours prononcé sur la montagne c ; ce qui nous fait comprendre que ces pensées ont été exprimées dans l’une et l’autre circonstance. Saint Luc, après ce discours, passe à un autre sujet ; mais on ne voit pas s’il suit l’enchaînement des faits, car voici ce qu’il dit ensuite : « Pendant que Jésus parlait, un Pharisien le pria de dîner chez lui. » L’Évangéliste ne dit pas : Comme il parlait ainsi ; mais : « Pendant qu’il parlait. » S’il avait dit : Pendant qu’il parlait ainsi, on devrait croire que ces actes du Sauveur se sont succédé dans l’ordre où son récit les présente.
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