‏ Matthew 22:37-44

CHAPITRE LXXIII. LE DOUBLE PRÉCEPTE.

141. Saint Matthieu dit ensuite : « Mais les Pharisiens, apprenant qu’il avait réduit les Sadducéens au silence, s’assemblèrent, et l’un d’eux, docteur de la Loi, l’interrogea pour le tenter : Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. C’est le premier et le plus grand commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. À ces deux commandements : se rattachent toute la Loi et les Prophètes a. » Saint Marc dit ceci dans le même ordre b. Ne soyons pas embarrassés de ce qu’en saint Matthieu celui qui interrogea, le Seigneur voulut le tenter, tandis que saint Marc omet cette circonstance et rapporte même que Jésus-Christ finit par dire à cet homme, qui avait sagement répondu : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Il est bien possible que venant avec l’intention de tenter le Seigneur, il ait été converti par sa réponse. Ou bien ce n’était pas avec une intention coupable qu’il cherchait à le tenter, comme s’il eût voulu surprendre son ennemi ; la prudence même pouvait le porter à connaître de plus en plus celui qu’il ne connaissait point encore. Car ce n’est pas sans raison qu’il est écrit : « Celui qui croit trop facilement est léger de cœur et il y perdra c. »

142. En saint Luc il est question d’un fait semblable, mais ailleurs et bien loin de là d. Est-ce le même fait, en est-ce un autre où le Seigneur rappelle également les deux préceptes de la Loi ?

On ne saurait le décider. Néanmoins il parait plus probable que c’en est un autre, non-seulement parce que ce trait est placé à une grande distance, mais encore parce qu’en saint Luc le scribe répond lui-même à la question du Seigneur et expose dans sa réponse les deux commandements. De plus, quand le Seigneur lui a dit : « Fais cela et tu vivras », pour l’exciter à accomplir ce qu’il avait lui-même reconnu comme le plus important de la Loi, l’évangéliste continue et dit : « Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : Qui est donc mon prochain ? » Et le Seigneur lui fit alors l’histoire de cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho et qui tomba entre les mains des voleurs. Il est donc dit que ce dernier chercha à le tenter, qu’il exposa lui-même les deux commandements, et quand le Seigneur voulut l’encourager par ces mots : « Fais cela et tu vivras ; » l’évangéliste ne loue point sa vertu, car il ajoute : « Mais lui, voulant se justifier. » L’autre au contraire, dont il est question an même endroit dans saint Matthieu et dans saint Marc, se montre tellement digne d’éloges que le Seigneur lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Il est donc très-probable que ce n’est point ici le même personnage.

CHAPITRE LXXIV. LE CHRIST FILS ET SEIGNEUR DE DAVID.

143. Saint Matthieu continue : « Or, les Pharisiens étant assemblés, Jésus leur demanda Que vous semble du Christ ? De qui est-il fils ? Ils lui répondirent : De David. Il leur répliqua : « Comment donc David l’appelle-t-il en esprit son Seigneur, disant : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds ? Si donc David l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? Et personne ne pouvait lui répondre, et depuis ce jour nul n’osa plus l’interroger e. » Ce trait se présente à la suite de ce qui précède dans saint Marc, comme dans saint Matthieu f. Saint Luc omet seulement l’histoire de celui qui demanda au Seigneur quel était le plus grand commandement de la Loi : à part cette omission, il suit le même ordre, et dit comme eux que le Seigneur demanda aux Juifs comment le Christ est Fils de David g. Toutefois signalons une différence qui ne change rien à la pensée. D’après saint Matthieu Jésus leur demande d’abord ce qui leur semble du Christ, de qui est-il fils. Ceux-ci répondent « De David ; » alors il ajoute : « Comment David peut-il l’appeler son Seigneur ? » D’après saint Marc et saint Luc, au contraire, aucune question ne leur est adressée, ils ne font aucune réponse. Mais nous devons entendre que c’est seulement après leur réponse que le Seigneur dit ce que lui prêtent ces deux évangélistes ; et s’il parle devant le peuple qu’il voulait gagner à ses enseignements et détourner des fausses doctrines des scribes ; c’est que ceux-ci ne voyaient dans le Christ qu’un fils de David selon la chair, et ne reconnaissaient point en lui la nature divine, qui le rend le Seigneur de David lui-même. Voilà pourquoi, d’après ces deux évangélistes, en parlant de ceux qui égaraient le peuple, il s’adressait au peuple même qu’il voulait préserver de l’erreur ; et si, dans saint Matthieu, il s’adresse aux premiers ; ces paroles : « Comment dites-vous ? » étaient plutôt destinées aux âmes qu’il cherchait à instruire.

Copyright information for FreAug