‏ Matthew 26:1-2

CHAPITRE LXXVIII. JÉSUS ARRIVE À BÉTHANIE.

152. Saint Matthieu continue : « Or il arriva que Jésus, ayant achevé tous ces discours, « dit à ses disciples : Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. a » Saint Marc et saint Luc se trouvent ici d’accord avec lui, et suivent exactement la même marche b. Toutefois ils ne mettent point ces paroles dans la bouche du Seigneur ; au lieu de les citer, ils parlent d’eux-mêmes. « Or c’était la Pâque, dit saint Marc, et les azymes deux jours après. » Et saint Luc : « Cependant approchait la fête des azymes qu’on appelle la Pâque. » Elle approchait, puisque c’était deux jours après, comme le disent clairement les deux autres. Saint Jean à trois reprises différentes nous annonce que cette fête est proche : deux fois précédemment, en mentionnant d’autres faits ; la troisième fois son récit parait être arrivé à l’époque où nous ont conduits les trois autres Évangélistes, c’est-à-dire aux approches de la passion de notre Seigneur c. Les moins attentifs pourraient voir ici une contradiction ; car saint Matthieu et saint Marc, ayant dit que la Pâque était deux jours après, font arriver Jésus à Béthanie, où ils parlent d’un parfum précieux : saint Jean dit au contraire que six jours avant la Pâque Jésus vint à Béthanie, puis il parle du même parfum d. Comment donc, d’après les premiers, la Pâque pouvait-elle arriver deux jours après, puisqu’après l’avoir affirmé, ils se retrouvent avec saint Jean à Béthanie pour l’histoire du parfum, et que d’après ce dernier la fête devait seulement arriver dans six jours ? Nous ne ferons qu’une observation à ceux que cette difficulté pourrait arrêter. Saint Matthieu et saint Marc parlent du parfum de Béthanie, comme d’une chose passée ; elle n’a point eu lieu après qu’ils ont annoncé que la Pâque arrivait dans deux jours, mais auparavant, lorsqu’il y avait encore six jours d’intervalle jusqu’à cette fête. Car ni l’un ni l’autre, après avoir annoncé la Pâque dans deux jours, ne donne comme la suite de ce qu’il vient de rapporter les événements de Béthanie. Ils ne disent point : Après cela, lorsqu’il était à Béthanie. On lit, il est vrai, dans saint Matthieu Comme Jésus était à Béthanie ; n et en saint Marc : « Comme il était à Béthanie. » Mais il y était déjà avant les événements qui précédèrent de deux jours la fête de Pâque. D’après le récit de saint Jean, Jésus arriva donc à Béthanie six jours avant la Pâque. Là eut lieu le festin, où il est question du parfum précieux. Il se rendit ensuite à Jérusalem, monté sur un ânon ; puis vient le récit des événements accomplis après son arrivée en cette ville. Par conséquent, depuis le jour où il arrive à Béthanie et où il est question du parfum, jusqu’à celui où s’accomplissent les événements qui nous occupent, nous voyons, sans que les évangélistes nous le disent, qu’il s’écoule un intervalle de quatre jours alors nous arrivons au moment où ils écrivent que la Pâque arrive dans deux jours. Saint Luc, en disant ;: « Cependant la fête des azymes approchait » ne mentionne pas l’intervalle de deux jours, mais ses paroles touchant la proximité de la fête, ne peuvent s’entendre que de ce court intervalle. Quant à saint Jean, lorsqu’il écrit que, la Pâque des Juifs était proche e, il n’est point question de ces deux jours, mais bien de six jours avant la fête Aussi, après ces mots, il rapporte quelques événements ; puis voulant fixer avec plus de précision cette proximité de la fête de Pâque, il ajoute : « Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie, où était mort Lazare, que Jésus avait ressuscité. On lui prépara là un souper f. » C’est cette dernière circonstance que saint Matthieu et saint Marc rappellent en passant, après avoir dit que la fête de Pâque arrivait dans deux jours. De cette manière, ils reviennent au moment où l’on était à Béthanie six jours avant cette fête, et rappellent en peu de mots le festin et le parfum mentionnés en saint Jean. De là Jésus devait venir à Jérusalem accomplir ce qui est ensuite raconté, puis arrivait le second jour avant la Pâque. C’est en ce jour qu’ils suspendent leur récit, pour dire brièvement ce qui s’est passé à Béthanie à l’occasion du parfum. Cela fait, ils reprennent le cours un instant interrompu de leur narration, et relatent le discours que prononça le Seigneur deux jours avant la fête de Pâque.

En effet, supprimons un instant les événements de Béthanie, rapportés comme en passant et rétablissons la suite du récit un moment suspendu ; voici comment tout s’enchaîne dans saint Matthieu : « Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. Alors les princes des prêtres et les anciens du peuple s’assemblèrent dans la salle du grand-prêtre appelé Caïphe, et tinrent conseil pour se saisir de Jésus par ruse, et le faire mourir. Mais ils disaient que ce ne fût pas au jour de la fête, « de peur qu’il ne s’élevât du tumulte parmi le peuple. Alors un des douze, appelé Judas Iscariote, alla vers les princes des prêtres », etc. Entre ces mots : « De peur qu’il ne s’élevât du tumulte parmi le peuple », et les autres : « Alors un des douze, appelé Judas Iscariote, s’en alla », se trouvent rappelés, en passant, les faits accomplis à Béthanie ; nous les avons supprimés dans ce nouveau récit, afin de prouver que la suite des événements ne présente rien de contradictoire. Si nous supprimons également dans saint Marc le même festin de Béthanie, qu’il reprend aussi de plus haut, nous aurons les faits dans le même ordre : « Or, c’était la Pâque et les azymes deux jours après, et les princes des prêtres et les Scribes cherchaient comment ils se saisiraient de lui par ruse et le feraient mourir. Mais ils disaient que ce ne fût pas au jour de la fête, de peur qu’il ne s’élevât quelque tumulte parmi le peuple… Alors Judas Iscariote, un des douze, alla trouver les princes des prêtres g, », etc. Et, après ces paroles : « De peur qu’il ne s’élevât quelque tumulte parmi le peuple », que nous faisons suivre de ces autres : « Alors Judas Iscariote, un des douze », se trouve également intercalée l’histoire de Béthanie, reprise de plus haut. Saint Luc ne dit rien de Béthanie.

Nous avons donné ces explications, parce que saint Jean, en racontant ce qui s’est passé à Béthanie, dit que ce fut six jours avant la Pâque ; tandis que saint Matthieu et saint Marc, après avoir rapporté qu’on était au second jour avant la fête, rappellent cette histoire de Béthanie mentionnée en saint Jean.
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