‏ Matthew 9:7-9

CHAPITRE XXV. PARALYTIQUE GUÉRI.

57. On lit donc ensuite dans saint Matthieu, qui en cet endroit continue à garder l’ordre des temps : « Jésus montant sur une barque repassa le lac et vint dans sa cité. Et voilà qu’on lui présenta un paralytique », et le reste, jusqu’à ces mots. « Or le peuple, témoin du fait, fut rempli de crainte et rendit gloire à Dieu de ce qu’il avait donné unetelle puissance aux hommes a. » Saint Marc et saint Luc ont également raconté l’histoire de ce paralytique. Si le Seigneur, d’après saint Matthieu, dit : « Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis », et si d’après saint Luc, au lieu de dire : mon fils, il dit ô homme », c’est pour faire mieux ressortir sa pensée, car c’était à l’homme qu’il remettait les péchés, et cet homme ne pouvait dire comme homme : Je n’ai point péché ; c’était aussi pour faire entendre que celui qui remettait les péchés à cet homme était Dieu même. Saint Marc a écrit comme saint Matthieu : « Mon fils, tes péchés te sont remis ; » mais on ne trouve pas dans son récit : « Aie confiance. » Il se peut encore que le Seigneur ait dit en même temps Aie confiance, ô homme ; tes péchés te sont remis, mon fils ; ou bien : Aie confiance, mon fils ; tes péchés te sont remis, ô homme ; ou enfin que ses paroles se soient suivies autrement.

58. Mais voici certainement matière à une difficulté. Au sujet du paralytique, nous lisons dans saint Matthieu : « Jésus montant sur une barque repassa le lac et vint dans sa cité. Et voilà qu’on lui présenta un paralytique couché sur un lit. » Si par la cité de Jésus on doit entendre Nazareth, d’après saint Marc, cependant, le fait dont il s’agit eut lieu à Capharnaüm. « Après quelques jours, dit-il, Jésus revint à Capharnaüm ; et quand on eut appris qu’il était dans la maison, il s’y assembla une telle quantité de monde, que l’espace même en dehors de la porte ne pouvait contenir la multitude, et il leur prêchait la parole de Dieu. Alors on vint lui amener un paralytique qui était porté par quatre hommes. Et comme ils ne pouvaient le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent le toit à l’endroit où il était ; et par l’ouverture ils descendirent le lit sur lequel le paralytique était couché. Or Jésus, voyant leur foi, », etc. b. Saint Luc ne parle pas du lieu de l’événement : « Un jour, dit-il, comme Jésus était assis pour enseigner, étaient assis aussi des Pharisiens et des docteurs de la loi, venus de tous les villages de la Galilée et de la Judée ainsi que de la ville de Jérusalem et la vertu du Seigneur agissait pour la guérison des malades. En ce même temps quelques personnes, portant. sur un lit un homme qui était paralytique, tâchaient de le faire entrer et de le déposer devant lui. Mais ne trouvant point de passage à cause de la foule du peuple, ils montèrent sur le toit et le descendirent par les tuiles au milieu de l’assemblée devant Jésus ; qui, voyant leur foi dit : O homme, tes péchés te sont. remis c. » Reste donc à voir comment on peut concilier saint Marc et saint Matthieu ; puisque saint Matthieu dit que le fait se passa dans la cité de Jésus et que d’après saint Marc ce fut à Capharnaüm. La difficulté serait autrement grave si saint Matthieu avait nommé Nazareth. Mais il a bien pu appeler cité de Jésus la Galilée elle-même où Nazareth était située. En effet, on appelle cité Romaine tout l’empire, qui comprend tant de villes. De plus, lin prophète donne le nom de cité à l’Église répandue par toutes les nations, quand il dit : « On a publié de toi des choses admirables, cité de Dieu d. » L’Écriture même nomme maison d’Israël le premier peuple de Dieu, qui habitait cependant un si grand nombre de villes e. Ne voit-on pas alors que ce fut dans sa cité même que Jésus opéra le miracle dont il s’agit, quand il l’opéra à Capharnaüm ville de Galilée, où il était revenu du pays des Géraséniens lorsqu’il repassa le lac ? Quelle que fût la ville de son séjour en Galilée, on pouvait justement dire qu’il était dans sa cité ; à plus forte raison quand il se trouvait à Capharnaüm, qui dominait les autres villes de la province ail point d’en être comme la métropole. Si cependant rien n’autorisait à prendre pour la cité de Jésus-Christ, soit la Galilée elle-même, où était située Nazareth, soit la ville de Capharnaüm, qui était comme la capitale des villes de Galilée ; nous dirions que saint Matthieu a omis le récit de ce qui se passa depuis le retour de Jésus dans sa cité jusqu’à son arrivée à Capharnaüm, et qu’il a rapporté aussitôt la guérison du paralytique ; comme font souvent les évangélistes qui négligent, sans en avertir, certains faits intermédiaires, et semblent laisser croire que les autres ont suivi immédiatement.

CHAPITRE XXVI. VOCATION DE SAINT MATTHIEU.

59. Saint Matthieu continue ainsi : « Jésus sortant de là vit un homme nommé Matthieu, qui était assis au bureau des impôts, et il lui dit : Suis-moi. Aussitôt il se leva et le suivit f. » Saint Marc gardant le même ordre raconte aussi ce fait après la guérison du paralytique : « Jésus, dit-il, étant sorti pour aller du côté de la mer, tout le peuple venait à lui ; et il les instruisait. Et lorsqu’il passait, il vit Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts et il lui dit : Suis-moi. Cet homme se leva aussitôt et le suivit g. » Point contradictoire ; le même homme s’appelle à la fois Matthieu et Lévi. C’est encore après la guérison du paralytique que saint Luc expose le même fait : « Après cela, « dit-il, Jésus sortit et voyant un publicain nommé Lévi assis au bureau des impôts, il lui dit Suis-moi. Et quittant tout Lévi se leva et le suivit h. » Ce qui porte à croire que saint Matthieu rapporte ce t’ait comme un fait omis précédemment, c’est qu’on doit regarder sa vocation comme antérieure au discours prononcé sur la montagne. Car au dire de saint Luc, les douze que Jésus avait choisis dans le nombre de ses disciples et qu’il avait appelés Apôtres, se trouvaient tous avec lui sur cette montagne i.
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