Numbers 11:16-17
XVIII. (Ib 11, 17.) Sur la participation des soixante-dix vieillards à l’esprit de Moïse. – « Je prendrai de l’esprit qui est en toi, et je le ferai reposer sur eux : et ils supporteront avec toi le fardeau du peuple, et tu ne les porteras pas seul. » La plupart des traducteurs latins n’ont pas rendu fidèlement le texte grec ; ils ont dit : « Je prendrai de ton esprit qui est en toi, et je le mettrai en eux, ou sur eux : » il en est résulté un sens d’une interprétation difficile. On peut croire en effet qu’il est question de l’esprit de l’homme, de cet esprit qu’on désigne également sous le nom d’âme, et qui, uni au corps, constitue notre nature humaine. L’Apôtre en parle en ces termes : « En effet, qui des hommes connaît ce qui est dans l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ? ainsi nul ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu a. » Ce qu’il ajoute : « Or, nous n’avons point reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui procède de Dieu b » rend sensible la différence qui existe entre notre esprit et l’Esprit de Dieu, dont l’esprit de l’homme est rendu participant par la grâce, divine. Néanmoins on pourrait encore, avec certains commentateurs, admettre que ces mots : « de ton esprit qui est en toi » peuvent s’entendre de l’Esprit de Dieu de ton esprit, parce qu’en effet l’Esprit de Dieu, venant en nous devient aussi nôtre ; c’est ainsi que l’Écriture attribue à Jean « l’esprit et la vertu d’Élie c. » Ce n’est pas que l’âme d’Élie se fût transportée en lui : car si quelques-uns tombent dans cette hérésie ▼▼Tertull. de l’âme, ch. 35.
, comment expliqueront-ils ce passage de l’Écriture : « L’esprit d’Élie reposa sur Élisée e ? » Élisée n’avait-il pas déjà son âme ? Cela ne signifie-t-il pas que l’Esprit de Dieu opérait par lui des merveilles semblables à celles qu’il faisait par le ministère d’Élie ; sans qu’il eût besoin de se retirer de celui-ci pour remplir celui-là, et en se partageant, d’être moins dans l’un, afin de pouvoir être au même moment partiellement dans l’autre ? Car il est Dieu et par conséquent il peut être avec la même perfection dans tous ceux en qui il daigne habiter par sa grâce. Mais comme il est écrit : « Je prendrai de l’esprit qui est sur toi » et non « de ton esprit » la question se résout dès lors très-facilement : nous comprenons en effet ce que Dieu a voulu faire entendre : c’est que les soixante-dix vieillards recevront l’assistance du même Esprit de grâce qui soutenait Moïse, et qu’ils y participeront autant que Dieu voudra, sans que les dons accordés à Moïse en soient diminués.
Copyright information for
FreAug