Romans 8:30
SERMON CLVIII. CONFIANCE EN DIEU a.
ANALYSE. – Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? L’important donc est de savoir si Dieu est pour nous. Or l’Apôtre enseigne qu’il est pour ceux qu’il a prédestinés, appelés, justifiés et glorifiés. Voyons ce qu’il y a déjà en nous de ces quatre caractères, afin de nous en faire un point d’appui pour obtenir de Dieu ce qui nous manque encore. – Avant même que nous ayons reçu l’existence, Dieu nous avait prédestinés et il nous a appelés en nous faisant chrétiens. Mais sommes-nous justifiés afin d’être un jour du nombre des glorifiés ? Examinons ce que nous pouvons posséder de justice, car elle n’est pas complète ici-bas, et cherchons à acquérir ce qui nous manque. La justification comprend la foi, l’espérance et la charité. Si déjà nous avons en nous la foi et l’espérance, perfectionnons et développons sans relâche la charité, attendu qu’au ciel nous n’aurons plus ni la foi ni l’espérance, nous n’y conserverons que la charité. – Ainsi donc, Dieu nous a suffisamment témoigné sa bonté pour nous inspirer confiance en lui ; c’est à nous de développer avec sa grâce la charité dans notre vie, pour affermir de plus en plus notre confiance. 1. Nous venons d’entendre le bienheureux Apôtre nous encourager et nous rassurer par ces mots : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Pour qui est-il ? L’Apôtre venait de le dire de la manière suivante : « Ceux qu’il a prédestinés, il les a appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a glorifiés. Que dire après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Dieu est pour nous, en nous prédestinant ; Dieu est pour nous, en nous appelant ; Dieu est pour nous, en nous justifiant ; Dieu est pour nous, en nous glorifiant. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Il nous a prédestinés, avant notre existence ; il nous a appelés, quand nous étions loin de lui ; justifiés, quand nous étions pécheurs ; glorifiés, quand nous étions mortels. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre-nous ? » Pour essayer de nuire à ceux que Dieu a prédestinés, appelés, justifiés et glorifiés, il faudrait se disposer à lutter d’abord, si on le peut, contre Dieu même. Dès qu’on nous dit : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » n’est-il pas vrai qu’on ne peut nous atteindre sans triompher de Dieu ? Mais qui triomphe du Tout-Puissant ? Chercher à lui résister, c’est se meurtrir ; et c’est ce que le Christ criait du haut du ciel à l’Apôtre qui portait encore alors le nom de Saul : « Tu ne gagnes rien, lui disait-il, à regimber contre l’aiguillon b ». Qu’on frappe, qu’on frappe autant qu’on peut ; frapper contre l’aiguillon, n’est-ce pas se frapper soi-même ? 2. En examinant ces quatre caractères que l’Apôtre a mis en relief et qui distinguent les favoris de Dieu, savoir la prédestination, la vocation, la justification et la glorification, remarquons ceux que nous possédons déjà et ceux que nous attendons encore. En voyant ce que nous avons, nous louerons Dieu qui nous l’a donné ; et en constatant ce qui nous manque, soyons sûrs que Dieu nous en est redevable. Il nous le doit, non pour avoir reçu de nous, mais pour nous avoir promis ce qu’il lui a plu. Nous pouvons dire à un homme : Tu me dois, car je t’ai donné ; mais à Dieu : Vous me devez, car vous m’avez promis. Quand on peut dire : Tu me dois, parce que je t’ai donné, c’est qu’on a remis pour échanger plutôt que pour donner. Mais quand on dit : Vous me devez, parce que vous m’avez promis, on n’a rien confié et pourtant on exige ; on exige parce que la bonté qui a promis donnera fidèlement, sans quoi elle ne serait plus bonté, mais plutôt méchanceté, attendu que pour tromper il faut être méchant. Or, disons-nous à Dieu : Rendez-moi, car je vous ai donné ? Eh ! que lui avons-nous donné, puisque c’est de lui que nous tenons tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons de bon ? Non, nous ne lui avons rien donné ; et nous ne pouvons à ce titre réclamer ce qu’il nous doit. L’Apôtre d’ailleurs ne dit-il pas avec beaucoup de raison : « Quia connu la pensée du Seigneur ? ou qui a été son conseiller ? ou qui le premier lui a donné et sera rétribué c ? » Voici donc comment nous pouvons poursuivre le Seigneur notre Dieu ; il faut lui dire : Accordez-nous ce que vous avez promis, car nous avons fait ce que vous avez prescrit ; et encore est-ce vous qui l’avez fait en nous, puisque vous nous avez aidés à le faire. 3. Que personne donc ne dise : Dieu m’a appelé, parce que je l’ai servi. Comment l’aurais-tu servi, s’il ne t’avait appelé ? S’il t’avait appelé pour avoir été servi par toi, il t’aurait donc rendu pour avoir reçu de toi le premier. Mais l’Apôtre n’interdit-il pas ce langage quand il s’écrie : « Qui lui a donné le premier et sera rétribué ? » Au moins tu existais déjà quand il t’a appelé ; mais aurait-il pu te prédestiner, si déjà tu avais l’être ? Qu’as-tu donné à Dieu, puisque, pour donner, tu n’existais même pas ? Et qu’a fait Dieu en te prédestinant avant ton existence ? Ce que dit l’Apôtre : « Il appelle ce qui n’est pas comme ce qui est d ». Non, il ne te prédestinerait pas, si tu existais, et ne t’appellerait pas, si tu n’étais éloigné ; si tu n’étais impie, il ne te justifierait pas, et ne te glorifierait pas, si tu n’étais de terre et de boue. « Qui donc lui a donné le premier et sera rétribué ? Puisque c’est de lui, par lui et en lui que sont toutes choses » ; que lui rendrons-nous ? « A lui la gloire e ». Nous n’étions pas, quand il nous a prédestinés ; nous étions éloignés, quand il nous a appelés ; quand il nous a justifiés, nous étions pécheurs : donc rendons-lui grâces et ne demeurons pas ingrats. 4. Nous nous étions proposé d’examiner ce que nous avions déjà et ce qu’il nous restait à acquérir encore des quatre caractères énoncés par saint Paul. Or, dès avant notre naissance, nous avons été prédestinés ; et nous avons été appelés, lorsque nous sommes devenus chrétiens. Voilà ce que nous avons déjà. Mais sommes-nous justifiés ? Où en sommes-nous sous ce rapport ? Oserons-nous dire de ce troisième caractère que nous l’avons aussi ? Y aura-t-il parmi nous un seul homme pour oser dire : Je suis juste ? Je suis juste, signifie, selon moi, je ne suis pas pécheur. Mais si tu oses tenir ce langage, voici devant toi l’Apôtre Jean : « Si nous affirmons », dit-il, « que nous sommes sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n’est point en nous f ». Eh quoi ! sommes-nous étrangers à toute justice ? Ou bien sommes-nous un peu justes, sans l’être complètement ? C’est ce qu’il nous faut examiner ; car si nous sommes justes sans l’être complètement, il nous suffira, pour le devenir, d’ajouter à ce que nous sommes déjà. Voici des hommes baptisés, tous leurs péchés sont remis, ils en sont justifiés, nous ne pouvons le nier : il leur reste néanmoins à lutter encore contre la chair, à lutter contre le monde, à lutter contre le démon. Or, quand on lutte, on frappe et on est frappé, on triomphe et on est renversé ; mais il faut voir dans quel état on quittera l’arène. Oui, « si nous affirmons que nous sommes sans péché, nous nous illusionnons nous-mêmes et la vérité n’est point en, nous ». D’un autre côté, si nous nous disons absolument étrangers à la justice, c’est un mensonge qui s’élève contre les dons divins. En effet, être entièrement étranger à la justice, c’est n’avoir même pas la foi ; mais si nous n’avons pas la foi, nous ne sommes pas chrétiens ; si au contraire nous l’avons, nous sommes un peu justes. Veux-tu savoir la valeur immense de ce peu ? Le juste vit de la foi g ; – oui le juste vit de la foi », en croyant ce qu’il ne voit pas. 5. Lorsque nos pères, lorsque les chefs du troupeau sacré, lorsque les saints apôtres annonçaient l’Évangile, ils publiaient non-seulement ce qu’ils avaient vu, mais encore ce qu’ils avaient touché de leurs mains ; et pourtant, comme un de ses disciples le touchait de la main, cherchant à s’assurer et s’assurant effectivement de la réalité, comme il s’écriait en le pressant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » ce Seigneur et ce Dieu, qui nous réservait le don de la foi, répondit d’abord : « Tu as cru pour avoir vu » ; puis jetant les yeux sur ce que nous ferions : « Heureux, continua-t-il, ceux qui ont cru sans avoir vu h ! » Nous donc qui n’avons pas vu et qui avons cru pour avoir entendu, nous avons été d’avance proclamés bienheureux, et nous serions complètement étrangers à la justice ! Le Seigneur s’est montré avec son corps aux yeux des Juifs, et ils l’ont mis à mort ; il ne s’est pas montré visiblement à nous, et nous l’avons reçu. « Un peuple que je ne connaissais pas m’a servi ; il a prêté à ma voix une oreille docile i ». Nous sommes ce peuple, et il n’y aurait en nous aucune trace de justice ! Certes il y en a. Soyons reconnaissants pour ce que nous avons reçu ; ainsi nous obtiendrons encore, sans rien perdre de ce qui nous a été donné. Il résulte que maintenant encore se forme en nous le troisième caractère. Nous sommes justifiés, mais la justice progresse en nous avec nous. Je vais vous exposer ses développements et conférer en quelque sorte avec vous. Chacun de vous, quoique déjà justifié en ce sens qu’il a reçu la rémission de ses péchés dans le bain de la régénération, qu’il a reçu encore l’Esprit-Saint pour avancer de jour en jour, pourra reconnaître où il en est, marcher, progresser et croître jusqu’à ce qu’il arrive, non pas au terme, mais à la perfection. 6. On commence par la foi. En quoi consiste la foi ? A croire. Cette foi néanmoins doit se distinguer de celle des esprits immondes. Elle consiste, avons-nous dit, à croire. « Mais, observe l’apôtre saint Jacques, les démons croient aussi et ils tremblent j ». Tu crois et tu vis sans espérance ou sans amour ? mais les démons croient aussi et ils tremblent ». Tu estimes avoir beaucoup fait en proclamant le Christ Fils de Dieu. Il est vrai, Pierre l’a proclamé, et il lui a été dit : « Tu es heureux, Simon, fils de Jona » ; mais les démons l’ont publié aussi, et il leur a été dit : « Taisez-vous ». Pierre parle et on lui dit : « Ce n’est ni la chair ni le sang qui t’ont révélé ceci, mais mon Père, qui est dans les cieux k ». Les démons parlent de même, et on leur dit de se taire l, et on les repousse ! Sans doute la parole est la même ; mais le Sauveur porte son regard sur la racine et non sur la fleur. De là cette recommandation adressée aux Hébreux : « Veillant à ce qu’aucune racine amère, poussant en haut ses rejetons, n’importune et ne souille l’âme d’un grand nombre m ». Songe donc avant tout à rendre ta foi différente de celle des démons. Par quel moyen ? Les démons confessaient le Christ avec crainte, Pierre avec amour. Ajoute donc l’espérance à la foi. Mais comment espérer si la conscience n’est en bon état ? A l’espérance joins donc aussi la charité. C’est la voie suréminente dont parle ainsi l’Apôtre Voici la voie suréminente : quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis semblable à un airain sonore ou à une cymbale retentissante ». L’Apôtre poursuit ensuite son énumération et assure que sans la charité tous les avantages ne sont rien. Conservons donc la foi, l’espérance et la charité n. La charité l’emporte sur tout ; appliquez-vous à la charité, et par là rendez votre foi différente, vous qui êtes du nombre des prédestinés, des appelés et des glorifiés. Saint Paul dit encore : « Ni la circoncision, ni l’incirconcision ne servent de rien, mais la foi ». O Apôtre, ne vous arrêtez pas, parlez encore, signalez la différence, car les démons croient aussi et ils tremblent » ; indiquez donc la différence qui doit distinguer notre foi de celle des démons, qui tremblent parce qu’ils haïssent ; parlez, Apôtre, distinguez ma foi et séparez ma cause de celle des impies o. Il le fait clairement et voici en quels termes : « La foi qui agit avec amour », dit-il p. 7. A chacun donc, mes frères, de s’examiner intérieurement, de se peser, de se juger, dans tous ses actes et dans toutes ses bonnes œuvres, pour reconnaître ce qu’il fait avec charité, sans attendre de récompense temporelle, mais seulement ce que Dieu a promis, le bonheur de le voir. Quelles que soient en effet les promesses de Dieu, sans lui tout n’est rien. Non, Dieu ne me satisferait point, s’il ne se promettait lui-même à moi. Qu’est-ce que toute la terre ? Qu’est-ce que toute la mer ? Qu’est-ce que le ciel entier, et tous les astres, et le soleil et la lune et tous les chœurs des anges ? C’est du Créateur de toutes ces merveilles que j’ai soif ; c’est de lui que j’ai faim. J’ai soif de lui et je lui dis : « En vous est la source de vie q », il me dit de son côté : « Je suis le pain descendu du ciel ! r ». Ah ! que j’aie faim et soif dans mon pèlerinage, pour être rassasié quand je serai au terme. Le monde me sourit par une variété immense de créatures éclatantes en beauté et en force : mais que le Créateur est à la fois bien plus beau, bien plus fort, bien plus éclatant et bien plus agréable ! « Je serai rassasié, lorsqu’apparaîtra votre gloire dans son éclat s ». Si donc vous avez cette foi qui agit avec amour, vous êtes du nombre des prédestinés, des appelés, des justifiés : faites-la donc croître en vous. Cette foi qui agit par amour est inséparable de l’espérance. L’aurons-nous encore lorsque nous serons au terme ? Alors encore nous dira-t-on de croire ? Assurément non ; car nous verrons alors et nous contemplerons face à face. « Mes bien-aimés, nous sommes les enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a point paru encore ». Cela n’a point paru, car c’est encore la foi. « Nous sommes les enfants de Dieu », prédestinés, appelés, justifiés par lui. « Nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a point paru encore ». Avant donc de voir ce que nous serons ; croyons aujourd’hui. « Nous savons que lorsqu’il se montrera nous lui serons semblables ». Est-ce parce que nous croyons ? Non. Pourquoi donc ? « Parce que nous le verrons tel qu’il est t ». 8. Et l’espérance ? y en aura-t-il encore ? Non, puisque nous posséderons la réalité. L’espérance est nécessaire au voyageur, c’est elle qui le soutient sur la route ; car s’il supporte courageusement les fatigues de la marche, c’est qu’il compte arriver au terme. Qu’on lui ôte cette espérance, ses forces s’affaissent aussitôt. Ce qui fait voir que l’espérance actuelle nous est nécessaire pour pratiquer la justice durant notre pèlerinage. Écoute l’Apôtre : « En attendant l’adoption, dit-il, nous gémissons encore en nous-mêmes ». Quand il y a encore gémissement, peut-on reconnaître la félicité dont il est dit dans l’Écriture : « Plus de fatigue ni de gémissements u ? » Ainsi, dit saint Paul, « nous gémissons encore en nous-mêmes, attendant l’adoption et la délivrance de notre corps ». Nous gémissons encore. Pourquoi ? C’est que nous sommes sauvés en espérance. Or, l’espérance qui se voit, n’est pas de l’espérance. Qui espère ce qu’il voit ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous attendons avec patience ». C’est avec cette patience que les martyrs méritaient la couronne, aspirant à ce qu’ils ne voyaient pas et dédaignant ce qu’ils souffraient ; et ils disaient, avec cette espérance : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? l’affliction ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? la nudité ? le glaive ? Car c’est à cause de vous ». Et où est-il celui à cause de qui ? Car c’est à cause de vous que nous sommes mis. à mort durant tout le jour v ». Où est enfin celui à cause de qui ? « Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu w ». Voilà qui indique où il est. Il est en toi, puisque ta foi y est aussi. L’Apôtre nous tromperait-il quand il dit « que par la foi le Christ habite en nos cœurs x ? » Il y est aujourd’hui par la foi, il y sera alors sans voiles ; il y est par la foi, tant que nous sommes voyageurs, tant que nous poursuivons notre pèlerinage ; car tant que nous sommes dans ce corps, nous voyageons loin du Seigneur, « puisque nous marchons par la foi et non par la claire vue y ». 9. Si la foi nous donne tant, que nous donnera la vue même ? Le voici : « Dieu sera tout en tous z ». Que signifie tout ? Il veut dire que tu posséderas alors tout ce que tu recherchais, tout ce que tu estimais ici. Que voulais-tu ? Que cherchais-tu ? Tu voulais manger et boire ? Dieu sera pour toi nourriture et breuvage. Que voulais-tu ? La santé du corps, toute fragile et toute éphémère qu’elle lut ? Dieu sera pour toi l’immortalité même. Que cherchais-tu ? Des richesses ? O avare, de quoi te contenteras-tu, si Dieu ne te suffit pas ? Qu’aimais-tu ? La gloire, les honneurs ? Dieu même sera ta gloire, et dès aujourd’hui tu lui dis : « C’est vous qui êtes ma gloire et qui élevez mon Chef aa ». Déjà, en effet, il a exalté mon Chef, mon Chef qui est le Christ. Pourquoi enfin ton étonnement ? Les membres comme le Chef seront un jour élevés en gloire et Dieu alors sera tout en tous. Voilà ce que nous croyons aujourd’hui, ce qu’aujourd’hui nous espérons ; mais une fois arrivés, nous le posséderons, et ce ne sera plus la foi, mais la vue ; une fois arrivés nous le posséderons, et ce ne sera plus l’espérance, mais la réalité. Et la charité ? Elle aussi existe-t-elle aujourd’hui pour disparaître alors ? Mais si nous aimons maintenant, que nous croyons sans voir ; comment n’aimerons-nous pas alors, que nous verrons et que nous posséderons ? Ainsi donc la charité subsistera encore alors, et elle sera parfaite. Aussi l’Apôtre dit-il : « Nous avons aujourd’hui la foi, l’espérance et la charité, trois vertus ; mais la charité l’emporte ab ». Conservons-la, nourrissons-la en nous, persévérons-y avec confiance et avec le secours divin, et disons : « Qui nous détachera de l’amour du Christ », avant qu’il ait pitié de nous et qu’il mène notre charité à sa perfection ? L’affliction ? l’angoisse ? la faim ? la nudité ? les dangers ? le glaive ? Car pour vous nous sommes mis à mort tous les jours, nous sommes considérés comme des brebis de boucherie ». Or, qui peut souffrir, qui supporte tout cela ? En tout cependant nous triomphons ». Par quel moyen ? Par le secours de Celui qui nous a aimés ac ». N’est-il donc pas vrai de dire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »SERMON CLIX. AMOUR DE LA JUSTICE ad.
ANALYSE. – C’est dans les martyrs qu’on trouve l’amour véritable de la justice. En effet cet amour demande : 1° Qu’on le préfère à toutes les jouissances permises qu’offre la nature ; il faut que la justice ait pour nous plus de charmes que tout le reste. Ce n’est pas assez, il faut 2° que nous fassions pour la justice ce qu’on ne fait pas ordinairement pour satisfaire ses passions, c’est-à-dire que pour elle nous bravions tous les supplices et la mort même. Or, c’est ce qu’ont fait magnifiquement les martyrs. Mais c’est à Dieu qu’il faut nous adresser, soit pour le remercier de l’amour que nous avons déjà pour la justice, soit pour lui demander ce qui nous manque encore. 1. Il a été hier longuement question de la justification que nous accorde le Seigneur notre Dieu ; c’était nous qui parlions, Dieu qui nous en faisait la grâce, et vous qui écoutiez. Il est vrai, le fardeau de chair corruptible dont nous sommes chargés en cette vie, fait que nous n’y sommes point exempts de péché, et si nous disons que nous n’en avons point, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous ae ; je le crois pourtant, votre charité a compris avec évidence que nous sommes justifiés autant que le comporte notre pèlerinage, puisque nous vivons de la foi, en attendant que nous soyons en face de l’heureuse réalité. Ainsi on commence par la foi, pour arriver à la claire vue ; on franchit la route, afin de parvenir à la patrie. L’âme répète durant ce voyage : « Tous mes désirs sont devant vous, et mes gémissements ne vous sont point inconnus af ». Mais dans la Patrie on n’aura plus lieu de prier, il n’y aura place que pour la louange. Pourquoi pas pour la prière ? Parce qu’on n’y manque de rien. On y voit ce qu’on croit ici ; ce qu’ici on espère, on le possède là ; et l’on y reçoit ce qu’on demande ici. Maintenant, toutefois il y a une perfection relative à laquelle sont parvenus les martyrs. Aussi, comme le savent les fidèles, la discipline ecclésiastique ne veut pas qu’on prie pour les martyrs lorsqu’on prononce leur nom à l’autel. On prie pour les autres défunts dont on fait mémoire ; ce serait une injure de prier pour un martyr, puisque nous devons au contraire nous recommander à ses prières, attendu qu’il a combattu jusqu’au sang contre le péché. À des chrétiens encore imparfaits et néanmoins justifiés en partie, l’Apôtre dit dans son épître aux Hébreux : « Vous n’avez pas combattu encore jusqu’au sang en résistant au péché ag ». Fils n’ont pas combattu encore jusqu’au sang, il est des hommes qui sont allés sûrement jusque-là. Les saints martyrs, sans aucun doute, et c’est à eux que s’appliquent ces mots de l’apôtre saint Jacques, dont on vient de faire lecture : « Considérez, mes frères, comme la source de toute joie, les diverses épreuves qui tombent sur vous ah ». Ce langage s’adresse aux parfaits, lesquels peuvent dire aussi : « Éprouvez-moi, Seigneur, et tentez-moi ai. – Sachant, continue l’Apôtre, que l’affliction a produit la patience. Or, la patience rend les œuvres parfaites aj ». 2. Nous devons en effet aimer la justice, et il y a, dans cet amour de la justice, des degrés qui marquent le progrès que l’on y fait. Le premier degré est de ne préférer rien de ce qui charme à l’amour de la justice. C’est bien là le premier degré. Mais que veux-je dire ? Que de tout ce qui charme, rien ne te charme comme la justice. Je ne te demande pas que rien autre ne te plaise, je demande que la justice te plaise davantage. Il faut l’avouer, il est bien des choses qui ont pour notre faiblesse un attrait naturel : ainsi le boire et le manger ont de l’attrait, quand on a soif et quand on a faim ; ainsi la lumière encore, soit celle qui rayonne du haut du ciel quand le soleil est sur l’horizon, soit celle que projettent les étoiles et la lune, soit celle que répandent les flambeaux allumés sur la terre pour consoler nos yeux au milieu des ténèbres ; ainsi encore une voix harmonieuse, des airs suaves et des parfums délicieux ; le toucher même est flatté en nous par tout plaisir sensuel. Or, parmi tous ces plaisirs qui affectent nos sens, il en est de permis ; tels sont, comme je viens de le dire, les grands spectacles de la nature qui charment les regards ; mais l’œil aime aussi les spectacles des théâtres, et si ceux-là sont permis, ceux-ci ne le sont pas. L’oreille se plaît au chant harmonieux d’un psaume sacré ; elle aime aussi le chant des histrions. L’un est permis, l’autre ne l’est pas. Les fleurs et les parfums, qui sont aussi l’œuvre de Dieu, flattent l’odorat ; il aspire également avec joie l’encens brûlé sur l’autel des démons. Ici encore tout n’est pas permis. Le goût aime des aliments qui ne sont pas interdits ; il aime aussi ce qu’on sert aux banquets sacrilèges des sacrifices idolâtriques. Il le peut dans le premier cas, il ne le peut dans le second. Il y a aussi des embrassements permis et des embrassements impurs. Vous le voyez donc, mes bien chers, parmi ces jouissances sensibles, il en est de permises et il en est d’interdites. Or, il faut que la justice nous plaise plus que les jouissances mêmes permises ; oui, tu dois préférer la justice à ce qui te charme d’ailleurs même innocemment. 3. Afin de mieux comprendre encore, représentons-nous une espèce de duel intérieur. Aimes-tu la justice ? Je l’aime, réponds-tu. Ta réponse ne serait pas sincère, si la justice n’avait pour toi quelque attrait ; on n’aime en effet que ce qui en a : « Mets tes délices dans le Seigneur ak », dit l’Écriture. Mais le Seigneur est la justice même. Nous ne devons pas en effet nous le figurer tel qu’une idole. Dieu est de la nature de ce qui est invisible ; or ce qui est invisible est ce que nous avons de meilleur. Ainsi la fidélité est préférable au corps, préférable à l’or, préférable à l’argent, préférable aux trésors, préférable à des domaines, à une grande maison, aux richesses tous ces biens sont visibles, tandis que la fidélité ne l’est pas. À quoi donc comparer Dieu ? À ce qui est visible ou à ce qui est invisible ? À ce qui est plus vil ou à ce qui est plus précieux ? Parlons de ce qui est plus vil. Tu as deux esclaves ; l’un est laid de corps et l’autre d’une beauté ravissante ; mais le premier est fidèle et non pas l’autre. Lequel des deux préfères-tu, dis-moi ? Je vois bien que tu aimes ce qui ne se voit pas. Or, préférer le serviteur fidèle, avec sa laideur corporelle, à l’esclave infidèle, quoique beau, n’est-ce pas se tromper et préférer la laideur à la beauté ? Non, à coup sûr, c’est au contraire aimer la beauté plus que la laideur ; c’est faire moins de cas du témoignage des yeux du corps, que du témoignage des yeux du cœur. Que t’ont répondu les yeux du corps, quand tu les as interrogés ? Que des deux esclaves l’un était beau et l’autre laid. Tu n’as pas voulu de cette déposition, tu l’as mise de côté. Fixant ensuite les yeux du cœur sur les deux esclaves, tu as vu que si l’un était laid de corps, il était fidèle, et que l’autre était infidèle avec sa beauté corporelle. Tu t’es prononcé alors : Est-il rien, as-tu dit, de plus beau que la fidélité, rien de plus laid que l’infidélité ? 4. A tous les plaisirs, à toutes les jouissances mêmes permises il faut donc préférer la justice ; et s’il est vrai que tu aies des sens intérieurs, tous ces sens sont portés pour elle. As-tu des yeux intérieurs ? Contemple sa lumière : « En vous est la source de vie, et à votre lumière nous verrons la lumière al ». De cette lumière encore il est dit dans un psaume : « Illuminez mes yeux, de peur que « je ne m’endorme un jour dans la mort am ». As-tu aussi des oreilles intérieures ? Ouvre-les à la justice. C’est ce que demandait celui qui criait : « Entende, qui a des oreilles pour entendre an ». As-tu dans l’âme encore une espèce d’odorat ? Nous sommes partout, dit l’Apôtre, la bonne odeur du Christ ao ». Il est dit encore, en s’adressant au goût : « Goûtez et reconnaissez combien le Seigneur est doux ap ». Quant au toucher spirituel, voici ce que l’Épouse publie de son Époux : « De sa gauche il me soutient la tête et de sa droite il m’embrasse aq ». 5. Revenons à l’espèce de duel que j’ai annoncé. Qui veut me répondre ? J’interrogerai et je mettrai à même de constater si on préfère réellement la justice à tout ce qui flatte les sens corporels. Tu aimes l’or, il charme tes regards ; de fait, l’or est un métal beau, brillant, agréable à voir. Il est beau, je ne le nie pas, et le nier serait outrager le Créateur. Mais voici une tentation. Je t’enlève ton or, dit-on, si tu ne fais pour moi ce faux témoignage, et si tu le fais, je t’en donne. Tu ressens alors un double attrait. Auquel, dis-moi, donneras-tu la préférence ? À ton attrait pour l’or, ou à ton attrait pour la vérité ? À ton attrait pour l’or, ou à ton attrait pour déposer conformément à la vérité ? L’or seul brille-t-il et la vérité ne brille-t-elle pas à sa manière ? Il faut, pour faire un vrai témoignage, être fidèle à la vérité. Si l’or brille, la fidélité n’a-t-elle pas aussi de l’éclat ?… Rougis, ouvre les yeux : n’offriras-tu pas à ton Maître ce qui te charmait dans ton esclave ? Quand, il y a un instant, je te demandais si tu préférais un bel esclave, mais infidèle, à un esclave laid, mais fidèle, tu m’as répondu conformément à la justice, tu as préféré ce qui était réellement préférable. Rentre en toi, car c’est de toi que maintenant il s’agit. Oui, tu aimes l’esclave fidèle ; Dieu est-il indigne d’avoir en toi un fidèle serviteur ? Quelle récompense si grande promettais-tu à ce fidèle esclave ? Comme preuve de ton vif attachement et comme récompense suprême, la liberté. Oui, qu’assurais-tu de grand à ce fidèle esclave ? La liberté temporelle. Et pourtant combien ne voyons-nous pas d’esclaves qui ne manquent de rien, et d’affranchis qui mendient ? Avant néanmoins de promettre cette liberté, tu exigeais que ton esclave te fût fidèle ; et tu n’es point fidèle à Dieu, quand il te promet l’éternité ? 6. Il serait trop long de faire également l’application à chacun des sens corporels ; entendez de tous les autres ce que j’ai dit de la vue et préférez toujours les joies de l’esprit aux joies de la chair. Votre corps est-il attiré à des plaisirs coupables ; que votre âme s’attache aux charmes invisibles de la justice, toujours si belle, si chaste, si sainte, si harmonieuse et si douce, et ne l’observer point par contrainte. Vous ne l’aimez pas encore, quand c’est la peur qui vous y porte. Ce qui doit te détourner du péché n’est pas la crainte du châtiment, mais l’amour de la justice. De là ces paroles de l’Apôtre : « Je parle humainement à cause de la faiblesse de votre chair. Comme vous avez fait servir vos membres à l’impureté et à l’iniquité pour l’iniquité ; ainsi maintenant faites-les servir à la justice pour votre sanctification ar ». Que signifie : « Je parle humainement? » Je dis ce qui est à votre portée. Or, lorsque vous avez fait servir vos membres à l’iniquité pour vous livrer à la débauche, est-ce la crainte qui vous poussait, ou bien est ce le plaisir qui vous attirait ? Lequel des deux ? Répondez-nous ; car si vous êtes sages aujourd’hui, peut-être ne l’avez-vous pas toujours été. Quand donc vous péchiez, quand vous vous plaisiez à pécher, était-ce la crainte qui vous y déterminait, ou la délectation que vous trouviez dans le péché ? Vous me répondrez que c’était la délectation. Eh quoi c’est le plaisir qui attire au péché, et il faudra la crainte pour porter à la justice ? Sondez-vous, examinez-vous. Ah ! que le tentateur qui m’en menace, enlève mon or ; il y a dans la justice plus d’agrément et plus d’éclat. Que celui qui me promet de l’or, ne m’en donne pas ; à l’or je préfère la justice, je trouve en elle plus de délices, plus d’éclat, plus de beauté, plus de charme, plus de douceur. Mais si on examine ainsi son cœur et qu’on triomphe dans cette espèce de duel, c’est qu’on a prêté l’oreille à ces mots de l’Apôtre : « Je parle humainement à cause de la faiblesse de votre chair ». C’est sans doute ici de l’indulgence pour la faiblesse, et j’ignore si jamais il s’est mis davantage à la portée des moins avancés. 7. C’est comme s’il se fût exprimé de la manière suivante : Je me place à votre niveau ; vous avez livré vos sens à des plaisirs coupables, et c’est l’attrait du péché qui vous a conduits à les commettre ; ainsi laissez-vous amener à faire le bien par les charmes et la douceur de la justice, aimez la justice comme vous avez aimé l’iniquité. Elle mérite d’obtenir que vous fassiez pour elle ce que vous avez fait pour l’iniquité. Voilà ce que signifie : « Je parle humainement » ; en d’autres termes, je dis ce qui est à la portée de votre faiblesse même. L’Apôtre tenait donc quelque chose en réserve ; mais quoi ? Qu’est-ce donc qu’il différait de dire ? Je l’exprimerai, si je le puis. Mets sur une balance la justice et l’iniquité : la justice ne vaut-elle pas autant que l’iniquité valait pour toi ? Ne faut-il pas aimer l’une autant que tu as aimé l’autre ? Quelle comparaison ! Plût à Dieu néanmoins qu’il en fut ainsi ! Tu dois donc à la justice davantage ? Sans aucun doute. Tu cherchais le plaisir en faisant le mal ; affronte la douleur pour faire le bien. Je le répète : Si tu as cherché le plaisir dans l’injustice, supporte la douleur en faveur de la justice : ce sera faire plus pour elle. Voici, à l’âge dangereux un jeune libertin poussé par la passion, il a jeté les yeux sur une femme étrangère, il l’aime et veut en jouir, mais il veut que ce soit secrètement : ce jeune homme aime le plaisir, il craint davantage la douleur. Pourquoi en effet ce désir de n’être pas connu ? C’est qu’il a peur d’être saisi, enchaîné, conduit, enfermé, produit au grand jour, torturé et mis à mort, et c’est la crainte de tout cela qui le porte à se cacher tout en cherchant à satisfaire sa passion. Voilà pourquoi il épie l’absence du mari, craint même de rencontrer son complice et d’avoir un témoin de son crime. Il est évident qu’il obéit à l’attrait du plaisir ; cet attrait néanmoins n’est pas assez puissant pour lui faire triompher de la crainte, de la torture et de la peur des supplices. Voyons maintenant la justice et la beauté, la fidélité avec ses charmes ; qu’elles se produisent ouvertement, qu’elles se montrent aux yeux du cœur et qu’elles embrasent de zèle leurs amis. Tu veux jouir de moi ? dira chacune d’elles : dédaigne tout autre chose, méprise pour moi tout autre plaisir. Tu obéis : ce n’est pas assez ; voilà ce qu’elle conseillait humainement, à cause de la faiblesse de votre chair. Oui, c’est peu de mépriser pour elle tout autre plaisir ; pour elle encore dédaigne tout ce qui te faisait peur ; ris-toi des prisons, ris-toi des fers, ris-toi des chevalets, ris-toi des tortures, ris-toi de la mort. En triomphant de tout cela, tu obtiens ma main, dit la justice. Et vous, mes frères, montez ce double degré pour prouver aussi combien vous l’aimez. 8. Peut-être rencontrons-nous quelques fidèles qui préfèrent les attraits de la justice aux voluptés et aux joies des sens ; mais parmi vous y a-t-il un homme qui méprise pour elle les châtiments, les douleurs et la mort ? Contentons-nous au moins d’élever nos pensées à la hauteur de dispositions que nous n’osons nous flatter d’avoir. Où trouver ces dispositions ? Où les rencontrer ? Il y a sous nos yeux des milliers de martyrs en qui reluit ce véritable et sincère amour de la justice. C’est en eux que se vérifie cette recommandation Considérez, mes frères, comme la source de toute joie, les afflictions diverses où vous pouvez tomber, sachant que l’épreuve de votre foi engendre la patience ; or la patience rend les œuvres parfaites as ». Eh ! que manque-t-il à la patience pour rendre les œuvres parfaites ? Elle est embrasée d’amour et de zèle, elle foule aux pieds tout ce qui flatte et elle se précipite en avant. La voici en face de difficultés, d’horreurs, d’atrocités, de menaces ; elle foule encore tout cela, elle s’en rit et s’élance. Oh ! n’est-ce pas là aimer, marcher, mourir à soi et parvenir jusqu’à Dieu ? Qui aime son âme, la perdra ; et qui pour moi l’aura perdue, la gagnera pour l’éternelle vie ». Voilà, voilà comment doit se préparer un ami de la justice, un ami de l’invisible beauté. « Dites en plein jour ce que je vous dis dans les ténèbres, et prêchez sur les toits ce que je vous confie à l’oreille at ». Que signifie : « Publiez en plein jour ce que je vous dis dans les ténèbres ? » Annoncez avec confiance ce que je vous dis et ce que vous entendez au fond du cœur. « Et prêchez sur les toits ce que je vous confie à l’oreille ». Que signifie encore : « Ce que je vous confie à l’oreille ? » Ce que je vous dis secrètement, parce que vous craignez encore de le confesser et de le publier. Que signifie enfin : « Prêchez sur les toits ? » Vos demeures sont vos corps ; vos demeures sont vos organes charnels. Ah ! monte sur le toit, foule aux pieds la chair et prêche ma parole. 9. Avant tout cependant, mes frères, déplorez ce que vous étiez, et vous pourrez devenir ce que vous n’êtes pas encore. Ce que je dis est important : comment y arriver ? Ce que je dis est la perfection la plus élevée, la perfection suprême : comment y atteindre ? Toute grâce, excellente et tout don parfait vient d’en haut et descend du Père des lumières, en qui il n’y a ni changement, ni ombre de vicissitudes au ». De lui vient ce qu’il y a de bon en nous, et de lui ce que nous n’avons pas encore. Vous manquez ? « Demandez, et vous recevrez. Si vous, dit le Sauveur, tout mauvais que vous soyez, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père, céleste accordera-t-il ce qui est bon à ceux qui l’implorent av ? » À chacun donc de s’examiner, et s’il trouve en lui quelque don qui ait rapport à la justification, qu’il en rende grâces à Celui qui en est l’auteur ; et tout en lui rendant grâces de ce qu’il a reçu, qu’il lui demande ce qu’il n’a pas reçu encore ; car si tu gagnes à recevoir, lui ne perd rien à donner ; et quelle que soit ton avidité, quelque dévorante que soit ta soif, tu pourras toujours te plonger dans cette source.
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