1 Corinthians 5
HOMÉLIE XV.
IL N’EST BRUIT QUE D’UNE FORNICATION COMMISE PARMI VOUS, D’UNE FORNICATION TELLE QU’IL N’EN EXISTE PAS CHEZ LES GENTILS MÊMES ; JUSQUE-LÀ QUE QUELQU’UN À LA FEMME DE SON PÈRE. ET VOUS ÊTES GONFLÉS D’ORGUEIL ! ET VOUS N’ÊTES PAS PLUTÔT DANS LES PLEURS, POUR FAIRE DISPARAÎTRE DU MILIEU DE. VOUS CELUI QUI À COMMIS CETTE ACTION ! (CHAP. 5,1, 2, JUSQU’AU VERS. 8)ANALYSE.
- 1. Saint Paul en vient enfin à l’incestueux, et il ne l’attaque pas seul, mais avec lui toute l’Église de Corinthe que souillait la présence d’un tel coupable.
- 2. Il faut châtier le coupable, le châtier dans son corps pour sauver son âme.
- 3. Pour les chrétiens, tous les jours sont jours de fête.
- 4. Prudence de saint Paul. – Que l’avarice est un vieux levain, et comment. – Des héritiers d’un bien mal acquis.
▼Il ne dit pas seulement : καθάρατε, mais έχχαθάρατε.
», purifiez-vous avec soin, en sorte qu’il né reste rien,-pas même l’ombre d’un tel mal. En disant donc : « Purifiez-vous », il indique que le mal subsiste encore chez eux ; mais quand il ajoute : « Afin que vous soyez d’une pâte nouvelle, comme vous êtes des azymes », il donne à entendre que le vice ne domine pas chez beaucoup d’entre eux. Et s’il dit : « Comme vous êtes des azymes », ce n’est pas qu’ils soient tous purs, mais il veut dire : Comme il convient que vous soyez. « Car notre agneau pascal, le Christ, a été immolé. C’est pourquoi mangeons la pâque, non avec un vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des azymes de sincérité et de vérité ». C’est ainsi que le Christ a appelé la doctrine, levain. Et Paul continue la métaphore ; en leur rappelant l’histoire ancienne, la pâque, tes azymes, les bienfaits anciens et nouveaux, les punitions et les châtiments. C’est donc un temps de fête que le temps de cette vie. Quand il dit : « Faisons festin » ; ce n’est pas parce que c’était alors la pâque ou la Pentecôte ; mais il veut faire entendre que la vie est pour les chrétiens une fête continuelle, à cause de l’abondance des biens qu’ils reçoivent. Et quel bien en effet vous fait défaut ? Le Fils de Dieu s’est fait homme pour vous ; il vous a délivrés de la mort et appelés au royaume du ciel. Vous donc qui avez reçu et recevez de tels bienfaits, comment ne seriez-vous pas toujours en fête ? Que personne donc ne s’attriste parce qu’il est pauvre ou malade, ou qu’on lui tend des embûches : car notre vie est une fête perpétuelle. « Réjouissez-vous dans le Seigneur, réjouissez-vous, je vous le dis encore une fois, réjouissez-vous ». (Phi 4,4) Or, dais les jours de fête, personne ne met de sales habits ; n’en mettons donc point : car ce sont des noces, des noces spirituelles. Il est écrit : « Le royaume des cieux est semblable à un roi qui voulut faire les noces de son fils ». (Mat 22,2) Or, quand un roi fait des noces et les noces de son fils, peut-il y avoir une plus grande fête ? Que personne donc n’y paraisse en haillons. Nous ne parlons pas ici de vêtements, mais d’actions impures. Si en effet un des convives de la noce, trouvé salement vêtu quand les autres l’étaient magnifiquement, fut expulsé avec ignominie ; songez quelle sévérité, quelle pureté il faut pour prendre part à cet autre festin nuptial. Et ce n’est pas seulement pour cela que l’apôtre leur parle des azymes ; mais, indiquant le rapport de l’Ancien Testament avec le Nouveau, il fait voir qu’après les azymes, il n’est plus permis de retourner en Égypte, sous peine de sabir le même châtiment que ceux qui voulurent y retourner ; vu que ce n’étaient là que des figures, quoi qu’en dise le Juif impudent. En effet, interrogez-le là-dessus, il ne vous dira rien qui vaille ; ou s’il répond quelque chose, ce ne sera pas dans le même sens que nous, puisqu’il ne connaît pas la vérité. Il vous dira, par exemple, que Dieu a changé les dispositions des Égyptiens au point qu’ils ont chassé eux-mêmes ceux qu’ils retenaient naguère, de force et à qui ils n’avaient pas même permis de faire fermenter là pâte. Mais si quelqu’un m’interroge, je ne lui parlerai pas de l’Égypte, ni de Pharaon, mais de l’affranchissement de l’esclavage des démons et des ténèbres du diable ; je ne parlerai pas de Moïse, mais du Fils de Dieu ; ni de la mer Rouge, mais du baptême si fécond en bons résultats, et qui est la mort du vieil homme. De plus, si vous demandez au Juif pourquoi il fait absolument disparaître le levain, il gardera le silence, il ne vous en dira pas la raison. C’est que, parmi ces prescriptions, les unes étaient des figures de l’avenir et contenaient la raison de ce qui se fait aujourd’hui ; les autres avaient pour but d’éloigner les Juifs du mal et de les empêcher de ; rester dans les ombres. Que signifient, de grâce, ces mots « Mâle, sans tache et âgé d’un an ? » Et ceux-ci : « On ne lui brisera pas les os ? » Pourquoi appeler les voisins ? Pourquoi manger « debout », et le soir ? Pourquoi le bang sur les maisons, comme sauvegarde ? À ces questions le Juif ne répondra qu’en parlant de l’Égypte, toujours de l’Égypte ; et moi j’expliquerai ce que signifie ce sang, pourquoi la circonstance du soir, pourquoi tous devaient manger ensemble et debout. 4. En premier lieu, disons pourquoi le levain devait entièrement disparaître. Quel est le sens de l’énigme ? Le fidèle doit être exempt de tout vice. Comme celui chez qui en avait trouvé du vieux levain était condamné à mort, ainsi en est-il de nous, si nous sommes trouvés entachés de mal. Il ne peut se faire qu’une punition si grande dans le temps des figures, ne le soit encore beaucoup plus dans le nôtre. En effet, si les Juifs sont si soigneux à faire disparaître le levain, jusqu’à faire des recherches dans les trous de souris ; combien ne devons-nous pas l’être davantage pour sonder notre âme et la purifier de toute pensée impure. Mais cet usage, pratiqué hier par les Juifs, n’existe plus : car partout où il y a un Juif, on trouve du levain. Au milieu des villes, il est vrai, on fabrique des azymes ; mais c’est un jeu d’enfant plutôt qu’une loi. Partout où la vérité pénètre, les figures disparaissent. Aussi c’est au moyen de cette comparaison que Paul repousse surtout le fornicateur non seulement, dit-il, sa présence ne sert plus à rien, mais elle devient nuisible, en gâtant le corps entier. On ne sait en effet d’où émane la mauvaise odeur quand le nombre pourri est invisible, et on l’attribue au corps entier. Aussi les presse-t-il vivement de faire disparaître le levain : « Afin », dit-il ; « que vous soyez une pâte nouvelle, comme vous êtes des azymes : Car notre agneau pascal, le Christ, a été immolé pour nous ». Il ne dit pas : Est mort ; mais : « À été immolé », pour mieux rendre sa pensée. Ne cherchez clone plus des azymes de ce genre, car vous n’avez plus le même agneau ; ne cherchez plus de ce levain, car vos azymes ne sont pas les mêmes. Il est vrai qu’avec le levain matériel, l’azyme peut fermenter ; et que ce qui est fermenté ne peut plus devenir azyme mais ici c’est le contraire. Cependant il n’exprime pas cette pensée. Et voyez sa prudence : dans sa première épître, il ne donne point art fornicateur espérance de retour ; il veut que sa vie entière soit consacrée à la pénitence ; il aurait craint de le rendre plus lâche en lui faisant cette promesse. En effet, il ne dit pas : Livrez-le à Satan, afin qu’après avoir fait pénitence, il rentre dans l’Église ; mais : « Afin qu’il soit sauvé au dernier jour ». Il le renvoie à ce temps, pour exciter sa sollicitude ; et, à l’imitation de son maître, il ne lui révèle pas ce qu’il lui accordera après sa pénitence. De même que Dieu avait dit : « Encore trois jours et Ninive sera détruite ».(Jon 3,4), sans ajouter : Et elle sera sauvée, si elle fait pénitence ; ainsi Paul ne dit pas : S’il fait une digne pénitence, nous lui donnerons des preuves d’amour ; mais il attend qu’il ait accompli son œuvre pour le faire rentrer en grâce. En s’expliquant ainsi dès le commencement, il l’eût affranchi de la crainte ; non seulement donc il ne le fait pas, mais par la comparaison du levain, il lui ôte jusqu’à l’espoir de retour, et le réserve pour le dernier jour, en disant : « Purifiez-vous du vieux levain » ; et encore : « Ne célébrons point la pâque avec du vieux levain ». Quand après la pénitence, il mit le plus grand empressement à le faire rentrer dans l’Église. Pourquoi dit-il le « vieux » levain ? Ou pour désigner notre vie ancienne ; ou parce que la vétusté est voisine de la mort, et fétide et honteuse, comme l’est le péché ; car ce n’est pas sans raison, mais en vue de son sujet, qu’il rejette la vétusté et loue la nouveauté. Car il est dit ailleurs : « Un ami nouveau est du vin nouveau ; il vieillira et vous le boirez avec plaisir » (Sir 9,15) ; l’écrivain approuvant ainsi l’ancienneté plutôt que la nouveauté dans l’amitié. Et ailleurs : « L’ancien des jours était assis », ce qui présente l’ancienneté comme le titre le plus glorieux. En d’autres endroits l’Écriture en fait un titre de blâme. Comme en effet les diverses choses sont composées de nombreux éléments, les mêmes termes sont employés dans le bon ou le mauvais sens, et non avec la même signification. Voici encore un texte où l’ancienneté est blâmée : « Ils ont vieilli et ont trébuché dans leurs voies » (Psa 17) ; et cet autre : « J’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis » (Psa. 6) ; ou encore : « Homme vieilli dans le mal ». (Psa 17) ; et cet autre : « J’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis » (Psa. 6) ; ou encore : « Homme vieilli dans le mal ». (Dan 13,52) Le levain lui-même, quoique pris ici dans une mauvaise acception, est souvent employé pour désigner le royaume des cieux ; mais dans ces deux cas, le mot se rapporte à des objets différents. 5. Ce qu’on dit ici du levain, me paraît surtout un reproche à l’adresse des prêtres, qui tolèrent beaucoup de vieux levain à l’intérieur, n’ayant pas soin de rejeter au-dehors, c’est-à-dire, hors de l’Église, les avares, les voleurs, tout ce qui exclut du royaume des cieux. En effet, l’avarice est un vieux levain ; partout où elle tombe, en quelque maison qu’elle entre, elle la rend impure. Si faible que soit le profit injuste, il fait fermenter toute votre fortune. Aussi, souvent un peu de bien mal acquis suffit à renverser une grande fortune honorablement amassée. Car rien de putride comme l’avarice ; vous aurez beau fermer votre coffre-fort de clé, de porte et de verrou, si vous y avez renfermé l’avarice, le plus redoutable des voleurs, qui peut tout vous enlever. Pourtant, dira-t-on, il y a bien des avares qui n’éprouvent pas cela. Ils l’éprouveront, bien que ce ne soit pas sur l’heure ; s’ils y échappent même maintenant, ce n’est qu’une raison de, plus pour vous de craindre ; car ils sont réservés pour un plus grand châtiment. Ou encore, leurs héritiers le subiront peut-être à leur place. Est-ce juste, direz-vous ? Très juste, certainement. Celui qui hérite d’un bien injustement acquis, s’il n’est pas voleur, retient au moins le bien d’autrui ; il en est parfaitement convaincu, et par conséquent il est juste qu’il en porte la peine. . Si, en effet, vous aviez accepté le fruit d’un vol et que le propriétaire vînt le réclamer, seriez-vous justifié en disant que ce n’est pas vous qui avez volé ? Nullement. Car enfin que répondriez-vous à l’accusation ? Qu’un autre a commis le vol ? Mais c’est vous qui détenez l’objet volé. Un tel a pris ? mais c’est vous qui jouissez. Les lois des infidèles le savent bien elles qui ordonnent de réclamer, les objets volés, non à ceux qui les ont arrachés de force ou soustraits furtivement, mais à ceux en possession de qui on les trouve tous. Si donc vous connaissez les victimes de l’injustice, restituez-leur et imitez Zachée qui rendit avec usure ; si vous ne les connaissez pas, je vous ouvre une autre voie, pour ne pas vous laisser sans remède : distribuez le tout aux pauvres et vous écarterez le péril. S’il en est qui aient transmis de tels héritages à leurs enfants et à leurs petits-enfants, ils ont subi d’autres châtiments. Mais à quoi bon parler de ce qui se passe ici-bas ? Il n’en sera plus question au jour où les uns et les autres apparaîtront dépouillés, et les volés et les voleurs ; dépouillés de leur argent, mais non pourtant de la même manière : car ceux-ci seront remplis des vices nés de la richesse. Que ferons-nous donc en ce jour quand paraîtra devant ce terrible tribunal celui qui, victime de l’injustice, a perdu tous ses biens, et que vous serez là, sans avocat pour vous défendre ? Que répondrez-vous au juge ? Ici vous pouvez corrompre le jugement des hommes ; là, la corruption est impossible ; et, encore l’est-elle même ici, puisque ce juge est déjà présent. Car Dieu voit ce qui se passe, il est près de ceux qui souffrent l’injustice, même quand ils ne l’invoquent pas. Oui, quand même celui dont les droits sont violés ne mériterait pas d’être vengé, il a pourtant un vengeur dans Dieu à qui l’injustice déplaît. Mais, dira-t-on, pourquoi ce méchant prospère-t-il ? Cela ne durera pas toujours. Écoutez ce que dit le prophète : « Que ceux qui font le mal n’excitent point votre envie, car bientôt ils se dessécheront comme l’herbe ». (Psa 36) Où va, dites-moi, le voleur après cette vie ? Où sont ses brillantes espérances ? Qu’est devenue sa réputation honorable ? Tout ne s’est-il pas évanoui ? Tout ce qui composait son existence n’a-t-il pas passé comme un songe, comme une ombre ? N’attendez pas autre chose de tous ses pareils, ni de leurs héritiers. Mais il n’en est pas de même des saints ; vous ne pouvez en dire autant d’eux ; que ce qu’ils possèdent est une ombre, un songe, une fable. Prenons, si vous le voulez, pour exemple celui même qui nous dit tout cela, ce fabricant de tentes, ce Cilicien, dont le père même ne nous est pas connu d’une manière certaine. Mais, direz-vous, comment lui ressembler ? Le voulez-vous sérieusement ? Désirez-vous vraiment être comme lui ? Oui, répondez-vous. Eh bien ! entrez dans la voie où il est entré, lui et ceux qui étaient avec lui. Et quelle voie ?. Écoutez-le : « Dans la faim, la soif et la nudité ». (2Co 11,27). Et Pierre : « Je n’ai ni or ni argent ». (Act 3,6) Ainsi ils n’avaient rien, et cependant ils possédaient tout. 6. Quoi de plus honorable que cette parole ? Quoi de plus heureux et de plus riche ? D’autres plaçaient leur gloire dans des objets bien différents : J’ai tant et tant de talents d’or, d’immenses pièces de terre, des maisons, des esclaves. Paul, au contraire, se vante de n’avoir rien ; il ne cache pas sa pauvreté, comme font les insensés, il n’en rougit pas ; il s’en glorifie. Où sont maintenant les riches, qui comptent leurs intérêts et les intérêts des intérêts, s’emparent des biens de tout le monde et ne sont jamais rassasiés ? Avez-vous entendu la voix de Pierre qui vous apprend que la pauvreté est la mère de la richesse ? Sans rien avoir, elle est plus opulente que ceux qui ceignent le diadème. Cette voix est celle d’un homme qui n’a rien, et elle ressuscite-les morts, redresse les boiteux, chasse les démons et accorde des bienfaits que n’ont jamais pu accorder ceux qui revêtent la pourpre et commandent à de nombreuses et formidables armées ; c’est la voix de ceux qui sont déjà montés au ciel et s’ils trouvent au faîte de la gloire. Ainsi celui qui n’a rien, peut avoir ce qui est à tout le monde ; celui qui ne possède rien, peut posséder ce qui est à tout le monde. Mais nous, si nous avons ce qui est à tout le monde, nous sommes privés de tout. Peut-être verra-t-on là une énigme, et pourtant il n’y en a pas. Comment, dira-t-on, celui qui n’a rien, a-t-il ce qui est à tout le monde ? N’est-ce pas bien plutôt celui qui a ce qui est à tout le monde ? Non : c’est tout le contraire. Celui qui n’a rien, commande à tout le monde, comme le faisaient les apôtres ; par toute la terre, les maisons leur étaient ouvertes ; ceux qui les recevaient leur en étaient reconnaissants ; ils entraient partout comme chez des parents et des amis. Ils entrèrent chez la marchande de pourpre et elle les servit à table comme une servante ; ils allèrent chez le geôlier et il leur ouvrit toute sa maison ; et ainsi d’une foule d’autres. Ils avaient donc tout et n’avaient rien. Sans doute ils ne regardaient rien comme leur bien propre, et c’est pour cela qu’ils avaient tout. Car celui qui pense que tout est en commun, use du bien d’autrui comme si c’était le sien ; mais celui qui s’isole et s’approprie ce qu’il a, n’en est pas même le maître. Un exemple rendra cela sensible. Celui qui ne possède absolument rien, ni maison, ni table, ni vêtement inutile, et qui s’est privé de tout pour Dieu, celui-là use du bien commun comme du sien propre, et reçoit de chacun tout ce qu’il veut ; et ainsi, sans rien avoir, il a le bien de tous. Celui, au contraire, qui possède quelque chose n’en est pas le maître ; car personne ne lui donnera rien, et ce qu’il possède est moins à lui qu’aux larrons, aux flous, aux calomniateurs, aux revers de la fortune, etc. Paul a parcouru le monde entier, n’ayant rien sur lui, n’allant ni chez des amis, ni chez des connaissances ; bien plus, il était d’abord l’ennemi de tous ; et pourtant partout où il entrait, il jouissait du bien de tous. Et Ananie et Saphire, pour avoir voulu garder une petite portion de leur fortune, l’ont toute perdue et la vie aussi. Renoncez donc à ce que vous possédez, pour jouir comme d’un bien propre de tout ce que possèdent les autres. Mais je ne sais comment j’ai pu porter l’exagération jusqu’à ce point, en parlant à des hommes qui, hélas ! ne sacrifient pas même la plus mince partie de ce qu’ils ont. Que ce langage ne s’adresse donc qu’aux parfaits. Aux autres nous dirons : Donnez aux pauvres pour augmenter votre fortune : car il est écrit-: « Celui qui donne au pauvre, prête à Dieu ». (Pro 19,17) Que si vous êtes pressés et ne voulez pas attendre le temps de la récompense, songez à ceux qui prêtent aux hommes ; ils n’exigent pas immédiatement l’intérêt, mais ils souhaitent que le capital reste longtemps aux mains de l’emprunteur, pourvu que le recouvrement soit sûr et le débiteur solide. Agissez de même : remettez tout à Dieu, pour qu’il vous récompense abondamment. Ne demandez pas tout pour cette vie autrement, qu’auriez-vous à attendre dans l’autre ? Et Dieu met, précisément en réserve dans l’autre monde, parce que cette vie est courte. Mais il donne aussi en ce monde : « Cherchez », nous dit-il, « le royaume des cieux, et toutes ces choses vous seront données par surcroît ». (Mat 6,33) Ayons donc les yeux fixés de ce côté-là, ne nous pressons pas de recueillir tout le profit, de peur d’amoindrir la récompense, mais attendons le temps convenable. Les intérêts alors ne seront pas comme ceux d’ici-bas, mais tels que Dieu sait les donner. Laissons-les ainsi s’accumuler en grande quantité, puis allons-nous-en d’ici, afin d’obtenir les biens présents et les biens à venir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent, au Père ; en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Voir le début du chap. 6.
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