‏ Genesis 29:13

CINQUANTE-CINQUIÈME HOMÉLIE.

Et Laban dit à Jacob : « Parce que vous êtes mon frère, ce n’est pas une raison pour que vous serviez gratuitement. Dites-moi quelle rétribution vous désirez. » (Gen 29,15)

ANALYSE.

  • 1. Résumé de l’homélie précédente. Jacob met toute sa confiance en Dieu. Quelle était l’hospitalité des anciens. – 2 et 3. Explication des versets 15-18. L’amour de Jacob pour Rachel accuse notre indifférence pour Dieu. Comment saint Paul aimait lieu, il faut l’imiter. – 4 La longueur du temps n’est pas nécessaire pour obtenir la rémission des péchés. Puissance de l’aumône. – 5. Exhortation à la pratique de l’aumône. .

1. Hier les préludes du voyage de l’homme juste nous ont assez montré la grandeur de sa sagesse, qui lui a mérité d’entendre de si magnifiques promesses de la part de Dieu. Ces prières, les vœux adressés par lui au Maître de l’univers, ont été ensuite, pour nous tous, un enseignement assez éloquent, si son exemple nous excite à imiter sa vertu. C’est en effet une chose admirable que ce juste, connaissant le pouvoir de Celui qui lui faisait les promesses, que ce juste qui entendait des promesses si magnifiques, même dans ces circonstances, n’ait pas songé à rien demander de grand ni de sublime. Qu’a-t-il demandé ? ce que vous avez entendu hier ; ce qui suffisait à sa nourriture de chaque jour, un vêtement pour secourir le corps, et bien vite, il s’engage, si Dieu lui accorde, comme il lui en a fait la promesse, de retourner au milieu des siens, à donner, de son côté, au Seigneur, la dîme de tous les biens qu’il en recevra. Toutes ses paroles montrent sa confiance dans le pouvoir de Celui qui lui fait la promesse ; il nous enseigne à n’avoir de confiance qu’en lui. C’est que cet homme juste connaissait l’ineffable bonté du Seigneur ; ce qui l’en assurait, c’était le soin que Dieu avait pris de son père, et il ne doutait pas que Dieu lui accordât à lui-même l’abondance de tous lesbiens. Aussi, ne demande-t-il rien de pareil au Seigneur ; il n’y songe pas dans ses prières ; mais sa promesse de donner un jour la dîme de tout ce qu’il recevra, montre assez toute sa confiance dans le pouvoir du Dieu qui lui a tant promis. Voilà pourquoi le Seigneur lui disait : Je suis le Dieu d’Abraham et d’Isaac ton père, sois sans crainte. (Gen 26,24) Pense, lui disait-il, qu’Abraham venu sur cette terre, comme un voyageur que nul ne connaît, s’est élevé à une gloire si éclatante que toutes les bouches célèbrent son nom ; considère, de même, que ton père est venu au jour, lorsque le vieil Abraham touchait aux dernières limites de l’âge, et que ton père a grandi de manière à exciter l’envie des habitants de la contrée. Eh bien donc ! attends, pour toi, les mêmes biens ; bannis toute crainte, toute inquiétude, et marche devant toi dans ces pensées. Le juste ne s’arrêtait pas à regarder son état présent. En effet, il ne portait absolument rien avec lui, qu’aurait-il pu emporter ? il était seul et contraint à un long voyage. Mais, dès ce moment, avec les yeux de la foi, il voyait l’abondance qui devait bientôt être son partage ; et il montrait sa reconnaissance. Avant d’avoir rien reçu, il fait un vœu, il consacre la dîme ; la promesse de Dieu lui inspire plus de confiance que la réalité même de la possession. Et en effet, nous devons moins nous fier à ce que nous tenons dans nos mains, à ce que nous voyons, qu’aux promesses de Dieu, alors même qu’elles ne s’accomplissent pas aussitôt. Donc, plein de l’assurance que lui donnent les paroles de Dieu, le juste entreprend son voyage, et comment n’aurait-il pas eu pleine assurance ? Dieu lui avait dit : Voici que je suis avec toi, ton gardien, partout où tu iras, et je multiplierai ta race, et je te ramènerai dans ce pays, et je ne te quitterai point, jusqu’à ce que j’aie accompli toutes mes promesses. (Gen 28,15) Je veux répéter ce que j’ai dit hier ; considérez l’industrieuse sagesse de Dieu ; considérez la constance, la reconnaissance de ce juste. Il se leva, après avoir entendu ces promesses, et se dirigea vers Chanaan ; et le voilà encore voyageur, errant, mais à chaque heure éprouvant les effets de la divine grâce ; c’est le Dieu d’amour qui lui prépare, en tous lieux, le chemin, et qui accomplit sa promesse. En effet, celui qui avait dit : Je suis avec toi ; ton gardien, partout où tu iras, c’est celui-là qui conduisit le juste vers le puits où les bergers de ce pays allaient chercher l’eau. Il les interrogea, au sujet de Laban, le frère de sa mère ; il apprit d’eux tout ce qui le concernait ; il vit ensuite et la fille de Laban, et ses troupeaux : il vit les habitants du pays qui ne pouvaient pas ôter la pierre de dessus le puits afin d’abreuver leurs troupeaux ; il accourut ; et ce que ces hommes n’avaient pas la force de faire, il le fit, grâce au secours d’en haut ; il prévint les bienfaits de Laban, ôta la pierre, et abreuva les brebis, que faisait paître Rachel. Ensuite il baisa la jeune fille, lui dit qui il était, d’où il venait, et resta auprès de la fontaine. Mais, comme c’était Dieu qui disposait toutes choses en faveur de l’homme juste, Dieu excita la jeune fille à courir promptement pour porter la nouvelle à son père, qui était l’oncle du frère de sa mère ; elle lui raconta le service que le voyageur venait de rendre, et à elle-même et à son troupeau ; elle lui apprit que ce voyageur n’était, ni un étranger, ni un inconnu, mais le fils de sa sœur.

Considérez, mes bien-aimés, le soin que prend la divine Écriture de nous faire connaître tous les détails, un à un, pour nous apprendre les mœurs antiques, l’ardeur des anciens hommes à pratiquer l’hospitalité. L’Écriture veut nous montrer l’empressement de la jeune fille, et le texte ne se borne pas à dire : Elle alla porter la nouvelle de ce qui était arrivé ; mais, elle courut ; c’est-à-dire qu’elle était pénétrée d’une grande joie. (Gen 29,12) Et ensuite, au sujet de Laban, qui était le père de la jeune fille, le texte dit, que sur ce qu’elle lui raconta, il courut, lui-même aussi, au-devant de et le baisa et l’amena dans sa maison. (Id 13)
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